Aller au contenu

Syndic

Le syndic de copropriété en quête d’une valorisation professionnelle

Le syndic de copropriété en quête d’une valorisation professionnelle

Le syndic de copropriété, un acteur clé des copropriétés françaises, traverse une crise d’image. Autrefois symbole d’assurance, sa réputation s’érode sous l’effet de critiques venues des médias et des copropriétaires. Cette dévalorisation symbolique freine l’attractivité du métier. Elle complique la relève et la valorisation des compétences. À cet effet, une analyse de l’Institut Paris Région, explore ces mécanismes de dévalorisation. Ainsi, elle décortique les relations tendues entre les syndics, leur clientèle et l’opinion publique. À travers ce décryptage, tentons d’esquisser des pistes pour restaurer son image et son attractivité.

Sommaire :

D’où provient la dévalorisation du syndic de copropriété ?

Le métier de syndic de copropriété, bien que central dans la gestion des immeubles, fait face à une crise de représentation profonde. En effet, elle affecte à la fois l’opinion publique et l’attractivité de la profession. Ce phénomène n’est pas sans conséquences, et mérite une analyse approfondie.
dévalorisation du syndic de copropriété

Une discordance structurelle : pourquoi la relation syndic-copropriétaire soulève l’insatisfaction ?

L’image négative associée aux syndics de copropriété est un consensus chez les enquêtés. Les médias, souvent critiqués par les syndics, sont l’un des coupables désignés. Mais, d’autres facteurs sont également en jeu.

À cet égard, une étude de la CLCV révèle que seulement la moitié des copropriétaires sont satisfaits de leur syndic. Notons que cette satisfaction augmente légèrement chez les membres du Conseil Syndical.

> Consultez notre article sur : “Syndic : 59% des conseils syndicaux satisfaits de leur gestionnaire

Mais, comment expliquer la mauvaise image des syndics auprès des copropriétaires ? Les explications sont multiples :

Un syndic de copropriété gère un groupe : le syndicat des copropriétaires. Or, cela représente de nombreux défis puisque les intérêts peuvent être divergents et les niveaux d’engagement variés. Cette situation place le syndic comme “bouc émissaire” des tensions au sein de la copropriété. D’autant plus que chaque copropriétaire demande une attention spécifique pour ses propres problèmes, faisant parfois preuve d’impatience. Tandis que le syndic doit principalement se concentrer sur les enjeux collectifs de la copropriété.

> Consultez notre article sur : “Syndics de copropriété : comment améliorer la satisfaction client ?

Par ailleurs, nombre de copropriétaires ignorent les véritables responsabilités du syndic. De même, ils n’identifient qu’avec difficultés ses différentes missions. Certes, le syndic agit en tant que mandataire ou représentant légal, ayant la responsabilité de défendre les intérêts des copropriétaires. Mais, d’autre part, il se présente comme un prestataire en facturant des honoraires et des prestations additionnelles. Ce qui peut, selon certaines associations de consommateurs, créer un conflit d’intérêt.

Qu’est-ce qui contribue à ternir l’image professionnelle du syndic de copropriété ?

La profession de syndic se manifeste par sa mauvaise image dans l’opinion publique. En effet, le syndic est souvent perçu davantage comme un simple gestionnaire commercial cherchant à prolonger son contrat et augmenter ses honoraires. De fait, on réduit leur rôle à la résolution de problèmes techniques ou administratifs quotidiens plutôt que comme un véritable représentant des copropriétaires.

Cette image dévalorisante trouve aussi ses racines dans la pression quotidienne subie par les syndics. La lourde charge de travail ne leur permet pas toujours d’assumer pleinement leur rôle, laissant parfois les copropriétaires insatisfaits. Cette perception négative crée ainsi un cercle vicieux. Car, elle freine l’augmentation des honoraires conduisant à une diminution de la qualité du service perçue. Ce qui vient dégrader encore plus l’image de la profession.

Les difficultés financières et humaines

Le syndic de copropriété exprime une difficulté notable à valoriser ses honoraires. Or, cette mise en valeur est essentielle puisqu’elle affecte directement leur capacité à recruter du personnel. Avec un effectif limité, la charge d’immeubles par gestionnaire augmente, ce qui nuit à la satisfaction des clients.

Et, l’un des griefs majeurs envers le syndic est son manque de disponibilité et de réactivité. Des problèmes qui découlent directement de ce manque de personnel. C’est un cercle vicieux !

L’étau réglementaire : un facteur de dévalorisation ?

Un autre élément contribuant à l’image négative des syndics est la posture adoptée par les pouvoirs publics. La régulation forte, résultante de certains abus passés dans la profession, est souvent perçue comme une mise sous tutelle administrative. Des mesures telles que le contrat-type sont perçues par les syndics comme une réglementation trop contraignante.

Par ailleurs, les prises de parole publiques des élus nationaux n’arrangent rien. Parce qu’elles sont souvent très défavorables envers les syndics. L’approche superficielle des politiques constitue un premier facteur. Couplée à une critique constante, elle engendre une perception négative. Par ailleurs, l’angle médiatique est le plus souvent focalisé sur les dérives. Ensemble, ces éléments contribuent largement à déqualifier la profession aux yeux du public.

L’insuffisance de l’engagement des fédérations professionnelles

Selon l’analyse de l’Institut Paris Région, il ressort clairement que les grands syndicats ne manifestent pas une volonté ferme d’agir vigoureusement pour valoriser la profession. L’écho d’un travail en commission sur la conception d’une fiche détaillant le métier de syndic de copropriété a été mentionné par l’un des syndicats. Mais, la mise en œuvre s’avère être un challenge.

Ainsi, pour de nombreux membres des associations professionnelles, il est essentiel d’adopter une démarche plus proactive afin de valoriser et protéger le rôle du syndic de copropriété. En réaction à cette insuffisance, la création de l’ANGC (un acteur alternatif de représentation professionnelle) trouve sa justification.

> Consultez notre article sur : “Promotion du métier de syndic : Foncia s’engage aux côtés de l’ANGC

Par ailleurs, certaines prises de position des syndicats ont été perçues comme corporatistes. Notamment lors des discussions autour de la loi Alur et des questions de rémunération. Ce point de vue est corroboré par la chute notable dans le baromètre de satisfaction, passant de 50% à 38%, suite à la lutte des syndicats contre la loi Alur.

Sans nul doute, l’importance de l’engagement des fédérations professionnelles est cruciale pour redorer l’image du syndic de copropriété. Une mobilisation accrue, des actions concrètes et une communication efficace sont impératives pour inverser la tendance négative actuelle. Replaçons le syndic de copropriété dans l’estime publique !

L’image des syndics professionnels dessine-t-elle les contours de leur marché ?

Cette analyse souligne une conséquence majeure de la mauvaise image des syndics de copropriété au sein de la population. Elle se traduit par une réduction de la taille de leur marché. En effet, cette situation contribue à la préférence de certains copropriétaires à se passer des services d’un syndic professionnel. Ainsi, ils optent plutôt pour des alternatives comme le syndic bénévole, le syndic coopératif, voire un fonctionnement informel sans syndic.

Les chiffres illustrant la part de marché échappant aux syndics professionnels varient. Mais, une estimation d’environ 12% est avancée selon l’enquête logement de l’Insee. Le Registre National des Copropriétés offre la possibilité aux syndics non professionnels de se déclarer. Toutefois, l’absence de déclaration pourrait être interprétée comme un indicatif d’une gestion non professionnelle. Cette dernière concerne une plage estimée entre 100 à 300 000 immeubles sur les 800 000 enregistrés dans le registre.

Soutien associatif et émergence de nouveaux acteurs

La gestion non professionnelle n’est pas un nouveau phénomène. Elle est encouragée depuis des décennies par des acteurs associatifs. C’est le cas de l’Association des Responsables de Copropriété (ARC) qui se démarque en apportant son soutien aux syndics bénévoles et en proposant des services marchands aux copropriétés via une coopérative.

De plus, on observe l’émergence de nouveaux acteurs tels que Matera. Cette société propose un accompagnement digital à la gestion bénévole facilitant ainsi la transition vers un syndic coopératif. On peut dire que cette arrivée s’est faite à grand fracas. Puisque les campagnes publicitaires de Matera ont exacerbé la mauvaise image du syndic professionnel en exploitant les griefs des copropriétaires.

> Consultez notre article sur : “Affaire MATERA : Interview de Charles Bohbot, BJA Avocats

Les fédérations professionnelles de syndics ont réagi en portant plainte contre Matera. En février 2022, le verdict tombe, le tribunal sanctionne Matera pour “dénigrement”. Mais principalement pour une “pratique commerciale déloyale et trompeuse pouvant induire en erreur un consommateur raisonnablement averti”.

Cependant, l’impact de ces campagnes sur l’image du métier est indéniable et contribue à un climat de défiance pour la profession. Outre les questions d’image, l’enjeu sous-jacent concerne bel et bien la concurrence et la capture de parts de marché. Toutefois, en diffusant de tels messages négatifs au public, ils contribuent à accentuer la perception négative envers l’ensemble du groupe professionnel.

La route vers une réhabilitation constructive du syndic de copropriété

Cette analyse qui explore la dévalorisation du métier de syndic de copropriété met en lumière des défis majeurs. L’image négative des syndics est souvent amplifiée par les médias et le discours politique. Or, cette perception a des répercussions tangibles sur l’attractivité du métier et la satisfaction des copropriétaires.

La communication avec les copropriétaires est un défi. Et, l’ambiguïté du rôle du syndic ajoute à la complexité. Car, les attentes des parties prenantes sont souvent divergentes. De plus, la concurrence émergente, comme Matera, souligne un besoin de changement. Mais, elle représente aussi une opportunité pour les syndics traditionnels. Un moyen de redéfinir et valoriser leur profession !

Les syndics ont la lourde tâche de naviguer dans des eaux réglementaires parfois turbulentes, tout en gérant des relations client délicates. Cependant, le besoin de syndics professionnels demeure crucial pour une gestion saine et efficace des copropriétés.

C’est pourquoi, une meilleure communication sur le rôle du syndic de copropriété est essentielle. Les réponses à ces défis pourraient résider dans l’adoption de pratiques transparentes et inclusives. De même, les formations continues peuvent aider les syndics à adapter leurs compétences aux exigences changeantes du marché. Les syndicats professionnels, les associations de consommateurs et les pouvoirs publics ont également un rôle majeur à jouer dans la promotion d’une image plus positive de la profession.

En fin de compte, la réhabilitation de l’image des syndics de copropriété sera un processus itératif qui nécessitera l’engagement de toutes les parties prenantes. En embrassant le changement et en cherchant à améliorer continuellement leurs pratiques, les syndics de copropriété peuvent espérer redorer le blason de leur métier. Et, cela, pour le bien de l’ensemble de la communauté de la copropriété.

Isabelle DAHAN

Isabelle DAHAN

Rédactrice en chef de Monimmeuble.com. Isabelle DAHAN est consultante dans les domaines de l'Internet et du Marketing immobilier depuis 10 ans. Elle est membre de l’AJIBAT www.ajibat.com, l’association des journalistes de l'habitat et de la ville. Elle a créé le site www.monimmeuble.com en avril 2000.

Laisser un commentaire