L’efficacité énergétique des logements est devenue une pierre angulaire des politiques publiques en France. Notamment avec la montée en puissance de MaPrimeRénov’. Un dispositif destiné à soutenir financièrement les propriétaires dans leurs travaux de rénovation énergétique. En effet, ce programme vise à réduire la consommation énergétique et à lutter contre le réchauffement climatique. Mais, quel bilan peut-on tirer de cette initiative jusqu’à présent ? Les investissements conséquents de l’État se traduisent-ils par des avancées concrètes sur le terrain ?
Sommaire :
- Bilan MaPrimeRénov’ du 1er trimestre 2024 : une dynamique bien installée
- Un ralentissement des rénovations par geste
- Rénovations par geste : quels sont les travaux plébiscités ?
- Un bilan MaPrimeRénov’ qui révèle des inégalités
- Quelle est l’accessibilité des rénovations globales ?
- Bilan MaPrimeRénov’ : une répartition hétérogène à l’échelle nationale
Bilan MaPrimeRénov’ du 1er trimestre 2024 : une dynamique bien installée
Le bilan MaPrimeRénov’ de l’Anah indique qu’en trois mois, 78 043 logements ont été rénovés grâce aux aides accordées. Par ailleurs, le montant total des primes payées atteint 478 millions d’euros. Tandis que les aides accordées s’élèvent à 365,9 millions d’euros. Un effort substantiel de l’État qui aura permis de générer 1,1 milliard d’euros de travaux sur le trimestre.
Signe d’une très bonne appropriation du dispositif, 67% des bénéficiaires appartiennent aux revenus modestes ou très modestes, cœur de cible de MaPrimeRénov’. Quant aux recours sur les décisions d’attribution des aides, ils restent limités. Puisque seulement 3% des appels sont déboutés par le centre d’appel.
> Consulter notre article sur : “MaPrimeRénov’ : l’Anah, la CAPEB et la FFB renforcent leur coopération”
Un ralentissement des rénovations par geste
Le premier trimestre de 2024 marque une étape contrastée dans l’évolution de MaPrimeRénov’. En effet, les données récentes révèlent un ralentissement dans les rénovations par geste. Pour autant, on constate une dynamique prometteuse pour les rénovations d’ampleur. Ce qui souligne un changement de cap des propriétaires français.
Rénovations par gestes : un essoufflement ?
Après une année 2023 dynamique, les rénovations par gestes connaissent un essoufflement avec 72 459 logements rénovés. Loin d’être négligeable, ce chiffre traduit cependant une décélération par rapport aux tendances antérieures.
On compte 292,6 millions d’euros d’aides accordées et 888,2 millions d’euros de travaux générés. Ainsi, le dispositif continue tout de même d’injecter des ressources substantielles dans le secteur de la rénovation. De même, la distribution des aides montre que 69 947 propriétaires occupants et 2 512 bailleurs ont bénéficié du programme.
> Consulter notre article sur : “MaPrimeRénov’ : la CAPEB obtient la révision du dispositif”
Rénovations d’ampleur : un nouvel élan
En parallèle, les rénovations d’ampleur semblent prendre leur envol avec 5 584 logements rénovés. Ces projets, plus complexes et plus coûteux, ont attiré 73,3 millions d’euros d’aides. Et, ils ont généré 188,4 millions d’euros de travaux.
Cela indique un intérêt croissant pour des transformations profondes et durables. Celles susceptibles d’avoir un impact significatif sur la performance énergétique des bâtiments. En cela, le nombre de propriétaires occupants impliqués s’élève à 3 820. Tandis que 425 bailleurs et 1 339 logements en copropriété se sont lancés dans cette voie.
Les chiffres sont éloquents : 57 274 dépôts pour les rénovations par gestes et 11 450 dépôts pour les rénovations d’ampleur.
Le ralentissement des rénovations par gestes pourrait refléter une saturation des besoins immédiats ou une attente de conditions plus favorables. Cependant, l’émergence des rénovations d’ampleur suggère une prise de conscience plus profonde des enjeux de la rénovation énergétique. La transition vers une efficacité énergétique supérieure est en marche, avec une implication grandissante des copropriétés et des bailleurs.
Rénovations par geste : quels sont les travaux plébiscités ?
La priorité : le chauffage écoresponsable
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 78% des travaux financés par MaPrimeRénov’ concernent le changement de chauffage. Cette donnée clé reflète une prise de conscience collective quant à l’importance d’opter pour des systèmes moins énergivores et plus respectueux de l’environnement. Les poêles à granulés (18%) et les pompes à chaleur air/eau (18%) se détachent comme les options privilégiées par les ménages français. Ils sont suivis de près par les chauffe-eau thermodynamiques (10%).
Une avancée modeste, mais essentielle en isolation
L’isolation représente 13% des travaux. Une isolation adéquate est la première étape vers la diminution des besoins énergétiques. Un détail qui n’échappe pas aux particuliers soucieux de réduire leur empreinte carbone tout en optimisant leur confort thermique.
Cependant, la ventilation, essentielle pour la qualité de l’air intérieur et la performance énergétique globale, ne représente que 5% des interventions. De même, le bilan MaPrimeRénov’ indique que les audits énergétiques ne constituent que 2% des actions financées au 1er trimestre 2024.
Le TOP 3 des gestes financés : des solutions concrètes
Le podium des travaux financés renforce cette orientation verte :
- en tête le poêle à granulés (16 797 installations),
- suivi par les pompes à chaleur air/eau (16 445 installations),
- et les chauffe-eau thermodynamiques (9 841 installations).
Le bilan MaPrimeRénov’ de ce trimestre révèle un élan certain vers la décarbonation de l’habitat français. Mais, pour maximiser l’impact de tels programmes, une synergie entre diagnostics précis et solutions adaptées devra être la prochaine étape de cette transition énergétique déjà bien amorcée.
Un bilan MaPrimeRénov’ qui révèle des inégalités
Ce bilan du premier trimestre révèle une réalité moins reluisante. Il s’agit, en effet, des écarts significatifs dans les moyens financiers alloués aux différents travaux.
Les travaux les plus onéreux (TMO), représentant 46% des dossiers autorisés. Ils bénéficient d’une subvention moyenne de 5 458 € pour un coût moyen déclaré de 12 443 €. À l’autre extrémité, les ménages les plus modestes (INT) ont des travaux coûtant en moyenne 12 143 €. Toutefois, ils ne reçoivent qu’une aide de 2 179 €. Or, cette disparité met en lumière la nécessité d’une attention accrue aux ménages les moins nantis pour atteindre une transition énergétique équitable.
Ce bilan MaPrimeRénov’ est révélateur. En poursuivant cet effort d’équité, Ma Prime Rénov’ deviendra un véritable levier d’inclusion sociale dans la lutte contre le changement climatique.
Quelle est l’accessibilité des rénovations globales ?
Au premier trimestre de 2024, 5 584 rénovations d’ampleur ont été réalisées. Avec une répartition équilibrée entre les ménages :
- très modestes (45%),
- modestes (19%),
- intermédiaires (18%),
- et supérieurs (17%),
La réforme semble atteindre son but : une aide pour la rénovation d’envergure ouverte à tous.
Investissements significatifs et soutien adapté
Les investissements des ménages dans ces travaux sont significatifs. Puisque le montant moyen déclaré est de 56 379 € pour les travaux moyens ou plus importants (TMO/MO). Et, il atteint 63 779 € pour les interventions supérieures (INT/SUP). Parallèlement, MaPrimeRénov’ intervient avec des subventions moyennes de 39 822 € et 24 779 € respectivement.
Bilan MaPrimeRénov’ : une répartition hétérogène à l’échelle nationale
Le bilan MaPrimeRénov’ pour le premier trimestre 2024 révèle une cartographie de la rénovation énergétique aux contours variés. Sur le territoire métropolitain, les rénovations par geste se concentrent principalement dans certaines régions. Ainsi, l’on compte plus de 900 dossiers dans les zones les plus actives. Tandis que d’autres enregistrent moins de 30 interventions. Par contraste, les rénovations d’ampleur semblent plus uniformément réparties, quoiqu’avec une intensité moindre.
Outre-mer, un dynamisme à souligner
Un fait remarquable, les territoires d’outre-mer s’affirment avec plus de 773 dossiers MaPrimeRénov’ accordés. Une dynamique positive qui montre l’extension de l’initiative bien au-delà du continent.
Les copropriétés, un enjeu à venir
Par ailleurs, le bilan MaPrimeRénov’ indique clairement que les copropriétés restent un domaine moins exploré. Toutefois, ce constat indique le potentiel immense de rénovation à saisir dans les habitats collectifs.
La diversité des données du bilan MaPrimeRénov’ réaffirme le rôle de cette aide comme vecteur d’équité territoriale. La mission est claire : élargir la portée des rénovations énergétiques en métropole et outre-mer et investir avec conviction dans le secteur des copropriétés. Seule une répartition équilibrée et inclusive des ressources permettra une rénovation qui bénéficie à tous les territoires.