MaPrimeRénov 2026 subit des restrictions majeures qui bouleversent le paysage de la rénovation énergétique. Dès janvier 2026, l’isolation des murs et les chaudières biomasse seront exclues du parcours par geste, privant les ménages de leviers efficaces pour réduire leurs consommations. Ces changements, annoncés dans un décret soumis au Conseil national de l’habitat le 4 septembre, fragilisent la confiance des particuliers et des professionnels. Pourtant, certaines mesures apportent des signaux positifs, notamment le maintien du soutien aux pompes à chaleur. Comment ces modifications impactent-elles concrètement les projets de rénovation ? Quelles solutions restent accessibles aux propriétaires ?
Sommaire :
- Quelles sont les principales exclusions de MaPrimeRénov 2026 ?
- Comment ces restrictions impactent-elles les ménages ?
- Quels signaux positifs apporte MaPrimeRénov 2026 ?
- Quel avenir pour la rénovation énergétique ?
À retenir – MaPrimeRénov 2026
- L’isolation des murs (ITE/ITI) et les chaudières biomasse disparaissent du parcours par geste dès janvier 2026.
- Les propriétaires modestes perdent l’accès à des leviers efficaces et abordables de rénovation énergétique.
- Le soutien aux PAC air-eau continue, privilégiant la solution la plus économique avec 1 510€ de coût annuel.
- L’obligation de DPE est repoussée à 2027 et les passoires thermiques gardent l’accès au parcours par geste.
- Les changements successifs fragilisent la confiance des particuliers et professionnels du secteur.
Quelles sont les principales exclusions de MaPrimeRénov 2026 ?
L’isolation des murs disparaît des aides
MaPrimeRénov’ 2026 exclut définitivement l’isolation des murs, qu’elle soit réalisée par l’extérieur (ITE) ou par l’intérieur (ITI). Cette décision frappe de plein fouet un secteur qui représente plus de 10% des demandes, selon l’AIMCC. Désormais, seules l’isolation des combles et des planchers bas restent financées par le dispositif.
Pourtant, l’isolation demeure l’un des leviers les plus efficaces pour réduire durablement les déperditions thermiques. Selon l’ADEME, elle permet d’économiser entre 20 et 25% d’énergie. En conséquence, cette exclusion prive les propriétaires d’un moyen simple et abordable pour améliorer leur confort thermique.
Le gouvernement justifie ce choix par une étude du Service des données et études statistiques (SDES) publiée en juillet 2025. En effet, cette recherche a mis en évidence un écart significatif entre les gains énergétiques théoriques et ceux réellement constatés. Puisque l’on constate 3,3 MWh/an attendus contre seulement 0,7 MWh/an observés en électricité.
Source : Étude SDES juillet 2025
Les chaudières biomasse également supprimées
MaPrimeRénov 2026 confirme l’abandon total du soutien aux chaudières biomasse, qu’elles fonctionnent au bois ou aux granulés. Cette mesure s’inscrit dans la continuité des restrictions de 2025, qui avaient déjà réduit de 30% les subventions pour le chauffage au bois. La décision se justifie par les enjeux de qualité de l’air, le chauffage au bois constituant la première source de particules fines en France malgré ses faibles émissions carbone.
Comment ces restrictions impactent-elles les ménages ?
Des conséquences financières directes
Les modifications de MaPrimeRénov’ 2026 pénalisent directement les ménages modestes qui comptaient sur ces soutiens financiers. En effet, l’exclusion de l’isolation des murs prive les propriétaires d’un levier simple et abordable pour améliorer leur confort thermique et réduire leur facture énergétique.
L’AIMCC alerte sur plusieurs risques concrets. D’une part, de nombreux projets de rénovation risquent d’être reportés ou purement abandonnés. D’autre part, la pression financière s’accentuera sur les propriétaires aux revenus modestes. Enfin, cette décision entre en contradiction avec les objectifs nationaux de lutte contre les passoires thermiques.
L’effet rebond mal pris en compte
L’étude du SDES présente des limites importantes, selon Hello Watt. Elle évalue uniquement la consommation énergétique sans prendre en compte le confort thermique des occupants. Ce choix crée un biais d’interprétation majeur dans l’analyse de l’efficacité des travaux d’isolation.
En réalité, après des travaux de réhabilitation thermique, les habitants adaptent leurs usages et consomment parfois davantage en raison de « l’effet rebond » comportemental. Concrètement, ils chauffent correctement leur logement, auparavant trop énergivore. Et, ils passent par exemple, de 16 °C à 20 °C dans les pièces principales. Cette hausse de température traduit une amélioration considérable de leur qualité de vie et de leur santé.
C’est pourquoi les économies d’énergie mesurées apparaissent inférieures aux projections théoriques. L’étude SDES observe un écart de 79% pour l’électricité (0,7 MWh réels contre 3,3 MWh théoriques) et de 53% pour le gaz (1,7 MWh contre 3,6 MWh). Cependant, ces chiffres ne reflètent pas un échec de l’isolation, mais au contraire son succès. Celui de permettre enfin un chauffage adapté aux besoins humains.
En outre, la méthodologie de l’étude néglige d’autres bénéfices essentiels. L’isolation réduit les ponts thermiques, améliore l’étanchéité à l’air, supprime les sensations de parois froides, limite l’humidité et les moisissures. Ces gains en confort et en santé justifient pleinement l’investissement, même si les économies brutes semblent moindres.
Quels signaux positifs apporte MaPrimeRénov 2026 ?
Le maintien des pompes à chaleur
MaPrimeRénov’ 2026 confirme son soutien aux pompes à chaleur air-eau, une orientation que Hello Watt défend depuis plusieurs années. Cette technologie permet aux ménages de réduire leur coût de chauffage annuel à 1 510 €, contre 2 130 € pour une chaudière biomasse. Ainsi, l’économie atteint 620 € par an.
Cette différence s’explique par plusieurs facteurs économiques. Les pompes à chaleur affichent un coefficient de performance (COP) élevé, produisant 3 à 4 kWh de chaleur pour 1 kWh d’électricité consommée. À l’inverse, les chaudières biomasse nécessitent l’achat régulier de combustible (granulés ou bûches), dont les prix ont fortement augmenté ces dernières années.
Entièrement électrique, la pompe à chaleur contribue aussi à réduire la dépendance française aux importations de gaz et de pétrole. Dans un contexte géopolitique tendu, cette indépendance énergétique représente un enjeu stratégique majeur. De plus, l’électricité française, largement décarbonée grâce au nucléaire et aux énergies renouvelables, offre une alternative durable aux énergies fossiles.
Enfin, les pompes à chaleur s’intègrent parfaitement dans la stratégie nationale de décarbonation du bâtiment. Leur empreinte carbone reste très faible comparée à celle des chaudières au gaz ou au fioul, même en tenant compte de l’électricité consommée. En outre, cette technologie mature bénéficie d’un réseau d’artisans RGE formés et d’une filière industrielle française structurée. Ce qui garantit à la fois la qualité des installations et la pérennité du service après-vente.
Report pragmatique des obligations
Le dispositif reporte à janvier 2027 l’obligation de fournir un audit énergétique et prolonge l’accès des passoires thermiques (logements F et G) au parcours par geste en 2026. Cette mesure pragmatique évite aux propriétaires de logements énergivores le passage forcé par une rénovation globale, plus longue, coûteuse et instable.
Ce report constitue une véritable bouffée d’oxygène pour les propriétaires concernés. Initialement, MaPrimeRénov’ 2026 devait exclure les passoires thermiques du parcours par geste et les contraindre à entreprendre une rénovation d’ampleur. Or, cette approche globale, bien qu’idéale sur le papier, présente des obstacles majeurs : un coût moyen de 40 000 à 60 000 €, des délais d’instruction rallongés et une complexité administrative accrue.
L’instabilité du parcours de rénovation globale a confirmé ces limites. Sa fermeture complète durant l’été 2025 a démontré la fragilité du dispositif. Les propriétaires se retrouvaient alors dans l’impossibilité d’engager leurs travaux, créant un blocage total du marché. À l’inverse, le maintien du parcours par geste en 2026 garantit une continuité des projets, même si les gains énergétiques restent plus modestes.
En complément, les certificats d’économies d’énergie (CEE) demeurent mobilisables pour financer ces travaux. Porté par les fournisseurs d’énergie, ce dispositif apporte entre 500 et 3 000 € supplémentaires selon la nature des travaux. Le cumul MaPrimeRénov’ + CEE permet ainsi d’atteindre des taux de financement de 70 à 90% pour les ménages modestes, rendant les projets bien plus accessibles.
En définitive, cette approche par étapes, moins ambitieuse, mais plus réaliste, évite l’effet de seuil qui décourage les propriétaires. Elle amorce une dynamique de rénovation progressive, plus facilement finançable et moins perturbante pour les occupants.
Quel avenir pour la rénovation énergétique ?
En conclusion, l’AIMCC, qui représente plus de 7 000 entreprises et 430 000 emplois, dénonce la fragilisation des filières industrielles et artisanales engagées dans la transition écologique. Selon elle, les ajustements successifs brouillent la lisibilité du dispositif et sapent la confiance des professionnels.
De plus, les revirements gouvernementaux désorientent l’ensemble du secteur : suspension estivale annoncée puis partiellement annulée, enchaînement de nouvelles restrictions détricotant progressivement le dispositif. Cette instabilité paralyse un acteur pourtant essentiel pour atteindre les objectifs climatiques de la France.