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Rénovation

Rénovation énergétique performante des logements : le défi du siècle

Rénovation énergétique performante des logements : le défi du siècle

La rénovation énergétique des logements est le chantier colossal à mener pour atteindre la neutralité carbone en 2050. Aujourd’hui, à peine 6% du parc immobilier français atteint les niveaux de performance énergétique requis. Pour relever ce défi de taille, un changement d’échelle massif est nécessaire. À cet effet, l’ADEME dresse un état des lieux complet et apporte des pistes de solutions concrètes. Explorez toutes les clés pour massifier la rénovation énergétique performante. L’ADEME analyse les aspects techniques, les enjeux économiques et la formation des professionnels. Une feuille de route ambitieuse, mais réaliste pour transformer nos logements énergivores en habitats sobres en carbone.

Sommaire :

Rénovation énergétique performante : la seule voie pour atteindre la neutralité carbone

Objectif 2050 : 80% à 90% de logements rénovés BBC

Pour respecter les engagements climatiques de la France à l’horizon 2050, entre 80% et 90% des logements devront atteindre les niveaux de performance des étiquettes énergétiques A et B, contre seulement 6% aujourd’hui selon les estimations de l’ADEME. Un immense chantier qui nécessite une réelle massification de la “rénovation énergétique performante”. Selon les scénarios prospectifs, entre 600 000 et 700 000 rénovations performantes seront nécessaires chaque année.

Rénovation énergétique performante

Définition de la rénovation énergétique performante : une rénovation globale et ambitieuse

Pour être qualifiée de performante, une rénovation énergétique doit atteindre les niveaux A ou B du Diagnostic de Performance Energétique (DPE). En 2022, on recensait seulement 43000 logements engagés dans une telle démarche BBC. Cela implique une approche globale qui traite les 6 postes clés :

  • isolation des murs,
  • planchers,
  • toiture,
  • menuiseries,
  • ventilation,
  • et système de chauffage/eau chaude.

Les travaux doivent également être réalisés dans une durée limitée. Idéalement, ils devraient être terminés en moins de 18 mois pour un logement individuel.

Un triple défi : technique, économique et humain

L’enjeu technique : lever les freins

Les solutions techniques existent déjà pour rénover massivement. Mais, de nombreux freins ralentissent encore l’essor de ce marché. En effet, 25% environ des bâtiments présentent des contraintes techniques, architecturales ou patrimoniales complexes à isoler. Par ailleurs, le manque de garanties de performance freine les ménages. En cela, l’ADEME préconise d’expérimenter de nouveaux modèles d’opérateurs “ensembliers” intégrant conception, travaux et suivi avec engagement sur les résultats.

> Consulter notre article sur : “Rénovation énergétique en copropriété : un défi pour réduire les charges

L’équation économique à résoudre

Le coût n’est pas le moindre des obstacles. L’investissement actuel de 20 milliards d’euros par an dans la rénovation énergétique doit être doublé. De plus, il doit s’orienter vers de véritables rénovations performantes. Enfin, il faudra recruter massivement avec 170 000 à 250 000 emplois à pourvoir d’ici 2030 dans ce secteur, en plus des 230 000 déjà existants.

Former toute la filière de A à Z

Former les professionnels est donc un prérequis. L’enjeu est de monter en compétences sur l’ensemble de la chaîne, de la conception à la mise en œuvre, en insistant sur la coordination des gestes de travaux. Car, les quelques 3 000 accompagnateurs rénovation actuels ne suffiront pas. De plus, il est nécessaire de renforcer les contrôles qualité sur chantier. Aujourd’hui, on ne contrôle que 4% des chantiers.

Zoom sur le Label BBC-Rénovation

Le label BBC Effinergie rénovation cible les projets de rénovation de bâtiments résidentiels et non-résidentiels en France métropolitaine. Il concerne aussi bien les maîtres d’ouvrage publics que privés. Le label évalue les éléments de l’étude thermique produite durant la phase de conception et les contrôles effectués à l’issue du chantier.

En 2022, 43 000 logements étaient engagés dans une démarche de rénovation BBC. Les bailleurs sociaux ont bien engagé cette dynamique, représentant 95% des rénovations BBC. En revanche, elle reste embryonnaire dans le secteur privé : seules 8 000 maisons individuelles et 12 411 logements en copropriété ont obtenu le label.

La rénovation énergétique performante représente un coût élevé. En effet, elle n’entre pas dans la majorité des projets immobiliers des particuliers. Les travaux d’Effinergie estiment le coût d’une rénovation BBC à 21 000 € hors taxe par logement collectif et 56 000 € par maison individuelle, hors maîtrise d’œuvre et coûts induits.

Pour les ménages les plus modestes, le reste à charge est souvent dissuasif. Cependant, les nouvelles modalités de MaPrimeRenov depuis le 1er janvier 2024 permettent d’envisager un reste à charge de 10% pour certains ménages. Nous devons tendre vers un reste à charge nul pour les plus précaires, grâce à des taux d’aide élevés et des financements complémentaires.

Un accompagnement de bout en bout pour une rénovation énergétique performante

Pour séduire et convaincre les ménages, un accompagnement global doit être proposé. Dès l’amont, pour les informer et les orienter vers les rénovations les plus ambitieuses. Puis à chaque étape du projet : études, choix techniques, solutions de financement sur-mesure, suivi des travaux et contrôle de la performance finale.

Faciliter le financement

L’accès au financement est un levier décisif. Aujourd’hui, moins de la moitié des ménages éligibles utilisent les aides de l’Anah. C’est pourquoi, les aides publiques doivent être mieux calibrées pour garantir un “reste à charge zéro” pour les ménages précaires. De même, il faut encourager le développement de sociétés de tiers-financement, cumulant compétences techniques et financières.

Une révolution culturelle

Au-delà des aspects techniques et financiers, c’est un changement de mentalités qui est requis. Seulement 6% des Français placent la rénovation énergétique dans leurs priorités selon le baromètre énergie-info 2023. Or, la rénovation énergétique performante doit devenir la norme. C’est une évidence dans l’esprit des ménages comme des professionnels.

Le discours public se doit d’en faire la promotion et de valoriser ses multiples bénéfices :

  • économies jusqu’à 40% sur la facture énergétique,
  • gain de confort,
  • bénéfices sanitaires,
  • adaptation au changement climatique…

En parallèle, les réglementations existantes comme les obligations de travaux lors des mutations (530 000 par an) doivent être mieux contrôlées. Ainsi, une obligation généralisée pourrait accélérer cette dynamique vertueuse, à condition d’être soigneusement préparée.

La transition écologique des logements passe obligatoirement par cette étape cruciale de la rénovation énergétique performante. Certes, c’est un défi de taille ! Mais, c’est surtout, une opportunité économique et environnementale majeure à saisir collectivement. Sur 50 ans, les rénovations ambitieuses permettent d’éviter bien plus d’émissions de carbone que celles générées par les travaux.

Isabelle DAHAN

Isabelle DAHAN

Rédactrice en chef de Monimmeuble.com. Isabelle DAHAN est consultante dans les domaines de l'Internet et du Marketing immobilier depuis 10 ans. Elle est membre de l’AJIBAT www.ajibat.com, l’association des journalistes de l'habitat et de la ville. Elle a créé le site www.monimmeuble.com en avril 2000.

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