En 2025, la réglementation immobilière entre dans une phase de mutation profonde. L’interdiction totale de louer les logements classés G au DPE change la donne. Les critères énergétiques se durcissent. Le marché s’adapte. Silvia Versiglia, Directrice Legal Tech chez Orisha Real Estate, décrypte ces bouleversements. Pour elle, ces nouvelles règles ne sont pas des freins. Elles deviennent des leviers de professionnalisation. Propriétaires, investisseurs, syndics : tous doivent revoir leurs pratiques. La réglementation immobilière impose plus d’exigence. Mais, elle crée aussi des opportunités. Pour les professionnels, c’est l’occasion de se démarquer par leur expertise juridique et technique. Et, d’accompagner au mieux la transition énergétique du parc immobilier français.
Sommaire :
- Quelles sont les principales évolutions de la réglementation immobilière en 2025 ?
- Comment la complexité réglementaire valorise-t-elle l’expertise professionnelle ?
- Pourquoi ces contraintes créent-elles de la valeur pour les professionnels ?
- Comment anticiper et transformer ces évolutions en avantages concurrentiels ?
Quelles sont les principales évolutions de la réglementation immobilière en 2025 ?
L’interdiction définitive des logements classés G
La réglementation immobilière se durcit en 2025 avec une interdiction complète de location pour les logements classés G au diagnostic de performance énergétique (DPE). Cette mesure s’inscrit dans la continuité de la loi Climat et Résilience du 22 août 2021. Elle fait suite à l’interdiction des logements G+, entrée en vigueur en 2023, et marque une étape décisive dans la lutte contre les passoires thermiques. Les bailleurs concernés devront désormais engager des travaux de rénovation pour remettre leur bien sur le marché locatif.
“Silvia Versiglia, Directrice Legal Tech chez Orisha Real Estate, explique que cette mesure pourrait concerner jusqu’à 600 000 logements en France, ce qui représente un défi majeur pour les propriétaires bailleurs. Le gouvernement inscrit cette interdiction dans la trajectoire de décence énergétique, qui prévoit l’exclusion progressive des logements classés F d’ici 2028, puis E d’ici 2034.”
La refonte des critères du DPE
L’invalidation des diagnostics DPE réalisés avant juillet 2021 impose de nouveaux diagnostics pour de nombreux biens, conformément aux nouvelles méthodes de calcul 3CL-DPE 2021.
“Cette obligation s’accompagne d’une adaptation des critères pour les petites surfaces (moins de 40 m²), témoignant d’une volonté d’affiner les évaluations énergétiques”, précise Silvia Versiglia.
En effet, cette adaptation technique répond aux critiques formulées par les professionnels du secteur concernant l’inadéquation des seuils pour les studios et petits appartements.

Comment la complexité réglementaire valorise-t-elle l’expertise professionnelle ?
Un cadre normatif plus exigeant
La réglementation sur l’affichage énergétique se renforce. Désormais, toutes les annonces immobilières doivent indiquer clairement la classe énergétique du bien. Conformément à l’article L.111-6-2 du Code de la construction et de l’habitation, les biens classés F doivent porter la mention « logement à consommation énergétique excessive ». Cette mesure vise à informer pleinement les futurs locataires ou acquéreurs, et à les sensibiliser aux enjeux de performance énergétique.
“Cette transparence renforcée modifie les conditions de commercialisation et nécessite une expertise accrue des professionnels. En effet, les agents immobiliers doivent désormais maîtriser les subtilités du nouveau DPE, anticiper les échéances d’interdiction de location et conseiller sur les travaux de rénovation énergétique”, souligne Silvia Versiglia.
La formation continue comme réponse adaptée
La profession d’agent immobilier, régie par la loi Hoguet du 2 janvier 1970, renforce sa légitimité face aux nouvelles exigences réglementaires. La loi ALUR du 24 mars 2014 impose une formation continue obligatoire, reflet d’une profession en perpétuelle évolution. En effet, l’arrêté du 3 septembre 2015 fixe à 14 heures par an la durée minimale de formation. Un cadre qui prend tout son sens dans un contexte où la réglementation immobilière évolue rapidement.
Cette formation couvre trois volets essentiels :
- les évolutions réglementaires,
- la déontologie professionnelle,
- et les nouveaux outils numériques.
Ainsi, elle doit permettre aux professionnels de mieux accompagner leurs clients et de répondre aux exigences d’un marché de plus en plus encadré.
L’expertise technique indispensable
La montée en compétence devient incontournable pour s’adapter aux nouvelles normes immobilières. Les professionnels doivent désormais maîtriser un cadre réglementaire de plus en plus technique et évolutif. Comprendre les subtilités du nouveau DPE, anticiper les interdictions de location, conseiller sur les travaux de rénovation énergétique, ou encore intégrer les nouvelles obligations d’affichage. Autant de compétences devenues essentielles.
Désormais, cette expertise technique approfondie ne relève plus du simple confort professionnel. Bien au contraire, elle constitue un véritable avantage concurrentiel. En effet, dans un marché de plus en plus exigeant, la capacité à informer et orienter avec précision fait à présent toute la différence.
Comme l’explique Silvia Versiglia : “Les propriétaires, confrontés à des obligations techniques qu’ils maîtrisent mal, recherchent des conseils avisés pour naviguer dans ce nouveau paysage normatif.”
Pourquoi ces contraintes créent-elles de la valeur pour les professionnels ?
Une différenciation naturelle du marché
Chaque nouvelle obligation de la réglementation immobilière renforce la valeur ajoutée du professionnel. Cette expertise devient particulièrement cruciale dans l’accompagnement des propriétaires pour les travaux de rénovation énergétique éligibles aux aides publiques comme MaPrimeRénov’ ou l’éco-PTZ.
Comme l’analyse Silvia Versiglia dans sa tribune, “la complexité réglementaire constitue une barrière naturelle à l’entrée qui protège l’activité des professionnels qualifiés.”
La valorisation du conseil spécialisé
Face aux enjeux financiers liés à la non-conformité énergétique, les clients rémunèrent une expertise de qualité.
“Paradoxalement, chaque nouvelle obligation réglementaire renforce la valeur ajoutée du professionnel immobilier”, analyse Silvia Versiglia. “Là où un particulier peut se sentir dépassé par la technicité croissante des normes, l’agent immobilier formé et informé devient un guide indispensable.”
La réglementation immobilière actuelle pousse les professionnels à se spécialiser davantage, notamment en rénovation énergétique, en diagnostic immobilier et dans l’accompagnement des copropriétés vers la transition environnementale. L’enjeu est de taille. Parce que la mise en location d’un logement jugé indécent peut entraîner jusqu’à 15 000 € d’amende, conformément à l’article L.1331-23 du Code de la santé publique.
Dans ce contexte, l’expertise d’un professionnel formé devient non seulement utile, mais hautement stratégique. Face à la complexité croissante des règles, investir dans un accompagnement qualifié permet d’éviter les sanctions et de sécuriser durablement les projets immobiliers.
L’émergence de nouveaux métiers
La réglementation immobilière 2025 favorise l’émergence de spécialisations pointues.
“L’accompagnement des propriétaires dans leurs projets de rénovation énergétique devient ainsi un nouveau métier au sein du métier”, observe Silvia Versiglia. “De même, l’expertise en montage de dossiers d’aides publiques (MaPrimeRénov’, éco-PTZ…) représente une compétence différenciante très recherchée.”
Comment anticiper et transformer ces évolutions en avantages concurrentiels ?
Les professionnels les plus avisés ne subissent pas les évolutions réglementaires : ils les anticipent et les utilisent comme leviers de différenciation. Pour cela, ils s’appuient sur une veille réglementaire active, suivent des formations spécialisées, et mettent en place des outils d’aide à la décision pour accompagner leurs clients.
Cette approche proactive permet de prendre une longueur d’avance et de se positionner en expert, bien avant que la concurrence ne s’ajuste. Ceux qui développent une expertise pointue en rénovation énergétique, diagnostic immobilier ou accompagnement des copropriétés bâtissent une différenciation durable sur leur marché local. Une stratégie gagnante dans un environnement où la compétence technique devient un marqueur de confiance et de performance.
Comme le souligne l’analyse d’Orisha Real Estate : “La réglementation immobilière 2025 ne doit pas être perçue comme une contrainte supplémentaire, mais comme un formidable levier de professionnalisation”, affirme Silvia Versiglia. “En complexifiant l’environnement normatif, elle valorise l’expertise, justifie la formation continue et légitime l’intervention de professionnels qualifiés.”