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Rénovation

Pourquoi la rénovation énergétique devient-elle une priorité pour tant de Français ?

Pourquoi la rénovation énergétique devient-elle une priorité pour tant de Français ?

À l’heure où la transition énergétique s’impose comme une priorité, les Français n’attendent plus pour agir. Ils sont de plus en plus nombreux à transformer leur logement pour le rendre plus économe et plus confortable. Selon une étude menée par Verian pour le réseau Cler à la demande de Nuances d’Avenir, près d’un Français sur deux a déjà entrepris des travaux de rénovation énergétique. Un chiffre qui grimpe à 63 % chez les propriétaires. Mais, tout n’est pas si simple. Parce que si l’envie est là, les obstacles aussi : méconnaissance des aides, complexité des démarches, reste à charge parfois décourageant… Alors, comment lever ces freins ? Quelles solutions concrètes s’offrent aux ménages pour passer à l’action ?

Sommaire :

La rénovation énergétique : un sujet qui préoccupe de plus en plus les Français

La rénovation énergétique s’impose désormais comme un enjeu majeur pour de nombreux ménages. L’étude commandée par Nuances d’Avenir révèle que huit Français sur dix déclarent avoir déjà entendu parler de rénovation énergétique. Et, près de la moitié (48%) s’y intéressent activement. Ce n’est pas qu’une simple tendance : 49% des personnes interrogées ont déjà entrepris des travaux chez eux, dont plus d’un quart au cours des cinq dernières années.

Cette prise de conscience collective s’inscrit dans un contexte où les préoccupations liées au pouvoir d’achat et à l’impact environnemental se renforcent mutuellement.

Une préoccupation croissante lors de la recherche de logement

La consommation énergétique devient un critère déterminant dans les décisions immobilières. Près de six Français sur dix (59 %) accordent une importance particulière à la consommation énergétique lorsqu’ils recherchent un logement. Pour près d’un quart d’entre eux (23 %), ce critère est même jugé primordial.

Cette sensibilité se reflète également dans l’attention portée au Diagnostic de Performance Énergétique (DPE). En effet, 69 % des Français déclarent le consulter avec soin, que ce soit dans le cadre d’un achat ou d’une location.

Cette tendance s’explique aussi par l’évolution de la réglementation immobilière. Depuis l’adoption de la loi Climat et Résilience en 2021, les critères énergétiques occupent une place de plus en plus centrale dans les transactions immobilières. Parmi les mesures phares, figure l’interdiction progressive de mise en location des logements classés F et G, souvent qualifiés de « passoires thermiques ».

Des logements perçus comme énergivores

Aujourd’hui, plus d’un Français sur trois (36 %) considère que son logement est énergivore.
Les causes évoquées sont multiples, mais trois problèmes principaux se détachent :

  • une mauvaise isolation thermique (63 %),
  • des températures trop basses (40 %),
  • et des fenêtres peu performantes (37 %).

Ces préoccupations devancent d’autres facteurs comme un système de chauffage jugé inefficace (31 %), des équipements énergivores (26 %) ou encore une utilisation intensive d’appareils électriques (18 %).

L’étude met également en lumière de fortes disparités selon les profils socio-démographiques. Parmi les personnes insatisfaites de leur logement, on observe une surreprésentation des jeunes actifs, mais aussi des ménages aux revenus modestes.

Autre point notable : 14 % des Français ne savent pas dire si leur logement consomme beaucoup d’énergie, et 7 % ignorent même comment évaluer leur consommation. Ces chiffres révèlent un véritable besoin d’information et de sensibilisation sur le sujet. Dans ce contexte, la rénovation énergétique s’impose comme une solution concrète, répondant à la fois aux attentes en matière de confort et aux impératifs de réduction des dépenses énergétiques.

Chiffres clés de la rénovation énergétique en France

Quelles sont les motivations des Français pour entreprendre une rénovation énergétique ?

Près d’un Français sur deux a déjà engagé des travaux de rénovation énergétique. Leurs motivations sont sans équivoque, comme le révèle l’étude. En tête des préoccupations : l’aspect économique. Ainsi, pour 60 % des sondés, la réduction des factures d’énergie constitue la première raison de passer à l’action.

L’économie et le confort avant l’écologie

L’amélioration du confort arrive en deuxième position, citée par 54 % des répondants. Plus étonnant, l’impact environnemental ne vient qu’en troisième. Seuls 29 % des Français mentionnent la réduction de l’empreinte carbone comme principale motivation. Ces chiffres révèlent une réalité bien ancrée : la rénovation énergétique est avant tout perçue comme une réponse pratique à des problèmes du quotidien, bien plus qu’un engagement en faveur de l’environnement.

Motivations des Français pour la rénovation énergétique
Motivations des Français pour la rénovation énergétique

Les propriétaires en première ligne

L’étude met en évidence un écart marqué entre propriétaires et locataires. Parmi les premiers, 63% déclarent avoir déjà entrepris des travaux de rénovation énergétique — un taux nettement supérieur à la moyenne nationale. Cette différence s’explique facilement : les propriétaires ont un intérêt direct à améliorer leur logement, que ce soit pour gagner en confort ou pour en augmenter la valeur sur le marché.

Ce constat met en lumière un enjeu bien connu : le fameux « dilemme propriétaire-locataire ».
D’un côté, le propriétaire hésite à engager des travaux dont les économies profiteront surtout au locataire. De l’autre, ce dernier n’a aucun intérêt à investir dans un bien qui ne lui appartient pas. Pour tenter de dépasser ce blocage, des dispositifs comme le « bail vert » ont été mis en place.
Ils visent ainsi à mieux répartir les coûts et les bénéfices des rénovations entre les deux parties.

Un potentiel important pour les logements énergivores

Parmi les personnes n’ayant pas encore réalisé de travaux, 39 % déclarent vouloir s’y engager.
Chez celles vivant dans un logement énergivore, cette proportion grimpe à 58 %. Ce décalage est révélateur : le fait de vivre dans un logement mal isolé agit comme un déclencheur fort.

En effet, la prise de conscience des pertes énergétiques conduit les ménages à envisager des travaux. Dans ce contexte, la rénovation énergétique s’impose comme une réponse concrète à des problèmes bien réels. Elle répond à une double attente : réaliser des économies et améliorer le confort au quotidien.

Les principaux freins à la rénovation énergétique

Malgré une motivation réelle pour améliorer les performances énergétiques des logements, plusieurs obstacles freinent encore la transition vers des habitats plus économes. Le coût financier se démarque comme l’obstacle principal pour une large majorité de Français.

Le coût, obstacle majeur

Pour 66% des Français, le coût financier représente le frein numéro un à la réalisation de travaux de rénovation énergétique. Cet obstacle financier devance largement d’autres contraintes comme la durée des travaux, la disponibilité des artisans ou encore les contraintes liées à la copropriété. Cette préoccupation majeure explique pourquoi les aides financières sont si déterminantes dans la décision d’entreprendre ou non des travaux.

Des travaux d’envergure variable

Les Français qui franchissent le pas de la rénovation énergétique privilégient certains types de travaux :

  • L’isolation ou le remplacement des fenêtres arrive en tête (52%),
  • suivi par l’isolation des toits et des combles (45%),
  • le changement de système de chauffage (42%),
  • et l’isolation des murs intérieurs ou extérieurs (39%).

Ces choix reflètent une approche pragmatique, ciblant les sources principales de déperdition énergétique.

Des profils plus vulnérables face à la précarité énergétique

L’étude met aussi en lumière les inégalités face aux logements énergivores. Les plus touchés ? Les 25-49 ans et les ménages aux revenus modestes. Pour ces catégories de population, la rénovation énergétique représente un enjeu majeur. Mais, dans les faits, les obstacles financiers restent lourds à franchir. Sans un système d’aides clair, adapté et réellement accessible, beaucoup peinent à passer à l’action.

Les aides à la rénovation énergétique : entre méconnaissance et complexité

Le système d’aides à la rénovation énergétique joue un rôle crucial pour permettre aux Français de franchir le pas. Cependant, l’étude révèle une méconnaissance importante de ces dispositifs, limitant leur efficacité.

Des dispositifs utilisés mais méconnus

Un Français sur deux ayant réalisé des travaux affirme avoir bénéficié d’aides financières. MaPrimeRénov’ apparaît comme le dispositif le plus utilisé (32%), devant les dispositifs de réduction d’impôt, le taux de TVA réduit ou l’éco-prêt à taux zéro. Pourtant, la moitié des Français déclare encore mal connaître les dispositifs disponibles, et un tiers considère le manque d’aides comme un frein majeur.

Les recommandations du réseau Cler

Face à ces constats, le réseau Cler appelle à une politique de rénovation énergétique plus ambitieuse. L’association plaide pour un retour aux objectifs fixés lors de la réforme de 2024, avec un budget global de 5 milliards d’euros.

Cet effort financier permettrait de maintenir les barèmes actuels pour les rénovations performantes, mais aussi de renforcer les moyens de l’Anah et des structures d’accompagnement des ménages. Parmi elles : les Espaces Conseil France Rénov’ et le dispositif Mon Accompagnateur Rénov’.

Le réseau Cler insiste sur le rôle clé de ces acteurs de terrain. Les Espaces Conseil France Rénov’, service public dédié à la rénovation énergétique, offrent un accompagnement gratuit et personnalisé. De leur côté, les Accompagnateurs Rénov’ assurent un suivi complet des projets, de la définition des travaux jusqu’à leur mise en œuvre.

Vers une meilleure communication

Pour inciter davantage de citoyens à se lancer dans des travaux de rénovation, une communication claire et bien accompagnée sur les aides disponibles est jugée indispensable.
L’objectif est double : mieux gérer la montée en puissance des demandes – de plus en plus nombreuses et complexes – tout en réduisant les délais de paiement. En effet, ces délais représentent un véritable frein, aussi bien pour les ménages, qui doivent souvent avancer les fonds, que pour les professionnels du bâtiment, dont la trésorerie peut être mise à mal.

Sur le terrain, le réseau Cler joue un rôle de premier plan. Il rassemble près de 300 structures engagées dans la transition énergétique, dont une centaine d’Espaces Conseil France Rénov’.
Cette implantation locale confère au réseau une expertise précieuse pour améliorer l’efficacité des politiques publiques.

Son ambition est claire : accélérer la transition énergétique à toutes les échelles — locale, nationale et européenne — en défendant une rénovation globale, performante et accessible aux ménages qui en ont le plus besoin.

Parce que rendre la rénovation énergétique accessible à tous suppose un système d’aides plus lisible, plus rapide et plus efficace. C’est à cette condition qu’il sera possible de répondre aux trois attentes principales des Français :

  • réduire les factures d’énergie,
  • améliorer le confort du logement,
  • et limiter l’empreinte carbone du secteur résidentiel, qui pèse à lui seul près de 30 % des émissions de gaz à effet de serre en France.

Source

Cette analyse s’appuie sur une étude exclusive commandée par Nuances d’Avenir et réalisée en ligne par Verian du 24 septembre au 4 octobre 2024 auprès d’un échantillon de 2000 personnes représentatif de la population française.

Isabelle DAHAN

Isabelle DAHAN

Rédactrice en chef de Monimmeuble.com. Isabelle DAHAN est consultante dans les domaines de l'Internet et du Marketing immobilier depuis 10 ans. Elle est membre de l’AJIBAT www.ajibat.com, l’association des journalistes de l'habitat et de la ville. Elle a créé le site www.monimmeuble.com en avril 2000.

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