Aller au contenu

Rénovation

MaPrimeRénov’ chauffage bois : Inquiétudes et enjeux pour l’avenir du dispositif

MaPrimeRénov’ chauffage bois : Inquiétudes et enjeux pour l’avenir du dispositif

La refonte du dispositif MaPrimeRénov’ soulève des inquiétudes, notamment concernant le chauffage au bois domestique. Dans une question écrite au ministre de la Transition écologique, le député Éric Girardin alerte sur les conséquences potentielles des changements proposés. Il souligne l’importance du chauffage au bois dans la rénovation énergétique et s’inquiète des impacts sur les ménages modestes et la filière bois-énergie. Cet article examine les enjeux de cette évolution de MaPrimeRénov’ et les réponses apportées par le gouvernement.

Sommaire :

Les inquiétudes soulevées par la refonte de MaPrimeRénov’

L’importance du chauffage au bois dans la rénovation énergétique

Le dispositif MaPrimeRénov’, lancé en 2020, a joué un rôle crucial dans la rénovation énergétique des logements en France. Selon le député Éric Girardin, le chauffage au bois domestique a joué un rôle crucial dans cette réussite. En effet, il représente près de 30% des travaux financés par le dispositif MaPrimeRénov’ entre 2020 et 2022.

importance du chauffage au bois dans la rénovation énergétique
En effet, le succès de MaPrimeRénov’ est indéniable. Puisque ce dispositif a permis la rénovation de plus de 2 millions de logements depuis son lancement. Ces rénovations ont non seulement contribué à réduire les émissions de gaz à effet de serre, mais ont également permis de réaliser des économies énergétiques significatives pour de nombreux ménages français.

Les changements proposés et leurs implications

Pour autant, les propositions actuelles de réduction des aides pour le chauffage au bois inquiètent le député. Il met en avant que “l’obligation de fournir un diagnostic de performance énergétique (DPE) préalable pour les logements classés dans les catégories F et G” pourrait représenter “un obstacle supplémentaire pour les ménages modestes cherchant à améliorer l’efficacité énergétique de leur logement.”

Or, cette nouvelle exigence pourrait, en effet, constituer une barrière financière et administrative pour certains propriétaires. Et, en particulier, pour ceux disposant de revenus limités. Car, le coût d’un DPE, qui peut varier entre 100 et 250 euros selon la taille et la localisation du logement, pourrait décourager certains ménages d’entreprendre des travaux de rénovation pourtant nécessaires.

Impact sur les ménages modestes

En cela, Éric Girardin souligne que ces évolutions risquent de priver de nombreux ménages modestes et très modestes d’un accès à une source de chauffage abordable. Et, cela, dans un contexte où la hausse des prix de l’électricité aggrave déjà la facture énergétique des Français. Cette préoccupation met en lumière les enjeux sociaux liés aux modifications de MaPrimeRénov’.

En effet, le chauffage au bois est souvent considéré comme une alternative économique, particulièrement dans les zones rurales où l’accès à d’autres sources d’énergie peut être limité ou coûteux. La réduction des aides pourrait donc avoir un impact disproportionné sur les ménages vivant dans ces régions. Ainsi, elle exacerbe potentiellement les inégalités territoriales en matière d’accès à une énergie abordable.

Conséquences sur la filière bois-énergie

Le député attire également l’attention sur les répercussions économiques potentielles. Il avance que ces changements pourraient avoir un impact négatif sur le tissu économique de la filière bois énergie domestique. Par conséquent, cela pourrait mettre en péril près de 40 000 emplois ainsi que la valeur ajoutée significative qu’elle apporte à l’économie française, équivalant à 3,2 milliards d’euros.

La filière bois-énergie représente, en effet, un secteur économique important, particulièrement dans les zones rurales. Elle englobe la production et la distribution de combustibles bois. Mais, elle regroupe aussi la fabrication, l’installation et l’entretien des appareils de chauffage. Or, une baisse significative de la demande pourrait avoir des répercussions en cascade sur l’ensemble de cette chaîne de valeur.

La réponse du gouvernement

Objectifs climatiques et rôle du secteur du bâtiment

Dans sa réponse, le gouvernement rappelle l’importance du secteur du bâtiment dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Il souligne que “ le secteur des bâtiments, qui représente 18% des émissions en France, devra donc contribuer à l’accélération de la décarbonation du pays.”

Cette affirmation s’inscrit dans le cadre des engagements climatiques de la France. Notamment, celui de l’objectif de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 40% d’ici 2030 par rapport aux niveaux de 1990. Et, cela, conformément à la loi énergie-climat de 2019.

Contribution du chauffage au bois aux objectifs énergétiques et climatiques

Le gouvernement reconnaît que “les appareils de chauffage fonctionnant à partir de biomasse solide (bois bûches, granulés, …) contribuent à l’atteinte de nos objectifs énergétiques et climatiques nationaux.” D’ailleurs, il met en avant les avantages du chauffage au bois en termes de réduction des émissions de gaz à effet de serre et de maîtrise de la pointe électrique.

En effet, le bois-énergie est considéré comme une source d’énergie renouvelable. Parce que le CO2 émis lors de sa combustion est compensé par l’absorption de CO2 lors de la croissance des arbres. De plus, l’utilisation du bois comme source de chauffage permet de valoriser les co-produits de la sylviculture et de la récolte liées à la production du bois. Ce qui contribue ainsi à une gestion durable des forêts.

Enjeux environnementaux et sanitaires

Cependant, la réponse souligne également les défis liés à l’utilisation du bois-énergie. Puisque la combustion du bois génère des émissions de particules fines. Ce qui nécessite alors d’accélérer le remplacement des vieux appareils (ex. cheminées à foyer ouvert, inserts anciens, etc.) et de privilégier les installations les plus performantes. Cette préoccupation est justifiée par les données de l’ADEME, qui indiquent que le chauffage au bois domestique est responsable d’environ 43% des émissions de particules fines PM2.5 en France.

Évolution des aides MaPrimeRénov’ pour le chauffage au bois

À cet effet, le gouvernement explique les modifications apportées au dispositif. L’installation d’appareils de chauffage est encore éligible aux aides forfaitaires par geste (chaudières, appareils indépendants) MaPrimeRénov’. Néanmoins, on observe une baisse de -30% des barèmes d’aides depuis le 1er avril 2024. Or, cette baisse vise à “ne pas favoriser excessivement le chauffage au bois plutôt que d’autres technologies de chauffage renouvelable”.

Malgré cette réduction, le gouvernement affirme que “compte tenu de ses faibles coûts de fonctionnement, le chauffage au bois reste très compétitif sur le long terme”. Cette affirmation suggère que l’investissement initial plus élevé pourrait être compensé par des économies d’énergie à long terme.

Mesures d’accompagnement pour le chauffage au bois

Pour répondre aux inquiétudes soulevées, le gouvernement annonce que MaPrimeRénov’ pourra continuer à soutenir l’installation d’appareils très performants de chauffage aux granulés ou au bois. Cette décision vise à encourager l’adoption d’équipements chauffage bois plus efficaces et moins polluants. Et, cela, tout en maintenant un soutien à la filière bois-énergie.

De plus, le gouvernement a prolongé jusqu’au 31 décembre 2024 la possibilité de bénéficier de MaPrimeRénov’ par geste, quelle que soit l’étiquette de son logement. Et, il en est de même pour la suspension de l’exigence de diagnostic de performance énergétique (DPE) jusqu’au 31 décembre 2024. Dès lors, cette mesure transitoire vise à atténuer l’impact immédiat des changements proposés. En cela, elle offre un délai supplémentaire aux ménages et à la filière pour s’adapter.

En conclusion, la refonte du dispositif MaPrimeRénov’ pour le chauffage au bois soulève des questions importantes. Celles de l’équilibre entre les objectifs climatiques, les enjeux sanitaires, l’accessibilité énergétique pour les ménages modestes et le soutien à une filière économique. Les ajustements proposés par le gouvernement visent à répondre à ces différents enjeux. Mais, leur efficacité et leur impact réel restent à évaluer dans les mois et années à venir.

Isabelle DAHAN

Isabelle DAHAN

Rédactrice en chef de Monimmeuble.com. Isabelle DAHAN est consultante dans les domaines de l'Internet et du Marketing immobilier depuis 10 ans. Elle est membre de l’AJIBAT www.ajibat.com, l’association des journalistes de l'habitat et de la ville. Elle a créé le site www.monimmeuble.com en avril 2000.

Laisser un commentaire