Depuis quelques années, les pratiques visant à réduire au maximum les déchets font l’objet d’un véritable « mouvement » dont les pratiques sont partagées sur les réseaux sociaux. Ce mouvement accompagne l’essor du « développement personnel » et de la « psychologie positive » qui prônent les notions de qualité de vie, bien-être, bonheur…
Chacun entre dans le « zéro déchet » à sa façon, plus ou moins subitement, plus ou moins intensément, et pour des raisons diverses. C’est souvent une prise de conscience qui pousse à entrer dans la démarche. Avec le développement de ce mouvement notamment sur les réseaux sociaux, beaucoup ont été « transformés » voire « emballés », par le livre de Béa Johnson*, une précurseure de ce mode de vie qui a déjà inspiré des milliers de personnes.
Les trois grandes motivations
Pour beaucoup, c’est l’écologie et l’environnement : la réduction des déchets entre en cohérence avec l’économie de ressources, la diminution des impacts négatifs de son mode de vie et la recherche de durabilité. Pour d’autres, c’est avant tout le bien-être et la santé et la recherche de produits sains pour son corps et encore plus pour ses enfants, des aliments de qualité, moins « industriels », sans produits toxiques. Enfin, pour certains c’est aussi un besoin d’indépendance et de sobriété comme apprendre à faire soi-même, pour se libérer d’une dépendance à un système de production que l’on juge inapproprié et d’une illusion de bonheur par la consommation.
Plus que d’être « zéro déchet », il s’agit d’être heureux en « zéro déchet »
Refuser l’inutile, substituer le jetable par du réutilisable, faire soi-même, réutiliser, réparer… sont autant de pratiques parfois très simples et déjà bien connues mais qui se confrontent à l’idée que ces changements seraient des contraintes et aboutiraient à une perte de confort ou de qualité de vie. Il faut « tordre le cou » aux idées reçues et montrer que vivre en produisant moins de déchets est possible pour tous et compatible avec tous les modes de vie.
L’ADEME publie les résultats de son enquête « Bien vivre en Zéro Déchet » menée auprès de 12 foyers présentant à la fois un niveau réduit de consommation de ressources et de production de déchets, et un haut niveau de bien-être et de qualité de vie. Les conclusions de cette enquête vont à l’encontre de l’idée préconçue associant le fait de produire moins de déchet à des privations de consommation et une attention de tous les instants qui gâche la vie.
Ces exemples mettent en évidence que l’adoption d’une telle démarche peut être facile et ludique, à moindre coût, et accessible à des personnes aux situations sociales très différentes. Elles perçoivent leur démarche non pas comme une perte de temps, mais comme une source de plaisir, de liberté et d’épanouissement. Cette étude permet ainsi de battre en brèches les idées reçues et de donner envie au plus grand nombre de passer à l’action.
« Même si pour l’essentiel des foyers la réduction des déchets n’entraîne pas mécaniquement plus de bonheur, elle s’inscrit dans une démarche qui peut contribuer à leur bien-être, quelle que soit leur catégorie d’appartenance sociale. D’une part, réduire ses déchets peut procurer des moments de joie passagers lorsque l’on constate que les pratiques mises en place fonctionnent. Beaucoup se réjouissent d’avoir considérablement réduit la « corvée » de sortir les poubelles ou le temps passé dans les magasins… Les actions permettant de limiter ses impacts sur l’environnement procurent aussi un sentiment de cohérence qui est positif.
D’autre part, vivre de façon plus simple, plus saine et souvent plus conviviale est souvent corrélé au bonheur, directement ou indirectement. La libération du « dogme » de la consommation pour devenir « consomm’actrices » ou « consomm’acteurs » peut constituer le premier pas vers une réflexion plus globale encore sur la qualité de vie et le bonheur ».
Finalement, que ce soit le point de départ, ou un maillon de la chaine, le « zéro déchet » en tant que mode de vie est associé au fait de se rendre acteur de sa consommation, de se poser la question de ses besoins, de les recentrer sur des choses moins matérielles, plus durables, et finalement d’apprendre à être heureux de ce que l’on est et ne plus faire dépendre son bonheur de ce que l’on a.
> « Bien vivre en zéro déchet »
* Béa Johnson est une blogueuse et conférencière spécialiste du mode de vie Zéro déchet. Originaire d’Avignon et installée aux États-Unis depuis 1992, elle est l’auteur d’un ouvrage sur le sujet : « Zéro déchet, comment j’ai réalisé 40% d’économie en réduisant mes déchets à moins de 1 litre par an ! ».