Alors que l’année 2023 a été marquée par une chute historique de 23% des transactions immobilières, les premiers signes d’une reprise se font sentir en cette fin d’année 2024. Dans ce contexte encore fragile, le moral des agents immobiliers, mis à rude épreuve, semble rebondir timidement selon la 3ème édition du baromètre Opinion System. Réalisée en octobre auprès de 236 agences, cette étude livre un éclairage inédit sur la perception des professionnels, entre espoirs de reprise et attentes fortes envers les décideurs politiques.
Sommaire :
- Le moral des agents immobiliers rebondit timidement
- Des signaux encourageants sur le marché du crédit
- Vendeurs et acheteurs s’adaptent progressivement
- Des professionnels en attente de stabilité et de visibilité
Le moral des agents immobiliers rebondit timidement
Malgré une conjoncture toujours complexe, le moral des agents immobiliers montre des signes d’amélioration.
Selon Jean-David Lépineux, dirigeant d’Opinion System, “plusieurs signaux positifs, en particulier la baisse des taux, sont accueillis comme une véritable bouffée d’oxygène par les professionnels.”
Cette embellie reste cependant à confirmer, comme le révèlent les données de l’étude :
“La dynamique est encore fragile et devra être confirmée dans les semaines et mois à venir”, tempère Jean-David Lépineux.
Les professionnels oscillent ainsi entre le soulagement de voir le marché se débloquer et la crainte que cette reprise ne soit qu’un feu de paille. Une prudence compréhensible après deux années éprouvantes qui ont mis à mal tout le secteur.
Des signaux encourageants sur le marché du crédit
Le redressement du moral des agents immobiliers s’explique en partie par l’évolution positive du marché du crédit immobilier. Alors que 81% d’entre eux s’inquiétaient en janvier de la capacité des Français à obtenir un prêt, ils sont aujourd’hui une courte majorité (51%) à se montrer confiants sur le sujet. Un véritable renversement de tendance.
Cette inversion fait suite à la baisse des taux d’emprunt moyens, repassés sous les 3,5% contre 4,2% fin 2023. Conséquence directe : les annulations de compromis de vente faute d’accord bancaire se replient nettement. 36% des agents en constatent encore, contre 57% en début d’année. Cette décrue de 21 points sur ce critère crucial pour la concrétisation des ventes est de bon augure.
Néanmoins, si la pression sur l’accès au crédit se relâche, la vigilance reste de mise. Près d’un agent sur deux (49%) exprime encore des craintes sur la capacité des ménages à emprunter. Preuve que le chemin vers une normalisation complète du marché est encore long. La confiance s’installe pas à pas, à mesure que les conditions de financement s’assouplissent.
Vendeurs et acheteurs s’adaptent progressivement
Autres motifs d’espoir pour les agents immobiliers, les comportements des vendeurs et acheteurs semblent évoluer favorablement, même si des progrès restent à faire.
Ainsi, 70% des agents estiment que les vendeurs surévaluent toujours leur bien par rapport à sa valeur de marché. Un chiffre en recul de 16 points depuis février, signe que les vendeurs commencent à faire preuve de plus de réalisme. Dans le même temps, 30% des professionnels constatent que les vendeurs ont ajusté leur prix à la baisse pour s’adapter à la réalité du marché. C’est 17 points de plus qu’en début d’année.
Côté acheteurs, le frémissement est plus timide. Seuls 15% des agents notent une accélération des intentions d’achat liée à la baisse des taux. Échaudés par les difficultés à obtenir un crédit, les candidats à l’acquisition restent encore attentistes. Un comportement qui pourrait évoluer si la tendance à la détente sur les taux se confirme dans la durée.
Une prise de conscience progressive s’opère donc chez les acteurs du marché. “Les vendeurs réalisent qu’il faut s’aligner sur les prix réels pour vendre. De leur côté, les acheteurs attendent des signaux forts pour se lancer”, analyse un agent immobilier. Une nouvelle dynamique se met en place, mais elle demeure encore fragile.
Des professionnels en attente de stabilité et de visibilité
Bien que le moral des agents immobiliers s’améliore, ceux-ci attendent des mesures fortes pour consolider la reprise.
Leur priorité : que les politiques fixent un cap stable sur plusieurs années. C’est le souhait exprimé par 56% des professionnels interrogés. Dans un marché où la visibilité est clé, les changements incessants de législation sont vécus comme autant de coups de canif dans les projets immobiliers des Français.
La mise en œuvre des mesures issues de la loi Energie-Climat cristallise ainsi les critiques. Si une majorité (63%) juge l’interdiction de location des passoires thermiques positive sur le fond, ils sont autant à estimer qu’elle pêche dans son exécution. Plus d’un agent sur deux anticipent un impact négatif sur les particuliers (54%) et leur activité (56%). Des inquiétudes qui pèsent sur le moral d’une profession en quête de stabilité.
“On ne peut pas changer les règles du jeu en permanence”, s’insurge un professionnel. “Il faut donner de la visibilité aux ménages comme aux professionnels pour relancer l’investissement immobilier sur des bases saines.”
Conclusion
La reprise du marché immobilier représente donc un défi pour des agents immobiliers fragilisés par deux années de crise.
Comme le souligne Jean-David Lépineux, “58% peinent encore à sourcer des biens à vendre, et 67% des biens à louer. Ils vont devoir se réapproprier les fondamentaux du métier et miser sur leur réseau local.”
Un retour aux sources salutaire pour transformer l’embellie actuelle en reprise durable. Prospection, qualité de service, relationnel… Les professionnels vont devoir réinvestir avec ténacité et créativité des disciplines qui ont pu être délaissées pendant la période faste. En effet, c’est à ce prix que le moral des agents immobiliers pourra retrouver durablement des couleurs.
Le secteur entre dans une phase charnière, entre relance espérée et incertitudes persistantes. L’enjeu pour les agents immobiliers est d’accompagner la reprise en donnant confiance aux ménages et en pesant auprès des décideurs pour stabiliser les règles du jeu. Un défi stimulant pour une profession dont la capacité de résilience et d’adaptation n’est plus à démontrer.