Aller au contenu

Immobilier

La parité dans l’immobilier : un chemin encore long

La parité dans l’immobilier : un chemin encore long

Le 4 décembre dernier, l’Observatoire de la Charte de la Parité dans l’Immobilier a partagé les conclusions de sa troisième enquête annuelle. Cette étude, réalisée par l’IEIF en collaboration avec la sociologue Chantal Schmitt, a mobilisé un large panel de participants. En effet, 133 entreprises signataires de la charte ont été interrogées, reflétant un engagement significatif du secteur envers la parité. Si le secteur immobilier affiche une prise de conscience grandissante des enjeux de la parité, les progrès concrets demeurent lents. En effet, un plafond de verre persistant limite l’accès des femmes aux postes de direction. Par ailleurs, elles souffrent encore d’inégalités salariales structurelles, soulignant les défis qui restent à relever. Pour transformer l’essai, l’étude souligne la nécessité d’un engagement fort des directions d’entreprise et propose sept leviers d’action prioritaires.

Sommaire :

La parité dans l’immobilier : une féminisation en trompe-l’oeil

Premier constat : les femmes représentent aujourd’hui 51% des effectifs globaux des entreprises du secteur immobilier. Soit un niveau légèrement supérieur à la moyenne nationale. Or, cette apparente parité masque de profondes disparités entre les différents métiers.

La parité dans l’immobilier : une féminisation en trompe-l'oeil
L’enquête met en lumière la persistance d’un plafond de verre qui entrave l’accès des femmes aux postes décisionnaires. Ainsi, au sein des instances dirigeantes, leur proportion a même légèrement reculé en 2023, à 37,7%.

Pour Chantal Schmitt, sociologue ayant conduit les entretiens qualitatifs, ce chiffre illustre la lenteur des progrès : “Les avancées stagnent car la parité dans l’immobilier reste perçue comme un objectif de long terme plutôt que comme une urgence. Pour briser le plafond de verre, un engagement fort des directions est indispensable, avec des actions concrètes et mesurables”.

Le poids des écarts de rémunération

Malgré une légère amélioration dans l’octroi d’augmentations salariales pour les femmes (60% contre 55% pour les hommes), les écarts de rémunération demeurent criants dans l’immobilier.

L’analyse des données, menée par Lina Mounir, analyste senior à l’IEIF, est sans appel. En effet, les femmes occupent, en moyenne, seulement 3,34 des 10 plus hauts salaires dans les entreprises étudiées. De plus, cette proportion a également diminué par rapport à l’année précédente. En outre, les disparités salariales se confirment dans les politiques d’augmentations. En effet, 56,6 % des sociétés du panel ont accordé des augmentations fixes plus élevées aux hommes qu’à leurs collègues féminines, renforçant ainsi les inégalités existantes.

“Les chiffres montrent une réalité contrastée, résume Lina Mounir. Si l’on observe des avancées dans certains domaines, des blocages persistent, notamment sur le terrain salarial”.

La résorption des inégalités de rémunération apparaît alors comme un chantier incontournable pour faire progresser réellement la parité dans l’immobilier.

Sept pistes pour changer de braquet

Pour dépasser ces constats et enclencher une nouvelle dynamique, l’étude dessine sept axes de progrès. Dès lors, ils nécessitent une réelle volonté d’impulser le changement au plus haut niveau des organisations.

  • Favoriser la parité dès le recrutement. En nouant des partenariats avec des réseaux féminins et en adaptant les processus de sélection. L’objectif ? Lutter contre les biais, souvent inconscients, qui peuvent jouer en défaveur des candidatures féminines.
  • S’attaquer résolument au gender pay gap”. Grâce à des audits réguliers des rémunérations et à l’application de politiques de rattrapage salarial, ces initiatives visent à réduire progressivement les écarts historiques et à promouvoir une équité durable.
  • Accompagner les femmes dans leur carrière. Leur proposer des programmes de mentorat et de coaching pour les préparer à des fonctions de direction.
  • Valoriser la visibilité des femmes lors d’événements professionnels et veiller à la parité des intervenants dans l’immobilier.
  • Former les managers aux biais inconscients pour instaurer une culture inclusive.
  • Encourager le réseautage interne et externe des collaboratrices pour renforcer leur influence.
  • Redéfinir les critères du leadership performant. Objectif : valoriser une diversité de profils et de modes de management au-delà des références masculines traditionnelles.

Parité dans l’immobilier : l’heure de l’action a sonné !

“Nous devons passer à la vitesse supérieure. Il en va de notre performance comme de l’attractivité de nos métiers”, insiste Christel Zordan, Présidente de l’Observatoire de la Charte de la Parité dans l’Immobilier.

Pour prolonger la dynamique, l’association entend d’ailleurs lancer en 2025 une nouvelle initiative fédérant les 133 entreprises signataires.

Alors que le secteur immobilier compte désormais une majorité de femmes dans ses rangs, la marche vers une égalité réelle apparaît encore haute. Pour accélérer le tempo, les organisations doivent urgemment traduire leur prise de conscience en actes, en activant les leviers identifiés. Un engagement déterminé, condition sine qua non pour faire de la parité dans l’immobilier une réalité vécue plutôt qu’un slogan.

Isabelle DAHAN

Isabelle DAHAN

Rédactrice en chef de Monimmeuble.com. Isabelle DAHAN est consultante dans les domaines de l'Internet et du Marketing immobilier depuis 10 ans. Elle est membre de l’AJIBAT www.ajibat.com, l’association des journalistes de l'habitat et de la ville. Elle a créé le site www.monimmeuble.com en avril 2000.

Laisser un commentaire