Aller au contenu

Crédit

Censure du gouvernement : quelles conséquences sur les taux de crédit ?

Censure du gouvernement : quelles conséquences sur les taux de crédit ?

La censure du gouvernement et sa démission qui s’en est suivie soulèvent de nombreuses questions quant à l’impact potentiel sur le marché immobilier. Si les professionnels craignent un regain d’attentisme chez les acheteurs, les réseaux Vousfinancer et l’Adresse se veulent relativement optimistes sur l’évolution des taux de crédit. Ils appellent cependant à une rapide stabilisation politique pour consolider la reprise qui se dessine depuis quelques mois.

Sommaire :

La censure du gouvernement inquiète les professionnels de l’immobilier

La censure du gouvernement votée le 4 décembre et la démission qui a suivi ont pris de court les acteurs du secteur immobilier. Alors que des mesures encourageantes étaient attendues dans le budget 2025, les attentes des professionnels n’ont pas été comblées. En effet, beaucoup déplorent ce qu’ils perçoivent comme une perte de temps, freinant des initiatives cruciales. De plus, le manque de visibilité sur les orientations futures du gouvernement est jugé particulièrement préjudiciable pour leur activité.

Pour Brice Cardi, président du réseau d’agences l’Adresse, cette crise politique “risque de générer encore de l’attentisme de la part des acheteurs, qu’ils soient primo, secundo-accédants ou investisseurs”. Après plusieurs mois difficiles, le marché immobilier semblait enfin amorcer une reprise. En effet, une embellie se profilait à l’horizon, portée par des taux de crédit qui s’orientaient progressivement à la baisse. Ce contexte laissait entrevoir des nouvelles opportunités pour les investisseurs et les acheteurs.

La censure du gouvernement inquiète les professionnels de l'immobilier
Parmi les pistes évoquées par le gouvernement, on notait notamment l’élargissement du prêt à taux zéro et un assouplissement de la loi Climat. De plus, une réflexion sur le statut de bailleur privé était également à l’ordre du jour. Ces annonces se voulaient encourageantes pour soutenir la demande. Elles visaient tout particulièrement les primo-accédants, qui constituent un maillon essentiel pour fluidifier le parcours résidentiel.

L’impact sur les taux de crédit devrait rester limité

La censure du gouvernement suscite des inquiétudes quant à une potentielle réaction des marchés financiers. En effet, une telle situation pourrait provoquer une augmentation des taux d’emprunt. Par conséquent, cette hausse se répercuterait directement sur les conditions de financement, en impactant inévitablement les taux des crédits immobiliers. Toutefois, les réseaux de courtage Vousfinancer et l’Adresse se veulent rassurants face à ce scénario. Ils soulignent que plusieurs éléments permettent d’écarter l’hypothèse d’une envolée incontrôlée des taux.

L’impact des décisions de la BCE et la résilience des marchés

Une analyse approfondie révèle, en effet, des facteurs de stabilité non négligeables. Tout d’abord, les récentes baisses des taux directeurs de la Banque Centrale Européenne (BCE) ont envoyé un signal encourageant. De plus, la réaction mesurée des marchés, observée lors de la dissolution de l’Assemblée en juin dernier, renforce cette impression. Ensemble, ces éléments plaident en faveur d’une certaine résilience économique dans un contexte pourtant incertain.

De plus, comme le rappelle Sandrine Allonier, porte-parole de Vousfinancer, “le lien entre les taux d’emprunt d’État (OAT) et les taux de crédit s’est distendu ces dernières années”. Une observation étayée par des données concrètes : fin 2022, les OAT à 10 ans s’établissaient à 3%, tandis que les banques prêtaient en moyenne à 2,30% sur 20 ans.

La conquête de nouveaux clients, priorité des banques

Un autre élément déterminant réside dans la politique commerciale des banques. Après une année 2024 difficile, marquée par une forte baisse de la production de crédits immobiliers (-30 % sur les dix premiers mois selon la Banque de France), les banques cherchent à inverser la tendance. En effet, elles sont désormais engagées dans une conquête active de nouveaux clients, multipliant les offres pour relancer leur activité.

“De nombreuses banques ont encore baissé leurs taux en décembre, de 0,05 à 0,20 point”, souligne Sandrine Allonier. Une dynamique que les acteurs du secteur n’ont pas intérêt à rompre.

Entre incertitude politique et signaux de reprise

Si l’incertitude politique actuelle pèse indéniablement sur le moral des ménages et des professionnels, les signaux récents du marché immobilier invitent à un optimisme prudent. Les prochaines semaines seront décisives pour confirmer la capacité de résistance des taux de crédit et la solidité de la reprise enclenchée ces derniers mois.

Une vigilance de tous les instants s’impose, comme le rappelle Julie Bachet, directrice générale de Vousfinancer : “Nous restons très attentifs à l’évolution des taux. Leur maintien à un niveau attractif est essential pour soutenir la demande et consolider le regain d’activité.”

Une reprise qui reste fragile

La censure du gouvernement et l’instabilité politique qu’elle engendre fragilisent indéniablement la reprise du marché immobilier, malgré un impact a priori limité sur les taux de crédit. Si les réseaux de courtage se veulent rassurants quant à l’évolution des taux, ils soulignent néanmoins la nécessité d’une rapide clarification du paysage politique pour conforter la confiance des ménages et des professionnels.

Un besoin crucial de visibilité pour les acteurs du marché

Comme le souligne Brice Cardi, président du réseau d’agences l’Adresse, “les particuliers comme les professionnels ont besoin de visibilité et de stabilité pour se projeter dans un achat immobilier”. La formation d’un nouveau gouvernement et la reprise des chantiers législatifs apparaissent donc comme des prérequis indispensables au retour d’un marché durablement dynamique.

Des signaux de reprise à consolider

Après plusieurs mois de ralentissement, les professionnels observaient des signaux encourageants depuis la fin de l’été 2024, avec notamment une baisse des taux de crédit et un regain d’intérêt des acquéreurs. Cependant, cette embellie reste fragile et pourrait être remise en cause par l’attentisme généré par la situation politique.

D’après une récente enquête menée par la FNAIM (Fédération Nationale de l’Immobilier), seuls 29% des Français envisageaient un achat immobilier dans les 2 ans. Soit une baisse de 7 points par rapport à 2023. Un indicateur révélateur de l’impact de l’incertitude ambiante sur les projets immobiliers des ménages.

Maintenir des conditions de financement attractives

Au-delà de la clarification politique, les acteurs du secteur identifient plusieurs défis à relever pour sécuriser la reprise. Parmi ceux-ci, le maintien de taux de crédit attractifs apparaît comme une priorité. “Il faut impérativement que les taux restent bas pour soutenir la demande et accompagner la baisse des prix”, martèle Brice Cardi.

Soutenir les primo-accédants pour fluidifier le marché

Autre levier essentiel identifié par les professionnels : le soutien aux primo-accédants. Ces derniers constituent, en effet, un maillon clé pour démultiplier les transactions immobilières et fluidifier les parcours résidentiels. Leur accompagnement, via des dispositifs ciblés, permettrait de libérer des logements dans le parc locatif et de dynamiser l’ensemble du marché.

Alors que près de 5 millions de logements étaient “bloqués” par des propriétaires âgés en 2024 selon l’ANAH (Agence Nationale de l’Habitat), l’enjeu d’une meilleure rotation dans le parc immobilier apparaît comme une priorité pour les pouvoirs publics. Un chantier de taille, qui nécessitera une mobilisation rapide du prochain gouvernement pour concrétiser les promesses d’une reprise durable du marché.

Isabelle DAHAN

Isabelle DAHAN

Rédactrice en chef de Monimmeuble.com. Isabelle DAHAN est consultante dans les domaines de l'Internet et du Marketing immobilier depuis 10 ans. Elle est membre de l’AJIBAT www.ajibat.com, l’association des journalistes de l'habitat et de la ville. Elle a créé le site www.monimmeuble.com en avril 2000.

Laisser un commentaire