Né il y a moins de 10 ans, le coliving en France est une formule innovante de logements partagés avec services et loyers tout compris. Elle reste encore confidentielle avec seulement 0,2% du marché locatif et 14 000 lits début 2024. Pourtant, ce segment immobilier ultra-dynamique séduit de plus en plus les investisseurs. Puisqu’il attire près de 430 millions d’euros en 2023, portés par des rendements attractifs de 4,75%. Mais, pour réellement décoller et plus que doubler le nombre de lits d’ici 2026, les acteurs du coliving devront trouver des solutions. Pour cela, ils devront élargir leur cible au-delà des étudiants et jeunes actifs. Mais, aussi lever les réticences des collectivités locales et sécuriser leurs financements malgré un contexte compliqué pour le secteur.
Sommaire :
- Le coliving en France : un marché de niche prometteur qui cherche son envol
- Sécuriser les financements, un enjeu clé pour accélérer le coliving en France
- Élargir la cible pour sortir de la confidentialité
- Convaincre les mairies en misant sur des projets responsables
- Vers une sortie progressive de la confidentialité
Le coliving en France : un marché de niche prometteur qui cherche son envol
Un concept encore confidentiel, mais en forte croissance
Le coliving représente encore une niche en France avec seulement 0,2% du marché locatif et 3% des colocations début 2024, selon une étude de Xerfi. Lancé, il y a moins de 10 ans dans l’Hexagone, ce secteur connaît néanmoins une croissance fulgurante. En effet, près de 60 opérateurs exploitent aujourd’hui 14 000 lits, soit un bond de 70% par rapport à 2021.
Le coliving à Paris connaît un essor particulier en raison de la pression immobilière et des nouveaux modes de vie urbains. Dans la capitale, où le marché locatif est tendu, ce concept de logement partagé avec services intégrés s’impose comme une solution attractive pour les jeunes actifs et les professionnels en mobilité. Paris devient ainsi un laboratoire pour l’évolution du coliving, attirant des investisseurs séduits par ce modèle à fort potentiel dans une ville où l’offre résidentielle est rare et chère.
Cette dynamique est portée par l’intérêt marqué des investisseurs pour cette classe d’actifs offrant un rendement de 4,75%. Ils y ont investi près de 430 millions d’euros en 2023, proche du record de 2021. Attirés par la rentabilité et le potentiel du coliving en France, les acteurs se structurent et les nouveaux entrants se multiplient. Xerfi anticipe ainsi plus qu’un doublement du nombre de lits pour atteindre 30 000 unités d’ici fin 2026.
“Entre l’attrait confirmé des investisseurs, la structuration de l’offre, l’industrialisation accélérée des process, le rapprochement entre certains exploitants et foncières […], l’offre de coliving devrait plus que doubler”, prédit l’étude.
Sécuriser les financements, un enjeu clé pour accélérer le coliving en France
Pour maintenir ce rythme effréné malgré des conditions de financement compliquées pour l’immobilier, “la sécurisation des financements sera le principal pilier de la dynamique du marché du coliving”, estime Xerfi. En effet, cela permettra de diversifier les types de biens ciblés (immeubles entiers, bureaux à reconvertir…) au-delà des projets neufs déjà lancés comme la résidence UXCO de 146 lits à Archamps près de Genève.
Les acteurs du diffus comme Joivy ou Colonies maintiendront aussi une cadence soutenue d’ouvertures, convaincus de la profondeur du marché. De même, les nouveaux entrants seront aussi moteurs, à l’image de Roof et Nonna créés en 2022.
Par ailleurs, de grands noms de l’immobilier comme Vinci, Bouygues ou Nexity (majoritaire chez Urban Campus) et des résidences étudiantes comme Sergic pourraient aussi se lancer. En cela, ils sont attirés par les synergies avec leurs activités. Sans oublier l’Allemand Habyt, leader mondial qui vient d’entrer en France. Il pourrait rapidement gagner du terrain dans l’Hexagone.
Élargir la cible pour sortir de la confidentialité
Mais, pour sortir de la niche des 14 000 lits, il faudra diversifier la clientèle très concentrée sur les étudiants et jeunes actifs. “Des stratégies innovantes sont également nécessaires pour diversifier le public cible du coliving et compenser le turn-over des étudiants et jeunes actifs”, insiste Xerfi. Ainsi, le lancement d’une offre senior pourrait ouvrir de nouvelles opportunités et attirer d’autres investisseurs.
À plus long terme, déployer une offre destinée aux familles pourrait se révéler payant. Ces résidences, souvent désignées sous le terme de logement multi-familial, intègrent des espaces partagés tels que des salles de jeux et des espaces de télétravail. D’ailleurs, Urban Campus et In’li viennent de lancer une initiative similaire sur 200 logements qui pourrait porter ses fruits.
Convaincre les mairies en misant sur des projets responsables
Autre défi : faire face à l’opposition grandissante des villes qui voient le coliving comme un moyen de contourner l’encadrement des loyers. “À ce titre, élaborer une offre éco-responsable en se positionnant sur les opérations de recyclage urbain peut être une voie à emprunter pour améliorer l’acceptabilité des projets”, conseille Xerfi.
De même, il est possible de s’appuyer sur le flou juridique actuel autour du statut du coliving, laissant une certaine flexibilité entre bail commercial et contrat de gestion. Notons que le coliving en France ne bénéficie pas de statut juridique spécifique. Or, cette situation offre plusieurs possibilités à propos du contrat signé avec les occupants ou au choix de la destination du programme neuf dans le cadre des procédures réglementaires en matière d’urbanisme. Ce qui pourrait aider face aux réticences des municipalités.
Vers une sortie progressive de la confidentialité
Le coliving devrait progressivement évoluer au-delà de sa niche grâce à plusieurs facteurs. D’abord, l’appétit croissant des investisseurs pour ce secteur, ensuite, l’industrialisation des processus qui améliore l’efficacité. De plus, les collaborations entre exploitants et foncières renforcent ce modèle. Enfin, l’arrivée de nouveaux acteurs majeurs sur le marché soutient également cette expansion.
Toutefois, pour transformer le coliving, en un véritable marché de masse, plusieurs étapes clés doivent être franchies. Premièrement, il est crucial de sécuriser les financements nécessaires. Ensuite, il faut convaincre de nouveaux publics de l’intérêt de ce modèle de vie. Enfin, obtenir l’adhésion des collectivités locales est essentiel pour réussir cette transition. Ce défi est à la mesure des promesses du coliving en France.

