Le coliving réunit des aspects de la colocation avec des prestations semi-hôtelières. Cette forme d’habitat partagé qui a bien résisté à la crise attire de nouveaux investisseurs. Selon les calculs des experts de Xerfi, l’offre de coliving va croître de manière exponentielle d’ici 2023…
Accélération du marché du coliving
Le coliving est une forme d’habitat partagé qui a bien résisté à la crise. En effet elle permet de rompre l’isolement tout en accédant à des grandes surfaces et à des extérieurs.
En réalité, le confinement a accéléré le développement de ce marché auprès des investisseurs. D’après les calculs des experts de Xerfi Innov, l’offre de coliving va croître de manière exponentielle d’ici 2023. Elle atteindra probablement 14 500 lits, contre environ 2 600 en 2020 !
Ce segment prend de plus en plus de place dans le marché de l’immobilier résidentiel. Tant est si bien qu’il représentera 8% du total des logements étudiants privés et un quart de l’offre en résidences pour jeunes travailleurs. Dans ces conditions, le paysage concurrentiel du coliving risque bien d’évoluer.
Aujourd’hui, ce marché est dominé par des indépendants. Toutefois, les géants de l’immobilier, confrontés à la crise dans le logement neuf, sont séduits par cette forme d’habitat partagé. Le coliving est-il devenu un véritable filon ?
Coliving : un nouveau concept d’habitat partagé
Concrètement, les acteurs du coliving propose un service de mise à disposition d’un logement équipé plutôt que des murs à louer. Dès lors, ils s’inscrivent dans une tendance héritée de l’économie des fonctionnalités. Celle qui transforme un bien en service et prône l’usage plutôt que la propriété.
Un tel modèle trouve déjà des applications multiples dans le transport (vélos et voitures en libre-service) ou les bureaux (coworking). C’est également le cas pour l’ensemble des plateformes d’échanges de biens et de services entre particuliers.
“ Le coliving se révèle ainsi particulièrement adapté aux phases de transition de la vie adulte : changements de ville ou de travail, séparation, entrée dans la vie active…” – Vincent Desruelles, directeur d’études à Xerfi Precepta.
En cela, le coliving se distingue des autres concepts d’habitat partagé. Du fait de ses caractéristiques, il est accessible sans condition d’âge ou de statut (étudiant, actif). De plus, son engagement est plus souple qu’un bail locatif. Il propose des espaces communs ainsi que des services prêts à l’emploi et tout inclus (assurance, énergie, connexion internet…).
Sans nul doute, l’intérêt grandissant des investisseurs est un puissant moteur au développement de l’offre. Toutefois, la croissance du marché se fera en deux temps. D’ici 2021, la croissance sera surtout le fait du déploiement des maisons en coliving (entre 10 et 20 lits). En particulier de la part de “Colonies” qui veut multiplier son offre de maisons par six.
À partir de 2022, ce sont les grandes résidences de plusieurs dizaines à plusieurs centaines de lits qui assureront l’essentiel de l’offre nouvelle. On compte alors sur l’entrée en exploitation des résidences de Vinci Immobilier ou Kley et l’expansion de Sharies et The Babel Community.
Les géants de l’immobilier sont à la manœuvre
Les grands groupes de l’immobilier ont donc plusieurs projets en cours. Vinci Immobilier envisage ainsi d’ouvrir quatre résidences Bikube en 2022. Bouygues Immobilier s’appuie sa marque Koumkwat pour une ouverture à Nice prévue en 2023. Par ailleurs, Nexity créé un pôle pour l’ensemble de son offre en immobilier géré. Tandis que Kley, spécialiste dans les résidences étudiantes, mise sur le coliving à travers son concept Urban Village.
“À l’évidence, ces initiatives vont modifier la structure de la concurrence. Car, les géants de l’immobilier pourraient représenter jusqu’à la moitié du parc de coliving à l’horizon 2023.” – Vincent Desruelles.
D’ailleurs, l’offre cible un spectre de clients plus large. De toute évidence, ces projets de grande ampleur nécessitent une optimisation du taux de remplissage. C’est pourquoi, l’offre vise tout aussi bien les professionnels en mobilité pour plusieurs jours ou mois, voire même les touristes.
Il s’ensuit pour ces prochaines années que ces perspectives de développement du marché attirent également de nouveaux entrants. C’est probablement le cas des bailleurs sociaux. Comme ils gèrent déjà un parc de plus de 50 000 lits en foyers pour jeunes travailleurs, ils pourraient se convertir à cette forme d’habitat partagé. En ce sens, on pourrait imaginer une refonte de leurs marques.
Mais la véritable menace pourrait venir de l’étranger. Puisque le coliving est présent en Europe ainsi qu’en Asie et en Amérique du Nord. Des opérateurs comme le Britannique The Collective ou l’Allemand Medici Living pourraient cibler Paris. Tout comme d’autres villes françaises comme Lyon, Marseille ou Lille qui disposent d’un potentiel conséquent pour l’habitat partagé. De sorte que l’arrivée de ces nouveaux venus du coliving, ouverts à l’international serait un événement majeur pour le marché français.