Le décret d’application de la loi ALUR sur l’état des lieux et la vétusté du logement promettait de pacifier les relations entre bailleurs et locataires, mais également d’apporter plus de lisibilité sur ces notions. Pour la Confédération Générale du Logement (CGL), il n’en est rien !
Les états des lieux doivent permettre de comparer l’état du logement entre l’entrée dans les lieux et la sortie du logement. Pour cela, le décret du 30 mars applicable au 1er juin, précise les éléments obligatoires devant figurer dans le document tels que la localisation du logement, les relevés des compteurs ou encore la nouvelle adresse du locataire.
Ce décret n’offre que des préconisations très générales, et n’apporte absolument aucune nouveauté par rapport à ce qui était déjà pratiqué. Au vu des recommandations très succinctes du texte, la CGL estime qu’il n’y avait pas matière à légiférer sur ce thème.
Concernant les obligations en matière de réparation, l’article 7 de la loi du 6 juillet 1989 indique que « le locataire prend à sa charge l’entretien courant du logement et des équipements, les menues réparations ainsi que l’ensemble des réparations locatives, sauf si elles sont occasionnées par vétusté. »
C’est justement cette notion de vétusté que le législateur a souhaité que l’on définisse dans le décret du 30 mars, qui précise : « la vétusté est définie comme l’état d’usure ou de détérioration résultant du temps ou de l’usage normal des matériaux et éléments d’équipement dont est constitué le logement. »
Appelée à se prononcer sur le projet de décret devant la Commission nationale de concertation, la CGL a défendu l’idée selon laquelle élaborer une grille de vétusté est illusoire, du moins si on souhaite respecter les droits des locataires. La définition d’une durée de vie des équipements ne permet pas de prendre en compte l’aspect subjectif et variable du matériel : affirmer qu’une moquette a une durée de vie de 10 ans, quelle que soit sa qualité, sa composition ou même son usage, est irréaliste. Qu’est-ce qui détermine la durée de vie d’un lavabo ? D’une chasse d’eau ? D’une poignée de porte ?
La CGL a toujours préconisé de s’en tenir à la notion générale de vétusté et d’analyser les situations au cas par cas lorsqu’un contentieux survient. Pour toutes ces raisons, la CGL avait souhaité que les grilles de vétusté soient encadrées et fassent l’objet d’une concertation au niveau national avant de pouvoir être appliquées. Pourtant, c’est une tout autre voie qu’a préféré prendre le pouvoir réglementaire : ce n’est pas une mais bien des grilles de vétusté, choisies parmi celles faisant l’objet d’un « accord collectif local », qui pourront être annexées au contrat de location.
Il n’est prévu aucun encadrement de ces grilles qui pourtant pourront être imposées aux locataires au moment de la signature du contrat de location.
« On connaît les effets pervers des grilles de vétusté qui, en donnant l’illusion de faciliter la restitution du logement, rognent en fait sur les droits des locataires. Ainsi, la grille de vétusté n’étant appliquée qu’à la fin du bail, la remise à neuf d’un équipement par le locataire pendant la durée du contrat ne lui permettra pas d’obtenir une quelconque prime », commente Michel Fréchet, Président de la CGL.
« De plus, la plupart des grilles appliquent une franchise et une quote-part résiduelle venant augmenter les frais pour le locataire. Enfin, ces grilles ne sont jamais utilisées pour forcer le bailleur à changer des éléments vétustes en cours de bail mais uniquement pour imputer au locataire des frais en fin de bail. C’est ce système que le pouvoir réglementaire a choisi de favoriser ! », conclut-il.