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Rénovation

Comment éviter les bouilloires thermiques en copropriété ?

Comment éviter les bouilloires thermiques en copropriété ?

Le dérèglement climatique frappe fort. De nombreuses copropriétés françaises se transforment en véritables bouilloires thermiques durant l’été. Résultat : près de 4 Français sur 10 vivent un calvaire lors des canicules urbaines, selon PrimesEnergie.fr et Synergiec. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. La France compte 11 millions de logements en copropriété. Parmi eux, 15% restent des passoires énergétiques. Pire encore : les experts recensent 35 vagues de chaleur depuis l’an 2000, contre seulement 17 entre 1945 et 2000. Cette tendance va doubler d’ici 2050. Heureusement, des solutions existent. L’isolation thermique par l’extérieur, les protections solaires et la rénovation globale peuvent transformer ces bouilloires thermiques. Cependant, un obstacle persiste : convaincre les assemblées générales de copropriété d’agir rapidement.


Sommaire :


À retenir – Bouilloires thermiques en copropriété

  • L’isolation thermique par l’extérieur transforme efficacement les bouilloires thermiques en logements confortables.
  • Les protections solaires évitent qu’un appartement devienne invivable en 48 heures lors d’une canicule.
  • La rénovation globale avec entreprise RGE débloque les aides publiques (MaPrimeRénov’, CEE, éco-PTZ).
  • 4 Français sur 10 en copropriété subissent des surchauffes estivales insupportables.
  • Les copropriétés des années 60-80 nécessitent l’intervention d’un syndic et maître d’œuvre spécialisés.

Pourquoi les copropriétés deviennent-elles des bouilloires thermiques ?

Les copropriétés construites entre les années 1960 et 1980 cumulent plusieurs facteurs aggravants de la surchauffe estivale. Selon Synergiec, ces immeubles souffrent d’une isolation déficiente des combles, d’une étanchéité à l’air insuffisante et de ponts thermiques non traités. Or, l’absence d’audit énergétique empêche d’identifier précisément ces problèmes structurels.

Structure du parc de copropriétés français - bouilloires thermiques
Structure du parc de copropriétés français – bouilloires thermiques

Ces bâtiments présentent aussi de graves défauts de conception. Les fenêtres dépourvues de protections solaires laissent entrer massivement la chaleur. Les toitures noires absorbent les rayons du soleil tout au long de la journée. Les cours intérieures entièrement bétonnées génèrent des îlots de chaleur urbains qui accentuent encore la surchauffe. De plus, une ventilation naturelle mal dimensionnée ne parvient pas à évacuer l’air chaud accumulé dans les logements.

Conséquence : ces passoires énergétiques se transforment en fours urbains. La température intérieure dépasse fréquemment les 30 °C et ne redescend pas, même la nuit. Les copropriétaires vivent alors dans des conditions dégradées qui mettent en danger leur santé, en particulier celle des personnes âgées et des enfants.

Nicolas Moulin, fondateur de PrimesEnergie.fr, explique : “23 millions de Français vivent en copropriétés, un tiers de ces dernières sont en voie de paupérisation selon une commission d’enquête du Sénat. Contrairement à ce que l’on peut penser, ce ne sont pas les températures hivernales qui pèsent le plus sur le bien-être des Français, mais bien les épisodes de fortes chaleurs”.

Ces bâtiments, construits sans critères de confort thermique d’été, transforment les logements en véritables pièges à chaleur.

Comment l’isolation extérieure combat-elle la surchauffe ?

L’isolation thermique par l’extérieur (ITE) représente aujourd’hui la solution la plus efficace contre les bouilloires thermiques. Réalisée par une entreprise certifiée RGE, elle protège l’inertie thermique du bâtiment face aux variations de température. De plus, les isolants à déphasage thermique long retardent la pénétration de la chaleur de plusieurs heures.

Concrètement, l’ITE transforme l’enveloppe du bâtiment en véritable bouclier thermique. Les murs extérieurs restent frais, même lors des pics de chaleur à 35 °C. L’isolant absorbe et stocke la chaleur pendant la journée, puis la restitue lentement la nuit, lorsque les températures baissent. Ainsi, cette régulation naturelle évite les surchauffes brutales caractéristiques des bouilloires thermiques.

L’ITE supprime également les ponts thermiques responsables des déperditions énergétiques. Situés aux jonctions entre murs et planchers, ces points faibles laissent passer la chaleur en été et le froid en hiver. En les traitant, l’ITE améliore le confort tout au long de l’année et réduit fortement les besoins de climatisation.

Pierre Evrard, directeur associé de Synergiec, précise : “La clé pour débloquer des financements, c’est le gain énergétique : sans lui, pas d’aides significatives. C’est en conciliant résilience climatique et efficacité énergétique qu’on parvient à mobiliser MaPrimeRénov'”.

L’ITE améliore significativement le diagnostic de performance énergétique (DPE), transformant les passoires énergétiques en bâtiments basse consommation. Un maître d’œuvre qualifié peut accompagner les copropriétaires dans cette démarche technique complexe qui nécessite une expertise pointue en thermique du bâtiment.

Comment éviter les bouilloires thermiques en copropriété ?
Comment éviter les bouilloires thermiques en copropriété ?

Quelles protections solaires installer contre les bouilloires thermiques ?

Les protections solaires passives constituent un levier majeur de climatisation naturelle. Stores bannes, brise-soleil et protections extérieures réduisent les apports solaires directs, principaux responsables de la surchauffe estivale. Mais, leur efficacité repose avant tout sur un positionnement stratégique. Les stores bannes extérieurs bloquent les rayons du soleil avant qu’ils n’atteignent les fenêtres. Cette barrière physique diminue jusqu’à 70% les apports solaires. Ce qui représente une baisse de température intérieure comprise entre 5 et 8 °C. De leur côté, les brise-soleil orientables s’ajustent à la course du soleil, maximisant l’ombre tout en préservant la luminosité naturelle.

Les menuiseries jouent également un rôle clé. Les anciennes fenêtres en aluminium, dépourvues de rupture de pont thermique, conduisent directement la chaleur à l’intérieur. À l’inverse, les menuiseries modernes en PVC ou en aluminium intègrent des vitrages à contrôle solaire, capables de réfléchir une partie des rayons infrarouges tout en laissant passer la lumière visible.

Enfin, la végétalisation urbaine complète efficacement ces dispositifs anti-surchauffe. Une toiture-terrasse végétalisée peut afficher une température de surface inférieure de 30 °C à celle d’une toiture bitumée noire. Grâce à l’évapotranspiration, les plantes créent un microclimat rafraîchissant et transforment les cours bétonnées en véritables îlots de fraîcheur naturels.

Sylvain Lefevre, président de Synergiec, insiste : “Le bâtiment de demain sera à la fois économe en énergie et résilient face aux canicules. Il ne s’agit pas d’empiler des solutions, mais de concevoir une stratégie cohérente”.

Cette approche systémique combine protections solaires, menuiseries performantes et végétalisation pour créer un écosystème de confort thermique durable. Le ravalement de façade avec ITE finalise cette transformation, offrant une résilience climatique globale face aux bouilloires thermiques.

Comment financer la rénovation anti-surchauffe ?

La rénovation globale ouvre l’accès au financement travaux pour lutter contre les bouilloires thermiques. Les dispositifs de l’ANAH (MaPrimeRénov’, Certificats d’économie d’énergie, éco-PTZ) exigent un gain de performance énergétique minimum de 35% au DPE. Le programme “Adapt Bâti Confort” financé par les CEE vise 50 opérations pilotes.

Nicolas Moulin de PrimesEnergie.fr réitère : “Nous réitérons notre demande simple d’une politique d’aides à la rénovation stable fléchant l’essentiel des moyens vers les ménages modestes. Au-delà de la survie d’une filière fondamentale, c’est une question de santé publique et de justice sociale”.

En 2024, Synergiec a financé 150 M€ de travaux, dont 55 M€ sous forme de subventions pour 124 copropriétés. Ces chiffres révèlent un coût moyen de 1,2 M€ par copropriété rénovée, avec 37% de financement public. Cette part significative d’aides publiques rend donc accessible la transformation des bouilloires thermiques, même pour les copropriétés aux budgets contraints.

Un prêt collectif peut compléter le plan de financement afin de réduire les charges énergétiques. Ce dispositif bancaire permet de lisser l’investissement sur 15 à 25 ans et transforme une dépense exceptionnelle en mensualités maîtrisées. De plus, l’éco-PTZ collectif, proposé à taux zéro, finance jusqu’à 50 000 € par logement lorsque les rénovations globales atteignent un gain énergétique d’au moins 35%.

Dans les faits, les économies d’énergie générées compensent rapidement les mensualités du prêt. Une copropriété qui réduit ses charges de chauffage et de climatisation de 40% peut rembourser son investissement en 12 à 15 ans. En parallèle, la valorisation immobilière progresse de 5 à 15% selon l’amélioration du DPE, créant une plus-value patrimoniale durable pour chaque copropriétaire.

Isabelle DAHAN

Isabelle DAHAN

Rédactrice en chef de Monimmeuble.com. Isabelle DAHAN est consultante dans les domaines de l'Internet et du Marketing immobilier depuis 10 ans. Elle est membre de l’AJIBAT www.ajibat.com, l’association des journalistes de l'habitat et de la ville. Elle a créé le site www.monimmeuble.com en avril 2000.

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