Face à l’intensification des vagues de chaleur et à la multiplication des îlots de chaleur urbains, le gouvernement français a lancé le programme Adapt Bati Confort, inscrit au Journal Officiel du 7 août 2025. Financé par les certificats d’économies d’énergie (CEE), ce dispositif inédit vise à accélérer le rafraîchissement des bâtiments tout en réduisant leur empreinte carbone. Porté par l’ADEME, le CEREMA et le CSTB, il cible des solutions passives de rafraîchissement, innovantes et à haute performance énergétique. L’objectif est d’améliorer le confort thermique d’été et favoriser l’adaptation climatique du parc immobilier existant. Ce programme répond à une question urgente : comment adapter le bâti à un climat de plus en plus extrême ?
Sommaire :
- Comment le programme Adapt Bati Confort s’attaque-t-il au défi du rafraîchissement des bâtiments ?
- Quels sont les objectifs stratégiques d’Adapt Bati Confort ?
- Comment le programme est-il financé par les certificats d’économies d’énergie ?
- Qui sont les acteurs mobilisés et comment les citoyens seront-ils impliqués ?
- Quel avenir pour le rafraîchissement des bâtiments en France ?
À retenir – Le programme Adapt Bati Confort et le rafraîchissement des bâtiments
- Le programme est financé par les certificats d’économies d’énergie (CEE) jusqu’en 2029.
- Il vise 50 projets pilotes intégrant des solutions passives de rafraîchissement et des approches bioclimatiques.
- 3 800 acteurs publics et privés seront formés pour déployer ces pratiques.
- Les bonnes pratiques seront diffusées via le site « Plus Fraîche Ma Ville ».
- Il s’inscrit dans le Plan national d’adaptation au changement climatique.
Comment le programme Adapt Bati Confort s’attaque-t-il au défi du rafraîchissement des bâtiments ?
Ces évolutions climatiques modifient profondément notre manière de concevoir et d’aménager les espaces bâtis. De plus en plus, elles imposent une gestion bioclimatique adaptée. Celle-ci doit tenir compte à la fois des contraintes environnementales, telles que la préservation des ressources et la réduction des émissions. Mais aussi des besoins des occupants, notamment en matière de confort thermique et de qualité de vie. Concrètement, cela signifie qu’il faut repenser l’architecture et l’aménagement en intégrant plusieurs leviers complémentaires.
Selon Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique : « Les vagues de chaleur sont cinq fois plus fréquentes depuis 2000 qu’avant 1989 ».
D’abord, la végétalisation urbaine joue un rôle majeur : plantations d’arbres, toitures végétalisées et murs plantés contribuent à réduire les îlots de chaleur et à améliorer la qualité de l’air. Ensuite, les protections solaires – comme les brise-soleil, stores extérieurs ou ombrières – permettent de limiter l’entrée de chaleur tout en conservant la lumière naturelle. Enfin, la climatisation naturelle, par la ventilation croisée ou l’utilisation judicieuse de matériaux à forte inertie thermique, offre une alternative durable et économe en énergie aux systèmes mécaniques traditionnels.
Ainsi, en combinant ces différentes approches, il devient possible de créer des bâtiments plus résilients.
Ces constructions seraient en mesure d’offrir un véritable confort thermique d’été, même lors des périodes de fortes chaleurs. En parallèle, elles contribueraient à réduire leur impact environnemental, grâce à une moindre consommation d’énergie et à des choix architecturaux durables.
C’est pourquoi, ce programme a été créé par l’arrêté du 5 août 2025 conformément à l’article L. 221-7 du Code de l’énergie. Pour rappel, ce dernier autorise le financement d’initiatives favorisant l’efficacité énergétique et la rénovation énergétique.
Quels sont les objectifs stratégiques d’Adapt Bati Confort ?
Le programme soutiendra 50 opérations pilotes d’adaptation climatique du bâti existant, en combinant :
- solutions passives : végétalisation des toitures, ombrières, façades ventilées, isolation renforcée,
- équipements de rafraîchissement des bâtiments efficaces limitant la consommation électrique.
Ces solutions visent aussi à lutter contre les îlots de chaleur tout en améliorant la résilience des bâtiments.
Les projets seront évalués selon une méthodologie intégrant :
- le confort thermique d’été,
- les économies d’énergie réalisées,
- la réduction des émissions de CO2,
- le coût global d’exploitation.
Comment le programme est-il financé par les certificats d’économies d’énergie ?
Le dispositif des certificats d’économies d’énergie (CEE), mis en place en France en 2005, repose sur une obligation légale imposée aux fournisseurs d’énergie – appelés « obligés ». Ainsi, ces derniers doivent réaliser ou de financer des actions permettant de réduire la consommation énergétique nationale.
Pour remplir cette obligation, ces acteurs peuvent soutenir des programmes spécifiques, comme Adapt Bâti Confort.
En contrepartie de leur participation, ils obtiennent des certificats valorisables auprès de l’État, ce qui constitue un avantage incitatif. Classé sous l’appellation « PRO-INFO-58 », ce programme est éligible à ce financement. Cette éligibilité repose sur son rôle clé dans la diffusion de solutions concrètes de rafraîchissement des bâtiments. Mais, elle contribue aussi à sensibiliser à l’efficacité énergétique auprès des professionnels et du grand public.
Concrètement, le mécanisme fonctionne de manière proportionnelle. Plus la contribution financière des acteurs est importante, plus le volume de certificats délivrés est élevé. Dans le cas présent, le volume maximal autorisé est fixé à 1,13 TWh cumac. Ce qui correspond à un soutien estimé à environ 9 millions d’euros pour la période allant de 2025 à 2029.
En effet, l’arrêté ministériel fixe le facteur de proportionnalité à 0,008 €/kWh cumac. Cette règle garantit à la fois la transparence et l’équité dans l’attribution des CEE. Ainsi, le système crée un cercle vertueux : il pousse directement les fournisseurs d’énergie à financer des initiatives innovantes. En parallèle, il donne aux porteurs de projets les moyens nécessaires pour concrétiser des solutions durables et efficaces sur le plan énergétique.
Qui sont les acteurs mobilisés et comment les citoyens seront-ils impliqués ?
Le programme Adapt Bati Confort s’appuie sur trois acteurs publics majeurs dont l’expertise garantit la pertinence et la crédibilité des actions mises en œuvre :
- l’ADEME, spécialisée dans la transition écologique et l’accompagnement des projets innovants liés à l’efficacité énergétique ;
- le CEREMA, reconnu pour ses compétences en aménagement durable, en ingénierie territoriale et en architecture adaptée aux enjeux climatiques ;
- et le CSTB, référence nationale pour la qualité, la sécurité et la performance environnementale des bâtiments.
Ensemble, ces organismes conçoivent, suivent et évaluent le programme. Ils coordonnent également un vaste plan de sensibilisation et de formation destiné à diffuser largement les bonnes pratiques. Ce plan cible directement 500 collectivités locales, mais aussi 3 000 professionnels du bâtiment, de l’immobilier et de l’aménagement. Il s’adresse également à 300 prescripteurs, parmi lesquels figurent des architectes, des bureaux d’études et des ingénieurs spécialisés, afin de maximiser l’impact et la portée du dispositif. L’objectif est de diffuser largement les bonnes pratiques de rafraîchissement des bâtiments. Et, par ailleurs, de partager les retours d’expérience et de rendre ces solutions accessibles et reproductibles sur l’ensemble du territoire.
Pour y parvenir, les porteurs du programme s’appuient sur différents canaux de communication, dont le portail en ligne Plus Fraîche Ma Ville. Cette plateforme centralise des fiches techniques, des témoignages, des guides pratiques et des actualités destinées aussi bien aux acteurs institutionnels qu’au grand public.
?Marc Ferracci, ministre chargé de l’Industrie et de l’Énergie, a déclaré : «Le programme CEE Adapt Bati Confort permettra de développer puis de massifier des solutions industrielles innovantes permettant de rafraîchir les bâtiments tout en limitant la consommation d’énergie. L’industrie se met au service des citoyens pour mieux nous adapter au changement climatique. »
Quel avenir pour le rafraîchissement des bâtiments en France ?
L’avenir du rafraîchissement des bâtiments en France pourrait connaître une transformation profonde grâce au programme Adapt Bati Confort. En effet, ce dernier s’inscrit dans la continuité des politiques nationales de rénovation énergétique et des objectifs fixés par la réglementation environnementale RE2020.
En intégrant de manière systématique le confort d’été aux critères de performance énergétique, au même titre que l’isolation hivernale, ce dispositif ouvre la voie à une meilleure adaptation du parc immobilier aux effets du changement climatique.
Les enseignements tirés des opérations pilotes, évaluées selon des critères précis comme la réduction des températures intérieures, les économies d’énergie et la baisse des émissions de CO2, permettront de démontrer la viabilité et l’efficacité des solutions passives. De même, ces retours d’expérience pourraient servir de base à l’élaboration de normes et de réglementations rendant ces approches obligatoires dans les projets de construction et de rénovation.
L’enjeu est d’autant plus stratégique que ces solutions ne se contentent pas d’améliorer le confort. En réduisant le recours à la climatisation traditionnelle, elles permettent aussi de limiter la consommation électrique. Et, cela, notamment en période estivale où la demande atteint souvent des pics critiques.
Par ailleurs, elles contribuent à atténuer la formation d’îlots de chaleur urbains, phénomène qui accentue encore les effets des canicules dans les zones denses. À plus long terme, cette évolution progressive pourrait transformer les bâtiments français en véritables modèles de résilience climatique. Ils seraient alors capables d’offrir un confort thermique optimal en toutes saisons, tout en minimisant leur impact environnemental grâce à une meilleure gestion de l’énergie et à des choix architecturaux durables.