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Rénovation

Stop Fraudes : la nouvelle association contre les arnaques en rénovation

Stop Fraudes : la nouvelle association contre les arnaques en rénovation

Le 8 octobre 2025, lors des Rénodays à Paris, une nouvelle structure voit le jour dans la lutte contre les fraudes à la rénovation énergétique. Stop Fraudes, association officiellement lancée par le député Lionel Causse, mobilise acteurs publics et privés face à un fléau qui mine la confiance des ménages. Les arnaques liées à MaPrimeRénov’ et aux Certificats d’Économies d’Énergie (CEE) détournent des millions d’euros de fonds publics. Cette hémorragie financière menace directement l’existence des dispositifs d’aides à la rénovation. Face à cette situation critique, Stop Fraudes apporte des solutions concrètes pour protéger les particuliers et préserver les 6 milliards d’euros annuels dédiés à la transition énergétique. Comment cette initiative compte-t-elle restaurer la confiance et stopper les fraudeurs ? Quels moyens d’action concrets seront déployés sur le terrain ?


Sommaire :


À retenir – Stop Fraudes contre les arnaques à la rénovation

  • Une association lancée en octobre 2025 pour lutter contre les fraudes à MaPrimeRénov’ et aux CEE, initiée par Franck Annamayer et présidée par le député Lionel Causse.
  • Les actions prioritaires incluent le renforcement du KYC, la formation des entreprises, le partage d’informations et l’utilisation de l’intelligence artificielle.
  • Un modèle de financement autonome basé sur les cotisations des membres, avec des services mutualisés à prix coûtant.
  • Un rôle d’intermédiaire entre les acteurs de terrain et les pouvoirs publics pour proposer des améliorations réglementaires.
  • L’objectif d’atteindre rapidement 50 à 100 adhérents pour maximiser l’efficacité et les moyens d’action.

Pourquoi Stop Fraudes a-t-elle été créée ?

Un contexte de fraudes massives

Les fraudes à la rénovation énergétique ont atteint en France des niveaux particulièrement préoccupants. D’après une enquête de la DGCCRF, menée en 2024, 34% des entreprises contrôlées auraient commis des « manquements graves ». C’est de ce constat alarmant qu’est née Stop Fraudes, une initiative citoyenne et professionnelle visant à endiguer les dérives du secteur.

Son fondateur, Franck Annamayer, ancien président de Sonergia, un délégataire de certificats d’économies d’énergie (CEE), a été directement confronté aux pratiques frauduleuses. Il confie : « On vivait la fraude au quotidien, en luttant contre les écodélinquants qui essayaient de signer un contrat de partenariat. »

Face à la multiplication de ces tentatives, il a décidé de quitter ses fonctions pour se consacrer pleinement à cette mission de lutte contre la fraude. Une rencontre déterminante avec Sophie Moulon, directrice générale de l’énergie et du climat au ministère de l’Écologie, de l’Énergie et des Territoires, a ensuite permis de réunir autour d’une même table les acteurs publics et privés du secteur. Cette collaboration inédite marque un véritable tournant dans la bataille contre les arnaques à la rénovation énergétique. Elle pose les bases d’une coordination plus transparente et plus efficace entre les institutions et les professionnels.

Une menace pour les dispositifs d’aides publiques

Les fraudes à la rénovation énergétique détournent chaque année des fonds publics essentiels à la transition écologique. D’après les chiffres officiels du gouvernement, près de 465 millions d’euros de fraudes ont été évitées sur la période 2024-2025 :

  • 229 millions d’euros via MaPrimeRénov’ (en 2024)
  • 236 millions d’euros via les Certificats d’Économies d’Énergie (CEE).

Sur la seule année 2024, les autorités estiment que 200 millions d’euros de fraudes ont pu être empêchés sur chacun de ces dispositifs. Cependant, malgré ces progrès, 8 millions d’euros de fraudes avérées ont tout de même été recensés sur MaPrimeRénov’. Tandis que 16 000 dossiers suspects ont été détectés en 2025 concernant des rénovations d’ampleur. Ces irrégularités représentent environ 5% des actions engagées, un volume encore considérable pour un secteur financé par l’argent public.

Florence Lievyn, présidente du Groupement des professionnels des Certificats d’Économies d’Énergie (CEE) et responsable des affaires publiques chez Sonergia, rappelle l’urgence de protéger les budgets alloués : « On ne peut pas se permettre de se passer de 6 milliards d’euros par an », soulignant ainsi l’enjeu financier global que représentent les dispositifs MaPrimeRénov’ et CEE pour la rénovation énergétique.

Les fraudes fragilisent l’ensemble du dispositif d’aides. Elles sapent la confiance des ménages et mettent en péril les programmes gérés par l’Anah. C’est pour répondre à cette urgence qu’a été créée Stop Fraudes. L’initiative vise à préserver un budget vital pour la rénovation énergétique des logements français. Sans cette mobilisation, la confiance des ménages continuerait de s’effriter, compromettant à terme l’atteinte des objectifs climatiques nationaux.

Qui sont les acteurs de Stop Fraudes ?

Une gouvernance solide et légitime

Stop Fraudes repose sur une gouvernance solide et reconnue :

  • Le député des Landes (2? circonscription), Lionel Causse, en assure la présidence.
  • Marjolaine Meynier-Millefert, ancienne députée et présidente de l’Alliance HQE–GBC (Haute Qualité Environnementale – Green Building Council), occupe la vice-présidence.

Cette double légitimité, à la fois politique et professionnelle, renforce la crédibilité de l’initiative. Le fondateur du projet, Franck Annamayer, également ancien président de Sonergia, apporte une expertise de terrain précieuse issue de son expérience directe dans la lutte contre la fraude.

Présentation de Stop Fraudes le 8 octobre 2025, lors des Rénodays à Paris.
Présentation de Stop Fraudes le 8 octobre 2025, lors des Rénodays à Paris.

Quant au conseil d’administration, il reste en cours de constitution, avec l’arrivée progressive de nouveaux adhérents. Cette structure évolutive permettra d’ajuster la gouvernance en fonction des besoins identifiés par les membres. Parallèlement, l’association a déjà rencontré les cabinets de tous les ministères concernés. Tous accueillent favorablement l’initiative, soulignant son rôle stratégique dans la protection des fonds publics et la crédibilisation du secteur.

Une vingtaine d’adhérents déjà mobilisés

L’association Stop Fraudes regroupe déjà une vingtaine d’adhérents issus de secteurs très variés. Parmi eux figurent des fédérations professionnelles majeures, telles que la CAPEB (Confédération de l’Artisanat et des Petites Entreprises du Bâtiment) et la FFB (Fédération Française du Bâtiment), qui ont rejoint le mouvement dès sa création. Des banques engagées dans le financement de la rénovation énergétique, comme le Crédit Mutuel et les Caisses d’Épargne, participent également à l’initiative.

Le collectif s’élargit avec des entreprises de matériaux, des entreprises de travaux, ainsi que des délégataires, obligés et mandataires CEE. Cette coalition plurielle rassemble ainsi toute la chaîne d’acteurs du secteur, des financeurs aux exécutants.

L’association ambitionne d’atteindre cinquante membres à court terme, puis une centaine à moyen terme. Des discussions avancées sont déjà en cours avec de grands acteurs énergétiques tels qu’EDF et TotalEnergies, dont l’adhésion renforcerait encore le poids et la légitimité de l’association.

Olivier Salleron, président de la Fédération Française du Bâtiment (FFB), avait déclaré lors du premier grand débat des Renodays : « Ce sont toujours les mêmes qui fraudent. On les connaît. Il faut nous interroger aussi, nous, femmes et hommes de terrain, parce qu’on les voit ».

Typologie des adhérents de Stop Fraudes
Typologie des adhérents de Stop Fraudes

Quelles sont les missions de Stop Fraudes ?

Renforcer la protection des ménages

Stop Fraudes place la protection des particuliers au cœur de ses priorités. À cet effet, l’association veut sécuriser l’accès aux aides à la rénovation énergétique et renforcer la détection des fraudes qui fragilisent la confiance des ménages. Les particuliers, souvent ciblés par le démarchage abusif ou victimes d’usurpations d’identité, bénéficieront désormais d’une information plus claire et plus accessible sur les risques.

La loi du 30 juin 2025 vient déjà consolider cette protection :

  • elle interdit le démarchage téléphonique sans accord préalable du consommateur,
  • et intègre un volet spécifique sur le label RGE, afin de mieux encadrer les professionnels du bâtiment.

Stop Fraudes s’engage à accompagner la mise en œuvre concrète de ces nouvelles dispositions sur le terrain. L’objectif est clair : garantir que chaque euro d’aide publique contribue réellement à la performance énergétique des logements et assure la qualité durable des rénovations effectuées.

Lionel Causse précise : « Il est important de pouvoir garantir que chaque euro ne parte pas vers des directions, vers des caisses qui ne seraient pas celles de la rénovation d’une performance énergétique. Les particuliers pourront ainsi réaliser leurs travaux en toute confiance, avec des professionnels vérifiés et fiables ».

Restaurer la confiance dans les dispositifs d’aides

La multiplication des arnaques a profondément entamé la confiance des citoyens dans les dispositifs de rénovation énergétique. Dans cette optique, Stop Fraudes entend restaurer la crédibilité de MaPrimeRénov’ et des Certificats d’Économies d’Énergie (CEE). L’association veut devenir un véritable trait d’union entre les acteurs de terrain et les pouvoirs publics. Ce rôle de médiation permettra d’identifier rapidement les dysfonctionnements et de proposer des solutions concrètes. De même, la transparence et le partage d’informations entre les membres favoriseront la création d’un climat de confiance renouvelé.

Préserver les aides gérées par l’Anah

Le maintien des aides publiques à la rénovation énergétique dépend directement de l’efficacité de la lutte contre la fraude. Dans ce cadre, Stop Fraudes se positionne comme un véritable bouclier destiné à protéger le budget de l’Anah et celui des Certificats d’Économies d’Énergie (CEE). L’association assurera une surveillance continue des flux financiers et travaillera à identifier rapidement les dérives. Cette vigilance permanente contribuera à dissuader les fraudeurs potentiels avant même qu’ils ne puissent agir. Ainsi, les économies générées par la prévention permettront à terme de maintenir, voire d’augmenter les montants d’aides versés aux particuliers de bonne foi.

Simon Huffeteau, coordinateur du plan de rénovation énergétique des bâtiments aux ministères de l’Écologie, de l’Énergie et des Territoires, confirme la mobilisation de l’État :
« Les services de l’État travaillent en coopération très étroite entre eux. Les équipes de l’Anah échangent très régulièrement avec le Pôle national des certificats d’économies d’énergie, ainsi qu’avec les services de renseignement, la police nationale, la gendarmerie et la Direction générale de la protection des fraudes. »

Être force de proposition auprès des pouvoirs publics

Stop Fraudes ne se limitera pas à un rôle défensif. En effet, l’association entend participer activement à l’élaboration des politiques publiques liées à la rénovation énergétique.

Lionel Causse, député et président de l’association, explique : « Jusqu’à présent, le gouvernement réunissait les acteurs, mais chacun restait dans son périmètre. Peu osaient partager leurs difficultés ou les fraudes constatées. Or, il faut de la transparence et de la confiance. Cette association permettra à la fois de faire remonter les réalités du terrain et d’être force de proposition auprès des pouvoirs publics. »

Stop Fraudes aura ainsi un rôle de conseil et de veille réglementaire. L’association relira les textes avant leur publication, notamment les fiches standardisées des CEE, pour détecter les ambiguïtés et empêcher les fraudeurs de les exploiter. Cette relecture préventive permettra donc d’identifier les failles potentielles avant qu’elles ne se traduisent en dérives. Par ailleurs, l’association proposera de nouveaux outils de détection, notamment grâce à l’intelligence artificielle, pour analyser les dossiers et repérer les anomalies plus efficacement.

Enfin, le dialogue régulier avec les services de l’État sera institutionnalisé via l’association. Cette coopération renforcée entre acteurs publics et privés optimisera l’efficacité des mesures anti-fraude et contribuera à assainir durablement le secteur de la rénovation énergétique.

Comment Stop Fraudes compte-t-elle agir concrètement ?

Renforcer le KYC et vérifier l’identité des clients

Le KYC (Know Your Customer) constitue un chantier prioritaire évoqué lors des Renodays. Cette procédure permet aux entreprises et aux banques de vérifier l’identité de leurs clients avant toute transaction. L’association développera une politique commune de KYC mutualisée entre ses membres.

Marjolaine Meynier-Millefert explique : « L’idée est de collecter un maximum de données sur les professionnels de la rénovation avant de signer un partenariat. Cela permettra de refuser les profils les plus suspects, ou de renforcer les contrôles sur les acteurs jugés à risque ».

Un algorithme de notation des risques aidera à identifier les profils suspects. Les acteurs jugés suspects feront l’objet de contrôles renforcés. Stop Fraudes proposera également la généralisation de la signature électronique pour lutter contre les falsifications d’identité. Ces services seront vendus à prix coûtant aux adhérents, grâce à une logique d’achats groupés.

Former les entreprises aux modes opératoires des fraudeurs

De nombreuses entreprises du secteur de la rénovation énergétique manquent encore de culture en matière de lutte contre la fraude. Pourtant, comprendre le mode opératoire des fraudeurs, adapter ses process internes et capitaliser sur les retours d’expérience reste essentiel pour sécuriser la filière. Dans cette optique, Stop Fraudes mettra en place des formations dédiées destinées à sensibiliser les professionnels aux techniques utilisées par les écodélinquants.

L’association mutualisera ces sessions entre ses membres, afin d’optimiser les coûts et de favoriser un apprentissage collectif. Les acteurs du marché partageront leurs retours d’expérience lors de rencontres régulières, afin de renforcer progressivement la culture commune du secteur. Cette montée en compétence collective permettra de renforcer la vigilance et d’élever durablement le niveau de protection au sein de la filière. Enfin, Stop Fraudes transformera cette expertise de terrain en outils pédagogiques concrets, directement utilisables par les entreprises.

Partager les informations entre membres

Le partage d’informations constitue l’un des piliers fondamentaux de Stop Fraudes. Pour faciliter ces échanges, une plateforme sécurisée sera créée. Elle permettra aux membres de partager les informations en toute confidentialité grâce à des données anonymisées, tout en repérant les tendances émergentes et les zones géographiques à risque. Cette intelligence collective renforcera l’efficacité de chaque membre et améliorera la vigilance de l’ensemble du réseau.

Franck Annamayer précise : « L’association Stop Fraudes a pour but de coordonner la lutte des acteurs privés et associatifs contre la fraude dans les dispositifs de performance énergétique, principalement liés aux CEE et à MaPrimeRénov’. Aujourd’hui, certains agissent seuls, mais il n’existe pas de réelle coordination. »

Grâce à cette coopération structurée, Stop Fraudes mettra fin à l’isolement des acteurs, au profit d’une action collective cohérente et efficace contre la fraude.

Développer de nouveaux outils, notamment l’intelligence artificielle

L’intelligence artificielle jouera un rôle central. Elle permettra d’analyser des milliers de dossiers simultanément et d’identifier des schémas suspects grâce à la reconnaissance de patterns récurrents. Ces algorithmes évolutifs apprendront des fraudes passées afin d’anticiper les nouvelles méthodes utilisées par les écodélinquants. Parallèlement, l’association développera des outils de vérification automatisée pour authentifier les documents transmis dans le cadre des aides à la rénovation. L’association envisage également d’utiliser la blockchain pour sécuriser les transactions et garantir la traçabilité intégrale des fonds publics.

Ces innovations technologiques viendront compléter l’expertise humaine des professionnels du terrain, créant une synergie entre analyse algorithmique et jugement humain. Les responsables de Stop Fraudes confirment avoir reçu le soutien de l’État et des différents cabinets ministériels pour développer ces outils de pointe, destinés à renforcer durablement la confiance dans les dispositifs de rénovation énergétique.

Pour les CEE, l’objectif est d’assurer la relecture des fiches standardisées avant leur publication, en s’appuyant sur l’expertise de professionnels engagés chaque jour dans la lutte contre la fraude et qui en connaissent parfaitement les mécanismes.

Les cinq chantiers prioritaires de Stop Fraudes
Les cinq chantiers prioritaires de Stop Fraudes

Quel financement pour Stop Fraudes ?

Stop Fraudes repose sur un modèle économique totalement indépendant. Les cotisations des membres financent exclusivement l’association, sans aucune subvention publique. Cette autonomie financière lui assure une liberté d’action et une indépendance totale de parole. Le montant des cotisations varie selon la taille et l’implication de chaque adhérent : certaines structures contribuent davantage, d’autres plus modestement, en fonction de leurs moyens.

Les premiers services proposés — comme le KYC mutualisé (vérification d’identité des partenaires) ou la signature électronique généralisée — seront facturés à prix coûtant. Cette logique d’achats groupés permet de réduire significativement les coûts individuels tout en professionnalisant les pratiques.

Lionel Causse résume cette dynamique : « Plus nous aurons de membres, plus nous aurons de moyens financiers pour agir. »

Ce cercle vertueux encouragera les acteurs de la rénovation énergétique à rejoindre rapidement le mouvement. Le lancement officiel lors des Renodays marque ainsi le début d’une grande campagne d’adhésion. L’objectif est clair : atteindre rapidement une cinquantaine de membres, puis une centaine à moyen terme, afin de maximiser l’impact collectif et accroître les ressources disponibles pour lutter efficacement contre la fraude.

Isabelle DAHAN

Isabelle DAHAN

Rédactrice en chef de Monimmeuble.com. Isabelle DAHAN est consultante dans les domaines de l'Internet et du Marketing immobilier depuis 10 ans. Elle est membre de l’AJIBAT www.ajibat.com, l’association des journalistes de l'habitat et de la ville. Elle a créé le site www.monimmeuble.com en avril 2000.

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