Aller au contenu

Travaux

Travaux en copropriété : ce que dit la loi sur les horaires et les nuisances sonores

Travaux en copropriété : ce que dit la loi sur les horaires et les nuisances sonores

Les travaux en copropriété sont souvent indispensables, qu’il s’agisse de rénovations, d’améliorations énergétiques ou simplement de petits travaux de bricolage. Pourtant, ces interventions peuvent vite devenir une source de tension, notamment à cause des nuisances sonores qu’elles génèrent. Ainsi, les copropriétaires doivent jongler entre la nécessité de réaliser des travaux et l’obligation de respecter la tranquillité de leurs voisins. Cet article décrypte la législation en vigueur, les horaires autorisés et les recours possibles en cas de nuisances abusives.

Sommaire :

Réglementation générale des travaux en copropriété

La réglementation qui encadre les travaux en copropriété repose sur trois piliers : le cadre légal national, les arrêtés municipaux et préfectoraux, et enfin le règlement de copropriété propre à chaque immeuble.

Le cadre légal : une base incontournable pour les travaux en copropriété

L’article R1334-31 du Code de la santé publique est la pierre angulaire de la réglementation en matière de nuisances sonores. Il stipule qu’aucun bruit particulier ne doit, par sa durée, sa répétition ou son intensité, porter atteinte à la tranquillité du voisinage.

Ce texte s’applique à tous les bruits domestiques, y compris ceux provoqués par les travaux réalisés à l’intérieur d’un appartement ou dans les parties communes. Notons que cette règle est valable en permanence, indépendamment des horaires légaux autorisés. Des travaux réalisés en pleine journée deviennent une nuisance s’ils durent trop longtemps ou génèrent un bruit excessif.

Exemple : Un copropriétaire décide de percer un mur pendant une heure. Si ce bruit est ponctuel, il n’y aura généralement pas de problème. En revanche, si cette activité se répète chaque jour pendant une semaine, elle constitue un trouble anormal du voisinage.

Le règlement de copropriété : des règles adaptées à chaque immeuble

Le règlement de copropriété peut imposer des règles plus strictes que celles définies par la loi ou les arrêtés municipaux. Ce document, voté en assemblée générale des copropriétaires, peut prévoir des restrictions spécifiques concernant :

  • Les horaires de travaux autorisés.
  • Les types de travaux permis en journée.
  • Les périodes de l’année durant lesquelles certains travaux sont interdits (vacances d’été, périodes de fêtes).

En effet, certains règlements de copropriété interdisent les travaux lourds après 18h ou le week-end, afin de garantir la tranquillité des résidents. Certaines copropriétés anciennes interdisent les travaux lourds pendant les vacances scolaires.

Toute modification de ces règles doit être approuvée à la double majorité conformément à l’article 26 de la loi de 1965. Une fois adoptée, elle s’impose à l’ensemble des copropriétaires, même à ceux qui s’y sont opposés.

Les arrêtés municipaux et préfectoraux : des horaires variables selon les villes

En complément de la loi nationale, les mairies et préfectures fixent des plages horaires précises pour les travaux bruyants à travers des arrêtés municipaux ou préfectoraux. Ces arrêtés peuvent varier selon la localisation, la densité de population et les caractéristiques du territoire.

Exemple à Paris :

  • Semaine (lundi à vendredi) : 7h à 22h
  • Samedi : 8h à 20h
  • Dimanche et jours fériés : Travaux interdits

Dans d’autres villes, comme Lyon ou Marseille, les plages horaires peuvent être légèrement différentes, tenant compte de la densité urbaine ou des demandes locales. Ainsi, ces horaires varient d’une commune à l’autre. Certaines villes touristiques adoptent des règles encore plus strictes pour préserver la tranquillité en haute saison. Mais, en cas de conflit entre ces niveaux de réglementation, c’est la règle la plus restrictive qui s’applique.

Travaux dans les parties communes vs. parties privatives

Un point essentiel à ne pas négliger concerne la différence entre les travaux réalisés dans les parties communes et ceux effectués dans les parties privatives :

  • Travaux en parties privatives. Les copropriétaires n’ont pas besoin d’autorisation préalable, mais ils doivent respecter les horaires.
  • Travaux en parties communes. Nécessitent l’accord du syndicat des copropriétaires et doivent respecter les règles édictées par l’assemblée générale.

Pour éviter les conflits liés aux travaux bruyants en copropriété, la communication est essentielle. Informez vos voisins à l’avance des travaux prévus, même s’ils sont légers. Une simple note dans les boîtes aux lettres ou dans le hall peut grandement contribuer à prévenir les tensions et encourager un climat de respect mutuel.

Travaux en copropriété : ce que dit la loi sur les horaires et les nuisances sonores

Horaires autorisés pour les travaux bruyants en copropriété

Les horaires autorisés pour les travaux bruyants en copropriété dépendent du type de travaux réalisés. Ainsi, les travaux bruyants sont classés en deux catégories par le Conseil National du Bruit (CNB) :

Horaires autorisés pour les travaux bruyants en copropriété
Travaux lourds (rénovations, démolitions, gros œuvre). Ces travaux ne peuvent être réalisés que durant des plages horaires étendues en semaine et le samedi. Ils sont strictement interdits le dimanche et les jours fériés.

Travaux légers (bricolage, peinture, perçage léger). Des horaires plus souples sont autorisés, y compris le dimanche matin pour des interventions courtes et peu bruyantes.

Sanctions immédiates en cas de nuisances sonores

Si des travaux bruyants sont constatés en dehors des horaires autorisés, les copropriétaires fautifs s’exposent à des amendes pour tapage diurne.

  • Amende forfaitaire de 68 € pour tapage diurne.
  • Si l’amende n’est pas réglée sous 45 jours : 180 €.

Les nuisances doivent être constatées par un agent municipal ou un représentant des forces de l’ordre.

Recours en cas de litige avec un voisin bruyant

Le dialogue : première étape à privilégier

Avant toute action en justice, il est conseillé d’ouvrir le dialogue avec le copropriétaire responsable des nuisances. Une discussion amicale permet souvent de désamorcer les tensions et d’ajuster les horaires ou la durée des travaux.

Conseil pratique :

  • Proposez un horaire adapté qui arrange les deux parties (par exemple, limiter les travaux à des plages réduites).
  • Privilégiez un courrier simple ou un affichage pour signaler la gêne de manière courtoise.

Saisine du syndic de copropriété

Si le dialogue n’aboutit pas, le syndic de copropriété peut être sollicité. Ce dernier a pour rôle de faire respecter le règlement de copropriété et de gérer les conflits internes. En cas de litige persistant, il peut convoquer une réunion de médiation pour trouver une solution amiable.

  • Le syndic peut rappeler au copropriétaire en infraction les horaires autorisés et le règlement de copropriété.
  • Il peut engager des procédures disciplinaires à l’encontre du contrevenant, voire convoquer une assemblée générale pour statuer sur la situation.

Plainte auprès de la mairie ou de la préfecture

En cas de nuisances persistantes, il est possible de déposer une plainte auprès de la mairie ou de la préfecture. Les agents municipaux peuvent intervenir pour constater les nuisances et dresser un procès-verbal. Si des travaux bruyants sont réalisés un dimanche matin, une simple plainte auprès des services municipaux peut entraîner une intervention immédiate et une verbalisation.

Recours judiciaire : la saisine du tribunal

Si aucune solution amiable n’est trouvée, le recours judiciaire devient une option. Si les nuisances persistent malgré les avertissements, les copropriétaires peuvent saisir le tribunal judiciaire pour demander réparation. Toutefois, il faut prouver que les bruits engendrent un trouble anormal du voisinage.

Les preuves concrètes à fournir :

  • Constat d’huissier.
  • Témoignages des voisins.
  • Enregistrements sonores ou vidéos.
  • Justifier les nuisances à travers des certificats médicaux (stress, troubles du sommeil).

Exemple réel : en 2022, un copropriétaire à Bordeaux a été condamné à verser 2 500 € de dommages et intérêts à ses voisins après des travaux bruyants de plusieurs mois.

Rôle du Conseil National du Bruit (CNB)

En cas de litige prolongé, il est possible de solliciter l’avis du Conseil National du Bruit (CNB). Ce dernier est un organisme consultatif qui peut intervenir pour médiation ou émettre des recommandations sur les nuisances constatées.

Le CNB peut être saisi par :

  • Les syndics de copropriété
  • Les collectivités locales
  • Les associations de copropriétaires

Travaux d’urgence en copropriété : quelles dérogations ?

Les travaux d’urgence (pannes électriques, fuites d’eau, ascenseur en panne) peuvent être réalisés en dehors des plages horaires habituelles. Toutefois, les copropriétaires doivent prévenir rapidement le syndic et les voisins par une note explicative.

Respecter les horaires de travaux en copropriété est essentiel pour préserver la tranquillité du voisinage. En cas de nuisances excessives, plusieurs recours existent pour protéger les résidents. La communication et la médiation restent toutefois les meilleures solutions pour éviter les conflits.

Isabelle DAHAN

Isabelle DAHAN

Rédactrice en chef de Monimmeuble.com. Isabelle DAHAN est consultante dans les domaines de l'Internet et du Marketing immobilier depuis 10 ans. Elle est membre de l’AJIBAT www.ajibat.com, l’association des journalistes de l'habitat et de la ville. Elle a créé le site www.monimmeuble.com en avril 2000.

Laisser un commentaire