La rareté des logements s’installe et avec elle une tension locative accrue. En effet, selon une enquête menée par la FNAIM, la pression grandissante sur le marché locatif se manifeste par une hausse significative de la demande. Ainsi, les difficultés d’accès à la propriété conjuguée à une diminution simultanée de l’offre inquiètent les professionnels de l’immobilier. Cette situation confirme les avertissements lancés depuis plusieurs mois par la FNAIM, qui en appelle au gouvernement pour une réaction rapide et décisive.
Sommaire :
- Tension locative en France : pénurie de logements et demande en hausse
- Tension locative : pression sur les propriétaires et les bailleurs
- Urgence d’actions pour le parc locatif privé
Tension locative en France : pénurie de logements et demande en hausse
Baisse significative de l’offre de logement
Le sondage, auquel ont répondu plus de 650 adhérents de la FNAIM à travers la France, met en lumière une baisse marquée du nombre de biens disponibles à la location sur un an. En effet, 73% des professionnels interrogés constatent une diminution de l’offre locative. Les agents immobiliers rapportent en moyenne une chute de 34% du nombre de biens mis en location cet été par rapport à l’année 2022 sur la même période.
“ La moitié des agences ont moins de 10 biens en annonce en location, un nombre exceptionnellement faible. Et, une agence sur dix n’en a plus aucun ! ” – Loïc CANTIN, Président de la FNAIM.
Demande en hausse et situation critique
La hausse moyenne est estimée à +23% de biens en annonce de location
En parallèle, les professionnels notent également une hausse de la demande locative, rapportée par deux tiers d’entre eux (66%). Cette augmentation est estimée à une moyenne de 23% par rapport à l’année précédente. Cette conjonction entre une offre en baisse et une demande en hausse due aux difficultés d’accès au crédit immobilier pour les futurs propriétaires contribue à une tension croissante sur le marché locatif privé.
Des disparités saisissantes dans les zones régionales
Toutefois, la situation de tension locative varie d’une région à l’autre en France. En région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur, la demande a augmenté de 42% tandis que l’offre a chuté de 43%. De même, en Nouvelle-Aquitaine, la demande a augmenté de 28% alors que l’offre a diminué de 38%. À Paris intramuros, le décalage entre l’offre et la demande reste particulièrement marqué, accentuant la pression sur le marché locatif.
Tension locative étendue aux métropoles et villes moyennes
La tension locative ne se limite pas aux grandes métropoles. Ainsi, dans les dix principales communes (Marseille, Lyon, Toulouse, Nice, Nantes, Montpellier, Strasbourg, Bordeaux, Lille, Rennes), on constate une baisse d’un tiers des offres de location. De plus, elle s’accompagne d’une hausse de la demande de près d’un quart. Même dans les villes moyennes, la situation est similaire avec une diminution d’un tiers des annonces et une hausse de la demande de 29%.
La tension locative n’est plus simplement un enjeu étudiant ; elle affecte l’ensemble des bassins d’emplois en France. En somme, la tension locative est une réalité qui s’accentue. Elle met en lumière les défis majeurs auxquels le marché de la location est confronté.
> Consulter notre article sur : “Marché locatif : assiste-t-on à un retournement de la location immobilière?”
Tension locative : pression sur les propriétaires et les bailleurs
La situation de tension locative trouve son origine dans deux principales sources de contraintes. Tout d’abord, l’accession à la propriété est devenue une entreprise ardue. Les taux de crédit en hausse et les conditions plus strictes imposées aux emprunteurs constituent des freins pour de nombreux locataires qui souhaitent devenir propriétaires. Or, cette réalité a pour conséquence de prolonger leur statut de locataires, ce qui limite la fluidité du marché immobilier. La mobilité des résidents est entravée, renforçant ainsi la tension locative.
D’un point de vue de l’offre, les ménages propriétaires occupants et, en particulier, les bailleurs sont confrontés à une accumulation de contraintes depuis plusieurs années. Les défis ne cessent de s’accumuler :
- encadrement des loyers,
- exigences en matière de permis de louer,
- conformité aux normes de la Loi Climat,
- obligations de rénovation énergétique,
- augmentation significative des taxes foncières.
Durant ces 18 derniers mois, l’équilibre économique de l’investissement locatif a été fortement perturbé par l’inflation et la hausse des coûts énergétiques. Ce qui a affecté tant les locataires que les propriétaires. De plus, le gel de l’Indice de Référence des Loyers (IRL) a eu un impact sur les propriétaires. Ainsi, leur situation est devenue encore plus précaire.
“ Les propriétaires sont délaissés et malmenés par les pouvoirs publics. Alors qu’ils représentent un pilier majeur pour le logement des Français et notre économie. Ils jettent l’éponge ! Face au casse-tête de la rénovation, les bailleurs commencent à vendre leurs biens sans attendre les dates fatidiques de 2025 et 2028. Autant de constats que la FNAIM avait prédits.” – Loïc CANTIN
La nécessité d’un équilibre entre les intérêts des locataires et des propriétaires reste un défi pour les autorités. L’objectif est de garantir un marché locatif sain et équilibré pour tous les acteurs concernés.
Urgence d’actions pour le parc locatif privé
La situation de tension locative actuelle est susceptible de se détériorer encore dans les mois à venir. C’est pourquoi, la Fédération nationale de l’immobilier (FNAIM) lance un appel urgent aux pouvoirs publics. Face à cette réalité préoccupante, il n’est plus temps de débattre ou de réfléchir, mais d’agir de manière rapide et concrète.
Depuis deux ans, la FNAIM met en garde contre la dégradation du marché locatif et l’approche d’une pénurie de biens. Ces avertissements sont désormais devenus réalité. Alors que le plein emploi est recherché, le plein-logement est tout aussi crucial. Garantir un accès au logement adéquat est un prérequis pour les étudiants et les jeunes actifs. Sans intervention rapide, la pénurie de logements pourrait s’étendre à l’ensemble de la population.
> consulter notre article sur : “Observatoire des loyers : état des lieux du marché locatif privé”
Les mesures d’urgentes proposées par la FNAIM
La FNAIM insiste sur la nécessité d’agir de toute urgence. Elle propose un réaménagement du calendrier des interdictions de location en copropriété, un effet dérivé de la Loi Climat. En effet, il est nécessaire d’arrêter et de prévenir la poursuite de la diminution de l’offre locative jusqu’en 2025.
Simultanément, la FNAIM souhaite que les banques adoptent rapidement les nouvelles conditions d’éligibilité des prêts de copropriété aux taux d’usure des crédits à la consommation.
Par ailleurs, la FNAIM envisage la Vente en l’État Futur de Rénovation comme une stratégie pour inspirer de nouveaux bailleurs. Cependant, l’élément crucial est la création d’un nouvel incitatif pour la location nue. Ce dernier doit ainsi répondre structurellement aux besoins de logement des Français. Dans cette optique, la priorité doit être de redonner aux propriétaires bailleurs une raison solide de mettre leurs biens en location, grâce à des leviers puissants et pertinents.
Soutenir et redonner confiance aux propriétaires bailleurs
La simple notion de rééquilibrage entre location à long terme et locations touristiques est désormais dépassée. Il est impératif de soutenir et de restaurer la confiance des propriétaires bailleurs. Cela implique la suppression des obstacles à l’accès au logement pour tous les citoyens français. Mais également la création d’incitatifs fiscaux pour encourager les propriétaires à mettre leurs biens en location.
“ Dans la conjoncture actuelle, et à quelques mois des Jeux Olympiques, la priorité doit être de redonner aux propriétaires bailleurs une véritable raison de mettre leur bien en location, en actionnant un levier puissant et pertinent.” – Loïc CANTIN
En résumé, la tension locative appelle à des actions immédiates et ciblées. La FNAIM exhorte les autorités à prendre des mesures concrètes pour rétablir l’équilibre sur le marché locatif. C’est la mission du gouvernement d’assurer l’abordabilité du logement.