Les prix de l’immobilier neuf amorcent un virage. Après plusieurs mois de recul, une stabilisation, voire une légère hausse, se profile selon le dernier baromètre publié en mars 2025 par Trouver-un-logement-neuf.com. Ce document, basé sur des données issues de plus de 3 200 programmes immobiliers, met en lumière une tendance nationale marquée par une offre en baisse et des prix qui repartent à la hausse. En toile de fond : un marché sous tension, des opportunités d’achat qui se raréfient et un retour progressif des acquéreurs. Cette analyse soulève une question essentielle : le repli des prix est-il réellement derrière nous ?
Sommaire :
- Vers un tournant sur le marché du neuf
- Des hausses de prix de l’immobilier neuf qui s’étendent sur le territoire
- Une offre en baisse : une tension croissante
- Quelles opportunités avant la prochaine flambée ?
Vers un tournant sur le marché du neuf
La stabilisation succède à la chute des prix
Après une phase prolongée de repli, les prix de l’immobilier neuf semblent marquer un tournant. Le dernier baromètre de Trouver-un-logement-neuf.com, établi en mars 2025, révèle une hausse de +0,28 % du prix des appartements neufs trois-pièces sur six mois. Désormais, le prix moyen national atteint 320 724 €, confirmant la fin d’un cycle baissier entamé début 2023.
Cette stabilisation survient dans un contexte de tension post-crise. Depuis 2022, la hausse des taux d’intérêt a profondément ralenti les projets immobiliers. Puisque le taux moyen du crédit immobilier est passé de 1,13 % début 2022 à 4,24 % fin 2024 (source : Observatoire Crédit Logement/CSA). Ce qui a réduit drastiquement la capacité d’emprunt des ménages. En conséquence, les promoteurs ont multiplié les incitations à l’achat, comme le remboursement des frais de notaire ou les remises directes sur prix catalogue, afin d’écouler leurs stocks.
Cependant, Céline Coletto, porte-parole de Trouver-un-logement-neuf.com, souligne une inflexion : « Nous assistons à un changement de dynamique. La pression sur l’offre devient plus visible. Si la demande repart, les prix pourraient suivre rapidement. »
Les offres commerciales se raréfient
La période faste des remises semble toucher à sa fin. Selon la FPI, les opérations promotionnelles ont chuté de 20 % au 1er trimestre 2025 par rapport à la même période en 2024. Or, ce repli signale un retour progressif de l’acheteur sur le marché. Même les grandes enseignes, comme Bouygues Immobilier ou Nexity, modèrent leurs offres. Désormais, les frais de notaire offerts ne concernent plus que les premiers réservataires et dans des zones ciblées.
Des hausses de prix de l’immobilier neuf qui s’étendent sur le territoire
Des villes en forte progression
La hausse des prix de l’immobilier neuf ne se limite plus aux métropoles. Le baromètre recense 53 villes en augmentation, contre seulement 40 en baisse. Ainsi, Paris, en tête, voit ses prix exploser de +22,36 % en six mois, atteignant en moyenne 898 700 € pour un T3. Cette envolée s’explique par une rareté de l’offre, une attractivité continue malgré un marché saturé, et une forte concentration de l’investissement locatif.
Autres exemples notables :
- Lille, ville étudiante et dynamique, affiche une hausse de +19,4 %, tirée par les quartiers de la gare et de Vauban.
- À Annecy, l’attrait touristique et la demande helvétique maintiennent une pression sur les prix (+10,82 %).
- Avrillé, en périphérie d’Angers, bénéficie de la métropolisation du bassin angevin.
- Dinard, sur la côte bretonne, attire une clientèle secondaire aisée.
« Cette progression des prix traduit un déséquilibre territorial. Certaines villes moyennes ou balnéaires, longtemps accessibles, deviennent de moins en moins abordables », précise Jean-Michel Marot, analyste du marché chez SeLoger.
Les baisses résiduelles persistent dans certains territoires
Certaines localités, en revanche, continuent leur correction de marché. C’est notamment le cas des zones montagneuses :
- Alpe d’Huez : -25,06 %. En cause : des stocks importants et une demande saisonnière volatile.
- Capbreton : -14,77 %, malgré sa situation balnéaire, pâtit d’un ralentissement des projets en VEFA (vente en l’état futur d’achèvement).
- Villeurbanne : -14,23 %, impactée par le ralentissement économique lyonnais.
- Bordeaux : -13,01 %, après une forte hausse post-Covid, connaît une phase de correction.
Les villes les plus chères et les plus abordables
Un panorama contrasté ressort du baromètre :
Ces disparités renforcent l’inégalité d’accès au logement, particulièrement dans les zones tendues (zones A et B1).
Une offre en baisse : une tension croissante
Moins de programmes, plus de pression sur les prix
L’un des constats majeurs du baromètre est la chute de l’offre commerciale. En six mois, le nombre de villes avec au moins cinq programmes passe de 117 à 94. Cette contraction résulte de plusieurs facteurs :
- Diminution des permis de construire : -25 % sur un an (source : Ministère de la Transition écologique).
- Hausse des coûts de construction : +11 % en deux ans, tirée par les matières premières (INSEE).
- Gel des achats fonciers : de nombreux promoteurs préfèrent geler leurs projets pour limiter les risques.
« Si l’on continue à construire aussi peu, le marché va s’enflammer », alerte Pascal Boulanger, président de la FPI.
Le retour du PTZ, un catalyseur de demande
Toutefois, le Prêt à Taux Zéro (PTZ), relancé au 1er avril 2025, pourrait changer la donne. Selon le ministère de l’Économie, plus de 60 000 bénéficiaires potentiels sont attendus dès la première année. Le PTZ finance jusqu’à 50 % du prix du logement dans certaines zones, ce qui va mécaniquement renforcer la demande.
Une industrie fragilisée
La promotion immobilière est en crise : -30 % d’emplois sur deux ans, projets gelés, baisse des marges. La RE2020, bien qu’indispensable, ajoute de nouvelles contraintes techniques et financières. De fait, la baisse du nombre d’acteurs actifs pourrait limiter la capacité à répondre à la demande future.
Quelles opportunités avant la prochaine flambée ?
Une fenêtre de tir pour les acheteurs
Le marché offre une fenêtre d’opportunité unique. Les acheteurs disposant d’un apport ou accédant au PTZ peuvent encore bénéficier de prix contenus dans plusieurs agglomérations secondaires. À cet effet, les notaires de France insistent sur le rendement locatif du neuf, estimé entre 3,5 et 4 % brut en moyenne, avec une fiscalité avantageuse en loi Pinel ou Pinel Plus.
RE2020 : un levier de valorisation future
Les logements conformes à la RE2020 consommeront en moyenne 30 % d’énergie en moins que ceux construits sous RT2012. Cette performance énergétique, valorisable dans une future revente, devient un critère essentiel pour les acheteurs soucieux d’un patrimoine durable et économe.
Le baromètre des prix de l’immobilier neuf de mars 2025 est sans appel. Le marché entre dans une nouvelle phase. Moins d’offre, plus de demande, et une reprise des prix amorcée. Ceux qui attendent trop risquent de payer plus cher demain.