L’ONPE présente les résultats de son enquête autour de la précarité énergétique. Cette étude longitudinale consiste à suivre durant un an trente ménages précaires bénéficiant majoritairement de dispositifs d’accompagnement. Elle vise ainsi à faire ressortir les freins et les solutions pour réduire cette précarité énergétique. L’ONPE a aussi relevé l’impact de ces dispositifs sur les parcours de vie et les situations d’inconfort ou d’impayés.
Les 3 principaux facteurs d’entrée des ménages dans la précarité énergétique
L’emménagement dans un logement énergivore
L’emménagement dans un logement énergivore est la principale cause de la précarité énergétique pour la plupart des ménages suivis. Les propriétaires-occupants sont plus nombreux dans cette situation. Ils restent entre 9 ans et 20 ans dans leur logement.
Ces derniers perçoivent, en effet, des revenus modestes, voire instables. Leur budget restreint les empêche ainsi de solliciter davantage leur chauffage afin d’atteindre un niveau de confort convenable. Ces ménages doivent prendre eux-mêmes des mesures de restriction ou de privation (nourriture, vêtements, chauffage…).
Les déséquilibres financiers, une autre cause de la précarité énergétique
Certains ménages se retrouvent dans une situation de précarité énergétique suite à un accident de la vie. Il peut s’agir d’un divorce, d’une perte d’emploi, d’un problème de santé ou d’un handicap. Ces divers problèmes entraînent, en effet, une baisse soudaine de leurs revenus.
En plus de l’effondrement de leurs ressources financières, leurs ressources psychiques et physiques peuvent aussi être affectées. Ainsi, ces foyers devenus vulnérables ont besoin d’une aide extérieure et d’un accompagnement pour alléger la situation ou résoudre les problèmes.
La dégradation des logements et l’absence de travaux d’entretien
Certains logements sont dégradés depuis longtemps. Mais, aucun entretien n’est réalisé. Cet état de dégradation peut causer des problèmes de santé aux occupants. De plus, la mauvaise qualité de l’air et le manque de chauffage aggravent la situation. En raison de l’importance du budget nécessaire pour y remédier, ces ménages doivent supporter un inconfort permanent. Afin d’obtenir un excellent niveau de confort, il convient de mener plusieurs opérations (isolation, installation d’appareils performants…).
La précarité énergétique, un phénomène qui s’inscrit dans le temps
Malgré les situations d’inconfort, de nombreux ménages ne veulent pas quitter leur logement. La majorité des propriétaires montrent un grand attachement à leur bien pour de multiples raisons (héritage, emplacement, surface…). Selon l’étude de l’ONPE, les ménages suivis sont majoritairement en situation de précarité énergétique depuis qu’ils occupent leur logement.
Par ailleurs, Les propriétaires occupants sont proportionnellement plus nombreux que les locataires à subir sur un temps long la précarité énergétique. Et pour cause, ils affichent une faible mobilité dans le parc immobilier résidentiel. Ils montrent une grande capacité d’accommodement à l’inconfort. Ils sont peu motivés à solliciter une aide, car ils souhaitent résoudre par eux-mêmes le problème (sans y arriver).
Les leviers utilisés pour sortir les ménages de la précarité énergétique
Cette étude longitudinale de l’ONPE a permis de constater qu’il existe des moyens pour sortir de la précarité énergétique. Elle apporte ainsi des éléments de réflexion sur les conditions requises et sur l’impact positif des dispositifs d’aide et d’accompagnement existants.
Côté propriétaires occupants
Certains ménages propriétaires occupants suivis ont pu résoudre leur situation de précarité énergétique. Grâce aux aides, ils ont profité d’une approche intégrée et globale aboutissant à une rénovation lourde de leur logement. Fruits des travaux ambitieux, ces « success stories » démontrent donc l’efficacité de certains dispositifs. De plus, le problème de précarité a été traité de manière durable pour ces propriétaires occupants suivis.
Côté locataires
La nécessité de convaincre les bailleurs à mener des travaux rend plus difficile la résolution de la précarité énergétique des locataires. De ce fait, les ménages locataires suivis choisissent de déménager afin de sortir de leur situation d’inconfort. Ainsi, après leur déménagement, les biens énergivores et en mauvais état sont toujours présents sur le marché locatif. Rappelons que l’obligation de rénovation des passoires thermiques ne s’appliquera qu’en 2024.
Des difficultés à obtenir des aides à la rénovation énergétique
Les dispositifs d’aide et d’accompagnement ne sont pas suffisamment cohérents pour résoudre les situations de précarité énergétique des ménages. En effet, on observe une décorrélation des demandes d’aide sociale et technique. Il faut souvent attendre de nombreuses années après le premier rendez-vous avec des services sociaux pour rencontrer un opérateur de l’habitat.
D’après les constatations de l’ONPE, les deux leviers principaux pour réduire la précarité énergétique sont :
- la stabilisation de la situation financière des ménages au préalable ;
- l’amélioration de la qualité thermique de leur logement via une approche intégrée et globale.
Les ménages sont notamment incités à contacter les travailleurs sociaux lorsqu’un impayé d’énergie survient. Ces derniers leur conseillent ensuite un parcours d’accompagnement aux travaux de rénovation.
L’approche intégrée et globale pour rénover les logements énergivores
Cette approche comprend plusieurs étapes, du repérage des ménages jusqu’au suivi des travaux de rénovation. Certaines conditions doivent être remplies. Ainsi, la cohérence et l’articulation des modes d’intervention sont de mise.
De même, certains axes de travail seront renforcés. Les accompagnateurs sont tenus d’avoir des compétences pluridisciplinaires (sociales, techniques et juridiques).
Une offre d’accompagnement social et technique dans la durée devra être établie. Dans ce sens, il convient de simplifier les dispositifs et d’améliorer la coordination des professionnels. Il est essentiel de centraliser les informations sur les aides et les dispositifs d’accompagnement. Les moyens et les ressources dédiés à l’accompagnement (temps et budget) devront aussi être revus à la hausse.