Selon le baromètre Lodgis du second trimestre 2025, la location meublée connaît un essor spectaculaire avec une hausse de 40% de la demande en un an. Cette explosion s’explique par la reprise post-Jeux Olympiques et la recherche de solutions de logement flexibles sur un marché locatif tendu. Les données révèlent des évolutions contrastées. En effet, les loyers progressent de 4,8% en région contre seulement 0,45% en Île-de-France. Tandis que les durées de séjour s’allongent, passant de 6 à 7,4 mois en moyenne. Lyon se distingue particulièrement en adoptant les codes du marché parisien avec des séjours plus courts et une clientèle internationale croissante. Cette transformation du secteur de la location meublée traduit les nouvelles attentes des locataires face aux contraintes du marché immobilier français.
Sommaire :
- Comment la location meublée répond-elle à la crise du logement ?
- Pourquoi les durées de location meublée s’allongent-elles ?
- Comment évolue le profil des locataires en location meublée ?
Comment la location meublée répond-elle à la crise du logement ?
Une demande en forte progression malgré les contraintes
Après une période de repli liée aux Jeux Olympiques de Paris 2024, la location meublée traditionnelle retrouve des couleurs. Selon le dernier baromètre Lodgis, la demande explose avec une hausse de 40% en un an. Cette étude repose sur un large échantillon de plus de 10 000 logements meublés sous gestion et 5 000 nouvelles locations annuelles.
Pour Alexis Alban, président de Lodgis, cette dynamique traduit une mutation profonde du marché : “Le logement temporaire devient une solution pérenne pour de nombreux locataires, dans un contexte de forte tension du marché locatif.”
Côté bailleurs, le meublé offre une souplesse appréciée, un cadre plus sécurisé et un rendement optimisé, autant d’atouts qui relancent l’intérêt pour l’investissement locatif.
Un marché dynamique, mais encadré : entre attractivité et vigilance réglementaire
Cette croissance s’inscrit cependant dans un contexte réglementaire en pleine évolution. Deux facteurs majeurs sont scrutés de près :
- Le statut du bailleur privé, qui pourrait être revu,
- Le nouveau mode de calcul du DPE, impactant la rentabilité des biens meublés selon leur performance énergétique.
Ces ajustements législatifs sont très attendus par les investisseurs, notamment les Loueurs Meublés Non Professionnels (LMNP). Ces derniers espèrent y voir des signaux positifs pour endiguer la vacance locative et renforcer la stabilité du meublé sur le long terme.
Face aux tensions persistantes sur le parc locatif classique, la location meublée apparaît comme un levier stratégique pour fluidifier les parcours résidentiels. Ainsi, elle accompagne la mobilité professionnelle et optimise les placements immobiliers. Si les incertitudes réglementaires demeurent, les chiffres parlent d’eux-mêmes : le meublé a encore de beaux jours devant lui.
Location meublée : des hausses inégales selon les territoires
La reprise du marché de la location meublée s’accompagne d’importantes disparités régionales. L’Île-de-France reste globalement stable avec une hausse modérée de +0,45% et un loyer moyen à 36,93 €/m². Mais, Paris intra-muros continue de tirer les prix vers le haut. Les arrondissements les plus recherchés (du 1er au 8e) enregistrent une hausse de +1,9%, atteignant 41,99 €/m².
En région, les tensions locatives provoquent un véritable rattrapage des loyers, notamment dans les grandes métropoles :
- Lyon : +11,2%, soit 21,94 €/m²,
- Bordeaux : +8,15%, soit 18,11 €/m²,
- Toulouse : +5,7%, soit 17,35 €/m².
Ces hausses reflètent à la fois l’essor du bail mobilité, la demande croissante liée à la mobilité professionnelle et une pression moins forte des dispositifs d’encadrement des loyers qu’à Paris. Mais, la tendance n’est pas homogène. Et, deux villes marquent le pas :
- Aix-en-Provence : -10,8% à 21,66 €/m²,
- Montpellier : -5,5% à 15,16 €/m².
Ces baisses traduisent des ajustements de marché ou une offre plus abondante, venant corriger les hausses passées.
Pourquoi les durées de location meublée s’allongent-elles ?
L’évolution des comportements locatifs
La durée moyenne d’occupation d’un logement meublé atteint désormais 7,4 mois en France, contre 6 mois en 2022. Soit un allongement significatif de 1,5 mois en seulement deux ans.
Ce phénomène traduit une tension croissante sur le marché locatif, marquée par une rareté de l’offre disponible. Faute d’alternatives, les locataires prolongent leur séjour dans un même logement, freinant la mobilité résidentielle, pourtant essentielle pour les étudiants, jeunes actifs ou salariés en mission temporaire. Ce nouvel indicateur souligne aussi la transformation du meublé, de solution temporaire à formule semi-permanente, répondant à un marché locatif toujours plus contraint.
“Cette hausse s’explique en partie par le peu de biens remis en location sur le marché, ce qui impacte les options de mobilité et les changements d’habitation”, analyse Alexis Alban.
En matière de durée de location meublée, les écarts entre Paris et les grandes villes régionales se creusent. Dans la capitale, la durée moyenne d’un séjour atteint un peu plus de 7 mois, soit 216 nuits, en hausse de 5,6% sur un an. Ce chiffre reflète le dynamisme d’un marché parisien encore très tourné vers la mobilité professionnelle courte durée et les séjours temporaires.
En région, la tendance est inverse. Puisque la durée moyenne grimpe à 8,5 mois, soit 255 nuits, malgré une baisse de 22,4%. Ce recul s’explique par des effets de rattrapage après la crise sanitaire et par une offre plus disponible que dans la capitale. Ces différences illustrent la dualité du marché locatif meublé en France. Paris est la vitrine de la flexibilité. Tandis que les régions deviennent un refuge pour des séjours plus longs, portés par une demande croissante en logements meublés pérennes.
Le cas particulier de Lyon
Lyon fait exception avec des durées de 6,5 mois seulement (-34,6%), se rapprochant ainsi du modèle parisien. Cette évolution traduit la transformation du marché lyonnais. En effet, celui-ci se rapproche du marché parisien avec des durées de location très courtes, une hausse des locataires internationaux et professionnels.
Les autres villes de région affichent des durées plus longues et plus stables. C’est le cas de Montpellier et Aix-en-Provence qui culminent à 12,2 mois chacune (respectivement +3,3% et stabilité). Ainsi que Bordeaux qui atteint 11,8 mois (-3,3%) et Toulouse 11,6 mois (-3,5%).
Comment évolue le profil des locataires en location meublée ?
La montée de la clientèle internationale à Lyon
La clientèle française représente désormais 55,6% des locataires en meublé, selon les données de Lodgis. Cette progression de 11 points confirme un retour des locataires nationaux, après les bouleversements liés aux Jeux Olympiques de 2024. Mais Lyon fait exception. Seule grande ville à afficher moins de 80% de locataires français (70% précisément, en recul de 15,8 points), elle se distingue par une hausse notable de la demande internationale :
- 12,5% de locataires européens (+1,9 point)
- 4,6% de Nord-Américains (+4,6 points)
Cette attractivité accrue de la capitale des Gaules reflète son positionnement stratégique pour la mobilité professionnelle internationale, la plaçant en véritable hub européen du logement meublé.
Dans les autres métropoles régionales, les Français reprennent massivement leur place :
- Bordeaux : 92,9% de locataires français (+12,9 points)
- Toulouse : 93,3% (+36,2 points)
- Paris : 51%, en légère hausse (+1 point)
- Seule Montpellier voit sa part nationale reculer (-7,5 points), tout en restant majoritaire à 80%.
Étudiants versus professionnels : des équilibres qui bougent
À Paris, 28% des locataires sont étudiants (+0,9 point) contre 62,9% de professionnels en mobilité (-2,6 points). Cette répartition influence directement les types de baux : progression des baux résidence principale étudiant (+0,7 point) et résidence principale (+6,9 points). Tandis que les baux société et mobilité reculent respectivement de 4,8 et 4,4 points.
Le type de biens loués reflète cette clientèle. Ainsi, les studios et T2 progressent légèrement (+0,2 point chacun) tandis que les T3 reculent (-1,4 point), traduisant une demande orientée vers des logements individuels ou de couple.
Les spécificités régionales
Les grandes villes régionales affichent des profils locatifs contrastés. À Lyon, la location meublée se professionnalise. La part des étudiants chute à 16% (-5 points), tandis que les professionnels en mobilité atteignent 79,3% (+0,6 point). Résultat : les baux société bondissent de 8,7 points, et les baux en résidence principale tombent sous la barre des 50% (-20,7 points).
Montpellier suit une tendance encore plus marquée. La clientèle étudiante perd 54,2 points, pour s’établir à 33%, au profit des actifs (66,7%, +54,2 points). Cette bascule illustre un changement profond dans le profil des locataires.
À l’inverse, Bordeaux (+34,3 points) et Toulouse (+2,9 points) enregistrent un retour en force des étudiants. Ils représentent respectivement 64,3% et 60% des locataires. Ces villes conservent une dominance des baux de résidence principale, au-delà de 80%, témoignant de leur attractivité universitaire.
Enfin, en région, la location meublée reste dominée par les petites surfaces :
- Studios : 32,3%
- T2 : 45,6%
Des chiffres qui reflètent les attentes d’une clientèle jeune, mobile et souvent temporaire.