Le CRÉDOC a mené, à la demande du Ministère du logement, de l’égalité des territoires et de la ruralité, une enquête* en juin 2015 abordant l’image du logement social auprès de la population française.
Selon l’étude, quatre personnes sur cinq affirment que les villes riches devraient construire davantage de logements sociaux. Une demande qui n’est pas sans fondement, en effet, plus une ville est prospère moins elle compte de logements à loyers modérés. Les villes plus aisées comptent 12% de logements sociaux en moyenne, malgré la loi SRU qui, depuis 2013, en impose une proportion minimum de 25%, sous peine de pénalités.
Le souhait de mieux répartir la construction des logements sociaux traverse toutes les franges de la population, bas revenus comme hauts revenus, propriétaires comme locataires du parc social ou privé. Même les habitants de communes aisées sont 77% à souhaiter ce changement.
Autre représentation qui fait la quasi-unanimité de nos concitoyens : la qualité des logements sociaux s’est beaucoup améliorée (cité par 73% des personnes). Les locataires du parc social partagent eux aussi ce constat (70% d’entre eux).
Le regard porté par l’opinion sur le logement social n’est pour autant pas exempt de critiques. La complexité des démarches administratives pour obtenir un logement est le principal grief (69% des réponses) surtout porté par les locataires du parc privé (80%) tandis que les locataires du parc social sont légèrement plus nuancés (67%).
Des démarches de simplification administratives ont pourtant été mises à l’œuvre depuis plusieurs années : attribution d’un numéro unique pour le demandeur, inscription et renouvellement en ligne des demandes, information sur le nombre de logements disponibles dans la commune, bourses au logement social. Les critiques de la population vis-à-vis de l’administration tiennent probablement au temps d’attente pour obtenir un logement. Paris en est un exemple emblématique : 6 ans d’attente pour un F1, 9 ans pour un F2/F3 et 10 ans pour un F4 et plus en 2013. Le taux de rotation moyen dans le parc social n’atteint que 7,3% soit deux fois moins que dans le parc locatif privé.
En France, en décembre 2014, on dénombre 6.300.000 bénéficiaires d’une aide au logement (APL, ALS, ALF…). La population s’accorde sur le fait que ces aides n’ont ni vocation à obtenir un logement plus confortable, ni à permettre d’accéder à la propriété : les aides permettraient d’assurer l’essentiel. Les uns considèrent qu’elles servent à louer un logement décent (41% des répondants), les autres qu’elles permettent d’assumer d’autres charges que celles du logement (41%).
Dans un contexte de tensions budgétaires, et interrogés sur plusieurs pistes d’évolution, les Français optent plutôt pour une meilleure adaptation de ces aides à la situation personnelle et familiale du ménage : la première des propositions citées est de réduire les aides lorsque les ménages occupent un logement trop grand (51%), la seconde est de rendre le montant de l’aide dégressif en fonction des revenus (49%). Pourtant le système actuel des aides personnalisées au logement prend déjà en compte les changements de situations.
Outre le logement social et les aides au logement, le parc privé peut également jouer un rôle pour accueillir des publics modestes. Parmi les différents leviers imaginés pour inciter les bailleurs à louer leurs logements, et augmenter ainsi l’offre à destination des publics à faibles revenus, la garantie des loyers par l’intermédiaire d’un organisme se révèle la plus incitative.
« Le logement social, des représentations très ancrées, parfois loin de la réalité »
CREDOC Note de Synthèse N°18 – septembre 2015 (Émilie Daudey, Sandra Hoibian, Sophie Lautié)
* Depuis près de 40 ans, le CRÉDOC réalise tous les ans une enquête sur les Conditions de vie et Aspirations des Français. Cette enquête est menée en face à face chaque année depuis 1978 auprès d’un échantillon représentatif des Français de 2000 personnes renouvelé à chaque vague, selon la méthode des quotas. Les résultats publiés aujourd’hui sont tirés de l’enquête de juin 2015.
Source : www.credoc.fr