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Immobilier

Le « droit à la ville » face à l’expansion du modèle Airbnb

Le « droit à la ville » face à l’expansion du modèle Airbnb

Impact Airbnb sur les logements urbains : Entre explosion de l’offre et crise du logement

Le phénomène Airbnb a transformé l’immobilier urbain en profondeur. L’explosion de la location saisonnière via des plateformes comme Airbnb entraîne des conséquences majeures : raréfaction de l’offre de logements pour les habitants, augmentation des loyers et du prix du foncier, et gentrification accélérée des centres-villes. Décryptage.

Une explosion inédite de la location saisonnière

Depuis quelques années, les locations saisonnières connaissent une croissance exponentielle. À Paris, le nombre d’offres Airbnb est passé de 56 544 logements en 2016 à 101 873 en 2018, avec une majorité de logements entiers (88 670). Bordeaux observe une tendance similaire, avec une augmentation de 350 % en deux ans. Résultat : des milliers de logements initialement destinés aux habitants sont désormais exclusivement réservés aux touristes.

Selon Matthieu Rouveyre, fondateur de l’Observatoire Airbnb, cette situation contribue directement à la perte d’habitants dans les grandes villes. « Près de 8.000 logements qui accueillaient ou avaient vocation à accueillir des habitants sont maintenant uniquement proposés à des touristes. À Paris, le dernier recensement a révélé que la capitale avait perdu des habitants ! », explique-t-il.

La régulation : Une réponse nécessaire

Partout dans le monde, les villes et les pays promulguent des lois pour réguler et contrôler le phénomène “Airbnb”. Face à cette situation, les législateurs tentent de réguler l’impact d’Airbnb. De plus, les communes concernées peuvent également prendre des dispositions locales. En France, des villes comme Paris et Bordeaux ont adopté des mesures strictes, notamment :

  • Limitation du nombre de nuitées à la location touristique (120 jours par an).
  • Obligation d’enregistrement auprès des municipalités.
  • Contrôles renforcés et amendes pour les annonces non conformes.

Cela pour restreindre, par exemple, le nombre de nuitées proposées à la location touristique.  Par exemple, à Paris, depuis le 1?? décembre 2017, chaque annonce doit afficher un numéro d’enregistrement. Pourtant, en mars 2018, seules 8 192 annonces sur 101 873 respectaient cette obligation, soit plus de 90 % d’illégalité. Ce constat peut également être dressé à Bordeaux où la ville reconnaît avoir délivré en mars 2018 environ 1.300 numéros alors que le nombre total d’annonces dans la capitale girondine est de 12.552.

Dans la capitale, la municipalité effectue des contrôles et les amendes pour location illégale à Paris se sont intensifiées.

« L’Observatoire Airbnb a été créé pour permettre aux chercheurs et aux élus de disposer de données afin d’étudier ce phénomène et d’agir le cas échéant. Un logiciel a ainsi été conçu pour récupérer l’intégralité des offres et leurs caractéristiques pour un territoire donné et proposer le fichier en open data sur un site dédié www.observatoire-airbnb.fr », indique Matthieu Rouveyre, fondateur de l’Observatoire Airbnb, conseiller municipal de Bordeaux, vice-président du département de la Gironde.

Les effets d’Airbnb sur la gentrification et l’exclusion sociale

Airbnb accélère la gentrification des centres-villes et de leurs périphéries. Les logements autrefois accessibles aux jeunes, étudiants et familles modestes sont désormais destinés à une clientèle touristique. Ce sont principalement des studios et des T2 qui disparaissent du marché locatif traditionnel, aggravant la crise du logement.

Les propriétaires, attirés par la rentabilité de la location saisonnière, favorisent ce modèle. “Dix jours de location touristique suffisent souvent à générer autant de revenus qu’un mois de location classique”, précise Matthieu Rouveyre.

Cette dynamique pousse les classes moyennes à quitter les centres-villes pour s’installer en périphérie ou en milieu rural, renforçant les fractures sociales et territoriales.

Une crise du logement qui nécessite des solutions collectives

Pour inverser cette tendance, Matthieu Rouveyre appelle à défendre un droit à la ville, qui garantirait l’accès à des logements abordables dans les centres urbains. Ce droit repose sur des politiques publiques ambitieuses visant à :

  • Protéger l’offre locative pour les habitants permanents.
  • Encourager des modèles de location durable et solidaire.
  • Renforcer la régulation des plateformes comme Airbnb.

« Le renversement de ce processus excluant passe par l’affirmation d’un « droit à la ville », parmi les droits de l’homme et du citoyen. Il ne se limite pas à un simple recours humaniste contre la logique de rentabilité qui envahit les villes, mais implique un projet de démocratie et de renforcement de la société civile, il stipule le droit à l’accès à la centralité urbaine, à la vie urbaine, aux lieux de rencontres, d’échanges, de rassemblement, au « ludique ». Afin de ne pas être désincarné, ce droit doit être porté collectivement et surtout politiquement », conclut Matthieu Rouveyre.

Conclusion

L’impact d’Airbnb sur le logement urbain illustre une tension croissante entre logique de rentabilité et droit au logement. Si des mesures de régulation commencent à voir le jour, elles doivent être renforcées. Cela pour protéger les villes de l’exclusion sociale et préserver leur diversité. L’avenir des centres-villes dépendra de la capacité des élus et des citoyens à agir collectivement pour un urbanisme inclusif.

Rédaction Monimmeuble

Rédaction Monimmeuble

Mon immeuble, le magazine en ligne de la copropriété à destination des copropriétaires et des professionnels de l’immobilier. Un site d’actualités immobilières et d’informations pratiques pour vous aider à bien gérer votre patrimoine dans un esprit de convivialité.

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