Le marché immobilier français de 2024 se trouve à un carrefour décisif, comme le révèle la dernière étude OpinionWay pour Laforêt. Les intentions d’achat immobilier restent stables, avec 17% des Français prêts à franchir le pas cette année. Cependant, ce chiffre masque une réalité contrastée. D’un côté, la récente baisse des taux d’intérêt ravive l’intérêt des acheteurs potentiels, notamment chez les jeunes. De l’autre, l’incertitude politique et économique freine les ardeurs de nombreux candidats à l’acquisition. Face à ces vents contraires, les Français s’adaptent. Et, ils sont prêts à des compromis inédits pour concrétiser leurs projets immobiliers. Cette étude dévoile les stratégies des acheteurs et les défis persistants du marché, notamment pour les étudiants confrontés à une crise du logement aigüe.
Sommaire :
- Les intentions d’achat immobilier en 2024 : un marché en équilibre précaire
- L’impact des taux d’intérêt sur les intentions d’achat
- Les freins aux intentions d’achat immobilier en 2024
- Le cas particulier du logement étudiant : un défi pour les intentions d’achat
Les intentions d’achat immobilier en 2024 : un marché en équilibre précaire
Une stabilité apparente des intentions d’achat
Malgré un contexte économique fluctuant, les intentions d’achat immobilier en France demeurent stables en 2024. En effet, l’étude OpinionWay pour Laforêt révèle que 17% des Français ont acheté ou envisagent d’acheter un bien immobilier cette année. Ce chiffre, bien qu’encourageant, masque des disparités importantes selon les tranches d’âge et les situations personnelles. En comparaison avec les chiffres de juin 2024 (18%), on constate une légère baisse. Mais, celle-ci reste dans la marge d’erreur statistique.
Pour mieux comprendre l’évolution des intentions d’achat immobilier, voici un tableau récapitulatif :
Les jeunes, moteurs des intentions d’achat
Parmi les différentes tranches d’âge, les 25-34 ans se démarquent nettement. En effet, plus d’un tiers d’entre eux, soit 35%, ont déjà acquis ou envisagent l’achat d’un bien immobilier en 2024. Cette tendance souligne l’importance de cette catégorie dans le dynamisme du marché.
En effet, cette tranche d’âge, souvent composée de primo-accédants, semble la plus déterminée à concrétiser ses projets immobiliers malgré les obstacles. Notons que les intentions d’achat progressent également chez les 18-24 ans, passant de 16% en juin à 23% en septembre 2024, soit une augmentation de 7 points.
Les intentions d’achat varient considérablement selon les tranches d’âge, comme le montre ce tableau :
L’impact des taux d’intérêt sur les intentions d’achat immobilier
La baisse des taux, un catalyseur pour les acheteurs potentiels
La récente baisse des taux d’intérêt, annoncée par la Banque Centrale Européenne, a eu un effet positif sur les intentions d’achat immobilier. Ainsi, 59% des Français déclarent avoir entendu parler de cette baisse. De même, 23% affirment que cela les incite à envisager un investissement immobilier d’ici la fin de l’année 2024.
Plus précisément, chez les 25-34 ans, cette proportion s’élève à 39%. Ce chiffre significatif met en évidence l’influence considérable de cette annonce sur cette tranche d’âge en particulier. Il semble donc que les jeunes adultes soient particulièrement réceptifs aux fluctuations du marché immobilier.
Des attentes élevées en matière de taux
Malgré cette embellie, les Français maintiennent des attentes élevées. En effet, plus de la moitié des sondés (55%) affirment qu’ils considèreraient le niveau des taux de crédit immobilier dans leur décision d’achat. Concrètement, près d’un tiers d’entre eux (28%) ne se projetteraient sérieusement dans un achat que si les taux passaient sous la barre des 2%.
En outre, ces chiffres révèlent une légère hausse de la sensibilité aux taux par rapport à mars 2024, où 50% des répondants déclaraient considérer le niveau des taux.
Le tableau suivant illustre les seuils de taux qui inciteraient les Français à se projeter dans un achat immobilier :
Les freins aux intentions d’achat immobilier en 2024
L’incertitude politique, un obstacle majeur
L’étude met en lumière l’impact notable de l’instabilité politique sur les intentions d’achat immobilier. 66% des Français affirment que l’incertitude de la situation politique actuelle les incite à attendre avant de concrétiser leurs projets immobiliers. Ce chiffre monte à 83% chez les 18-24 ans. Ce qui montre que les jeunes sont particulièrement sensibles à ce contexte instable. Cette incertitude politique semble donc jouer un rôle essentiel dans la décision d’achat, surtout pour les potentiels primo-accédants.
Des compromis envisagés pour concrétiser les intentions d’achat
Face aux difficultés du marché, certains acheteurs potentiels sont prêts à faire des concessions. À cet effet, 35% des sondés pourraient envisager d’investir dans un logement dont le DPE est classé F ou G afin de bénéficier d’un prix plus abordable. Notons que cette proportion grimpe à 46% chez les catégories socioprofessionnelles supérieures (CSP+).
Ce constat suggère que ces groupes sont davantage disposés à faire des concessions pour devenir propriétaires. En d’autres termes, cette tendance met en lumière une évolution des intentions d’achat immobilier face aux défis du marché actuel. Ainsi, il semble que pour de nombreux acheteurs potentiels l’objectif principal soit désormais l’acquisition d’un bien. Même si cela implique de transiger sur la performance énergétique du logement.
Le tableau ci-dessous résume les principales opinions des Français concernant l’immobilier en 2024 :
Le cas particulier du logement étudiant : un défi pour les intentions d’achat immobilier
Un consensus sur la cherté des logements étudiants
L’étude révèle une préoccupation majeure concernant le logement étudiant, qui pourrait influencer les intentions d’achat immobilier des investisseurs. 84% des Français considèrent que les prix des loyers des logements étudiants sont trop élevés. Ce sentiment est particulièrement marqué chez les plus de 65 ans (88%), qui ont peut-être des petits-enfants confrontés à cette réalité. Cette perception généralisée pourrait affecter les intentions d’achat immobilier. Et, cela, notamment pour les investisseurs cherchant à cibler le marché de la location étudiante.
Un accès au logement étudiant de plus en plus difficile
63% des personnes qui ne sont plus étudiantes estiment que l’accès aux logements étudiants était plus facile à leur époque qu’aujourd’hui. Cette perception pourrait avoir un impact sur les intentions d’achat immobilier des parents d’étudiants ou des investisseurs visant ce marché. De plus, 24% des Français déclarent qu’eux-mêmes, ou l’un de leurs proches, rencontrent des difficultés à trouver un logement étudiant. Ce chiffre monte à 44% chez les 18-24 ans. Ces données soulignent l’acuité de la crise du logement étudiant et pourraient influencer les stratégies d’investissement immobilier dans les villes universitaires.
Des aides jugées insuffisantes
Par ailleurs, l’étude révèle une perception largement répandue d’un manque de soutien étatique dans le domaine du logement étudiant. En effet, seulement un tiers des Français (35%) considère que les aides gouvernementales sont suffisantes pour faciliter l’accès des étudiants au logement. Cette perception pourrait avoir des répercussions inattendues sur le marché immobilier. Ainsi, face à ce constat, certains parents pourraient être incités à envisager l’achat d’un bien immobilier pour héberger leurs enfants pendant leurs études. Par conséquent, cette situation pourrait influencer de manière significative les intentions d’achat immobilier de cette catégorie de la population, ajoutant une nouvelle dynamique au marché.
Pour résumer la situation du logement étudiant, voici un tableau récapitulatif :
Conclusion : des intentions d’achat immobilier en mutation
En conclusion, les intentions d’achat immobilier en France pour 2024 reflètent un marché en pleine mutation. Bien que stables dans l’ensemble, elles sont soumises à des forces contradictoires. D’un côté, la baisse des taux d’intérêt et la volonté d’accéder à la propriété, notamment chez les jeunes. De l’autre, l’incertitude politique et économique qui freine les projets.
Les acheteurs potentiels adaptent leurs stratégies, envisageant des compromis sur la qualité énergétique des logements pour concrétiser leurs intentions d’achat. Parallèlement, la crise du logement étudiant pourrait influencer les décisions d’investissement, en particulier dans les villes universitaires.
Dans ce contexte, les intentions d’achat dépendront largement de l’évolution du contexte politique et économique, ainsi que des mesures prises pour faciliter l’accès au logement. Et, cela, notamment pour les étudiants et les primo-accédants. Le marché immobilier français se trouve donc à un tournant, où les intentions d’achat pourraient rapidement évoluer en fonction des réponses apportées à ces défis.
