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Santé

Hypersensibilité électromagnétique : quand l’invisible perturbe le quotidien

Hypersensibilité électromagnétique : quand l’invisible perturbe le quotidien

L’hypersensibilité électromagnétique, bien que non reconnue en France, est au cœur d’une interrogation du député Olivier Marleix au ministre de la Santé. En effet, cette pathologie, évoquée par l’Organisation mondiale de la santé, provoque une réelle souffrance chez les individus concernés, conduisant à une détresse quotidienne. M. Marleix soulève ainsi l’urgence d’une prise en charge adéquate. Il met en lumière une problématique de santé publique méconnue, mais cruciale. Le débat s’intensifie, incitant à une exploration plus approfondie des implications et des mesures potentielles à envisager pour améliorer la vie des personnes électro-hypersensibles.

L’appel à la reconnaissance officielle de l’hypersensibilité électromagnétique

Le député Olivier Marleix a récemment attiré l’attention du ministre de la Santé et de la prévention sur la problématique de l’hypersensibilité électromagnétique. En France, cette pathologie n’est pas encore reconnue. Pourtant, les symptômes invalidants qu’elle provoque perturbent gravement la vie quotidienne des personnes concernées.

En France, l’hypersensibilité électromagnétique concerne entre 2 % et 5 % de la population. L’exposition aux champs électromagnétiques engendre chez eux des maux de tête, des troubles visuels et auditifs, ainsi que des difficultés à trouver le sommeil. Ces désagréments perturbent considérablement leur vie de tous les jours, leur vie familiale et sociale, ainsi que leur activité professionnelle.

La position des organisations de santé

En 2006, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) évoquait déjà une “intolérance environnementale idiopathique attribuée aux ondes électromagnétiques”. Elle introduit ainsi l’hypersensibilité électromagnétique au sein des discussions sur les pathologies contemporaines.

Cependant, les autorités sanitaires françaises restent prudentes. L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement, du travail (ANSES), a publié un rapport en mars 2018. Dans ce document, elle n’a pas établi de lien de causalité entre l’exposition aux champs électromagnétiques et les symptômes déclarés par les personnes électro-hypersensibles.

  • Absence de preuve expérimentale. Selon l’ANSES, il n’existe pas, en l’état actuel des connaissances, de preuve expérimentale solide permettant d’établir ce lien de causalité.
  • Réelle souffrance. Malgré cela, l’ANSES souligne que la douleur et la souffrance exprimées correspondent à une réalité vécue qui affecte le quotidien de ces personnes.

Ainsi, cette situation conduit de nombreuses personnes vers une précarité notable. En effet, ils subissent une souffrance physique ou psychique à de divers degrés. Et, certains, se voient privées d’une vie sociale et culturelle épanouie. De plus, elles rencontrent des difficultés pour accéder aux soins. De fait, une véritable errance médicale affecte leur parcours de santé.

Errance médicale et efforts de prise en charge de l’hypersensibilité électromagnétique

L’errance médicale caractérise le parcours de santé des personnes électro-hypersensibles. Face à cela, des initiatives ont été lancées afin d’améliorer la prise en charge. Le gouvernement a, en décembre 2019, remis au Parlement un rapport sur l’électro-hypersensibilité aux ondes électromagnétiques.

Ainsi, le rapport a suggéré la création d’outils à l’intention des professionnels de santé. Et, cela, dans le but d’approfondir la compréhension et l’accompagnement des personnes électro-hypersensibles. Il a aussi exploré les possibilités de prise en charge au sein des Maisons de Santé. L’objectif du rapport était de faire reconnaître l’électro-hypersensibilité comme une problématique de santé. Mais surtout de proposer des aides pour les individus affectés. Ce document a joué un rôle dans la sensibilisation accrue autour de l’électro-hypersensibilité et dans la quête de solutions pour assister les personnes touchées.

  • Recommandations de l’ANSES. L’agence formule des recommandations sur la prise en charge des personnes se déclarant électro-hypersensibles. Ainsi, elle suggère l’élaboration d’un recueil de conseils à destination des professionnels de santé.

Depuis 2011, le programme de recherche sur l’impact sur la santé des radiofréquences initié par l’ANSES a financé une dizaine de projets de recherche sur l’hypersensibilité électromagnétique. Les résultats ont été intégrés dans l’expertise de l’agence publiée en 2018.

  • Appel à volontaires de l’ANSES. En janvier 2023, un appel à volontaires a été lancé pour recueillir des données auprès des personnes électro-hypersensibles. Cela, dans le but de renforcer la prise en charge médicale et d’améliorer la qualité des futures recherches scientifiques.

Mesures d’exposition et initiatives de protection

L’Agence nationale des fréquences (ANFR) pilote le dispositif de surveillance et de mesure de l’exposition du public aux rayonnements électromagnétiques. Elle offre à chacun la possibilité de solliciter gratuitement une mesure de son exposition.

  • Arrêt des émetteurs nocifs. Dans les cas très rares où les niveaux mesurés dépassent les limites réglementaires, l’ANFR demande un arrêt immédiat de l’émetteur radioélectrique en cause. Ainsi, elle apporte une première réponse aux besoins de protection des personnes électro-hypersensibles.

> Consultez notre article sur : “Ondes électromagnétiques : La mesure des émissions des compteurs communicants ouverte à tous

Initiatives en cours pour une meilleure prise en charge

Pour répondre à cette problématique, le ministère en charge de la santé a mobilisé la Société française de médecine du travail. L’objectif est d’élaborer un recueil de conseils destiné aux professionnels de santé. Les conclusions de cette initiative sont fortement anticipées et devraient être rendues publiques fin 2023.
prise en charge de l’hypersensibilité électromagnétique
En attendant, les personnes électro-hypersensibles sont encouragées à se tourner vers les centres régionaux de pathologies professionnelles et environnementales afin d’obtenir un diagnostic. Ces centres, en plus d’offrir des consultations cliniques, ont pour mission la prise en charge des individus atteints de pathologies suspectées ou avérées liées à l’environnement. Ils font partie du réseau national de vigilance et de prévention des pathologies professionnelles (RNV3P), sous la houlette de l’ANSES.

Par ailleurs, la reconnaissance du handicap, telle que définie par la loi n° 2005-102 du 11 février 2005, offre une perspective d’évaluation et de compensation. Cette loi envisage le handicap au-delà du diagnostic. Puisque qu’elle évalue les conséquences de l’état de santé d’un individu sur ses activités quotidiennes et sa participation à la vie sociale. Ainsi, même sans reconnaissance officielle de l’hypersensibilité électromagnétique, cette législation permet d’aborder la question des compensations nécessaires pour améliorer la qualité de vie des personnes concernées.

Hypersensibilité électromagnétique : en quête de solutions durables

L’absence de reconnaissance officielle et de lien de causalité établi à ce jour entrave la mise en place de mesures concrètes. Parmi elles, citons la création de zones blanches ou la certification de solutions techniques de protection aux ondes.

Cela laisse les personnes atteintes d’hypersensibilité électromagnétique dans une situation précaire. Notamment lorsqu’il s’agit d’aménager leur logement pour réduire leur exposition aux ondes. Pour autant, les demandes d’aide matérielle et financière restent sans réponse. Ce qui souligne l’importance d’une action gouvernementale pour pallier cette absence criante de soutien.

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Isabelle DAHAN

Isabelle DAHAN

Rédactrice en chef de Monimmeuble.com. Isabelle DAHAN est consultante dans les domaines de l'Internet et du Marketing immobilier depuis 10 ans. Elle est membre de l’AJIBAT www.ajibat.com, l’association des journalistes de l'habitat et de la ville. Elle a créé le site www.monimmeuble.com en avril 2000.

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