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Santé

Les ondes radiofréquences ne provoquent pas de cancers selon l’Anses

Les ondes radiofréquences ne provoquent pas de cancers selon l’Anses

Votre smartphone provoque-t-il des cancers ? Cette question hante des millions de Français. L’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) vient de trancher. Après avoir analysé près de mille nouvelles études scientifiques, elle publie un verdict sans appel : aucun lien établi entre ondes radiofréquences et cancers. Pourtant, 98% des Français possèdent un téléphone mobile. La 5G se déploie. Les antennes relais se multiplient. Face à ces évolutions, l’Anses maintient ses recommandations de prudence, surtout pour les enfants. Que révèlent vraiment ces travaux scientifiques sur les ondes radiofréquences ? Quelles précautions adopter au quotidien ?


Sommaire :


À retenir – Ondes radiofréquences et santé

  • Aucun lien établi entre ondes radiofréquences et cancers selon l’analyse de 1000 nouvelles études par l’Anses.
  • 98% des Français de 12 ans et plus possèdent un téléphone mobile en 2025.
  • Utilisez des oreillettes, le haut-parleur ou le Wi-Fi pour réduire votre exposition aux ondes.
  • Les enfants nécessitent une vigilance renforcée et une limitation stricte de leur exposition.
  • Des recherches complémentaires sont nécessaires sur les effets des ondes sur la fertilité.

Que révèle la nouvelle expertise de l’Anses sur les ondes radiofréquences ?

Une actualisation basée sur près de mille nouvelles études

L’Anses a passé en revue près d’un millier de publications scientifiques parues depuis 2013, incluant notamment de grandes études épidémiologiques comme Mobikids et les travaux du National Toxicology Program américain. L’Agence s’est appuyée sur une méthode d’évaluation particulièrement robuste, fondée sur les principes du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC).

Sur l’ensemble des études analysées, 250 articles seulement ont été retenus. Seuls les travaux répondant à des critères stricts de qualité méthodologique, de solidité des protocoles expérimentaux et de fiabilité des analyses statistiques ont été jugés suffisamment rigoureux. Les radiofréquences ont ainsi été évaluées sous plusieurs angles : études épidémiologiques, expérimentations animales et recherches mécanistiques au niveau cellulaire.

L’expertise rendue publique le 26 novembre 2025 confirme les conclusions des précédents avis de l’Anses — celui de 2013 pour les adultes et celui de 2016 pour les enfants. Cette cohérence dans les résultats renforce la crédibilité scientifique des conclusions. Et, cela, malgré l’accumulation considérable de nouvelles données sur les ondes radiofréquences au cours de la dernière décennie.

Des résultats qui ne montrent pas de lien causal

Les nouvelles études apportent quelques indices, encore limités, concernant certains mécanismes cellulaires ou des effets observés chez l’animal. En revanche, les données épidémiologiques disponibles chez l’humain ne mettent pas en évidence de cancers liés à l’exposition aux ondes radiofréquences.

Comme le souligne l’Anses, « l’évaluation de ces nouvelles connaissances, associées aux précédentes données scientifiques, ne met pas en évidence de lien entre l’exposition aux ondes radiofréquences, principalement émises par la téléphonie mobile, et l’apparition de cancers ».

Cette conclusion reflète l’état de la science jusqu’en mai 2025, tout en laissant la porte ouverte à de futurs résultats susceptibles d’affiner ou de compléter ces connaissances.

L’Agence a par ailleurs conduit une large consultation publique en 2024 afin de recueillir les observations de la communauté scientifique et des parties prenantes. Une journée d’échanges a également permis un dialogue direct entre chercheurs et acteurs concernés. Cette démarche participative renforce la transparence du processus et consolide la robustesse de l’expertise consacrée aux ondes radiofréquences.

Évolution des expertises de l'Anses sur les ondes radiofréquences
Évolution des expertises de l’Anses sur les ondes radiofréquences

Les ondes radiofréquences sont-elles classées cancérogènes ?

La classification du CIRC en 2011

En mai 2011, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) a classé les ondes radiofréquences comme « cancérogènes possibles » pour l’être humain (groupe 2B), en raison notamment de suspicions d’effets sur le cerveau. Depuis cette date, la communauté scientifique a intensifié ses travaux pour éclairer ce risque potentiel.

Les études menées sur l’animal ont observé l’apparition de gliomes — des tumeurs cérébrales — ainsi que de tumeurs cardiaques chez des rats exposés. Toutefois, l’Anses rappelle que « les différences avec les animaux non exposés ne sont pas significatives ».

Parallèlement, le National Toxicology Program américain a conduit des recherches toxicologiques majeures sur les radiofréquences. Ces travaux, parmi les plus substantiels examinés par l’Anses dans son évaluation de 2025, alimentent la compréhension des mécanismes biologiques susceptibles d’être impliqués.

Les limites des études cas-témoins

Les recherches en population présentent des résultats nuancés. En effet, seules les études dites “cas témoins” montrent un effet du téléphone portable. De surcroît, cet effet n’apparaît que chez les utilisateurs intensifs.

Or, ces études ne constituent pas la méthode la plus solide pour établir un lien causal. En effet, l’hypothèse qui s’en dégage n’est pas confirmée par les études plus larges dites de cohorte. Par ailleurs, l’étude Mobikids, une des plus importantes études épidémiologiques de grande ampleur, fait partie des travaux analysés par l’Anses.

Synthèse des différents types d'études scientifiques sur les ondes radiofréquences
Synthèse des différents types d’études scientifiques sur les ondes radiofréquences

De plus, l’incidence globale des tumeurs cérébrales ne montre aucune évolution alarmante. Ceci est d’autant plus significatif que l’usage du téléphone portable s’est développé massivement depuis les années 2000. Parallèlement, les antennes relais se sont multipliées partout sur le territoire.

Comment les usages des technologies sans fil ont-ils évolué ?

Une modification profonde des pratiques

En 2025, d’après les données de l’Anses, 98% des Français âgés de 12 ans et plus disposent d’un téléphone mobile, et 91% d’entre eux utilisent un smartphone. L’évolution rapide des usages transforme profondément les modes d’exposition aux ondes radiofréquences.

Comment les usages des technologies sans fil ont-ils évolué ?

D’un côté, les appels vocaux classiques reculent, au profit du haut-parleur et des oreillettes, ce qui réduit l’exposition directe de la tête. De l’autre, les usages numériques explosent : navigation en mobilité, vidéos, réseaux sociaux… L’essor de la 4G et de la 5G, combiné à la densification du réseau d’antennes, accompagne et amplifie ces nouveaux comportements.

Selon l’Anses, ces mutations modifient en profondeur « l’exposition de la population aux ondes radiofréquences ». Elles justifient donc une vigilance renforcée et un suivi régulier des niveaux d’exposition réels.

Une augmentation de l’exposition environnementale

Selon le rapport de l’Anses, la densification du réseau d’antennes relais provoque « une augmentation progressive de l’exposition aux radiofréquences dans l’environnement », un phénomène particulièrement marqué dans les zones urbaines fortement équipées en infrastructures de télécommunication.

Parallèlement, l’essor massif des usages d’Internet en mobilité — vidéos, réseaux sociaux, streaming — contribue lui aussi à cette hausse de l’exposition. Les avancées technologiques et l’amélioration des réseaux favorisent mécaniquement ces pratiques intensives. Face à ces évolutions, l’Anses rappelle la nécessité d’« une vigilance continue et d’un suivi régulier des niveaux d’exposition réels des populations ». Dans un contexte où les usages se transforment à grande vitesse, le monitoring de l’exposition devient ainsi un enjeu majeur de santé publique.

Quelles précautions adopter face aux ondes radiofréquences ?

Les recommandations de l’Anses pour tous

L’Anses réaffirme ses recommandations en faveur d’un usage raisonné des technologies sans fil et invite à « privilégier un usage modéré du téléphone mobile ». Elle encourage également le recours aux dispositifs qui éloignent l’appareil du corps : oreillettes, haut-parleur ou kits mains libres.

L’Agence rappelle qu’il vaut mieux téléphoner dans une zone où la réception est bonne, car un signal faible pousse le téléphone à augmenter sa puissance d’émission, ce qui accroît l’exposition aux radiofréquences. Dans le même esprit, elle recommande de privilégier les connexions de qualité, et notamment d’utiliser « le Wi-Fi plutôt que les réseaux mobiles en intérieur ».

Une vigilance renforcée pour les enfants

L’Anses rappelle que les enfants doivent faire l’objet d’une vigilance renforcée. L’Agence maintient d’ailleurs « ses recommandations de prudence, en particulier pour les enfants », car leurs usages numériques peuvent entraîner d’autres effets sanitaires. Pour cette raison, toutes les solutions permettant d’éloigner le téléphone du corps sont à privilégier : utilisation du Wi-Fi, oreillettes, kits mains libres…

Quelles précautions adopter face aux ondes radiofréquences ?

Ces recommandations s’inscrivent dans une approche globale qui prend également en compte d’autres enjeux liés aux écrans, comme l’impact de la lumière bleue sur le sommeil ou les effets de la sédentarité chez les jeunes, étroitement associés au temps passé devant les smartphones.

Par ailleurs, l’Anses publiera début 2026 une expertise consacrée aux effets des réseaux sociaux numériques sur les adolescents. Cette nouvelle étude viendra compléter ses travaux sur les radiofréquences et éclairer plus largement les risques potentiels liés aux usages numériques chez les plus jeunes.

Mesures de précaution recommandées par l'Anses face aux ondes radiofréquences
Mesures de précaution recommandées par l’Anses face aux ondes radiofréquences

Quelles recherches futures sur les ondes radiofréquences ?

Harmoniser les protocoles et poursuivre la surveillance

L’Anses formule plusieurs recommandations précises pour orienter les recherches à venir. Elle invite d’abord à harmoniser les protocoles expérimentaux, en particulier entre les études réalisées chez l’animal et celles portant sur les mécanismes biologiques, afin de renforcer la comparabilité des résultats.

L’Agence souligne également la nécessité de poursuivre la surveillance épidémiologique, notamment en continuant d’observer les liens possibles entre exposition aux radiofréquences et cancers grâce aux registres spécialisés. Elle insiste aussi sur l’importance de financer durablement les grandes cohortes, comme l’étude COSMOS, essentielles pour suivre les effets sur le long terme.

Par ailleurs, l’Anses recommande de mieux documenter les usages réels des technologies sans fil, afin de caractériser plus finement l’exposition de la population dans le temps. Elle demande également une exploitation plus approfondie des données existantes sur l’exposition, estimant que la limiter doit rester un objectif central.

Évaluer les effets sur la fertilité

L’Anses recommande de réévaluer les effets des ondes radiofréquences sur la fertilité. « Plusieurs nouvelles études suggèrent des effets sur la fertilité », indique son rapport. Ce qui justifie d’examiner plus en détail ces impacts potentiels, tant chez les hommes que chez les femmes.

Le manque de données solides appelle à renforcer les recherches dans ce domaine. Les publications récentes évoquées par l’Agence constituent des signaux qui méritent un approfondissement, comme le souligne son expertise dédiée aux radiofréquences.

L’Anses oriente désormais ses travaux vers des effets sanitaires précis. Face à l’augmentation du nombre d’études sur les ondes radiofréquences, cette approche plus ciblée permet d’affiner les connaissances, en examinant chaque type d’effet potentiel repéré par la recherche scientifique.

Isabelle DAHAN

Isabelle DAHAN

Rédactrice en chef de Monimmeuble.com. Isabelle DAHAN est consultante dans les domaines de l'Internet et du Marketing immobilier depuis 10 ans. Elle est membre de l’AJIBAT www.ajibat.com, l’association des journalistes de l'habitat et de la ville. Elle a créé le site www.monimmeuble.com en avril 2000.

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