Face à la crise du logement qui sévit, l’heure est à l’innovation. Cinq associations majeures du secteur — l’Afev, Cohabilis, Habitat Participatif France, l’Unafo et la fédération Soliha — unissent leurs forces pour une cause commune : démocratiser l’habitat partagé. Véritable alternative aux modèles classiques, ce concept prône un “vivre-ensemble” enrichissant et se pose en solution à la montée des inégalités d’accès au logement. Ces acteurs engagés appellent donc à une prise de conscience collective et à l’élaboration d’une politique publique ciblée.
Vers une révolution dans le domaine du logement social
En cette période de crise du logement, marquée par une demande en hausse constante pour des alternatives de logements sociaux, une nouvelle voie se dessine. Afev, Cohabilis, Habitat Participatif France, l’Unafo et la fédération Soliha ne se contentent pas d’agir chacun dans leur coin. Ils se sont réunis récemment au Congrès HLM de Nantes, brisant ainsi les barrières institutionnelles. En effet, ils souhaitent jeter les bases d’une nouvelle culture de l’habitat. Au cœur de cette vision ? L’habitat participatif, qui va au-delà de la simple notion de logement pour toucher à l’essence même du “vivre-ensemble”.
Contexte actuel : des chiffres qui ne mentent pas
Selon l’Union sociale pour l’habitat (USH), un Français sur deux a déjà vécu ou vit actuellement dans un logement social. Cependant, seuls 85 000 nouveaux logements sociaux sont prévus pour 2023. Ce chiffre contraste nettement avec les besoins réels. Ces derniers sont estimés à environ 198 000 logements par an, comme le souligne Emmanuelle Cosse, présidente de l’USH. Dans ce cadre, l’habitat participatif se pose en alternative viable et urgente.
- Déficit de logements. seulement 85 000 nouveaux logements sociaux pour 2023 contre 198 000 nécessaires.
- Crise du logement. Un Français sur deux concerné.
Les diverses formes de l’habitat partagé : une palette de solutions
Non seulement l’habitat participatif permet de répondre à la pénurie de logements, mais il offre également d’autres modèles d’habitation, tels que :
- Les cohabitations intergénérationnelles
- Les colocations à projets solidaires
- Les résidences intergénérationnelles
Il s’agit donc d’un ensemble de formules qui embrassent la diversité des besoins et des aspirations des habitants, tout en renforçant le lien social.
Qu’est-ce que la cohabitation intergénérationnelle solidaire ?
Si l’habitat participatif brille par sa diversité, la cohabitation intergénérationnelle solidaire se démarque par sa simplicité et son humanisme. Instituée par la Loi Elan en 2018, ce modèle d’habitat partagé fait appel à l’échange et à l’entraide entre deux générations que tout semble séparer. Pour autant, il est encadré juridiquement pour le bien-être de chacun.
> Consultez notre article sur : “Cohabitation intergénérationnelle : un passage à l’acte mitigé pour les plus de 60 ans”
Contrairement à d’autres formes d’hébergement, la cohabitation intergénérationnelle solidaire ne vise pas à répondre à une urgence. C’est une démarche réfléchie, adaptée selon les besoins de chacun. Le binôme, composé d’un sénior et d’un jeune adulte, est suivi à chaque étape par une structure locale spécialisée.
N’importe quel étudiant ou personne active de moins de 30 ans et toute personne de 60 ans et plus, locataire ou propriétaire, peuvent se lancer dans ce dispositif. Pour les locataires, notamment dans un logement social, une simple information au propriétaire suffit, sans qu’une autorisation soit nécessaire.
Les colocations à projets solidaires : plus qu’un toit, une mission sociale dans les quartiers populaires
Les colocations à projets solidaires offrent une alternative enrichissante. Ces logements, destinés aux jeunes de moins de 30 ans sont une solution d’hébergement économique. Mais, ils incarnent aussi un engagement envers les quartiers populaires. Depuis 2009, ces colocations transforment la notion de “vivre ensemble” en une mission quotidienne de solidarité et d’intégration.
Ainsi, les colocataires de Kaps, souvent étudiants, jeunes actifs ou engagés en Service Civique, s’impliquent dans des projets communautaires au cœur de leur quartier. Ces projets sont conçus pour renforcer le lien social et encourager la dynamique locale. L’accompagnement de l’Afev garantit une intégration réussie et une formation adéquate pour mener à bien ces actions solidaires.
Les avantages pratiques des colocations Kaps :
- Capacité et Conception : les appartements, de 3 à 6 chambres, sont aménagés pour faciliter les échanges.
- Équipements : la moitié des appartements sont meublés et équipés, permettant une installation aisée.
En transformant la cohabitation en un acte de solidarité, les colocations à projets solidaires redéfinissent le concept d’habitat partagé. Une expérience qui permet de s’engager dans la société d’une manière unique et gratifiante.
L’habitat intergénérationnel : un nouveau modèle d’habitat partagé
L’habitat intergénérationnel est une vision inclusive et solidaire de la cohabitation. Les bailleurs sociaux sont à l’origine de ce modèle de logement. Ces espaces résidentiels sont conçus en collaboration avec des associations ou des investisseurs privés pour répondre aux besoins de chaque tranche d’âge.
> Consultez notre article sur : “Quelles sont les attentes des seniors en matière d’habitat inclusif ?”
De fait, l’habitat intergénérationnel s’adresse à tous : des étudiants aux familles en passant par les personnes âgées. Ces dernières peuvent notamment y trouver un cadre de vie sécurisant et stimulant. Typiquement, un immeuble intergénérationnel se compose en parts égales d’appartements pour étudiants, familles, et personnes âgées. Ainsi, chaque segment d’âge bénéficie de logements adaptés en termes de surface et d’agencement.
Les valeurs et ambitions de l’habitat intergénérationnel :
- Solidarité et proximité. Favoriser l’échange entre les générations et entre voisins.
- Lutte contre l’isolement. Créer une dynamique de quartier qui bénéficie surtout aux étudiants et aux personnes âgées.
- Qualité de vie. Offrir un environnement plus agréable et sûr à tous les habitants.
Appel à l’action : soutenir le développement de l’habitat partagé
L’heure est venue pour les pouvoirs publics de prêter attention à cette forme émergente d’habitat partagé. Les cinq acteurs associatifs recommandent :
- La mise en place de prestations sociales adaptées.
- Une révision cohérente des lois sur l’habitat.
Les décideurs sont ainsi invités à repenser la production de logements au-delà des simples mètres carrés. L’habitat participatif doit être intégré dans les divers plans d’urbanisme et de cohésion territoriale.
Pourquoi l’habitat partagé est la solution de demain ?
L’habitat partagé n’est pas qu’une simple alternative. En effet, il est une réponse sociale, citoyenne, économique et écologique à une série de problèmes auxquels la société est confrontée :
- Mixité sociale : favoriser la cohabitation entre différentes classes sociales.
- Adaptabilité : répondre aux besoins changeants des habitants et de la société.
Dès lors, repenser notre approche du logement n’est pas un choix, mais une nécessité. Les cinq acteurs associatifs nationaux appellent à une action concrète pour encourager le développement de ces solutions d’habitats partagés. Ces solutions incarnent le “vivre-ensemble” et répondent aux défis majeurs de notre époque en matière de logement.
Au-delà des modèles traditionnels, saisissons cette occasion pour innover dans un secteur aussi crucial que celui du logement. Ainsi, l’habitat partagé peut très bien être la clé qui ouvrira la porte à un avenir plus inclusif et solidaire.
