Le marché immobilier français traverse une crise sans précédent. Le compte du logement 2024, publié le 20 novembre 2025 par le SDES, révèle un paradoxe inquiétant : alors que la dépense nationale atteint 618,9 milliards d’euros (+1,6 %), l’activité immobilière s’effondre de 10,5%. Les ménages consacrent toujours plus d’argent au logement (+4,6% pour les dépenses courantes), mais l’investissement chute brutalement de 6,6%. Taux d’intérêt en hausse, crédit immobilier en recul de 14,2%, transactions dans l’ancien en baisse de 9,3% : les chiffres sont alarmants. Même les aides publiques, pourtant essentielles, diminuent à 43,1 milliards d’euros. Décryptage complet des données officielles du compte du logement 2024 et de leurs impacts sur votre pouvoir d’achat immobilier.
Sommaire :
- Quelle est la dépense nationale consacrée au logement en 2024 ?
- Comment évolue le parc de logements français ?
- Pourquoi les dépenses courantes augmentent-elles autant ?
- Que révèle l’effondrement de l’activité immobilière ?
- Comment évoluent les aides au logement en 2024 ?
- Quels sont les prélèvements fiscaux sur le logement ?
À retenir – Compte du logement 2024
- La dépense nationale de logement atteint 618,9 milliards d’euros en 2024, soit 21,2% du PIB français.
- L’activité immobilière s’effondre de 10,5% à 337,7 milliards d’euros, pénalisée par la hausse des taux d’intérêt.
- Le parc de logements compte 38,3 millions de logements ordinaires, dont 57% occupés par des propriétaires.
- Les aides au logement diminuent de 1,1% à 43,1 milliards d’euros malgré les besoins croissants des ménages.
- Les prélèvements fiscaux atteignent 99,2 milliards d’euros, dominés par la taxe foncière et la TVA.
Quelle est la dépense nationale consacrée au logement en 2024 ?
Une progression modérée à 618,9 milliards d’euros
Le compte du logement 2024 révèle que la dépense nationale atteint 618,9 milliards d’euros, soit 21,2% du PIB français. Cette progression de 1,6% sur un an marque un net ralentissement après le rebond post-crise sanitaire. L’inflation se limite à 2,1% en 2024, contre des niveaux bien supérieurs en 2022 et 2023. Toutefois, cette modération n’a pas relancé le secteur immobilier, confronté à des conditions de financement difficiles.
Des dépenses courantes en hausse, un investissement en berne
Les dépenses courantes progressent de 4,6% pour atteindre 461 milliards d’euros. Cette hausse s’explique par l’inflation des loyers et des charges énergétiques. À l’inverse, les dépenses en capital chutent de 6,6% à 158 milliards d’euros. Le compte du logement 2024 met en évidence cette dichotomie entre besoins croissants et capacités d’investissement affaiblies.
Comment évolue le parc de logements français ?
38,3 millions de logements ordinaires au 1er juillet 2024
Le compte du logement 2024 recense 38,3 millions de logements ordinaires au 1er juillet 2024, en progression de 0,8%. Un logement ordinaire désigne un logement destiné à l’habitation principale, secondaire ou vacant, par opposition aux “locaux d’hébergement collectif”.
Les résidences principales représentent 82,5% du parc (31,6 millions), les résidences secondaires 9,8% (3,75 millions) et les logements vacants 7,7% (2,95 millions). Parmi les résidences principales, 57% sont occupées par des propriétaires, 25% par des locataires du secteur privé et 18% par des locataires du secteur social.
1,1 million de places en hébergement collectif
Le rapport recense 1,1 million de places en hébergement collectif (+0,8%). Les maisons de retraite concentrent 58% de ces places (638 000), les structures sociales et médico-sociales 28% (308 000), les résidences universitaires 7% (77 000) et les foyers de travailleurs 7% (77 000).

Pourquoi les dépenses courantes augmentent-elles autant ?
455,4 milliards d’euros de dépenses pour se loger
Les dépenses courantes s’élèvent à 455,4 milliards d’euros en 2024 (445,5 milliards pour les logements ordinaires et 10 milliards pour l’hébergement collectif). Les loyers équivalents des propriétaires occupants représentent 215 milliards d’euros, soit près de la moitié du total. Les loyers réels des locataires atteignent 95 milliards d’euros, en hausse continue sous l’effet de l’indexation sur l’IRL. Le logement constitue ainsi le premier poste de dépenses des ménages français.
L’énergie pèse lourdement sur les budgets
Les dépenses énergétiques s’établissent à 65 milliards d’euros en 2024. Les autres charges représentent 86 milliards d’euros supplémentaires (entretien, assurances, copropriété). La TVA sur l’énergie et les charges génère 15,1 milliards d’euros de recettes fiscales, tandis que les taxes sur l’énergie rapportent 5,3 milliards d’euros. Ces prélèvements démontrent le poids fiscal considérable qui s’ajoute aux dépenses courantes.
Que révèle l’effondrement de l’activité immobilière ?
Une chute de 10,5% à 337,7 milliards d’euros
L’activité immobilière connaît une forte baisse de 10,5% pour s’établir à 337,7 milliards d’euros en 2024. Cette contraction s’explique par plusieurs facteurs : hausse des taux d’intérêt (environ 4% pour un crédit sur 20 ans), ralentissement du crédit immobilier (-14,2%) et incertitudes économiques. Le rapport documente cette crise sans précédent depuis 2008. Les primo-accédants sont particulièrement impactés par des taux prohibitifs et des critères bancaires durcis.
Transactions dans l’ancien et construction neuve en recul
Les transactions dans l’ancien diminuent de 9,3% en volume. L’investissement en logements neufs recule plus brutalement de 12,8% pour atteindre 72 milliards d’euros, niveau historiquement bas. Seul point positif : les gros travaux progressent de 2,3% à 67 milliards d’euros, témoignant d’un report vers la rénovation. La TVA sur le neuf génère 6,3 milliards d’euros (-9,6%), tandis que la TVA entretien-rénovation rapporte 5,7 milliards d’euros.
Comment évoluent les aides au logement en 2024 ?
43,1 milliards d’euros d’aides en baisse de 1,1%
Les aides au logement totalisent 43,1 milliards d’euros en 2024, en recul de 1,1%. Les aides aux occupants s’élèvent à 22,5 milliards d’euros (-2,4%), tandis que les aides aux propriétaires atteignent 20,6 milliards d’euros (+0,4%).
Cette diminution s’explique par la suppression progressive du chèque énergie et le recul de MaPrimeRénov’ (1,9 milliard d’euros), victime de restrictions budgétaires. Les avantages PTZ s’élèvent également à 1,9 milliard d’euros.
Répartition sectorielle des aides
Le secteur locatif social capte 40% des aides (17,2 milliards d’euros), le secteur locatif privé 29% (12,5 milliards), les propriétaires occupants 20% (8,6 milliards) et l’hébergement collectif 11% (4,7 milliards). Les APL représentent 15,9 milliards d’euros, principal dispositif d’aide. Les avantages fiscaux atteignent 13 milliards d’euros, en hausse grâce à la remontée des taux qui rend attractifs les dispositifs Pinel et Denormandie.
Quels sont les prélèvements fiscaux sur le logement ?
99,2 milliards d’euros de taxes et prélèvements
Les prélèvements fiscaux liés au logement atteignent 99,2 milliards d’euros en 2024 (+2,8%), soit 7,9% des prélèvements obligatoires français. Ils se répartissent en quatre catégories : 45,3 milliards sur la propriété (+6,8%), 25,8 milliards sur l’occupation (+17,4%), 15,1 milliards sur l’investissement (-9,6%) et 13 milliards sur les transactions (-15,7%).

Taxe foncière et TVA : les principaux contributeurs
La taxe foncière sur les propriétés bâties s’élève à 30,5 milliards d’euros (+6,8%), en forte hausse pour compenser la suppression de la taxe d’habitation. Cette augmentation pèse sur les propriétaires bailleurs qui répercutent souvent la charge sur les loyers. La TVA représente 29,4 milliards d’euros, deuxième poste de prélèvements. Les DMTO chutent de 15,7% à 11,2 milliards d’euros, victimes de l’effondrement des transactions. Cette baisse met en lumière les difficultés budgétaires des départements et la vulnérabilité des finances locales face aux cycles immobiliers.

