Selon le médiateur de l’énergie, les interventions pour impayés des factures d’énergie ont augmenté de 17% par rapport à 2019. Face à la flambée des prix de l’énergie, 25 % des Français peinent à payer leur facture de gaz ou d’électricité. D’autant que la situation risque de s’aggraver en 2022 avec pour effet des réductions de puissance, voire des coupures d’électricité pour les ménages les plus précaires.
Les interventions suite aux impayés des factures d’énergie augmentent
En 2021, on comptabilise plus de 785000 interventions de fournisseurs d’énergie pour impayés. Or ces interventions sont le plus souvent radicales. Dans un premier temps, elles consistent à limiter la puissance en électricité. Mais, elles peuvent se transformer en suspension de l’alimentation en électricité ou gaz.
Source : Le médiateur national de l’énergie
Ce chiffre confirme la difficulté des ménages les plus précaires à payer leurs factures d’énergie. Alors qu’en 2020, ils ont pu bénéficier d’un allongement de la trêve hivernale de 3 mois compte tenu de la crise sanitaire. Et, en 2021, à nouveau de 2 mois pour les mêmes raisons.
En effet, rappelons que la trêve hivernale a lieu du 1er novembre au 1er avril sauf en cas de prolongement. En effet, ces quelques mois correspondent à la période de chauffe. Aussi, les fournisseurs ne sont pas autorisés à couper l’électricité ou le gaz en cas d’impayés.
Pour autant, en septembre 2021, les résultats du baromètre énergie-info nous alertait sur le fait que 25% des consommateurs rencontraient des difficultés. Ils n’arrivaient plus à payer leurs factures d’énergie, de gaz ou d’électricité. De même, 20% des Français déclaraient avoir souffert du froid dans leur logement pendant l’hiver pour des raisons financières.
Réduction de la puissance d’alimentation en électricité : +64 % par rapport à 2019
Pour faire face aux impayés, les fournisseurs prennent des mesures radicales. Ainsi, pour obtenir le règlement des factures d’énergie, certains sont prêts à suspendre la fourniture d’énergie ou à résilier les contrats. Jusque-là cette pratique était même généralisée. Toutefois, de plus en plus de fournisseurs privilégient les réductions de puissance avant d’opérer d’éventuelles coupures.
Source : Le médiateur national de l’énergie
C’est pourquoi, les interventions en réduction de puissance d’alimentation en électricité ont fortement augmenté en 2021. On note une hausse de 64 % par rapport à 2019. D’autant plus que ce type d’intervention ne nécessite pas le déplacement d’un technicien. Désormais avec le compteur Linky, les réductions de puissance se réalisent à distance.
Bien que moins brutale, la réduction de la puissance à des conséquentes immédiates pour ces ménages déjà fragilisés. Certes, ces derniers ne payent plus les factures d’énergie, mais ce n’est pas une raison pour les mettre dans le noir. Puisqu’ils peuvent se retrouver du jour au lendemain, sans lumière, sans accès à internet, sans chauffage, etc. Car, pour vivre dans un confort acceptable avec sa famille, un certain niveau de consommation électrique est indispensable.
Alors, quelle est la consommation électrique moyenne par an d’une personne en France ? Elle est de 2 240 kW, soit 6kW par jour pour les particuliers. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, elle ne dépend pas que du nombre d’occupants du logement. Cette consommation va varier selon la taille du logement et l’équipement en appareils ménagers et électroniques.
Pour un droit à une alimentation minimale en électricité toute l’année
Rappelons que pour faire face à l’augmentation des prix de l’énergie, le Gouvernement a déjà pris certaines mesures. Ainsi pour éviter les impayés de factures d’énergie, il a mis en place le bouclier tarifaire et le chèque-énergie complémentaire.
Pour autant, comme le souligne le médiateur national de l’énergie, l’électricité est un produit de première nécessité. Aussi, il demande aux fournisseurs de mettre fin aux coupures d’électricité. Ce phénomène est bien une réalité dans notre pays puisque l’on compte pas moins de 254422 coupures en 2021 !
Face à ce triste constat, la solution, serait alors d’instaurer un droit à une alimentation minimale en électricité toute l’année.
“ une dégradation de la situation financière d’un certain nombre de nos concitoyens met en évidence la nécessité de prévoir des mécanismes de protection des foyers les plus précaires. Nous devons mettre un terme aux coupures d’électricité pour impayés, en assurant un droit d’accès minimal à l’électricité toute l’année.” – Olivier CHALLAN BELVAL, médiateur national de l’énergie.
EDF ne coupera plus l’électricité de ses mauvais payeurs
En réponse à cet appel, EDF a communiqué sur le fait qu’il ne coupera plus l’électricité de ses clients défaillants. Ainsi, le fournisseur s’engage à donner l’accès à un niveau minimum de courant dans le logement. Ceux qui n’arrivent plus à payer les factures d’énergie obtiendront une puissance réduite à 1 kVA. Soit l’équivalent de 1000 watts tout au long de l’année.
Toutefois, il ne faut pas confondre le kW avec le kVA. En effet, ce dernier représente la charge maximale supportée par le compteur électrique. Or, cette puissance s’adapte à la taille du logement et aux installations électriques. Aussi, si l’on considère que 3kVA peut suffire pour un petit logement, la puissance atteindra facilement 6kVA pour une famille de 3 personnes vivant dans 60 m².
On se rend bien compte qu’une puissance de 1 kVA est largement insuffisante pour assurer des besoins essentiels de la vie quotidienne ! Souhaitons que l’ensemble des acteurs puissent s’entendre pour proposer une solution satisfaisante et durable pour en finir avec les impayés de factures d’énergie. Car, la perspective de la progression rapide des prix de l’énergie met en évidente l’urgence de la situation…