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Energie

3,9 millions de passoires énergétiques en France : -12 % en un an

3,9 millions de passoires énergétiques en France : -12 % en un an

Bonne nouvelle sur le front de la rénovation énergétique. La France compte désormais 3,9 millions de passoires énergétiques au 1er janvier 2025, soit 327 000 de moins qu’un an auparavant. Cette baisse de 12% marque un tournant dans la lutte contre les logements énergivores. L’Observatoire national de la rénovation énergétique (ONRE) dévoile dans son rapport de novembre 2025 des chiffres encourageants. Mais, derrière ces statistiques globales se cachent d’importantes disparités. Les logements chauffés au fioul affichent un taux alarmant de 42% de passoires. L’Île-de-France concentre 17,4% de logements classés F ou G. Et une nouvelle réforme prévue en 2026 pourrait faire sortir 700 000 logements supplémentaires de cette catégorie. Décryptage des données officielles du SDES et de l’Ademe pour comprendre où en est vraiment la France dans sa transition énergétique.


Sommaire :


Quelle est la situation des passoires énergétiques en France ?

Le parc immobilier français se compose de 30,9 millions de résidences principales au 1er janvier 2025. Ces données proviennent de l’Observatoire national de la rénovation énergétique (ONRE). Parmi ces logements, les passoires énergétiques représentent 3,9 millions d’unités, soit 12,7 % du parc total. Ces logements classés F ou G au DPE consomment une quantité excessive d’énergie. Par ailleurs, ils émettent des gaz à effet de serre importants.

La répartition des étiquettes énergétiques a été établie par le Service des données et études statistiques (SDES). Cette analyse s’appuie sur les DPE collectés par l’Ademe entre octobre 2024 et mars 2025. Les résultats montrent que 33,7% des résidences principales obtiennent un classement D. En outre, 27,2% obtiennent un classement C et 17,8% un classement E. En revanche, les logements performants (étiquettes A et B) ne représentent que 8,6% du parc. Plus précisément, on compte 3,3% d’étiquettes A et 5,3% d’étiquettes B.

Si l’on élargit le périmètre à l’ensemble du parc immobilier français, le constat change légèrement. En incluant les résidences secondaires et les logements vacants, ce sont 37,4 millions de logements qui sont recensés. Parmi eux, 5,4 millions sont des passoires énergétiques, soit 14,4% du parc total.

Répartition des résidences principales par étiquette DPE au 1er janvier 2025
Répartition des résidences principales par étiquette DPE au 1er janvier 2025

En définitive, cette situation témoigne des efforts restant à accomplir. L’objectif est d’améliorer la performance énergétique globale du parc immobilier français et d’atteindre les objectifs climatiques nationaux.

Comment évolue le nombre de passoires énergétiques ?

Entre le 1er janvier 2024 et le 1er janvier 2025, le nombre de passoires énergétiques a diminué de 327 000 logements. Ce constat ressort du rapport du SDES. Cette baisse de 7,7% s’inscrit dans une tendance pluriannuelle encourageante. En effet, depuis le 1er janvier 2023, ce sont 836 000 passoires énergétiques qui ont disparu du parc. Le nombre est ainsi passé de 4,75 millions (15,7% du parc) à 3,9 millions (12,7%).

La réforme du calcul du DPE pour les logements de moins de 40 m² explique en grande partie cette évolution. Entrée en vigueur le 1er juillet 2024, elle représente environ 38% de la baisse observée en un an. Concrètement, les nouveaux seuils de calcul ont permis à 160 000 appartements de sortir de la catégorie des passoires énergétiques. La part des logements classés F a ainsi diminué de 8,1% à 7,9%. Cela représente 60 000 logements en moins. Parallèlement, celle des logements G est passée de 5,7% à 4,8%, soit 267 000 logements en moins.

Par ailleurs, les logements très énergivores ont également diminué. Ces logements consomment plus de 450 kWh/m² par an en énergie finale. Leur part est passée de 1,5% à 1,4% du parc. Cette baisse correspond à 53 000 logements.

Au-delà de cet effet réglementaire, d’autres facteurs expliquent cette diminution. Notamment, les travaux de rénovation énergétique entrepris par les propriétaires jouent un rôle important. Ces travaux sont soutenus par un ensemble d’aides publiques. De plus, la construction de logements neufs performants contribue à cette baisse. Ces nouvelles constructions viennent remplacer les logements anciens démolis.

Baisse continue des passoires énergétiques en France sur deux ans
Baisse continue des passoires énergétiques en France sur deux ans

Quels sont les logements les plus énergivores ?

Les caractéristiques des passoires énergétiques

Les maisons individuelles affichent un taux de passoires énergétiques de 15,1%. Cela représente 2,57 millions de logements. Ce taux est supérieur à celui des appartements qui s’établit à 9,7%, soit 1,35 million d’unités. Ces calculs proviennent du SDES et s’appuient sur la base Fidéli 2022 et les DPE de l’Ademe.

Quels sont les logements les plus énergivores ?
Baisse continue des passoires énergétiques en France sur deux ans

La surface du logement influence fortement sa performance énergétique. Ainsi, 19,9% des logements de moins de 30 m² sont des passoires énergétiques. Cela concerne 337 000 logements. Pour les logements entre 30 et 60 m², le taux atteint 15,3% (1,015 million). Entre 60 et 100 m², il s’établit à 12,2% (1,695 million). En revanche, les logements de plus de 100 m² affichent seulement 9,9% de passoires, soit 868 000 logements.

Passoires énergétiques selon la surface du logement au 1er janvier 2025
Passoires énergétiques selon la surface du logement au 1er janvier 2025

L’ancienneté constitue également un facteur déterminant dans la performance énergétique des bâtiments. En effet, 26,7% des logements construits avant 1948 sont classés F ou G. De même, 18,3% de ceux construits entre 1948 et 1974 appartiennent à cette catégorie. Ces logements anciens concentrent une part importante d’étiquettes G. Plus précisément, 11,7% du parc construit avant 1948 et 6,3% de celui construit entre 1948 et 1974 portent cette étiquette.

À l’inverse, les constructions postérieures à 2013 sont majoritairement performantes. Elles affichent 23,7% de logements classés A et 23,5% classés B. Ce résultat témoigne de l’efficacité des réglementations thermiques successives. Notamment, les RT 2005, RT 2012 et RE 2020 ont contribué à cette amélioration. Cette répartition illustre l’impact positif des normes de construction. Ces normes ont été mises en place progressivement depuis le milieu des années 1970. Leur origine remonte au premier choc pétrolier.

L’influence de l’énergie de chauffage

L’énergie principale utilisée pour le chauffage détermine largement la classe énergétique du logement. En effet, le DPE intègre depuis 2021 : la consommation énergétique ainsi que les émissions de gaz à effet de serre.

Les logements chauffés au fioul présentent le taux de passoires énergétiques le plus alarmant. Selon les données du rapport ONRE, 41,8% sont classés F ou G. Cela concerne 1,098 million de logements. Par ailleurs, 67% de ces logements obtiennent une étiquette E, F ou G. Cette situation s’explique par les émissions importantes de CO2 du fioul. En effet, ces émissions pèsent lourdement dans le calcul du volet climat du DPE.

Passoires énergétiques selon l'énergie principale de chauffage au 1er janvier 2025
Passoires énergétiques selon l’énergie principale de chauffage au 1er janvier 2025

Les autres énergies affichent des résultats nettement meilleurs. Ainsi, les logements chauffés au gaz présentent un taux de 9,1% de passoires énergétiques, soit 993 000 logements. Ceux chauffés au bois ou par réseau de chaleur atteignent 10,4%, soit 543 000 logements. Enfin, les logements à l’électricité affichent 10,6%, soit 1,282 million de logements.

Les logements électriques sont les plus performants en matière d’étiquettes A ou B. Ils en comptent 14,6%. De même, ceux chauffés au bois ou par réseau de chaleur affichent 14,1% de logements classés A ou B. En revanche, les logements chauffés au gaz ou au fioul sont quasiment absents des meilleures classes énergétiques. Cela témoigne de l’impact du critère climatique dans le classement DPE.

Comment se répartissent les passoires énergétiques selon le statut d’occupation ?

Le parc locatif privé concentre 1,1 million de passoires énergétiques

Des taux variables selon le type de logement

Le parc locatif privé compte 1,147 million de passoires énergétiques. Cela représente 13,8% de ce secteur qui totalise 8,3 millions de logements. Ce taux est légèrement inférieur à celui des propriétaires occupants. En effet, ces derniers affichent 14%, soit 2,485 millions de passoires sur 17,75 millions de logements.

Parmi le parc locatif privé, les maisons individuelles sont plus touchées. Elles présentent 18,1% de passoires énergétiques, soit 453 000 logements. À l’inverse, les appartements affichent 12%, soit 694 000 logements.

Au sein des appartements locatifs privés, une distinction apparaît. Les immeubles en monopropriété présentent un taux légèrement supérieur. Ils atteignent 13,8%, soit 249 000 logements. En comparaison, les copropriétés affichent 11%, soit 445 000 logements.

L’impact positif de la réforme du DPE

La réforme du DPE pour les petites surfaces a particulièrement bénéficié au parc locatif. Entre janvier 2024 et janvier 2025, le taux de passoires énergétiques y a diminué de 2,1 points. En revanche, pour les propriétaires occupants, la baisse n’a été que de 0,6 point. Cette différence s’explique par la proportion plus importante de petits logements dans le parc locatif. En effet, 14% mesurent moins de 30 m². À titre de comparaison, cette proportion n’est que de 5% dans l’ensemble des résidences principales.

Les logements très énergivores sont estimés à 105 000 dans le parc locatif privé. Ces logements consomment plus de 450 kWh/m² par an. Ce chiffre est en baisse par rapport aux 119 000 de janvier 2024.

Une inégalité sociale préoccupante

Le rapport du SDES révèle également une inégalité sociale importante. Les locataires les plus modestes sont davantage exposés aux passoires énergétiques. Ainsi, 16% des locataires du premier décile de revenus occupent une passoire énergétique. Ce taux tombe à 12% dans le huitième décile. Cette situation aggrave donc la précarité énergétique des ménages aux revenus les plus faibles.

Le profil des propriétaires bailleurs

Les passoires énergétiques du parc locatif privé appartiennent majoritairement à des propriétaires âgés. En effet, 17,7% des logements possédés par des propriétaires de plus de 80 ans sont des passoires. Ce taux descend à 13,4% pour les 50-80 ans. Par ailleurs, les trois quarts des logements du parc locatif privé appartiennent à des personnes physiques. Parmi ces propriétaires, 61% sont âgés de 50 à 80 ans. De plus, 13% ont plus de 80 ans.

Le parc social reste nettement plus performant

Le parc locatif social affiche des performances énergétiques bien supérieures au parc privé. En effet, seulement 5,8% des logements sociaux sont des passoires énergétiques. Cela représente 284 000 logements sur 4,9 millions d’unités au total. Ce taux est presque trois fois inférieur à celui du parc locatif privé.

Cette meilleure performance s’explique par plusieurs facteurs. D’abord, les bailleurs sociaux mènent des politiques de rénovation plus volontaristes. Ces politiques sont encouragées par des obligations réglementaires strictes. Ensuite, le parc social est plus récent ou a bénéficié de rénovations.

Les logements très énergivores sont nettement moins nombreux dans le parc social. Ils ne représentent que 23 000 unités dans le parc social. En comparaison, on en compte 105 000 dans le parc locatif privé et 292 000 chez les propriétaires occupants. La baisse des passoires dans le parc social entre 2024 et 2025 a été significative. Elle atteint 19%, passant de 351 000 à 284 000 logements. Cela correspond à une diminution de 67 000 unités.

Taux de passoires énergétiques selon le statut d'occupation au 1er janvier 2025
Taux de passoires énergétiques selon le statut d’occupation au 1er janvier 2025

Quelles sont les disparités territoriales des passoires énergétiques ?

L’Île-de-France présente la situation la plus préoccupante. Cette région affiche 17,4% de passoires énergétiques parmi ses résidences principales. Le total des logements classés E, F et G atteint 39,8% dans cette région. Autrement dit, près de 2 logements sur 5 sont fortement énergivores.

Cette concentration s’explique principalement par la part importante de petits logements. En Île-de-France, 43,3% des logements font moins de 60 m². À titre de comparaison, la moyenne nationale est de 25%. Or, ces petites surfaces présentent des taux de passoires énergétiques nettement supérieurs à la moyenne.

D’autres régions figurent également parmi les plus touchées. La Bourgogne-Franche-Comté, les Hauts-de-France et la Normandie affichent des taux de passoires énergétiques supérieurs à la moyenne nationale. Ces territoires se caractérisent par plusieurs facteurs défavorables. D’une part, ils possèdent un bâti ancien souvent mal isolé. D’autre part, ils comptent une proportion importante de logements chauffés au fioul ou au gaz.

À l’inverse, certaines régions présentent de meilleurs résultats. La Corse, l’Occitanie et la Provence-Alpes-Côte d’Azur affichent les taux de passoires énergétiques les plus faibles du territoire métropolitain.

Ces disparités régionales reflètent plusieurs réalités. Elles s’expliquent par des différences dans l’ancienneté du bâti et les modes de chauffage utilisés. Par ailleurs, les conditions climatiques influencent les besoins de chauffage. Enfin, les dynamiques démographiques et économiques locales jouent également un rôle.

Quel sera l’impact de la réforme du coefficient électrique en 2026 ?

Une modification majeure du calcul du DPE entrera en vigueur le 1er janvier 2026. Cette réforme est prévue par l’arrêté du 13 août 2025. Le coefficient de conversion en énergie primaire de l’électricité passera de 2,3 à 1,9.

Cette révision vise à mieux refléter les spécificités du bouquet électrique français. En effet, ce dernier est largement décarboné grâce au nucléaire et aux énergies renouvelables. Le nucléaire représente environ 70% de la production électrique. S’y ajoutent l’hydroélectricité, l’éolien et le photovoltaïque.

Le coefficient de 1,9 correspond à la valeur par défaut fournie par l’Union européenne. Il prend en compte le rendement moyen de la production électrique française.

Selon les simulations détaillées du SDES, cette modification aura un impact important. Environ 700 000 résidences principales supplémentaires sortiraient du statut de passoires énergétiques. Le taux global passerait ainsi de 12,7% à 10,4% au 1er janvier 2025 si cette réforme était déjà appliquée. Cela représente une baisse de 2,2 points.

Impact simulé de la réforme du coefficient électrique (2026) au 1er janvier 2025
Impact simulé de la réforme du coefficient électrique (2026) au 1er janvier 2025

Cette modification bénéficiera principalement aux logements chauffés à l’électricité. Actuellement, 1,282 million de ces logements sont classés F ou G. Avec la réforme, leur taux de passoires énergétiques chuterait de 10,6% à 5,8%. Cela représente 582 000 logements en moins dans cette catégorie. En revanche, les logements chauffés au gaz, au fioul ou au bois seront peu impactés. En effet, leur coefficient de conversion (égal à 1) reste inchangé.

Cette réforme devrait ainsi faciliter l’atteinte des objectifs de décence énergétique. Ces objectifs ont été fixés par la loi Climat et Résilience. Par ailleurs, elle valorisera les choix énergétiques moins émetteurs de CO2.

Isabelle DAHAN

Isabelle DAHAN

Rédactrice en chef de Monimmeuble.com. Isabelle DAHAN est consultante dans les domaines de l'Internet et du Marketing immobilier depuis 10 ans. Elle est membre de l’AJIBAT www.ajibat.com, l’association des journalistes de l'habitat et de la ville. Elle a créé le site www.monimmeuble.com en avril 2000.

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