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Assainissement en copropriété : comment prévenir les dégâts invisibles ?

Assainissement en copropriété : comment prévenir les dégâts invisibles ?

Depuis 1872, l’entreprise Ch. Lavillaugouet veille à la santé des sous-sols parisiens. Dans un entretien exclusif, Éric Lavillaugouet, cinquième génération aux commandes, alerte sur un mal discret mais redoutable : les fuites non détectées dans les réseaux enterrés. Ces défaillances, invisibles à l’œil nu, menacent la stabilité des immeubles et engendrent des coûts colossaux pour les copropriétaires. Cette interview lève le voile sur les enjeux cruciaux de l’assainissement en copropriété, de l’évolution des normes à la responsabilité environnementale, en passant par l’impact des Jeux Olympiques sur les pratiques. Une prise de parole rare, directe, pour éclairer un secteur encore trop méconnu.


Sommaire :


Quelle est aujourd’hui votre mission ? Qu’est-ce qui vous distingue dans le domaine de l’assainissement en copropriété ?

Éric Lavillaugouet. Lavillaugouet est une entreprise spécialisée dans l’assainissement depuis cinq générations. Depuis sa création en 1872, notre cœur de métier n’a pas changé. Notre mission est claire : préserver les immeubles et éviter les sinistres coûteux causés par les réseaux enterrés défectueux. Nous intervenons exclusivement en copropriété et travaillons main dans la main avec les syndics. À ce jour, nous avons traité plus de 66 000 dossiers et produit 25 000 plans d’immeubles à Paris et dans le Grand Paris.

Ce qui nous différencie ? Une expertise ciblée, locale, exclusivement parisienne et francilienne. Mais aussi une fidélité à nos valeurs : conservation du patrimoine, exigence technique, rigueur, et accompagnement sur mesure. Et, surtout : un savoir-faire unique sur les travaux en milieu occupé. Nous mettons un point d’honneur à former nos équipes, à assurer un suivi précis et à intervenir dans le respect des occupants. Notre entreprise est aussi fortement assurée par la SMABTP, ce qui rassure les maîtres d’ouvrage.

Quelles sont les priorités techniques qu’un syndic ou un conseil syndical devrait adopter aujourd’hui ?

Éric Lavillaugouet. À partir de notre expérience de terrain, trois axes d’intervention s’imposent aujourd’hui si l’on veut réellement anticiper les risques et protéger durablement les immeubles en copropriété.

  • Le contrôle des réseaux enterrés. Beaucoup d’immeubles présentent des fuites qui, bien que non visibles, provoquent des affaissements, des fissures ou des déstabilisations structurelles. Le tout sans couverture d’assurance, car il s’agit souvent de défaut d’entretien.
  • La vérification par ballon obturateur. Contrairement à une inspection vidéo, le test d’étanchéité par ballon est la seule méthode permettant de vérifier la conformité des canalisations avec la réglementation sur les joints et la continuité du réseau.
  • Agir avant le sinistre. Chaque mois, nous sommes appelés pour des immeubles endommagés où la copropriété n’avait jamais contrôlé son réseau d’évacuation. Un immeuble peut accumuler plus d’un million d’euros de dégâts pour 100 000 euros d’assainissement non réalisé à temps. C’est fréquent, pas exceptionnel.
assainissement en copropriété
Réseau de tout-à-l’égout enterré et Fosse de relevage

Concrètement, comment accompagnez-vous les copropriétés, du diagnostic à l’exécution ?

Éric Lavillaugouet. Tout commence par une demande du syndic, qui fait appel à nous pour vérifier l’état du réseau d’assainissement. Cette démarche est essentielle car, je le rappelle, l’assainissement est rarement rénové dans la vie d’un immeuble. Une toiture est changée deux ou trois fois, le ravalement aussi, mais les réseaux souterrains ? Jamais. Nous réalisons alors un contrôle à l’aide d’un ballon obturateur. Si les canalisations fuient, nous identifions les zones à traiter, puis nous proposons une intervention adaptée : colmatage, réhabilitation, ou travaux plus lourds.

Avez-vous été confronté à des situations où l’absence de contrôle a mené à des conséquences graves pour une copropriété ?

?Oui, nous avons actuellement un cas réel où un syndic est mis en examen pour mise en danger d’autrui. Il n’a pas fait réaliser des travaux de réfection du réseau d’assainissement alors que des fuites étaient connues. Résultat : des fissures importantes dans l’immeuble, avec des dégâts pouvant atteindre entre 500 000 et un million d’euros, alors qu’un simple contrôle estimé à 100 000 euros aurait pu éviter tout cela. Ce genre de situation n’est plus rare. Il est de la responsabilité du syndic et du conseil syndical de faire contrôler les installations, pour éviter des litiges juridiques graves.

Votre entreprise affirme intégrer une démarche durable. Cela concerne aussi l’assainissement en copropriété ?

Éric Lavillaugouet : Oui, très clairement. On ne peut plus se contenter d’intervenir sans réfléchir à l’impact environnemental. C’est une priorité. D’abord, parce qu’on ne peut plus se permettre de polluer les nappes phréatiques. Chaque fuite non traitée, chaque joint défectueux, finit dans le sol. Ensuite, nous intégrons le tri des déchets de chantier. Ainsi, nos chantiers sont organisés pour permettre le recyclage des matériaux. Les tuyaux en fonte sont envoyés en fonderie, les gravats sont triés, le bois est récupéré. Cette logique de gestion durable des déchets n’existait pas il y a 20 ans dans notre secteur, elle est aujourd’hui incontournable. C’est une nouvelle exigence, mais elle est indispensable.

Et, vos clients en copropriété y sont sensibles ?

Éric Lavillaugouet : Ils le deviennent, en particulier depuis les JO. L’exigence sur la qualité des rejets dans l’environnement s’est accrue. Les mentalités changent lentement, mais elles changent. L’écologie et la sécurité du bâti sont désormais liées dans l’esprit des gestionnaires.

À quoi doit s’attendre le secteur de l’assainissement dans les 18 mois à venir ?

Éric Lavillaugouet. À un vieillissement accéléré du parc immobilier, et donc à une augmentation des besoins de diagnostics. Nous voyons de plus en plus d’immeubles de 80 à 100 ans dont les réseaux commencent à céder. C’est inévitable.

Les Jeux Olympiques ont été un accélérateur. Pour que les épreuves nautiques soient réalisables en Seine, des contrôles massifs ont été lancés. La perspective des Jeux a obligé les pouvoirs publics à renforcer les contrôles et à améliorer la qualité des rejets en milieu naturel. Cela a permis de réveiller les consciences. Les gens réalisent que rejeter dans le sol ou dans la Seine n’est pas anodin. Il y a donc une montée en puissance du sujet, et c’est tant mieux.

Une priorité pour votre entreprise ?

Éric Lavillaugouet. Continuer à accompagner les gestionnaires avec pédagogie. Et, alerter : l’assainissement n’est pas un luxe, c’est une urgence. Si nous ne traitons pas ce problème maintenant, ce sont nos enfants qui paieront le prix fort – financièrement et écologiquement.

Isabelle DAHAN

Isabelle DAHAN

Rédactrice en chef de Monimmeuble.com. Isabelle DAHAN est consultante dans les domaines de l'Internet et du Marketing immobilier depuis 10 ans. Elle est membre de l’AJIBAT www.ajibat.com, l’association des journalistes de l'habitat et de la ville. Elle a créé le site www.monimmeuble.com en avril 2000.

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