Seulement 17% de l’amiante présent dans les bâtiments français a été retiré depuis son interdiction. Le marché du désamiantage en France offre ainsi des perspectives de croissance prometteuses. En effet, selon une récente étude de Xerfi, l’accélération de la rénovation énergétique et la lutte contre l’artificialisation des sols devraient dynamiser ce secteur d’activité d’ici 2026. Ainsi, malgré un ralentissement temporaire dû à la crise de la construction neuve, les entreprises spécialisées dans les travaux de désamiantage bénéficieront d’une demande soutenue. Dans cet article, retrouvez les enjeux et les opportunités de ce marché en pleine expansion.
Sommaire :
- Désamiantage en France : un vaste chantier à entreprendre
- La rénovation énergétique et le recyclage urbain, moteurs de croissance
- Des perspectives de croissance favorables malgré des disparités
- Une filière du désamiantage en France composée d’acteurs diversifiés
- Conclusion
Désamiantage en France : un vaste chantier à entreprendre
Le désamiantage en France représente un défi de taille pour les années à venir. Selon les calculs de l’Ademe, seulement 17% du gisement total d’amiante a été retiré des bâtiments depuis son interdiction en 1997. Ainsi, il resterait encore au moins 20 millions de tonnes à traiter sur les 24 millions de tonnes recensées.
Cette réserve d’activité considérable offre des perspectives prometteuses aux entreprises spécialisées dans le désamiantage en France. Comme le souligne le rapport de l’Ademe, “ le rythme actuel des travaux de désamiantage ne permettra pas de traiter l’ensemble du gisement avant plusieurs décennies”. Face à l’ampleur de la tâche, le gouvernement a lancé en 2018 un plan d’action interministériel pour une meilleure prévention des risques liés à l’amiante. À cet effet, il prévoit notamment un renforcement des contrôles et une accélération des opérations de désamiantage.
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La rénovation énergétique et le recyclage urbain, moteurs de croissance
Deux facteurs principaux alimentent la croissance du marché du désamiantage en France :
- l’accélération de la rénovation énergétique,
- et la lutte contre l’artificialisation des sols.
En cela, la loi de transition énergétique pour la croissance verte de 2015 a fixé un objectif ambitieux de 500 000 logements rénovés par an à partir de 2017.
Ainsi, la vague de rénovation du parc social et des bâtiments publics, souvent très amiantés, génère une forte demande. Par exemple, le projet de rénovation énergétique des écoles de la ville de Paris, doté d’un budget de 300 millions d’euros, inclut un volet important de désamiantage.
De plus, la réhabilitation de bâtiments urbains et de friches industrielles est une priorité. Cette approche vise à réduire l’artificialisation des sols, conformément à la loi Climat et Résilience de 2021. Par conséquent, ces projets génèrent des besoins supplémentaires en diagnostic et désamiantage. Prenons pour exemple le projet emblématique de reconversion de l’ancienne raffinerie de Reichstett, près de Strasbourg. Ce projet transforme une friche industrielle en un éco-quartier de 1 300 logements, illustrant parfaitement cette dynamique.
Des perspectives de croissance favorables malgré des disparités
Xerfi, cabinet spécialisé dans les études sectorielles, prévoit une croissance dynamique pour les acteurs des travaux de désamiantage en France d’ici 2026. et, cela, malgré un ralentissement temporaire dû à la crise de la construction neuve.
Selon les experts, “la croissance restera ainsi dynamique pour les acteurs des travaux, même si celle-ci pâtira à court terme de la crise de la construction neuve qui réduira les besoins en réhabilitation de bâtiments et de friches”.
En revanche, la situation sera plus contrastée pour les diagnostiqueurs, dont l’activité dépend davantage des transactions immobilières dans l’ancien. Or, ce marché ne devrait pas se redresser avant 2025, en raison de la baisse des ventes de logements anciens. Toutefois, les deux professions bénéficieront d’une amélioration de leurs marges grâce au reflux de l’inflation.
Une filière du désamiantage en France composée d’acteurs diversifiés
Le secteur du désamiantage en France rassemble des intervenants aux profils variés. Dans les travaux, on retrouve aussi bien des groupes de démolition comme Cardem et Premys ou des entreprises d’entretien-rénovation telles que Ramery et Eiffage. De même, des leaders des services environnementaux tels que Veolia et Suez, ainsi que des majors du BTP comme Vinci et Bouygues, participent également à ces projets. Pour beaucoup, l’intégration du désamiantage répond à une exigence devenue indispensable.
En amont et en aval, des spécialistes du diagnostic comme AC Environnement et Socotec, et du traitement des déchets tels que Séché Environnement et Paprec, occupent une place centrale. De même, le groupe Valgo, qui a réalisé un chiffre d’affaires de 150 millions d’euros en 2023, s’est imposé comme un acteur majeur. Ainsi, il couvre l’ensemble de la chaîne de valeur du désamiantage.
Conclusion
Le désamiantage en France constitue un marché à fort potentiel, soutenu par des besoins considérables et une réglementation de plus en plus stricte. Malgré quelques disparités entre les différents segments, les perspectives de croissance restent prometteuses pour l’ensemble de la filière. Ainsi, les entreprises capables de se positionner sur ce marché en pleine expansion et de répondre aux enjeux de la rénovation énergétique et du recyclage urbain bénéficieront d’opportunités majeures dans les années à venir.
Comme le résume Erwan Le Meur, président de la FEDEREC BTP, “ le désamiantage est un métier d’avenir qui conjugue impératifs de santé publique, de développement durable et de performance économique. Le désamiantage en France apparaît ainsi comme un pilier essentiel de la transition écologique du bâtiment et un levier de croissance incontournable pour les entreprises du secteur.”