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Vie pratique

CREDOC nous livre le fruit de son travail sur le coût résidentiel

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CREDOC nous livre le fruit de son travail sur le coût résidentiel

S’installer à distance de son lieu de travail pour profiter de coûts du foncier moins élevés est-il un bon arbitrage financier pour les ménages étant donné l’augmentation des coûts de transport ? Cet arbitrage est-il favorable ou non à la société dans son ensemble ?

 

Coût résidentiel : Les données d’enquêtes

Pour répondre à ces deux questions, un travail de recherche récent réalisé par le CREDOC qui repose à la fois sur l’exploitation des données d’enquêtes du CREDOC et de l’INSEE propose un indicateur de coût résidentiel global qui prend en compte les stratégies d’action privée et publique (transport, infrastructures, aménagement …). L’étude cherche à établir le coût d’une installation résidentielle sur un territoire donné pour les ménages d’une part « le coût privé » et pour la collectivité d’autre part « le coût public ».

Les dépenses liées au trajet

Face à l’augmentation du poids des dépenses de logement ces dernières années, de nombreux ménages sont contraints de s’éloigner des centres urbains pour retrouver des prix du foncier moins élevés. Cependant, cet éloignement engendre de nouvelles contraintes en termes de déplacements, en particulier pour les trajets domicile-travail, mais parfois également pour l’accès aux commerces, aux services ou aux loisirs.

Le CREDOC évalue que la dépense médiane liée aux trajets domicile-travail représente pour les seuls ménages actifs environ 400 euros par an ou, rapporté au budget total, 1,1% des revenus.

Les dépenses dédiées aux trajets domicile-travail augmentent avec le revenu, mais la part des ménages pour lesquels ces dépenses représentent une charge importante est plus importante au sein des revenus modestes. Près de 30% des ménages ont un taux d’effort supérieur à deux fois la médiane. Ce sont beaucoup plus souvent des ménages à faibles revenus (plus de 40% des ménages des deux premiers déciles).

La notion de coût résidentiel

Par ailleurs, l’étude observe que les Français les plus vulnérables au renchérissement du coût des énergies sont ceux qui cumulent un habitat à mauvaise efficacité thermique et un éloignement des commerces et services. C’est donc la notion de « coût résidentiel », consistant à cumuler le coût du logement, charges comprises, et le coût de la mobilité en fonction du type de commune de résidence, qui est aujourd’hui pertinente pour analyser des inégalités sociales et territoriales croissantes, dont la montée de la vulnérabilité énergétique est le symptôme.

Augmentation des coûts de l’immobilier

En réalité, ce ne sont pas les prix de l’énergie ou du carburant, relativement stables sur les trente dernières années, qui précipitent les ménages dans la vulnérabilité du fait du coût du logement et de la mobilité, mais l’augmentation non maîtrisée des coûts de l’immobilier et des besoins de mobilité. Ces besoins sont le fait de tendances structurelles, inscrites dans des modes de vie collectifs (accéder à la maison individuelle, être dépendant de la voiture individuelle), sur lesquelles les ménages ont peu de prise. C’est pourquoi, pour lutter de manière systémique contre l’étalement urbain qui résulte de ces processus structurels, il faut raisonner le coût global de la localisation résidentielle.

Relever le niveau de performance énergétique des logements par des aides à la rénovation, inciter au covoiturage, ou établir des filets financiers pour les ménages pauvres à travers les aides au logement ou encore les tarifs sociaux de l’énergie, seront des voies d’action largement insuffisantes si elles ne sont pas reliées aux objectifs de la ville durable, en matière de prix de l’immobilier, d’accès à l’emploi, aux services, aux réseaux de transports en commun, et aux réseaux d’énergie.

Une réflexion de planification urbaine

L’approche du coût résidentiel, parce qu’elle permet de développer une vision systémique du taux d’effort des ménages pour l’habitation en fonction de la localisation résidentielle, en la reliant à l’analyse des dynamiques urbaines et des modes de vie collectifs, devrait à cet égard constituer la boussole des politiques d’urbanisation gérées par les collectivités territoriales.

Mais pour mettre en place une réflexion de planification urbaine fondée sur le coût résidentiel, un important travail reste à développer, pour stabiliser la définition du concept et construire des bases de données permettant de renseigner les coûts dans le logement, les coûts de la mobilité, les revenus et les charges.

Ce n’est qu’une fois ces données établies que l’on pourra rendre ce concept opératoire en le faisant rentrer dans des modélisations, permettant de comparer les formes urbaines et d’anticiper la vulnérabilité des ménages à partir d’approches prospectives sur le renchérissement de l’immobilier, de l’accès à la propriété, de la mobilité, du prix des énergies.

 

Manda R.

Manda R.

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