Aller au contenu

Travaux

Copropriété : peu de motivation pour les travaux de rénovation énergétique

Travaux en copropriété

La massification des travaux de rénovation énergétique en copropriété n’a pas encore eu lieu. Selon Hellio, 60% des copropriétés ne souhaitent pas engager de rénovations énergétiques (57 % l’année dernière). Les copropriétaires font face à des contraintes juridiques et financières qui rendent les travaux difficiles à réaliser. Le chemin à parcourir reste encore long !

Les enjeux qui pèsent sur la rénovation énergétique en copropriété

Un an après la première enquête, Hellio réinterroge les copropriétaires quant à leur perception des travaux de rénovation énergétique. Ainsi, entre le 16 et le 31 janvier 2023, 376 copropriétaires, membres et responsables de conseils syndicaux répartis dans toute la France ont répondu à cette enquête.

Le poids de l’énergie dans les charges de copropriété

Les charges de copropriété trimestrielles pèsent lourd dans le budget des ménages. En effet, 56 % des personnes interrogées dépensent entre 250 € et 500 € tous les trimestres. De plus, la majorité des répondants (58 %) estime que l’énergie représente jusqu’à 30 % de ces charges. Soit une augmentation de 9 % par rapport à 2021.

Ainsi, les propriétaires sont particulièrement attentifs à cette part, avec une hausse de 10 % de ceux qui peuvent l’estimer. Toutefois, Tanguy Dupont, directeur Habitat Collectif de Hellio, invite à relativiser ces chiffres. Pour l’instant, l’impact de la hausse des prix de l’énergie n’a touché qu’une partie des copropriétés. Parce que beaucoup d’entre elles ont signé des contrats à tarif négocié sur plusieurs années.

Les dépenses de copropriété sont donc une préoccupation majeure pour les copropriétaires. Et, la principale motivation pour réaliser des travaux de rénovation énergétique est la réduction de la consommation d’énergie, donc de la facture.

Les obligations réglementaires des copropriétés

La loi Climat et résilience, promulguée en août 2021, impose aux copropriétés de mettre en place un plan pluriannuel de travaux (PPT) et de réaliser un diagnostic de performance énergétique (DPE) collectif. Pourtant, près d’un répondant sur deux ignore encore ces obligations. Preuve qu’il y a encore beaucoup de sensibilisation à réaliser auprès des copropriétaires.

Toutefois, une avancée encourageante est à signaler. Puisque 62 % des copropriétaires connaissent désormais l’étiquette énergétique de leur logement. Soit une augmentation de 12 % par rapport à octobre 2021.

Cette prise de conscience accrue est probablement due aux futures interdictions de location pour les logements étiquetés G, F et E, dont 75 % des copropriétaires ont été informés. En outre, l’étiquette énergétique devient un critère d’achat de plus en plus important. En effet, 32 % des répondants considèrent maintenant cet aspect. Soit une augmentation de 18 % entre octobre 2021 et février 2023.

Un faible engouement pour les travaux de rénovation énergétique

Seuls 40 % des répondants envisagent la réalisation de travaux de rénovation énergétique pour leur copropriété. Une tendance qui confirme une augmentation de 7 % par rapport à octobre 2021. La mise en place du PPT et le DPE obligatoires ont contribué à retarder la prise de décision concernant des rénovations globales. De plus, la hausse des coûts des travaux, qui peut atteindre 10 à 15 %, décourage les copropriétaires.

En effet, les motifs financiers sont les principales motivations pour entreprendre des travaux de rénovation énergétique. Les obligations réglementaires ne sont pas une priorité pour les copropriétaires et se classent en bas de la liste. Cependant, cela pourrait changer dans les mois et années à venir, avec l’approche des échéances fixées par la loi Climat et résilience.

Le nombre d’audits énergétiques réalisés est faible

audit énergétique en copropriété

Pourquoi avez-vous réalisé un audit énergétique ?

Seulement 37 % des répondants ont effectué un audit énergétique de leur appartement ou de leur copropriété en vue de travaux de rénovation énergétique. Bien que cela représente la première étape essentielle pour une rénovation efficace et l’optimisation des aides financières.

Toutefois, notons que 46 % d’entre eux ont l’intention de le faire. C’est un signe encourageant qui montre une volonté d’amélioration du parc immobilier collectif. Puisque 47 % des répondants souhaitent réaliser un audit énergétique à l’avenir.

Le budget alloué aux travaux de rénovation énergétique est insuffisant

48 % des copropriétaires seraient prêts à investir entre 1 000 € et 5 000 € dans leur copropriété lors des cinq prochaines années. Cependant, cela ne suffirait pas à entreprendre une rénovation complète. Car le reste à charge est plutôt estimé à environ 10 000 € en moyenne. Comme l’ont constaté les experts d’Hellio lors de leur accompagnement de 30 copropriétés en 2022, complété par un éco-PTZ copropriétés.
Budget alloué aux travaux de rénovation énergétique en copropriété
En outre, la part des répondants souhaitant investir plus de 10 000 € a diminué de 8 % entre octobre 2021 et janvier 2023. Probablement en raison des incertitudes économiques actuelles. Cependant, Tanguy Dupont, souligne que “financer des travaux dans son logement reste pourtant le meilleur investissement !”.

Les types de travaux réalisés

Pour autant, l’étude menée par Hellio révèle des perspectives encourageantes pour les copropriétaires qui se lancent dans la rénovation énergétique. L’isolation thermique des murs par l’extérieur est considérée comme le poste de travaux le plus efficace pour réaliser des économies d’énergie, selon 52 % des répondants.
Travaux en copropriété
Ainsi, Tanguy Dupont, suggère d’accompagner un projet d’isolation et de ravalement d’une réflexion globale. En effet, il faut envisager l’ensemble des travaux pour bénéficier d’aides financières plus importantes.

Néanmoins, la rénovation globale n’arrive qu’en quatrième position avec 16 % des intentions de travaux, en baisse de 3 % par rapport à 2021. Pour ceux qui envisagent une telle rénovation, elle est seulement envisagée qu’à long terme (4 ans et plus).

Une nouveauté se dégage de cette étude : le raccordement au réseau de chaleur est plébiscité par 7 % des copropriétaires. Notamment grâce au coup de pouce financier mis en place depuis septembre 2022.

Les principaux freins à la rénovation énergétique en copropriété

Le facteur financier reste le principal obstacle à la réalisation de travaux de rénovation énergétique pour 81 % des répondants. Un chiffre en augmentation par rapport à 2021. En outre, l’anxiété générée par les coûts croissants des chantiers s’aggrave, avec 43 % des personnes interrogées trouvant le processus de décision trop long. Les démarches administratives complexes, en revanche, sont moins souvent mentionnées, en recul de 16 %. Ce qui souligne l’intérêt de faire appel à des professionnels pour gérer ces formalités.

Les freins à la rénovation énergétique

Le reste à charge trop élevé pour les rénovations globales

le principal frein à la réalisation de travaux de rénovation énergétique dans les copropriétés reste financier, selon 81% des répondants. Un chiffre en hausse de 6% par rapport à l’année dernière. Le coût des chantiers en augmentation est également une source d’anxiété pour les copropriétaires.

En outre, l’étude révèle que les copropriétaires ont une connaissance partielle des aides à la rénovation énergétique. Les dispositifs les plus médiatisés par le Gouvernement, tels que MaPrimeRénov’ et l’Éco-PTZ, sont mieux assimilés que les Certificats d’Économies d’Énergie (CEE) et les aides locales, qui restent peu identifiés.

D’ailleurs, le ministre délégué au Logement, Olivier Klein, a déclaré que MaPrimeRénov’ Copropriétés fait partie des chantiers prioritaires pour 2023. Afin d’inciter les copropriétés à s’engager dans une rénovation performante, le gouvernement a doublé les aides individuelles et rehaussé les plafonds depuis le 1er février 2023.

Ainsi, l’aide socle de 25 % du montant des travaux, qui était plafonnée à 15 000 € de travaux, est désormais plafonnée à 25 000 € de travaux. Les aides individuelles pour les foyers très modestes ont également doublé, passant de 1 500 € à 3 000 €. Tandis que celles des foyers modestes sont à présent de 750 € et 1 500 €.

De plus, des arbitrages sont en cours avec des banques partenaires de l’État pour aider les gestionnaires et copropriétaires dans le financement de travaux de rénovation globale.

Le besoin d’accompagnement des syndics

Après un an et demi, le constat est sans appel. 82 % des répondants n’ont pas reçu de recommandations de la part de leur syndic professionnel concernant les travaux de rénovation énergétique de leur copropriété. Un chiffre qui ne bouge pas et qui souligne le besoin d’accompagner et de sensibiliser les syndics aux enjeux de la rénovation.

Si ce n’est pas leur métier, les syndics ont un rôle clé dans le processus de décision. En effet, ils mettent en relation la copropriété avec des experts pour leur apporter des préconisations et mobiliser les aides disponibles. Des conditions indispensables pour inciter les copropriétaires à sauter le pas et engager les travaux nécessaires.

Par ailleurs, le processus décisionnel est souvent un frein majeur à la réalisation de travaux de rénovation énergétique en copropriété. 43% des répondants jugent toujours que le processus de décision en assemblée générale est trop long, malgré une légère diminution de 3%. En effet, l’ensemble des étapes, de la prise de décision à la sélection des entreprises, prend environ deux ans avant le lancement des travaux.

Mais ce n’est pas tout, les projets de rénovation énergétique sont également souvent bloqués en assemblée générale faute d’une majorité suffisante. C’est pourquoi le gouvernement travaille actuellement à la révision des modalités de vote à la baisse. L’objectif est de donner la possibilité de recourir à une majorité simple des copropriétaires présents pour engager les travaux, contre les deux tiers requis jusqu’à présent. Des concertations sur ce sujet sont en cours aux ministères de la Justice et du Logement. Une solution qui devrait simplifier et accélérer le processus décisionnel en copropriété.

nv-author-image

Isabelle DAHAN

Rédactrice en chef de Monimmeuble.com. Isabelle DAHAN est consultante dans les domaines de l'Internet et du Marketing immobilier depuis 10 ans. Elle est membre de l’AJIBAT www.ajibat.com, l’association des journalistes de l'habitat et de la ville. Elle a créé le site www.monimmeuble.com en avril 2000.

Laisser un commentaire