France Silver Eco et la Filière Silver Économie ont récemment commandité une étude d’impact économique sur l’adaptation des logements en collaboration avec de nombreux acteurs publics et privés. Cette étude menée par EY est pertinente compte tenu des enjeux pour les seniors et les personnes en situation de handicap. Dans cet article, nous examinerons l’importance de l’adaptation des logements pour la Silver Économie.
Quelles hypothèses quantifient l’impact économique de l’adaptation des logements ?
Un parc de logements adaptés
En effet, il est possible de quantifier les logements éligibles à Ma Prime Adapt’. Car rappelons-le, l’objectif présidentiel est d’atteindre au moins 700 000 logements adaptés d’ici 2033. Dont 350 000 entre 2024 et 2027. Toutefois, la moitié des logements destinés aux seniors ne sont pas adaptables.
Des coûts corrélés à l’adaptation du parc de logement
La question est de savoir quelle est la taille du marché potentiel lié à l’adaptation des logements. Mais également de connaître le niveau des coûts associés à l’augmentation de l’aide à domicile. Ainsi, Les coûts sont corrélés à l’adaptation du parc pour une enveloppe maximale de 15 000 euros par ménage éligible à Ma Prime Adapt’ (MPA).
Les bénéfices et les coûts évités
En effet, les principaux bénéfices sont :
- les chutes évitées,
- les coûts évités sur les prises en charge en établissement,
- la réduction des frais de santé post chutes,
- la baisse des arrêts maladie des aides à domicile,
- les bénéfices macro-économiques.
Les chiffres sont éloquents : l’adaptation des logements permet une réduction de 20 % des chutes chez les seniors et une baisse de 10 % des accidents les plus courants. En outre, les logements adaptés augmentent de 10 % les chances pour les seniors de retourner chez eux après une chute. Enfin, les aides à domicile sont victimes de 10 % d’accidents en moins grâce à ces aménagements.
Comment les travaux énergétiques dans les logements sont-ils liés à l’adaptation au vieillissement ?
L’adaptation des logements au vieillissement est essentielle. Elle est étroitement liée aux travaux de confort et d’économie d’énergie. En outre, les personnes âgées veulent vieillir chez elles, d’où l’importance de leur adapter leur logement.
Lorsqu’ils prennent leur retraite, les ménages choisissent souvent de réaliser des travaux de confort ou de changer de logement. Ainsi, ils souhaitent répondre à leurs besoins en termes de taille et d’accessibilité (par exemple, un logement de plain-pied).
À l’occasion, des travaux d’adaptation du logement, il est recommandé d’améliorer le confort et la performance énergétique. Les personnes âgées sont souvent confrontées à la précarité énergétique, en raison de l’obsolescence de leurs équipements. Or, les changements d’équipements peuvent réduire la consommation d’énergie, grâce à l’automatisation de l’éclairage, du chauffage et des volets électriques.
Le parc de logements adaptés devrait doubler d’ici 2033
Grâce à la politique d’adaptation du logement au vieillissement (ALV), le parc des logements adaptés devrait évolué sur la période 2024-2033.
D’après l’étude, 2,3 millions de logements seront adaptés d’ici 2033, ce qui coûtera environ 19 milliards d’euros pour les travaux et l’aide à domicile. En effet, un tiers des logements adaptables seront adaptés d’ici là, ce qui signifie que 3,3 millions de seniors bénéficieront d’un logement adapté.
Détails des coûts additionnels pour la société :
- 17,2 Md€ investis sur 10 ans pour les travaux d’adaptation,
- 5,3 Md€ de financement public, MPA et collectivités,
- 10,0 Md€ par les particuliers, y.compris les bénéficiaires MPA,
- 1,9 Md€ par les bailleurs sociaux,
- 1,6 Md€ de dépenses additionnelles sur 10 ans pour l’aide et les soins à domicile.
Par ailleurs, le dispositif Ma Prime Adapt’ (MPA) permettra une adaptation des logements à hauteur de 1,9 milliard d’euros chaque année dès 2027. En outre, il devrait créer entre 5 000 et 8 000 nouveaux emplois.
Maintien à domicile : une réduction du nombre de chutes grâce à l’adaptation des logements
Les ALV permettent de réduire les coûts liés aux chutes de 20%. En effet, cette politique du maintien à domicile modère également le nombre des entrées en EHPAD. Les frais de santé générés par les chutes diminuent, facilitant ainsi le travail des aidants et des professionnels de l’aide à domicile.
L’adaptation des logements au vieillissement entraîne donc de nombreuses diminutions en termes de :
- Prises en charge en urgence et hospitalisations,
- Soins Médicaux et de Réadaptation,
- Prises en charge médecine de ville et des interventions pompiers / SAMU,
- Besoins de prise en charge en établissement.
En optant pour cette politique, la société pourra économiser 7,2 milliards d’euros de dépenses de protection sociale. En effet, cette économie est liée à la prévention de 700 000 chutes chez les seniors. Cette politique s’avère donc être une solution rentable pour la société tout en améliorant le bien-être des personnes âgées.
Ces 7,2 milliards d’euros (2024-2033) se divisent en deux parties :
- 2,0 milliards d’euros de coûts évités sur les dépenses de soins post chutes
- 5,2 milliards d’euros de coûts évités sur les prises en charge en établissement
Au-delà des aspects économiques, on constate de nombreux bénéfices sociétaux. En effet, cette politique d’adaptation des logements a un impact positif sur l’ensemble de la société. Que ce soit en termes d’amélioration de l’espérance de vie en bonne santé ou pour favoriser le “bien vieillir” chez soi.
Elle respecte également le souhait des personnes âgées de vieillir chez elles et facilite la vie des aidants familiaux. De plus, grâce à une aide unique nationale, cette politique est un effet de levier pour augmenter le parc de logements adaptés au vieillissement et économes en énergie, qu’ils soient privés ou sociaux.
