Aller au contenu

Diagnostics

Confort d’été DPE : un indicateur crucial mais perfectible pour les logements français

Confort d’été DPE : un indicateur crucial mais perfectible pour les logements français

Le confort d’été dans les logements français est devenu un enjeu majeur face au réchauffement climatique. Une étude récente de POUGET Consultants pour IGNES révèle des résultats alarmants sur l’indicateur de confort d’été DPE. En effet, seulement 1 logement sur 10 est considéré comme suffisamment adapté aux fortes chaleurs. L’étude met en lumière des incohérences dans le calcul de l’indicateur et propose des pistes d’amélioration. Face à l’augmentation des épisodes caniculaires, il devient urgent de repenser cet indicateur pour mieux préparer le parc immobilier français aux défis climatiques à venir.

Sommaire :

L’indicateur de confort d’été DPE : un outil essentiel mais imparfait

État des lieux du parc immobilier français

Le confort d’été DPE est devenu un élément incontournable dans l’évaluation de la performance énergétique des logements. Pourtant, l’étude menée par POUGET Consultants pour IGNES révèle des chiffres préoccupants. Sur plus de 5 millions de logements analysés, seuls 21,3% obtiennent un indicateur de confort d’été DPE “bon”. Cette statistique souligne l’urgence d’adapter le parc immobilier français aux futures vagues de chaleur.

Selon Anne-Sophie PERRISSIN-FABERT, Déléguée Générale d’IGNES, “L’adaptation massive des logements commence par la capacité à donner une information permettant à tout un chacun de comprendre la qualité de son logement au regard du confort d’été.”

Les critères du confort d’été DPE

L’indicateur de confort d’été DPE repose sur cinq paramètres clés :

  • La présence de protections solaires extérieures
  • L’isolation de la toiture pour les derniers étages
  • L’inertie du logement
  • Le caractère traversant du logement
  • La présence de brasseurs d’air

 

Les critères du confort d'été DPE
5 paramètres permettant d’estimer le confort d’été passif

Ces critères visent à évaluer la capacité d’un logement à maintenir une température agréable durant les périodes chaudes. Cependant, l’étude met en lumière des lacunes dans l’application de ces critères. Seulement 56% des logements possèdent des protections solaires extérieures adéquates, et à peine 5% disposent de brasseurs d’air.

Incohérences et erreurs dans l’évaluation

Le confort d’été DPE présente des incohérences notables. L’analyse révèle que 26% des logements ont un indicateur erroné. Or, cette marge d’erreur significative remet en question la fiabilité de l’outil. Par exemple, des logements sans protection solaire ou sans isolation de toiture obtiennent parfois un indicateur “bon”, en contradiction avec les règles établies.

L’étude a identifié 807 801 logements mal évalués en raison de l’absence de protections solaires extérieures, et 76 510 logements mal notés à cause d’une toiture non isolée. Ces chiffres soulignent l’ampleur des erreurs d’évaluation et la nécessité d’une révision du système.

Les limites de l’indicateur de confort d’été DPE

Absence de prise en compte du contexte géographique

Un des principaux défauts de l’indicateur de confort d’été DPE est son indifférence à la localisation du logement. Qu’il soit situé dans le nord de la France ou sur la côte méditerranéenne, un logement est évalué selon les mêmes critères. Pour autant, cette approche uniforme ne reflète pas la réalité des différences climatiques régionales.

L’étude révèle que les zones H1a et H2a (nord et ouest de la France) présentent paradoxalement la part la plus importante de DPE au confort d’été “insuffisant”. Et, cela, alors qu’elles sont moins exposées aux fortes chaleurs. Par exemple, les Côtes d’Armor, l’Orne et Paris ont plus de 50% de leurs logements avec un indicateur “insuffisant”, bien que les deux premiers départements soient parmi les plus frais du territoire.

Performance énergétique versus confort d’été

Par ailleurs, l’étude souligne un paradoxe intéressant. En effet, 31% des logements classés A en performance énergétique sont jugés “insuffisants” en termes de confort d’été DPE. Ce constat met en évidence la nécessité d’une approche plus globale de la performance des bâtiments, intégrant à la fois les enjeux hivernaux et estivaux.

De plus, une analyse plus approfondie montre que parmi les maisons classées A et ayant un indicateur confort d’été “insuffisant”, 94% n’ont pas de protections solaires extérieures adéquates.

L’impact limité des systèmes de climatisation

Étonnamment, la présence d’un système de climatisation n’influence pas significativement l’indicateur de confort d’été DPE. Puisque 90% des logements équipés sont classés “moyens” ou “insuffisants”. Or, cela soulève des questions sur la pertinence des critères actuels et sur l’application effective de la réglementation concernant les protections solaires dans les logements climatisés.

Selon l’article 30 de l’arrêté du 3 mai 2007, la mise en place de protections solaires mobiles est obligatoire sur les façades Sud, Ouest et Est dans les locaux climatisés, avec un facteur solaire g tot inférieur à 0,15. Cependant, les données de l’étude suggèrent que cette réglementation n’est pas systématiquement appliquée ou que l’indicateur ne la prend pas correctement en compte.

Vers une amélioration de l’indicateur de confort d’été DPE

Nécessité d’une évaluation plus précise

Pour renforcer la fiabilité du confort d’été DPE, il est crucial d’améliorer la précision de son évaluation. Cela passe par une meilleure formation des diagnostiqueurs et une vérification plus rigoureuse des logiciels utilisés pour le calcul de l’indicateur.

À cet effet, l’étude recommande d’inscrire la vérification de l’algorithme d’évaluation de l’indicateur dans le processus de validation des logiciels DPE. Cette mesure réduirait alors significativement les erreurs d’évaluation constatées.

Intégration des spécificités géographiques et climatiques

Une piste d’amélioration majeure consiste à adapter l’indicateur de confort d’été DPE aux réalités locales. Ainsi, la prise en compte des zones climatiques et des phénomènes d’îlots de chaleur urbains permettrait une évaluation plus pertinente et nuancée du confort estival des logements.

Par exemple, l’étude suggère d’intégrer des données sur l’exposition des logements aux journées chaudes. Elle cite une analyse montrant la part par département des logements exposés à plus de 60 jours durant lesquels la température extérieure dépasse 25°C en 2050.

Valorisation des solutions passives

L’indicateur actuel ne met pas suffisamment en valeur certaines solutions passives efficaces. Une révision pourrait accorder plus de poids à des éléments comme :

  • la ventilation naturelle,
  • la qualité des protections solaires,
  • ou encore la présence de végétation environnante.

Par ailleurs, l’étude propose d’intégrer des critères plus “physiques” du confort d’été, tels que :

  • le type de protections,
  • la motorisation et l’automatisation de la gestion des protections mobiles,
  • les masques solaires,
  • la ventilation naturelle,
  • la performance de l’isolation de la toiture et des façades,
  • et la différence entre isolation thermique par l’extérieur (ITE) et par l’intérieur (ITI).

Implications pour les propriétaires et les politiques publiques

Sensibilisation et incitation à l’amélioration

Un indicateur de confort d’été DPE plus fiable et précis constituerait un outil puissant de sensibilisation. Il pourrait inciter les propriétaires à entreprendre des travaux d’amélioration, contribuant ainsi à l’adaptation du parc immobilier au changement climatique.

Selon le rapport de la Fondation Abbé Pierre cité dans l’étude, la question de la précarité énergétique d’été devient de plus en plus pressante. Dès lors, un indicateur amélioré permettrait aux propriétaires de mieux comprendre les enjeux et de prioriser les travaux nécessaires.

Par exemple, l’étude montre que pour les maisons construites avant 1948 ayant un indicateur confort d’été “insuffisant”, 62% n’ont pas de protections solaires extérieures adéquates. Cette information pourrait guider les propriétaires vers des améliorations ciblées et efficaces.

Orientation des politiques de rénovation

De même, les pouvoirs publics pourraient s’appuyer sur un indicateur de confort d’été DPE amélioré pour orienter les politiques de rénovation énergétique. Cela ciblerait plus efficacement les logements les plus vulnérables aux fortes chaleurs afin d’adapter les aides en conséquence.

L’étude POUGET Consultants-IGNES souligne que près de 60% des logements classés F ou G sont non seulement des passoires thermiques en hiver, mais sont également considérés comme des “bouilloires thermiques” en été selon l’indicateur de confort d’été du DPE.

Ces données pourraient justifier des politiques de rénovation plus ambitieuses, intégrant systématiquement les enjeux de confort d’été dans les programmes de réhabilitation énergétique.

L’évolution du confort d’été DPE face aux enjeux climatiques

Adaptation aux changements climatiques futurs

L’amélioration de l’indicateur de confort d’été DPE doit également considérer les projections climatiques futures. Selon l’étude, il est prévu que de nombreux départements français verront une augmentation significative du nombre de jours où la température dépassera 25°C d’ici 2050.

Adaptation aux changements climatiques futurs
Analyse croisée de l’indicateur avec le risque de surchauffe

Par exemple, l’étude cite une analyse montrant la part par département des logements exposés à plus de 60 jours de chaleur (température extérieure supérieure à 25°C) en 2050. Ces données soulignent l’importance d’anticiper les besoins futurs en matière de confort d’été dans l’évaluation actuelle des logements.

Intégration des nouvelles technologies

L’évolution de l’indicateur devrait également étudier les avancées technologiques en matière de confort thermique. Par exemple, l’étude suggère d’intégrer des critères liés à l’automatisation et à la motorisation des protections solaires. Car, ils peuvent grandement améliorer l’efficacité de ces dispositifs.

De plus, l’intégration de systèmes de ventilation naturelle intelligents ou de matériaux à changement de phase pourrait être considérée dans une version future de l’indicateur de confort d’été DPE.

Conclusion

L’indicateur de confort d’été DPE, malgré ses imperfections actuelles, reste un outil essentiel pour évaluer l’adaptation des logements aux chaleurs estivales. Les pistes d’amélioration identifiées par l’étude de POUGET Consultants ouvrent la voie à un indicateur plus fiable et pertinent. Face à l’urgence climatique, il est crucial de faire évoluer cet outil pour mieux préparer le parc immobilier français aux défis thermiques à venir.

Un confort d’été DPE optimisé contribuera à la fois au bien-être des occupants, et à la réduction de la consommation énergétique liée à la climatisation. Selon les projections climatiques, cette problématique ne fera que s’accentuer dans les années à venir. L’amélioration de cet indicateur représente donc un enjeu majeur pour la transition énergétique et l’adaptation au changement climatique du secteur du bâtiment en France.

En définitive, comme le souligne l’étude, “ il semble essentiel que le DPE, document clé et pédagogique sur la performance énergétique et environnementale d’un logement, maintienne un volet sur le confort d’été.” L’évolution de cet indicateur vers une plus grande précision et une meilleure prise en compte des réalités locales et futures est une nécessité pour répondre efficacement aux défis climatiques qui nous attendent.

Isabelle DAHAN

Isabelle DAHAN

Rédactrice en chef de Monimmeuble.com. Isabelle DAHAN est consultante dans les domaines de l'Internet et du Marketing immobilier depuis 10 ans. Elle est membre de l’AJIBAT www.ajibat.com, l’association des journalistes de l'habitat et de la ville. Elle a créé le site www.monimmeuble.com en avril 2000.

Laisser un commentaire