Le secteur du bâtiment en Île-de-France fait face à des défis majeurs en ce début d’année 2024. Les derniers chiffres révèlent une baisse significative des autorisations de construction. Et, cela, tant pour les logements que pour les locaux non résidentiels. Parallèlement, la rénovation énergétique connaît un net recul, avec une chute importante des dossiers MaPrimeRénov’ engagés. Cependant, ces difficultés s’accompagnent d’une diminution encourageante de la consommation d’énergie dans le secteur résidentiel. Ce bilan du bâtiment trimestriel offre un aperçu complet des tendances actuelles. Il permet ainsi aux acteurs du secteur de mieux appréhender les enjeux et d’identifier les opportunités dans un marché en pleine mutation.
Sommaire :
- Bilan du bâtiment contrasté pour le secteur résidentiel
- Locaux non résidentiels : un secteur en recul
- Bilan pour la rénovation : un ralentissement inquiétant
- Le bilan du bâtiment pour le parc social : des rénovations en baisse
- Conclusion : un bilan du bâtiment qui appelle à l’action
Un bilan du bâtiment contrasté pour le secteur résidentiel
Baisse des autorisations de construction de logements
Le bilan du bâtiment francilien pour le premier trimestre 2024 révèle une tendance préoccupante dans le secteur résidentiel. Selon les données publiées par la Direction régionale et interdépartementale de l’environnement, de l’aménagement et des transports (DRIEAT), les autorisations de construction de logements ont connu une baisse significative.
En effet, au 31 mars 2024, on comptait 57 028 logements autorisés en Île-de-France. Soit une diminution de 5% par rapport au même trimestre de l’année précédente. Cette baisse s’accentue à 26% par rapport au trimestre précédent, indiquant un ralentissement marqué du secteur.
Cette baisse des autorisations reflète les difficultés croissantes auxquelles font face les promoteurs, notamment en termes de financement et de réglementation.
Répartition inégale des autorisations par département
Le bilan du bâtiment montre des disparités importantes entre les départements franciliens. Paris (75) se distingue avec seulement 2 068 logements autorisés. Tandis que les Hauts-de-Seine (92) et la Seine-Saint-Denis (93) affichent des chiffres plus élevés, respectivement 8 717 et 10 057 logements. Cette répartition inégale souligne les défis spécifiques auxquels font face les différents territoires de la région.
En effet, la loi SRU (Solidarité et Renouvellement Urbain) de 2000, qui impose un taux minimum de logements sociaux dans certaines communes, continue d’influencer cette répartition. Les communes en déficit de logements sociaux sont sous pression pour augmenter leurs autorisations. Ce qui explique en partie les chiffres plus élevés dans certains départements.
Consommation d’énergie en baisse dans le secteur résidentiel
Malgré ces difficultés, le bilan du bâtiment apporte une note positive concernant la consommation d’énergie. Selon les données modélisées par Airparif pour le Réseau d’Observation Statistique de l’Énergie (ROSE), en 2021, le secteur résidentiel en Île-de-France a consommé 72 309 GWh. Soit une baisse de 21% par rapport à 2005. Cette tendance encourageante reflète les efforts en matière d’efficacité énergétique et de rénovation.
Le bilan du bâtiment pour les locaux non résidentiels : un secteur en recul
Diminution des surfaces autorisées
Le bilan du bâtiment pour les locaux non résidentiels présente également des chiffres en baisse. Au 31 mars 2024, 4 millions de m² de construction de locaux ont été autorisés en Île-de-France. Cela représente une diminution de 2% par rapport au même trimestre de l’année précédente et de 18% par rapport au trimestre précédent.
Cette baisse s’inscrit dans un contexte économique incertain, marqué par l’inflation et la hausse des taux d’intérêt. Le Plan Local d’Urbanisme intercommunal (PLUi) de la Métropole du Grand Paris, adopté en 2023, a également un impact sur ces chiffres. En cela, il redéfinit les zones constructibles pour les locaux professionnels.
Variations entre les départements
Le bilan du bâtiment met en lumière des différences notables entre les départements. Le Val-d’Oise (95) se démarque avec 738 321 m² autorisés, suivi par la Seine-et-Marne (77) avec 655 206 m². En revanche, Paris (75) affiche le chiffre le plus bas avec 380 587 m² autorisés.
Ces écarts reflètent les dynamiques économiques propres à chaque territoire. Les départements de grande couronne offrent plus d’espace pour de nouveaux développements. Tandis que Paris, déjà densément bâti, se concentre davantage sur la rénovation et la transformation de l’existant.
Légère hausse de la consommation d’énergie dans le tertiaire
Contrairement au secteur résidentiel, le bilan du bâtiment indique une légère augmentation de la consommation d’énergie dans le secteur tertiaire. En 2021, elle s’élevait à 56 724 GWh, soit une hausse de 2% par rapport à 2005. Cette tendance souligne la nécessité de renforcer les efforts d’efficacité énergétique dans ce secteur.
Notons que le décret tertiaire, issu de la loi ELAN de 2018, fixe des objectifs ambitieux de réduction de la consommation énergétique pour les bâtiments tertiaires. À cet effet, il impose une réduction de 40% d’ici 2030, 50% d’ici 2040 et 60% d’ici 2050 par rapport à 2010.
Le bilan du bâtiment pour la rénovation : un ralentissement inquiétant
Chute des dossiers MaPrimeRénov’ engagés
Le bilan du bâtiment pour la rénovation du parc privé individuel révèle une baisse alarmante. Selon les données de l’Agence Nationale de l’Habitat (ANAH), au premier trimestre 2024, seulement 8 990 dossiers MaPrimeRénov’ ont été engagés en Île-de-France. Cela représente une diminution de 40% par rapport au même trimestre de l’année précédente et de 29% par rapport au trimestre précédent. Cette baisse s’explique en partie par les changements de critères d’éligibilité et la complexification des démarches administratives.
Répartition des types de travaux
La majorité des travaux concernent le chauffage et l’eau chaude, suivis par l’isolation. La rénovation globale ne représente qu’une faible part des dossiers, indiquant un potentiel d’amélioration dans ce domaine.
La stratégie nationale bas-carbone (SNBC) fixe l’objectif de rénover l’ensemble du parc immobilier au niveau BBC (Bâtiment Basse Consommation) d’ici 2050. Pour atteindre cet objectif ambitieux, il sera nécessaire d’augmenter significativement la part des rénovations globales.
Forte baisse pour MaPrimeRénov’ Sérénité et Copropriétés
Le bilan du bâtiment est particulièrement préoccupant pour MaPrimeRénov’ Sérénité (désormais Parcours Accompagné) et MaPrimeRénov’ Copropriétés. En effet, le nombre de dossiers engagés a chuté respectivement de 69% et 91% par rapport au même trimestre de l’année précédente.
Ces chiffres alarmants appellent à une réaction rapide des pouvoirs publics. La loi Climat et Résilience de 2021, qui prévoit l’interdiction progressive de la location des passoires thermiques, rend d’autant plus urgent le besoin d’accélérer la rénovation énergétique des logements.
Le bilan du bâtiment pour le parc social : des rénovations en baisse
Recul des rénovations de logements sociaux
Le bilan du bâtiment pour le parc social montre également une tendance à la baisse. Selon les données de la Direction de l’Habitat, de l’Urbanisme et des Paysages (DHUP), au quatrième trimestre 2023, 2 424 rénovations de logements sociaux ont été engagées en Île-de-France via les prêts éco-PLS. Or, cela représente une diminution de 47% par rapport au trimestre précédent et de 25% par rapport au même trimestre de l’année précédente.
Disparités entre les départements
De plus, on observe des écarts importants entre les départements. Le Val-de-Marne (94) se distingue avec 896 rénovations engagées, tandis que le Val-d’Oise (95) et la Seine-et-Marne (77) affichent des chiffres beaucoup plus bas, respectivement 48 et 110 rénovations.
Ces disparités reflètent les différences de priorités et de moyens entre les organismes HLM de chaque département. Il est crucial d’harmoniser les efforts de rénovation à l’échelle régionale pour garantir un parc social de qualité dans toute l’Île-de-France.
Conclusion : un bilan du bâtiment qui appelle à l’action
Ce bilan du bâtiment francilien pour le premier trimestre 2024 dresse un tableau mitigé du secteur. Si la baisse de la consommation d’énergie dans le résidentiel est encourageante, le recul général des constructions et des rénovations est préoccupant. Ces tendances soulignent la nécessité d’actions ciblées pour relancer le secteur, notamment en matière de rénovation énergétique.
Face à ces défis, plusieurs pistes d’action se dessinent :
- Simplification des procédures administratives pour les permis de construire et les aides à la rénovation.
- Renforcement des incitations financières pour les rénovations globales.
- Accompagnement renforcé des copropriétés dans leurs projets de rénovation.
- Développement de la formation aux métiers de la rénovation énergétique pour répondre à la demande croissante.
Les acteurs du bâtiment et les pouvoirs publics devront travailler de concert pour surmonter ces défis et assurer un développement durable du parc immobilier francilien. Ce bilan du bâtiment nous rappelle l’urgence d’agir. Nous devons collectivement redoubler d’efforts pour relancer la construction et accélérer la transition énergétique de notre parc immobilier.
L’avenir du secteur du bâtiment en Île-de-France dépendra de la capacité des acteurs à s’adapter rapidement aux nouveaux enjeux économiques et environnementaux, tout en répondant aux besoins croissants de logements et de locaux professionnels dans la région.