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Travaux

Artisans RGE : ils sont inégalement répartis sur le territoire

Artisans RGE

La rénovation des logements est plus que jamais au cœur des enjeux politiques. Or, les aides et subventions publiques pour la rénovation sont conditionnées. En effet, les travaux sont obligatoirement réalisés par des entreprises ou artisans RGE (reconnu garant de l’environnement). Cependant, leur nombre est limité et leur répartition géographique inégale. Face à ce constat, Heero by EP lance un nouvel indice de tension artisanale. Ce dernier mesure l’accessibilité à une société RGE dans chaque commune de France métropolitaine. Découvrez les principaux enseignements de cette étude.

Indice de tension artisanale : quels sont les principaux enseignements ?

L’objectif de l’étude est d’identifier le niveau de tension artisanale en France métropolitaine. Pour ce faire, un indice de tension a été mis au point. Il mesure le temps nécessaire à la mise en relation d’un logement à rénover avec des artisans RGE. Le tout en tenant compte des besoins réels de rénovation.

En France, le nombre d’artisans RGE est limité et leur répartition sur le territoire est inégale. Ce qui pose un défi pour la rénovation énergétique des logements. Seule la moitié des communes du pays disposent de ces professionnels, qui sont pourtant nécessaires pour bénéficier des aides à la rénovation.

Même dans les régions où les entreprises RGE sont présentes, leur accessibilité peut être restreinte. C’est notamment le cas des régions nantaise, bordelaise ou montpelliéraine. Par ailleurs, les régions côtières et montagneuses sont confrontées à un indice de tension artisanale élevé en raison de leur topographie. Tandis que les régions rurales du centre de la France et les régions montagneuses ont un taux élevé de passoires thermiques, nécessitant des travaux de rénovation prioritaires.

Certes, les objectifs gouvernementaux en matière de rénovation énergétique sont ambitieux. Bruno Le Maire évoque une multiplication par quatre du nombre d’entreprises qualifiées RTE d’ici à 2028. Pourtant, la réalité est tout autre. En effet, le nombre limité d’entreprises qualifiées constitue déjà un obstacle majeur pour l’obtention d’aides et de subventions publiques. Ce qui entrave la rénovation énergétique. Cette situation est encore plus préoccupante lorsqu’on considère le nombre de logements existants sur un territoire donné.

Artisans RGE : ils représentent moins de 5 % des sociétés du bâtiment

Seulement 5% des entreprises du bâtiment en France, soit environ 65 000 sur 1,3 million, ont obtenu la certification RGE.

Pour obtenir la certification RGE, les professionnels du bâtiment et des travaux publics doivent choisir un organisme agréé qui délivre le label. Ainsi, ils suivent une formation spécialisée payante dans leur domaine d’expertise. La formation doit être adaptée à la qualification RGE qu’ils souhaitent obtenir. Notamment pour différents types de chauffage, d’énergies renouvelables, d’isolation, de menuiseries, etc.

Cette formation permet aux artisans de développer les compétences nécessaires pour offrir des services de qualité en matière de rénovation énergétique. Ainsi, ils répondent aux normes et aux exigences requises pour l’obtention de la certification RGE. Ils deviennent des artisans RGE.

Par la suite, le label RGE est soumis à un suivi et à un contrôle annuels, indépendamment de la qualification obtenue et de l’organisme qui a délivré la certification. Cette validation est valable pour une durée de 4 ans. Au terme de cette période, le professionnel doit demander le renouvellement du label en suivant une nouvelle formation spécialisée. Cette formation permet aux professionnels de se tenir informés des dernières réglementations et techniques en matière de rénovation énergétique.

Des artisans RGE inégalement répartis sur le territoire

Il y a de forts écarts entre les régions. Certaines régions se distinguent par une part d’artisans RGE relativement plus élevée :

  • il y a ainsi 7,6 % d’entreprises RGE dans les Pays de la Loire,
  • 7,4 % en Bourgogne-Franche-Comté ou en Bretagne,
  • 7 % en Normandie,
  • mais seulement, 2,90 % en Occitanie,
  • 1,8 % en Ile-de-France,
  • 1,3 % en Provence-Alpes-Côte-d’Azur,
  • 0,65 % en Corse.

À l’échelle des communes, il existe également d’importantes disparités. Sur un peu plus de 17 000 communes, seulement 65 000 entreprises sont certifiées RGE. Cela signifie que près de la moitié des communes françaises manquent d’artisans RGE résidant sur leur territoire. Bien sûr, ces professionnels proposent leurs services en dehors de leur lieu de résidence.
Artisans RGE par commune en France
En effet, les professionnels certifiés RGE se concentrent principalement dans les grandes villes et sur la côte ouest, avec peu de présence dans les régions montagneuses ou dans les zones rurales.

“ Pour approfondir cette analyse, nous avons créé un indice de tension artisanale. Il permet d’identifier les zones où la densité d’artisans disponibles est insuffisante par rapport au nombre de logements à rénover. En particulier ceux considérés comme énergivores.” – Romain Villain, directeur général de Heero.

L’indice de tension artisanale : un moyen de mesurer l’accessibilité aux artisans RGE

En plus de compter le nombre de sociétés RGE dans chaque commune, il est intéressant d’analyser celles qui peuvent se déplacer en moins de 30 minutes en voiture. C’est pourquoi, Heero a calculé la distance que les artisans RGE peuvent parcourir en 30 minutes depuis leur lieu d’implantation.
indice de tension artisanale

Les résultats montrent que chaque artisan RGE intervient en moyenne sur 75 à 280 communes, avec des variations significatives selon les régions. À Paris, plus de 5 000 professionnels RGE sont potentiellement disponibles. Tandis que dans les zones montagneuses ou en Corse, moins de 5 artisans RGE par commune peuvent réaliser des travaux.

Un indice de tension artisanale (ITA)

Afin d’affiner l’analyse, il est utile de considérer le nombre de logements par commune. Puisque cela représente le nombre de chantiers potentiels pour chaque artisan. Cette information permet d’évaluer si les territoires, malgré la présence de nombreuses entreprises RGE, connaissent une tension pour répondre aux besoins de rénovation. C’est pourquoi Heero a développé un indice de tension artisanale (ITA) en analysant ce critère.

Ainsi, la première analyse confirme que les artisans RGE sont davantage présents dans les zones denses et les pôles économiques majeurs. Cependant, la cartographie de l’indice de tension artisanale révèle d’autres disparités géographiques. En effet, certains territoires, tels que la Bretagne et le Centre, sont en tension. À l’inverse, certaines régions moins bien dotées, comme le Grand Est, se trouvent dans une situation plus favorable en matière de rénovation.

Bien que toutes les grandes villes de France connaissent une forte tension en raison du nombre important de logements, certaines aires urbaines présentent une faible tension artisanale. C’est le cas notamment des périphéries de Paris, Strasbourg ou Lyon grâce à un nombre suffisant d’entreprises RGE accessibles en moins de 30 minutes.

En effet, les professionnels RGE ont tendance à s’implanter dans les périphéries des villes, à proximité des grands axes de communication et des magasins de matériaux. En revanche, la tension est très élevée dans les environs de Nantes, Bordeaux, ainsi que dans une moindre mesure Rennes et Montpellier. Puisque dans ces zones, le nombre de logements est relativement plus élevé que le nombre d’artisans disponibles. En somme, il existe une inégalité entre les différentes aires urbaines.

Focus sur les passoires thermiques

Par ailleurs, Heero a calculé l’Indice de Tension Artisanale en considérant le nombre de passoires énergétiques de chaque territoire. C’est-à-dire les logements classés F ou G qui nécessitent une rénovation prioritaire. Rappelons que le pourcentage de passoires en France est de 19,7 % de l’ensemble des logements, y compris les résidences principales, secondaires et les logements vacants.

Pourcentage de passoires énergétiques
Ainsi, on observe une baisse générale de la tension, sauf dans certaines régions côtières ou montagneuses où l’on rencontre trois obstacles à la rénovation énergétique :

  • une faible disponibilité de professionnels RGE ;
  • une forte densité de logements ;
  • une proportion plus élevée de passoires énergétiques, en particulier dans les zones montagneuses.

En conclusion, effectivement, le nombre restreint d’entreprises qualifiées RGE constitue un obstacle pour obtenir des aides et subventions publiques. Ce qui ralentit les projets de travaux de rénovation énergétique. Mais, cette situation est encore plus problématique lorsque l’on tient compte du nombre de logements existants sur un territoire !

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Isabelle DAHAN

Rédactrice en chef de Monimmeuble.com. Isabelle DAHAN est consultante dans les domaines de l'Internet et du Marketing immobilier depuis 10 ans. Elle est membre de l’AJIBAT www.ajibat.com, l’association des journalistes de l'habitat et de la ville. Elle a créé le site www.monimmeuble.com en avril 2000.

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