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Gestion Comptable

Appel de fonds en copropriété : comprendre vos relevés et anticiper vos charges

Appel de fonds en copropriété : comprendre vos relevés et anticiper vos charges

L’appel de fonds en copropriété est une démarche incontournable pour assurer le bon fonctionnement et l’entretien des immeubles collectifs. Pourtant, nombreux sont les copropriétaires qui se retrouvent déconcertés face aux relevés trimestriels envoyés par leur syndic. Ces documents peuvent parfois prêter à confusion en raison des grilles de répartition, des provisions, et des régularisations annuelles. Comprendre les mécanismes derrière ces appels de charges permet d’éviter d’éventuelles erreurs ou omissions. Cet article vous guide à travers les principes fondamentaux des appels de fonds, en expliquant leur fonctionnement, leur justification légale et les points de vigilance à adopter pour une gestion sereine de votre copropriété.

Sommaire :

Comprendre l’appel de fonds en copropriété

L’appel de fonds est un mécanisme fondamental dans la gestion d’une copropriété. Il permet de financer les dépenses collectives nécessaires à l’entretien, à l’amélioration et à la conservation des parties communes d’un immeuble. Chaque copropriétaire participe financièrement à ces dépenses en fonction de la quote-part qu’il détient dans la copropriété. Mais, comment se structure cet appel de fonds et quels sont les points clés à maîtriser pour éviter les erreurs ?

Définition et rôle de l’appel de fonds

L’appel de fonds est une demande de paiement émise par le syndic de copropriété, représentant le syndicat des copropriétaires. Ce document précise aux propriétaires les sommes qu’ils doivent pour couvrir les charges de fonctionnement de l’immeuble.

“L’appel de fonds n’est pas une simple demande de règlement du syndic. C’est une obligation légale qui découle d’une décision collective prise en assemblée générale”, rappelle Patrice Manilève, président de TeamCopro.

Le syndicat des copropriétaires, et non le syndic, reçoit les sommes appelées. Ces fonds couvrent directement les dépenses de l’immeuble plutôt que les honoraires du syndic.

Pourquoi les appels de fonds sont-ils nécessaires ?

Les charges d’une copropriété couvrent un large éventail de dépenses :

  • Entretien des parties communes (nettoyage, entretien des ascenseurs)
  • Assurance de l’immeuble
  • Petits travaux de réparation
  • Consommation d’eau et d’énergie pour les parties communes
  • Frais de gestion administrative

Le syndic répartit ces dépenses entre les copropriétaires en suivant les règles précises définies dans le règlement de copropriété. L’appel de fonds permet de :

  • Disposer de liquidités pour honorer les factures courantes.
  • Préparer les copropriétaires à des dépenses exceptionnelles (travaux de rénovation, ravalement de façade).
  • Constituer des réserves à travers des avances ou des fonds de travaux.

Un mécanisme encadré par la loi

L’émission de l’appel de fonds repose sur des décisions prises en assemblée générale (AG). Ainsi, l’article 14-1 de la loi du 10 juillet 1965 impose aux copropriétaires de participer aux dépenses courantes. Tandis que l’article 14-2 encadre les appels de fonds pour des charges exceptionnelles et des travaux. Pour rappel, le syndic ne peut pas appeler des fonds sans qu’une décision ait été validée en AG, sauf en cas de travaux urgents. Chaque copropriétaire reçoit un bordereau indiquant sa quote-part en fonction de ses tantièmes.

Composition d’un appel de fonds

Un appel de fonds se compose généralement de deux éléments :

  • Le détail des charges appelées. Ce tableau indique la base à répartir et la part attribuée à chaque copropriétaire selon la grille de répartition.
  • L’extrait du compte du copropriétaire. Il s’agit d’un relevé reprenant l’historique des paiements et le solde du compte.

“Attention à bien vérifier le solde figurant sur l’extrait de compte. Ce montant peut différer de celui de l’appel trimestriel si des impayés ou des trop-perçus sont présents”, souligne Patrick Pollantru, contrôleur de gestion chez Team CoPro?.

Erreurs fréquentes et conseils pratiques

91 % des copropriétaires affirment vérifier leurs appels de fonds, mais 9 % avouent ne pas le faire systématiquement. Or, une simple erreur de tantième ou de consommation d’eau peut entraîner un déséquilibre dans les comptes. Comparez systématiquement vos relevés trimestriels avec les décisions votées en AG. En cas de doute, demandez une explication détaillée au syndic ou au conseil syndical.

Si vous avez un retard de paiement ou un solde positif dû à une régularisation, le montant à régler diffère de celui inscrit en haut du bordereau. C’est pourquoi, il est conseillé de toujours se référer au solde indiqué dans l’extrait de compte. Ce montant reflète votre situation réelle.

Par ailleurs, une mauvaise interprétation des grilles de répartition peut entraîner des incompréhensions sur le montant des charges appelées. Certaines dépenses, comme l’entretien de l’ascenseur ou le chauffage collectif, ne concernent que les copropriétaires des lots desservis. En cela, elles ne sont pas réparties uniformément entre tous les résidents. Pour éviter toute confusion ou contestation, il est essentiel de se référer au règlement de copropriété. Parce que ce dernier précise quelle grille s’applique à chaque catégorie de dépenses et définit les modalités exactes de répartition.

Travaux urgents et exception à la règle

Dans des cas très précis, le syndic peut appeler des fonds sans attendre l’AG. Cela concerne les travaux urgents nécessaires à la conservation de l’immeuble ou à la sécurité des occupants. Par exemple :

  • Réparation d’une fuite majeure
  • Travaux d’électricité pour éviter un risque d’incendie

Dans ces situations, le syndic convoque rapidement une AG pour valider les décisions prises et régulariser les montants appelés. Bien que ces situations restent rares, il est important de savoir que le syndic dispose de ce pouvoir en cas de nécessité absolue.

Les règles formelles et erreurs courantes

La gestion de l’appel de fonds en copropriété est encadrée par des règles précises qui visent à garantir la transparence et l’équité entre copropriétaires. Toutefois, des erreurs d’interprétation ou des oublis peuvent facilement compliquer cette gestion, ce qui peut entraîner des impayés et des incompréhensions. À terme, ces situations peuvent générer des tensions entre copropriétaires, en particulier lors des assemblées générales où les comptes sont examinés de près.

L’obligation d’information : un principe fondamental

Le syndic de copropriété a l’obligation légale d’informer chaque copropriétaire de l’émission d’un appel de fonds. Le syndic transmet cette information par courrier postal ou par courriel, selon les préférences et les usages de la copropriété. Il n’exige aucun accusé de réception pour ces envois. Ainsi, même sans confirmation de lecture du copropriétaire, l’appel de fonds reste valide.

Appel de fonds en copropriété : comprendre vos relevés et anticiper vos charges
Si vous ne recevez pas régulièrement vos appels de fonds, vérifiez vos courriers électroniques et votre adresse postale auprès du syndic. Ainsi, un changement d’adresse non signalé peut entraîner des impayés involontaires.

Fréquence des envois : mensuel ou trimestriel ?

La fréquence des appels de fonds est généralement définie par l’assemblée générale et précisée dans le règlement de copropriété. Dans la plupart des cas, les copropriétés optent pour des appels trimestriels, correspondant aux échéances classiques de paiement des charges courantes. Toutefois, certaines copropriétés préfèrent un envoi mensuel, notamment pour lisser les dépenses et éviter des montants trop élevés en une seule fois. Cette approche peut être plus confortable pour les copropriétaires ayant des budgets serrés.

“Le choix entre une périodicité mensuelle ou trimestrielle dépend de la taille de la copropriété et des habitudes de gestion. Une copropriété avec peu de charges privilégiera souvent un envoi trimestriel. Tandis qu’une copropriété plus importante pourra opter pour des appels mensuels afin de mieux suivre ses flux de trésorerie”, précise Patrick Pollantru.

Si l’assemblée générale n’a pas abordé cette question, les copropriétaires peuvent demander de l’inscrire à l’ordre du jour de la prochaine réunion. Il est toutefois important de noter que la mise en place d’un envoi mensuel peut engendrer des frais supplémentaires de gestion pour le syndic.

Présentation d’un appel de fonds en copropriété : un format non réglementé

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, la présentation d’un appel de fonds n’est pas strictement encadrée par la loi. Ainsi, chaque syndic utilise ses propres modèles, souvent issus de logiciels de gestion comptable. Néanmoins, certains éléments apparaissent systématiquement :

  • Le montant appelé et sa justification (budget prévisionnel, travaux votés, etc.).
  • Le calcul de la répartition selon les tantièmes des lots concernés.
  • L’extrait de compte du copropriétaire indiquant les montants déjà payés, les éventuels crédits ou impayés et le solde total à régler.

“Même si le format peut varier, les informations essentielles doivent toujours figurer dans l’appel de fonds. Le copropriétaire doit pouvoir comprendre clairement l’origine et le détail des sommes réclamées”, souligne Muriel Lepousé.

Attention au solde réel : une source fréquente d’erreur

L’une des erreurs les plus courantes concerne la confusion entre le montant de l’appel de fonds et le solde total à payer. En effet, le montant en haut du bordereau représente généralement l’appel trimestriel ou lié à des travaux. Toutefois, il ne tient pas compte des éventuels arriérés ou crédits présents sur le compte du copropriétaire. À l’inverse, un copropriétaire ayant trop payé lors de la régularisation précédente peut se voir crédité d’un montant, réduisant ainsi la somme à verser pour l’appel suivant.

“Beaucoup de copropriétaires se contentent de payer la somme indiquée sur le bordereau sans prêter attention à l’extrait de compte joint. Pourtant, c’est ce solde qui fait foi”, insiste Patrice Manilève.

Prenez le temps d’examiner l’extrait de compte fourni avec l’appel de fonds. Il récapitule les paiements précédents et les éventuelles régularisations. Il vous donne ainsi une vision complète de votre situation financière vis-à-vis de la copropriété.

Les délais de paiement : à respecter scrupuleusement

La date d’exigibilité est une information cruciale indiquée sur chaque appel de fonds en copropriété. Le syndic émet généralement les appels de provisions de manière trimestrielle et demande aux copropriétaires de les régler sous 30 jours. Il applique des pénalités en cas de retard.

“Certains syndics appliquent des intérêts de retard dès le premier jour de dépassement. Mieux vaut éviter ces frais supplémentaires en réglant à temps”, avertit Patrick Pollantru.

Programmez des rappels pour chaque échéance trimestrielle afin de ne pas oublier vos paiements. D’ailleurs, certains syndics proposent des prélèvements automatiques pour simplifier cette gestion.

Régularisation et ajustement des comptes

Chaque année, le syndic présente les comptes de la copropriété en assemblée générale pour approbation. Il procède ensuite à une régularisation afin d’ajuster les provisions versées aux dépenses réelles. Si les provisions dépassent les dépenses, il accorde un crédit aux copropriétaires. À l’inverse, il leur demande un complément lorsque les dépenses dépassent les prévisions. Lors de l’AG, posez des questions sur les écarts significatifs entre le budget prévisionnel et les dépenses réelles. Cela vous permettra de mieux anticiper les appels de fonds futurs.

Les grilles de répartition : comment ça marche ?

Les grilles de répartition sont au cœur du fonctionnement de l’appel de fonds en copropriété. Elles définissent comment le syndic répartit chaque dépense entre les copropriétaires en fonction des caractéristiques de leur lot (appartement, cave, parking, etc.). Cette clé de répartition garantit l’équité dans la contribution de chacun, selon l’usage qu’il fait des équipements collectifs et des parties communes. Comprendre ces grilles est essentiel pour éviter les erreurs et les contestations lors de la réception des relevés.

Qu’est-ce qu’une grille de répartition ?

La grille de répartition est un tableau, défini par le règlement de copropriété, qui attribue une quote-part des charges à chaque lot en fonction de critères spécifiques. Cette quote-part est généralement exprimée en tantièmes ou en millièmes.

“Chaque lot détient une fraction des parties communes, exprimée en tantièmes, qui sert de base au calcul de l’appel de fonds”, explique Patrice Manilève.

En d’autres termes, un copropriétaire dont le lot est plus grand ou dispose d’équipements spécifiques (comme l’ascenseur) contribue davantage aux charges.

Les principales grilles de répartition

Il existe plusieurs grilles, chacune s’appliquant à une catégorie précise de dépenses. Le règlement de copropriété prévoit souvent des grilles spécifiques pour chaque type de charge.

Les principales grilles de répartition - Appel de fonds en copropriété

“Les charges d’ascenseur sont réparties uniquement entre les lots desservis. Un copropriétaire au rez-de-chaussée n’aura donc pas à contribuer à ces frais”, précise Muriel Lepousé.

Comment sont calculées les quotes-parts ?

Les calculs de répartition suivent une logique de proportionnalité. Pour chaque catégorie de charge, le syndic applique la formule suivante :
Montant total des charges × (Nombre de tantièmes du lot / Total des tantièmes de la copropriété)

Imaginons une copropriété avec un budget de 10 000 € pour l’entretien des parties communes. Monsieur Dupont détient 150 tantièmes sur 1 000 pour son appartement et 15 tantièmes pour sa cave.

  • Total des tantièmes : 1 000
  • Quote-part de Monsieur Dupont : (150 + 15) / 1 000 = 16,5 %
  • Montant dû par Monsieur Dupont : 10 000 € × 16,5 % = 1 650 €

“Les copropriétaires doivent comprendre que chaque dépense n’est pas forcément répartie de manière identique. Il faut bien vérifier à quelle grille se rattache chaque charge”, ajoute Patrick Pollantru.

Grilles fixes et grilles variables : quelle différence ?

Les grilles de répartition peuvent être fixes ou variables, selon la nature des dépenses.

  • Les grilles fixes s’appliquent à des charges dont la répartition ne varie pas dans le temps (entretien des parties communes, gardiennage). Les tantièmes restent les mêmes d’une année à l’autre.
  • Les grilles variables, en revanche, s’ajustent en fonction de la consommation ou de l’usage réel. C’est le cas des charges d’eau froide ou de chauffage, où les relevés de compteurs déterminent la répartition finale.

Si le budget prévisionnel pour l’eau est de 5 000 €, mais que la consommation réelle est plus élevée, la différence sera répartie en fonction des compteurs individuels lors de la régularisation annuelle. Notons que les copropriétés équipées de compteurs individuels permettent une facturation plus juste. Parce que chaque copropriétaire paie selon sa consommation réelle.

Cas particulier des travaux exceptionnels

Les travaux exceptionnels (ravalement, réfection de toiture, etc.) font souvent l’objet d’une répartition spécifique, décidée en assemblée générale. Les copropriétaires peuvent voter pour :

  • Répartir les charges selon les tantièmes généraux.
  • Appliquer une grille différente en fonction de l’impact des travaux (ex : ravalement uniquement pour les façades donnant sur une rue précise).
  • Répartir les coûts en fonction de l’usage ou des avantages procurés par les travaux.

Pour la réfection du hall d’entrée, seuls les copropriétaires ayant des accès directs au hall peuvent être concernés par l’appel de fonds. Tandis que les propriétaires de lots avec une entrée indépendante peuvent être exemptés. Ce type de clé de répartition permet d’assurer une meilleure équité dans la contribution aux travaux, en tenant compte de la réalité de l’usage.

Mise à jour et adaptation des grilles de répartition

Les grilles de répartition doivent évoluer en même temps que les équipements et les infrastructures de la copropriété. Cependant, il arrive que ces grilles deviennent obsolètes. Notamment après des travaux ou des modifications importantes, comme l’ajout d’un ascenseur ou la suppression d’installations communes. Si les tantièmes ne sont pas réajustés en conséquence, certains copropriétaires risquent de payer des charges pour des équipements qu’ils n’utilisent plus.

Il est donc essentiel de demander à l’assemblée générale d’actualiser les grilles de répartition chaque fois qu’un changement structurel ou fonctionnel intervient dans l’immeuble. Ce point peut être ajouté à l’ordre du jour afin de garantir une répartition équitable des charges.

De plus, lorsque des compteurs individuels d’eau ou de chauffage sont installés, certaines copropriétés oublient de modifier la répartition des charges correspondantes. Il arrive alors que les frais d’eau ou de chauffage continuent à être répartis selon des grilles fixes, sans tenir compte des relevés réels de consommation.

Appels provisionnels et régularisation

Les appels provisionnels et la régularisation constituent deux piliers essentiels de la gestion financière d’une copropriété. Ces mécanismes permettent d’assurer la trésorerie nécessaire au fonctionnement de l’immeuble tout en ajustant, a posteriori, les charges aux dépenses réelles. Bien comprendre ce processus est fondamental pour anticiper les paiements, éviter les mauvaises surprises et garantir l’équilibre budgétaire de la copropriété.

Les appels provisionnels : une anticipation des dépenses

Les appels provisionnels sont émis sur la base du budget prévisionnel voté chaque année en assemblée générale (AG). Ils servent à couvrir les charges courantes telles que :

  • L’entretien des parties communes (nettoyage, espaces verts).
  • La consommation d’énergie (éclairage, chauffage collectif).
  • Les contrats de maintenance (ascenseurs, portes automatiques).
  • Les assurances de l’immeuble.

Les appels provisionnels permettent de garantir que la copropriété dispose des fonds nécessaires pour faire face aux dépenses régulières, sans avoir à solliciter en urgence les copropriétaires. En général, ces appels sont répartis en quatre échéances trimestrielles, exigibles au 1er jour de chaque trimestre (1er janvier, 1er avril, 1er juillet et 1er octobre).

Comment sont calculés les appels provisionnels ?

Le montant des appels provisionnels est déterminé par le budget prévisionnel annuel voté en AG, divisé en parts égales.

Exemple concret :
Si le budget prévisionnel de la copropriété pour 2025 est de 40 000 €, les copropriétaires devront s’acquitter de 10 000 € par trimestre.
Un copropriétaire, détenant 150 tantièmes sur 1 000, paiera :
10 000 € × (150/1 000) = 1 500 € par trimestre.

La régularisation : ajuster les provisions aux dépenses réelles

Une fois l’exercice clos, les comptes de la copropriété sont arrêtés et soumis à l’approbation de l’AG. La régularisation consiste à comparer les provisions versées tout au long de l’année avec les dépenses réelles engagées.

  • Si les dépenses réelles sont supérieures aux provisions : Les copropriétaires devront payer un complément.
  • Si les dépenses sont inférieures : Un trop-perçu sera crédité sur leur compte.

“La régularisation est une étape cruciale qui reflète la réalité des dépenses engagées. C’est pourquoi il est essentiel de suivre les comptes de la copropriété et d’assister à l’AG”, souligne Muriel Lepousé.

Les appels provisionnels pour travaux

Outre les charges courantes, des appels provisionnels peuvent être émis pour financer des travaux exceptionnels (ravalement de façade, rénovation des parties communes, etc.). Ces travaux sont votés en AG et font l’objet d’un budget spécifique, réparti selon les clés de répartition.

Exemple :

  • Ravalement voté à 50 000 € en AG.
  • Trois appels provisionnels de 16 666 € sont émis avant le début des travaux.
  • Une fois les travaux achevés, une régularisation est effectuée sur la base du coût réel.

Cas particulier : les avances et le fonds de travaux

En plus des appels provisionnels classiques, la loi impose la constitution d’un fonds de travaux (loi ALUR). Ce fonds est alimenté par des appels spécifiques, représentant au minimum 5 % du budget prévisionnel annuel.

“Le fonds travaux est une réserve destinée à financer les travaux futurs. Il est obligatoire et reste attaché au lot, même en cas de vente”, rappelle Muriel Lepousé.

Conseils pour anticiper les régularisations

  • Suivez les comptes régulièrement. Consultez les relevés trimestriels et comparez-les aux décisions votées en AG.
  • Anticipez les dépenses imprévues. Si vous constatez une augmentation de certaines charges (énergie, entretien), prévoyez un éventuel ajustement lors de la régularisation.
  • Participez aux AG. La meilleure façon de maîtriser vos charges est de participer activement aux assemblées générales où sont votés les budgets et travaux.

Mutation de lot : qui paie quoi ?

Lorsqu’un lot change de propriétaire, la question de la répartition des charges et des appels de fonds en cours ou à venir se pose inévitablement. Qui doit s’acquitter des provisions non encore exigibles ? Qu’en est-il des régularisations liées aux exercices précédents ? Ce sujet, souvent source de confusion lors des ventes immobilières, est encadré par des règles précises. Il est crucial pour les vendeurs et acquéreurs de bien comprendre ces mécanismes afin d’éviter les litiges après la signature de l’acte de vente.

Principe général : une question de date

La règle principale repose sur la date d’exigibilité de l’appel de fonds en copropriété. L’article 6 du décret du 17 mars 1967 précise que l’acquéreur devient responsable des charges à compter de la date de réception par le syndic de l’avis de mutation, transmis par le notaire.

“En copropriété, c’est la date à laquelle le syndic reçoit l’avis de mutation qui détermine qui paie quoi. L’ancien propriétaire reste redevable des charges exigibles avant cette date. Tandis que l’acquéreur prend le relais pour les appels postérieurs”, explique Patrice Manilève.

Pour éviter les litiges, il est recommandé que le notaire précise dans l’acte de vente la répartition des charges en fonction de la date de mutation et des appels de fonds prévus dans les semaines suivant la vente.

Régularisation des charges : un point de vigilance

L’un des points les plus délicats concerne la régularisation des charges. Lorsqu’un exercice comptable est clos et que les dépenses réelles sont supérieures ou inférieures aux provisions, une régularisation est effectuée après l’approbation des comptes en assemblée générale. Or, cette régularisation peut concerner des périodes antérieures à la mutation du lot.

“En cas de régularisation postérieure à la vente, c’est l’acquéreur qui reçoit l’appel de fonds, même si cette régularisation porte sur des charges engagées avant qu’il devienne propriétaire”, précise Muriel Lepousé.

Pour éviter toute mauvaise surprise, l’acheteur peut négocier avec le vendeur une clause dans l’acte de vente prévoyant une répartition de la régularisation des charges après la mutation.

Consommations individuelles : un traitement spécifique

Les consommations d’eau et de chauffage collectif (avec compteurs individuels) suivent une logique légèrement différente. Ces charges sont souvent régularisées bien après la période de consommation.

“Lors de la mutation, il est d’usage que le notaire demande un relevé des compteurs au jour de la vente. Le vendeur paie sa part directement à l’acquéreur, qui s’acquittera ensuite de l’intégralité de l’appel de fonds auprès du syndic”, précise Patrick Pollantru.

Pensez à relever les compteurs le jour de la vente et à formaliser cette opération dans l’acte notarié pour éviter tout différend ultérieur.

Fonds de travaux : un cas particulier

Le fonds de travaux, introduit par la loi ALUR, constitue une avance destinée à financer les futurs travaux de la copropriété. Ce fonds est alimenté par des appels annuels représentant au minimum 5 % du budget prévisionnel. Contrairement aux avances classiques, le fonds de travaux reste attaché au lot et n’est pas remboursable au vendeur lors de la mutation. Si un copropriétaire a contribué au fonds de travaux à hauteur de 2 000 € sur les trois dernières années, cette somme reste acquise à la copropriété et bénéficie directement à l’acquéreur.

Le rôle du notaire et de l’état daté

Le notaire joue un rôle clé dans la répartition des charges lors d’une mutation de lot. Avant la signature de l’acte définitif, il sollicite auprès du syndic un état daté. Le notaire peut ainsi prévoir des clauses spécifiques dans l’acte de vente pour répartir équitablement les charges entre vendeur et acquéreur.

Ce document récapitule la situation financière du lot :

  • Sommes dues par le vendeur.
  • Provisions déjà versées.
  • Appels de fonds futurs.

Conseils pratiques pour une transition sans accroc

  • Anticipez les appels de fonds à venir. Lors de la vente, consultez le syndic pour connaître les dates et montants des prochains appels.
  • Prévoyez une clause de répartition. N’hésitez pas à intégrer dans l’acte de vente une clause précisant que les régularisations futures seront partagées entre vendeur et acquéreur.
  • Faites un relevé des compteurs. Cette étape est essentielle pour ajuster les consommations individuelles de manière équitable.
  • Consultez l’état daté. Assurez-vous qu’il est à jour et reflète la situation financière exacte du lot au moment de la mutation.

L’appel de fonds en copropriété est un mécanisme essentiel pour garantir le bon fonctionnement d’un immeuble. En comprenant les règles de répartition et en vérifiant les relevés de manière rigoureuse, chaque copropriétaire peut éviter les mauvaises surprises et mieux anticiper ses charges. Assister aux assemblées générales et poser des questions au syndic reste la meilleure manière de rester informé.

Isabelle DAHAN

Isabelle DAHAN

Rédactrice en chef de Monimmeuble.com. Isabelle DAHAN est consultante dans les domaines de l'Internet et du Marketing immobilier depuis 10 ans. Elle est membre de l’AJIBAT www.ajibat.com, l’association des journalistes de l'habitat et de la ville. Elle a créé le site www.monimmeuble.com en avril 2000.

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