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Alliance du Diagnostic Immobilier : quel impact pour la profession ?

Alliance du Diagnostic Immobilier : quel impact pour la profession ?

Le secteur du diagnostic immobilier traverse une période de transformation majeure avec la création de l’Alliance du Diagnostic Immobilier. Cette nouvelle organisation, issue de la fusion entre l’exFIDI et l’exCDI, a pour ambition de structurer, défendre et représenter les diagnostiqueurs immobiliers face aux pouvoirs publics et aux acteurs du logement. Dans un contexte où les réglementations deviennent de plus en plus contraignantes et où les enjeux liés à la transition énergétique redéfinissent le métier, l’Alliance veut instaurer une voix unifiée et forte pour une profession souvent éclatée. Cependant, quels changements concrets cette structure apporte-t-elle aux diagnostiqueurs ? Quels défis doit-elle relever et quelles solutions propose-t-elle ?

Sommaire :

Une fusion stratégique pour structurer la profession

Depuis plusieurs années, le secteur du diagnostic immobilier souffre d’un manque de structuration et d’un morcellement de ses représentants. Les diagnostiqueurs étaient jusqu’à présent dispersés entre différentes fédérations, associations et groupements. Ce qui affaiblissait leur poids dans les discussions avec les pouvoirs publics et les acteurs du logement.

C’est dans ce contexte que la fusion entre l’exFIDI et l’exCDI a donné naissance à l’Alliance du Diagnostic Immobilier, annoncée officiellement en janvier 2025. Cette fusion, qui résulte d’une réflexion engagée dès avril 2024, répond à une nécessité évidente.

Lionel Janot, coprésident de l’Alliance, explique cette démarche en ces termes : « Nous avons décidé d’unir nos forces pour structurer la profession et lui donner une meilleure représentativité. Cette fusion permet enfin de parler d’une seule voix auprès des décideurs. ».

Cette initiative vise non seulement à mutualiser les ressources et les compétences, mais aussi à renforcer le poids des diagnostiqueurs dans les discussions avec les pouvoirs publics.

Un syndicat pour mieux représenter les diagnostiqueurs

L’Alliance du Diagnostic Immobilier se distingue par son indépendance et son engagement total envers les diagnostiqueurs. Contrairement aux nombreuses associations qui ont émergé ces dernières années, cette nouvelle structure se positionne comme le seul syndicat officiel capable de défendre les intérêts de la profession auprès des instances gouvernementales et paritaires.

Loin d’être une simple organisation représentative, ce syndicat joue un rôle actif dans l’évolution du métier. Il participe notamment à la co-animation des normes AFNOR sur le DPE et siège au Conseil Supérieur de la Construction et de l’Efficacité Énergétique (CSCEE). Grâce à cette implication directe dans les discussions réglementaires, l’Alliance est en mesure d’anticiper les futures évolutions du secteur et d’influencer les décisions avant leur mise en application.

L’Alliance du Diagnostic Immobilier entend également apporter un soutien concret à ses adhérents. À travers divers services. Ainsi, elle accompagne les diagnostiqueurs dans leur quotidien en leur fournissant :

  • des conseils techniques,
  • un accès facilité aux assurances professionnelles,
  • et un suivi personnalisé de leur certification.

Cette approche pragmatique vise à répondre aux défis majeurs auxquels sont confrontés les professionnels du secteur.

Les défis majeurs de la profession

Un régime de certification exigeant et coûteux

Depuis plusieurs années, le diagnostic immobilier est soumis à des changements réglementaires fréquents et parfois difficiles à suivre pour les professionnels. Parmi les principaux défis figure le régime de certification, devenu particulièrement exigeant et coûteux. En effet, la réforme du DPE et l’extension de l’audit énergétique ont considérablement alourdi les obligations des diagnostiqueurs. En conséquence, nombre d’entre eux peinent à financer leur recertification, dont le coût peut atteindre plusieurs milliers d’euros.
Alliance du Diagnostic Immobilier : quel impact pour la profession ?
Face à ces contraintes, certains professionnels ont choisi de quitter la profession. Tandis que d’autres renoncent à certaines prestations, comme l’audit énergétique. Cette situation a créé un climat de tension et d’incertitude dans la profession.

Yannick Ainouche, coprésident de l’Alliance, insiste sur la nécessité d’une réforme de la certification : « La certification est un frein économique pour beaucoup de professionnels. Nous devons trouver un équilibre entre maintien d’un haut niveau de compétence et accessibilité à la profession. »

Une image ternie par des accusations de complaisance

Parallèlement aux difficultés économiques et réglementaires, la profession doit également faire face à une dégradation de son image. Récemment, une étude menée par la start-up Karno a jeté l’opprobre sur les diagnostiqueurs en les accusant de fraudes massives sur les DPE. Selon cette étude, les erreurs volontaires ou involontaires commises par les diagnostiqueurs représenteraient un impact économique de 21 milliards d’euros.

En effet, la question des DPE de complaisance est un sujet particulièrement sensible. Car, les accusations de fraude portent atteinte à l’image du métier et peuvent remettre en cause la crédibilité de l’ensemble du secteur. L’Alliance prévoit donc de mettre en place un code de déontologie renforcé, incluant des procédures de contrôle interne et des sanctions en cas de manquements avérés.

Notons que ces accusations, bien que largement médiatisées, ont été vivement critiquées par les experts du secteur. En effet, les données utilisées dans cette étude manquent de rigueur et ne prennent pas en compte les nombreuses améliorations mises en place dans le cadre des réformes récentes.

Selon Lionel Janot : « Ce type d’accusations infondées nuit gravement à notre image et renforce la défiance du public envers notre métier ».

À cet effet, Lionel Janot rappelle que l’opposabilité du DPE a permis de renforcer considérablement la fiabilité des diagnostics et que les cas de fraude restent marginaux. Malgré cela, cette mauvaise presse nuit à la crédibilité de la profession et renforce la méfiance des consommateurs.

Un rôle central dans la transition énergétique

Enfin, le rôle des diagnostiqueurs évolue avec les enjeux liés à la transition énergétique. Avec la mise en place de la loi Climat et Résilience. Aujourd’hui, le diagnostiqueur immobilier ne se contente plus de fournir un état des lieux, il devient un acteur clé du conseil en rénovation énergétique.

« Le DPE n’est plus un simple document, il conditionne désormais les choix d’investissement des particuliers et les politiques publiques », souligne Yannick Ainouche.

Cette transformation impose aux diagnostiqueurs de se former en continu et de s’adapter aux nouvelles exigences environnementales.

La reconnaissance officielle du métier de diagnostiqueur immobilier

Enfin, un autre enjeu majeur concerne la reconnaissance officielle du métier. Aujourd’hui, le diagnostic immobilier ne bénéficie pas d’une convention collective spécifique. En cela, les diagnostiqueurs n’ont pas accès aux mêmes aides à la formation que d’autres professions réglementées. L’Alliance du Diagnostic Immobilier ambitionne donc d’obtenir une reconnaissance institutionnelle. Celle-ci permettrait alors aux diagnostiqueurs de bénéficier de droits équivalents à ceux d’autres corps de métiers du bâtiment et de l’immobilier.

La reconnaissance officielle du métier de diagnostiqueur immobilier

Une nouvelle approche pour défendre la profession

Pour répondre à ces nombreux défis, l’Alliance du Diagnostic Immobilier mise sur une stratégie ambitieuse. D’une part, elle œuvre pour une simplification du régime de certification, en négociant avec les pouvoirs publics des solutions pour réduire les coûts tout en garantissant une qualité optimale des diagnostics. D’autre part, elle s’engage à restaurer l’image de la profession, en mettant en place un code de déontologie renforcé et en luttant activement contre les dérives.

L’Alliance ambitionne également de changer la relation entre les diagnostiqueurs et les pouvoirs publics. Jusqu’à présent, les réglementations étaient imposées aux professionnels sans concertation préalable, ce qui les plaçait en position de simples exécutants. Désormais, grâce à la structuration de ce syndicat, la profession peut peser dans les discussions et défendre ses intérêts avant que de nouvelles lois ne soient mises en place.

Pour réussir cette transformation, il est essentiel que les diagnostiqueurs rejoignent massivement l’Alliance. Plus ils seront nombreux, plus leur voix portera auprès des instances de décision. Comme le rappelle Yannick Ainouche, il est impératif que la profession se rassemble pour ne plus subir les décisions, mais pour les anticiper et les influencer.

« La création de l’Alliance du Diagnostic Immobilier représente un tournant décisif pour la profession. En offrant une structure unifiée et indépendante, ce syndicat apporte une réponse aux défis économiques, réglementaires et d’image qui pèsent sur les diagnostiqueurs », souligne Yannick Ainouche.

Quels avantages concrets pour les adhérents ?

Toutefois, pour que ces actions portent leurs fruits, l’Alliance du Diagnostic Immobilier a besoin d’une adhésion massive des diagnostiqueurs. Plus la profession sera unie sous une même bannière, plus elle aura de poids dans les négociations avec les pouvoirs publics.

Quels avantages concrets pour les adhérents ?
Le défi est de convaincre les diagnostiqueurs, en particulier les indépendants et les petites structures, de l’intérêt d’une adhésion syndicale. Contrairement à certaines idées reçues, un syndicat ne se limite pas à défendre des revendications. Il apporte aussi des avantages concrets à ses membres, en leur offrant un accompagnement juridique, technique et financier.

Dans ce cadre, l’Alliance propose des services adaptés aux réalités du métier. Elle accompagne notamment ses adhérents dans leur mise en conformité avec les nouvelles réglementations. De même, elle leur offre un accès facilité aux assurances professionnelles. Enfin, elle leur fournit des ressources pour optimiser leur gestion d’entreprise. En clair, il ne s’agit pas seulement de défendre les diagnostiqueurs sur le plan politique, mais aussi de les aider au quotidien dans l’exercice de leur activité.

Comme le souligne Lionel Janot : « L’Alliance ne pourra peser dans les décisions publiques que si elle rassemble un nombre significatif de diagnostiqueurs. »

Vers une nouvelle ère pour les diagnostiqueurs

L’Alliance du Diagnostic Immobilier ne se limite pas à répondre aux problématiques actuelles de la profession. Elle se projette également dans l’avenir pour anticiper les évolutions du secteur et préparer les diagnostiqueurs aux défis à venir.

L’un des principaux enjeux concerne l’intégration du diagnostic immobilier dans une vision plus large de la transition énergétique. Avec l’accélération des politiques de rénovation énergétique et l’interdiction progressive des passoires thermiques. Le DPE est devenu un outil incontournable pour orienter les propriétaires dans leurs choix de travaux.

Dans cette optique, l’Alliance travaille à une meilleure valorisation du métier de diagnostiqueur. Aujourd’hui, de nombreux professionnels estiment que leur rôle est encore trop perçu comme une contrainte administrative. Alors qu’ils jouent un rôle clé dans l’amélioration de la performance énergétique des logements. Pour changer cette perception, le syndicat plaide pour une revalorisation des honoraires et une meilleure reconnaissance de l’expertise technique des diagnostiqueurs.

Par ailleurs, l’Alliance milite pour une harmonisation des pratiques à l’échelle nationale. Actuellement, il existe encore des disparités dans l’interprétation et l’application des réglementations. Ce qui peut générer des incohérences dans la réalisation des diagnostics. La mise en place d’un référentiel plus clair et uniformisé assurerait une plus grande fiabilité et une meilleure lisibilité des résultats pour les consommateurs.

L’un des projets du syndicat est également de promouvoir une charte de qualité qui garantirait aux clients un niveau de prestation élevé et une transparence totale dans la réalisation des diagnostics. En valorisant le professionnalisme des diagnostiqueurs et en mettant en avant leur expertise, l’Alliance espère redorer l’image de la profession et rétablir un climat de confiance avec le grand public.

Conclusion : un tournant décisif pour les diagnostiqueurs

La création de l’Alliance du Diagnostic Immobilier marque un véritable tournant pour la profession. En rassemblant les diagnostiqueurs sous une bannière commune, elle leur permet d’être mieux représentés, mieux défendus et mieux accompagnés dans un secteur en pleine mutation.

Le chemin reste encore long, mais cette initiative offre des perspectives encourageantes. À travers ses actions, l’Alliance ambitionne de renforcer la crédibilité de la profession, d’améliorer les conditions de travail des diagnostiqueurs et d’anticiper les défis de demain.

Plus que jamais, l’union fait la force. L’Alliance du Diagnostic Immobilier invite donc l’ensemble des diagnostiqueurs à se mobiliser pour bâtir ensemble un avenir plus structuré, plus stable et plus reconnu. Dans un secteur en perpétuelle évolution, cette structuration est essentielle pour garantir un exercice du métier serein, respecté et valorisé. L’Alliance est en marche, et avec elle, une nouvelle ère s’ouvre pour les diagnostiqueurs immobiliers.

Isabelle DAHAN

Isabelle DAHAN

Rédactrice en chef de Monimmeuble.com. Isabelle DAHAN est consultante dans les domaines de l'Internet et du Marketing immobilier depuis 10 ans. Elle est membre de l’AJIBAT www.ajibat.com, l’association des journalistes de l'habitat et de la ville. Elle a créé le site www.monimmeuble.com en avril 2000.

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