Une étude de Xerfi intitulée “Groupes de promotion immobilière : quel rebond à l’horizon 2026 ?” analyse l’avenir du secteur. Avec une baisse marquée des ventes et réservations de logements neufs, ainsi qu’un ralentissement dans l’immobilier tertiaire, le marché fait face à de sérieux défis. Malgré cela, une reprise est envisageable d’ici 2026. Elle serait alors impulsée par les ventes en bloc, le marché des résidences gérées, et un besoin accru de logements abordables. Quelles sont les recommandations stratégiques des experts de Xerfi pour préparer l’après-crise ?
Sommaire :
- Impact de la récession sur le secteur de la promotion immobilière
- Nouvelles directions stratégiques pour les promoteurs
- Évolution concurrentielle dans la promotion immobilière
Impact de la récession sur le secteur de la promotion immobilière
La récession affecte significativement le marché immobilier, touchant particulièrement la promotion immobilière. Cette crise, la plus grave en 20 ans, a vu un recul marqué en 2023. En effet, on observe une diminution de 40% des activités.
De plus, l’année 2024 s’annonce tout aussi précaire. Puisque que l’on attend une baisse de 18,5% dans les ventes et de 5% dans les réservations de logements neufs. Le secteur immobilier tertiaire subit également une contraction. La réduction prévue est de 5% des surfaces commencées, après une chute de 15% l’année précédente. Cependant, le segment des ventes en bloc connaît une légère croissance de 4%. Il offre ainsi un rayon de lumière dans un contexte autrement sombre.
Perspectives de rebond et nouvelles orientations
Malgré ces défis, les experts anticipent un rebond de la promotion immobilière d’ici 2026. Ainsi, ils l’évaluent à plus de 38 milliards d’euros. En effet, ce rebond s’appuierait sur de nouveaux piliers. Notamment les ventes en bloc et les marchés des résidences gérées (étudiantes, seniors, coliving).
Par ailleurs, la demande persistante pour des logements abordables en France stimule également le secteur. Les programmes immobiliers s’orientent désormais vers des constructions 100% bas carbone et privilégient le recyclage urbain. Dans ce contexte, cette transition écologique suggère une reprise modérée des ventes de détail de logements neufs d’ici 2025. De même, on peut s’attendre à un rebond dans l’immobilier d’entreprises grâce à la logistique, l’hôtellerie et l’industrie.
Défis d’adaptation de la promotion immobilière
Face à ces conditions difficiles, les entreprises de promotion immobilière cherchent à réduire leurs charges. En cela, elles externalisent certaines dépenses associées au marketing et à la communication.
Par ailleurs, la réduction du nombre d’implantations et la réaffectation des ressources font partie des stratégies d’adaptation. Néanmoins, une augmentation des défaillances d’entreprises semble inévitable. Or, cette situation risque d’intensifier la concentration déjà élevée dans le secteur de la promotion immobilière.
En outre, les promoteurs doivent également naviguer à travers un environnement réglementaire en évolution, avec des exigences accrues en matière de construction durable. Et, cela entraînera des hausses de coûts de production des logements. Ces facteurs pourraient limiter l’accès à la propriété pour les ménages les plus modestes, représentant ainsi un défi supplémentaire pour les acteurs du marché immobilier. Enfin, la fin du dispositif Pinel fin 2024, affectera l’intérêt des investisseurs particuliers pour l’immobilier résidentiel neuf.
Nouvelles directions stratégiques pour la promotion immobilière
Diversification dans le secteur résidentiel géré
Dans un contexte de croissance limitée jusqu’en 2026, la diversification apparaît cruciale pour les promoteurs immobiliers. Ainsi, un axe majeur de cette diversification est le développement de programmes dans le résidentiel géré. D’ailleurs, des acteurs clés tels que Nexity, BNP Paribas Real Estate et Bouygues Immobilier ont déjà commencé à explorer ce segment en réponse à une demande forte et à l’intérêt croissant des investisseurs. Cette orientation vers des solutions de logement plus gérées et servicielles représente une voie prometteuse pour stimuler la croissance dans le secteur.
Innovation dans l’immobilier tertiaire
Un autre domaine de diversification est l’intégration de services dans les ventes de biens immobiliers tertiaires. Le concept de bureau comme prestation de service, notamment à travers des offres de coworking, gagne du terrain. En effet, des promoteurs comme BMG, Legendre Immobilier ou Bassac se positionnent déjà sur ces variantes. Ils répondent ainsi aux évolutions des besoins en espaces de travail. Cette approche offre des perspectives prometteuses dans un marché en mutation.
Consulter notre article sur : “Promotion immobilière : comment la technologie modernise ce secteur ?”
La gestion d’actifs pour compte de tiers
Se lancer dans la gestion d’actifs pour compte de tiers est une autre stratégie pertinente. Grâce à leur notoriété, les grands groupes de promotion immobilière peuvent capitaliser sur leur image pour offrir des services de gestion d’actifs aux investisseurs. Et, cela, qu’ils soient particuliers ou institutionnels. Cette extension de services permet alors aux promoteurs de diversifier leurs sources de revenus tout en renforçant leur présence sur le marché.
Focus sur l’immobilier durable
Enfin, l’accent mis sur l’immobilier durable devient un impératif stratégique. Les promoteurs doivent intensifier leurs efforts pour proposer des constructions plus écologiques. En particulier, pour proposer des bâtiments à faible consommation énergétique.
Dans le secteur tertiaire, les critères “bas carbone” sont de plus en plus décisifs pour les investisseurs. Or, pour répondre à ces exigences, les promoteurs doivent nouer des partenariats stratégiques ou acquérir des compétences en matériaux durables comme la terre crue. Certains sont amenés à développer des solutions de construction hors site pour réduire les émissions de CO2.
Par ailleurs, s’engager dans le recyclage urbain, en accord avec la politique du « zéro artificialisation nette » des sols, ouvre de nouvelles perspectives. Les experts de Xerfi prévoient une augmentation significative des projets dans ce domaine. Et, ils pourraient bien doubler ces trois prochaines années.
Évolution concurrentielle dans la promotion immobilière
La crise actuelle dans le secteur de la promotion immobilière laisse entrevoir des changements significatifs dans le paysage concurrentiel. Avec l’accélération des cessations d’activité et des défaillances, le secteur s’attend à une augmentation de la concentration. Des exemples récents, tels que l’acquisition de Woodeum par Altarea et la vente des filiales étrangères de Nexity, mettent en évidence cette tendance vers une consolidation accrue.
Nouveaux modèles d’accession et alternatives concurrentielles
Le marché immobilier assiste également à un déplacement de la concurrence vers de nouveaux modèles d’accession. À cet égard, le Bail réel solidaire (BRS) se profile comme une alternative majeure, avec des projections le plaçant à hauteur de 7% du marché d’ici 2026.
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Dès lors, la compétitivité future des promoteurs privés dépendra de leur capacité à intégrer ce modèle non lucratif. Ainsi que d’autres formes d’accession alternatives comme la location avec option d’achat, le co-investissement, le démembrement immobilier ou l’immobilier fractionné. Cette diversification des modèles d’accession pourrait redéfinir les stratégies commerciales et opérationnelles dans le secteur de la promotion immobilière.
Les plateformes spécialisées dans l’immobilier résidentiel neuf en France rendent plus accessible aux particuliers l’étendue des offres de promoteurs. SuperNeuf, par exemple, permet sur son site de filtrer les recherches selon le dispositif d’achat — comme le BRS et le PSLA — offrant ainsi un accès direct aux programmes qui adoptent ces nouveaux modèles d’accession à la propriété.
Stratégies de partenariats pour les matériaux décarbonés
Pour faire face aux défis environnementaux et réglementaires, les promoteurs immobiliers se tournent vers des partenariats stratégiques et des acquisitions ciblées. Nexity, Altarea, Icade, Sogeprom, entre autres, ont formé des alliances. Ainsi, ils se sont rapprochés de spécialistes de la construction hors site, de la construction bois, et des matériaux bas carbone. Ces collaborations visent à sécuriser les approvisionnements en matériaux décarbonés et biosourcés. Puisqu’ils anticipent ainsi les futures réglementations tout en maîtrisant les coûts. Notons que cette approche reflète une adaptation proactive aux exigences croissantes en matière de durabilité dans le secteur de la promotion immobilière.