Les syndics de copropriété sont des acteurs clés de la rénovation énergétique dans l’habitat collectif. En effet, ils doivent assurer un rôle essentiel dans l’information des copropriétaires et la mobilisation des parties prenantes. Mais, ils se chargent aussi de la réalisation d’audits énergétiques, la planification financière et la recherche d’aides, ainsi que le suivi des travaux. Cependant, selon le dernier Baromètre Opinion System – Ifop, la réalité semble bien différente. Quand la transition énergétique bouleverse la relation client dans le monde des syndics…
Sommaire :
- Les syndics de copropriété face aux défis de la loi Climat Résilience
- Un déficit de conseils et d’information en matière de rénovation énergétique
- Un nouveau rôle à assumer pour les syndics de copropriété
- Un défi complexe à relever
Les syndics de copropriété face aux défis de la loi Climat Résilience
La transition énergétique des copropriétés présente de nombreux avantages pour les copropriétaires. Elle leur permet de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, de réaliser des économies d’énergie et d’améliorer leur confort au quotidien. De plus, ces travaux de rénovation énergétique contribuent à la valorisation du patrimoine immobilier.
Dans cette perspective, les syndics de copropriété apparaissent comme des interlocuteurs naturels pour accompagner les copropriétaires dans la réussite de leur projet d’éco-rénovation, grâce à leur connaissance approfondie des immeubles.
Depuis le 1er janvier 2023, toutes les copropriétés sont tenues de se conformer à la loi Climat Résilience. En effet, cette dernière les oblige à réaliser un diagnostic des performances énergétiques de leurs bâtiments et à élaborer un plan pluriannuel de travaux (PPT).
> Consulter notre article sur “ Plan pluriannuel de travaux – Quelles sont les obligations en copropriété ? ”
Cette obligation de rénovation énergétique constitue une opportunité majeure pour les syndics de copropriété, mais également de nouveaux défis. Ils peuvent ainsi renforcer leur rôle au sein des immeubles collectifs. Mais, pour cela, ils doivent encore gagner en légitimité auprès des copropriétaires.

Car, les syndics de copropriété doivent encore convaincre les copropriétaires de leur capacité à mener à bien ces projets. Selon le baromètre Opinion System – Ifop, 56% des Français considèrent que les gestionnaires sont des interlocuteurs adaptés pour porter les projets de rénovation énergétique. Mais, ce chiffre descend à 47% lorsqu’il s’agit de leur propre syndic.
Une communication à améliorer entre les copropriétaires et les gestionnaires
La réalisation de travaux de rénovation énergétique soulève de nombreuses interrogations chez les copropriétaires. Quels sont les avantages de ces travaux ? Par où commencer ? Quels travaux choisir pour obtenir de réels bénéfices ? Comment financer ces projets et quelles aides sont disponibles ? De fait, la rénovation énergétique est souvent perçue comme complexe, chronophage et coûteuse.
Pour autant, la réussite d’une rénovation énergétique au sein d’une copropriété repose sur une préparation rigoureuse et un suivi minutieux. Ce qui nécessite une étroite collaboration entre les copropriétaires, le conseil syndical et le gestionnaire de copropriété.
Cependant, selon l’étude, 59% des répondants constatent que le sujet de la rénovation énergétique n’est abordé par leur syndic qu’à l’occasion des assemblées générales. Des réunions qui ont lieu au moins une fois par an et qui sont obligatoires.
En outre, l’étude révèle que les interactions entre les copropriétaires et les syndics de copropriété sont relativement rares. En effet, 58% des Français déclarent n’avoir que de rares échanges avec leur gestionnaire. C’est-à-dire, une à deux fois par an, voire moins souvent. D’ailleurs, près d’un tiers des répondants déclare n’avoir des interactions avec leur syndic qu’une fois tous les deux à trois mois.
Syndics de copropriété : un déficit de conseils et d’information en matière de rénovation énergétique
L’actualité immobilière est marquée par de nouvelles obligations réglementaires et une explosion des budgets énergétiques. Or, cette étude révèle que 54% des copropriétaires interrogées n’ont pas été informées de l’augmentation de leurs charges.
De plus, 49% d’entre elles estiment ne pas bénéficier de conseils suffisants pour maîtriser la consommation énergétique de leur immeuble. Ce constat souligne un déficit global de pédagogie et d’information concernant les enjeux de la rénovation énergétique.
Quelles sont les attentes envers les syndics de copropriété ?
Parmi les Français interrogés, 52% souhaiteraient que leur syndic se montre plus proactif et offensif sur ces questions. En cela, la hausse des charges liée à la rénovation énergétique doit être anticipée et expliquée de manière transparente.
Ce besoin de conseils et d’accompagnement se fait particulièrement ressentir dans un domaine où les enjeux écologiques et économiques sont étroitement liés. En effet, il est essentiel que les syndics jouent un rôle prépondérant dans la sensibilisation des copropriétaires aux avantages de la rénovation énergétique.
Parmi les obstacles à la massification de la rénovation énergétique, l’étude révèle que 57% des répondants n’ont reçu aucune information sur les aides financières disponibles. Ce manque de communication entrave la prise de décision des copropriétaires. Ainsi, ils pourraient bénéficier d’incitations financières pour entreprendre des travaux de rénovation énergétique.
Un retard important dans les travaux de rénovation énergétique en copropriété
Il n’est guère surprenant que 55% des Français affirment qu’aucun travaux de rénovation énergétique n’ait encore été programmé dans leur copropriété. De plus, 51% d’entre eux avouent ne pas savoir quels travaux entreprendre pour améliorer les performances énergétiques de leur immeuble. Quant au coût élevé de ces travaux, il constitue l’un des principaux freins à leur mise en œuvre.
Un nouveau rôle à assumer pour les syndics de copropriété
La rénovation énergétique est un domaine qui requiert une connaissance approfondie des immeubles ainsi que des compétences techniques, juridiques et financières. Les syndics de copropriété, à l’instar de la digitalisation du secteur, doivent se former. L’objectif pour eux étant de devenir de véritables facilitateurs dans cette transition énergétique. Ainsi, ils doivent répondre aux nouveaux besoins qui émergent et offrir une plus grande réactivité, proactivité, disponibilité et services aux copropriétaires.
“ La transition énergétique des copropriétés est un événement qui va entraîner de facto de nombreux bouleversements en termes de relation client. Les grands gagnants seront ceux qui se seront suffisamment formés pour être réellement des facilitateurs au quotidien.”- Samantha Domingues, Directrice Générale Adjointe d’Opinion System.
À cet effet, la prise en charge des copropriétés en matière de rénovation énergétique joue désormais un rôle clé dans la satisfaction des clients. Les syndics de copropriété doivent se positionner comme des acteurs de confiance, capables de fournir des conseils éclairés et un accompagnement de qualité. En cela, la profession doit s’adapter aux nouveaux besoins et offrir des services qui répondent aux attentes des copropriétaires.
La nécessité de former tous les acteurs de la filière
Tous les acteurs de la filière doivent se former ! Cela concerne, non seulement les syndics de copropriété, mais aussi les bureaux d’étude et les différents corps de métiers du bâtiment. Séverine Dorez, dirigeante de Pozzo Syndic Manche dans le Calvados, souligne l’importance de donner le temps nécessaire à ces acteurs pour acquérir les compétences nécessaires à ces enjeux multiples.
Toutefois, la mise en œuvre de la transition énergétique des copropriétés se heurte à des défis majeurs. Le calendrier imposé par la loi Climat et résilience est très ambitieux. Il ne tient pas compte du temps nécessaire à la réalisation des travaux. De plus, les coûts associés à ces projets sont significatifs. Il est donc primordial de pouvoir justifier et comprendre la pertinence de chaque dépense engagée.
“ Les coûts sont importants et nous devons pouvoir comprendre et justifier la pertinence de chaque centime dépensé. 25 000 € pour la réalisation d’un plan pluriannuel de travaux, c’est démentiel ! ” – Séverine Dorez.
Un défi complexe à relever pour les syndics de copropriété
La transition énergétique des copropriétés constitue un véritable casse-tête pour les syndics. Les obligations se renforcent et les délais qu’impose la réglementation sont exigeants.
Cependant, reconnaissons l’importance du rôle des syndics dans la réussite de ces projets. Leur expertise et leur connaissance des immeubles en font des acteurs clés pour conseiller et accompagner les copropriétaires. Néanmoins, il est essentiel de donner à tous les acteurs de la filière le temps nécessaire pour se former. En effet, ils doivent relever les défis méthodologiques, technologiques et financiers de la rénovation énergétique.
La gestion des coûts représente également un enjeu majeur pour garantir la pertinence et la transparence des dépenses engagées. Face à ces défis, les syndics de copropriété doivent jouer un rôle central pour assurer la réussite de la transition énergétique des copropriétés.