L’Institut I4CE (Institute for Climate Economics) se penche sur la portée des solutions bas-carbone dans notre quotidien. Il enquête sur l’efficacité des aides déployées actuellement dans les domaines de la rénovation énergétique et de la mobilité électrique. L’objectif ? Discerner si ces incitations rendent les investissements bas-carbone abordables pour chaque foyer. Les récentes initiatives gouvernementales marquent un progrès notable. Toutefois, un renforcement des aides publiques, allié à des options de financement accessible comme l’éco-PTZ ou le leasing social, s’avère crucial. Cette combinaison pourrait dissiper les obstacles financiers.
Sommaire :
- Transition énergétique : vers des solutions bas-carbone accessibles à tous
- Progression soutenue des aides pour les ménages modestes et moyens
- Accessibilité économique des solutions bas-carbone : un défi persiste
- Vers une transition bas-carbone inclusive
Transition énergétique : vers des solutions bas-carbone accessibles à tous
La transition énergétique est un enjeu majeur en France. Elle vise à réduire l’empreinte carbone des ménages en leur proposant des solutions bas-carbone. Pour autant, la question de l’accessibilité de ces solutions, en particulier pour les ménages modestes et les classes moyennes, s’est imposée au cœur du débat public.
En effet, l’accessibilité des solutions bas-carbone est cruciale pour l’acceptation collective des politiques de transition énergétique. Parmi, celles-ci, citons :
- les véhicules électriques,
- les transports en commun,
- l’isolation des logements,
- les systèmes de chauffage écologiques.
Dans le cadre de cette étude, il est question de l’aspect économique de l’accessibilité des solutions bas-carbone. Puisqu’elles nécessitent un investissement de la part des ménages. Ainsi, deux domaines clés sont examinés : la rénovation énergétique des logements et la mobilité électrique.
Par ailleurs, l’adéquation entre les aides proposées et les besoins réels des ménages est fondamentale pour une transition énergétique réussie. Notons, qu’une révision des aides et de leurs barèmes est en marche, prévue pour se conclure d’ici fin 2023. Ces aides sont-elles suffisantes pour rendre les investissements bas-carbone abordables pour tous les ménages ?
Progression soutenue des aides pour les ménages modestes et moyens
L’incitation financière est souvent un levier décisif pour encourager les ménages à investir dans des solutions bas-carbone. Depuis 2005, une multitude de programmes d’aides a vu le jour pour accompagner les ménages dans la rénovation énergétique de leur logement. Et, par ailleurs, pour l’acquisition de véhicules électriques ainsi que de bornes de recharge.

Toutefois, ces aides ont été de plus en plus calibrées en fonction des revenus des ménages. Ainsi, on observe une augmentation notable des montants individuels des aides. Puisque de 2008 à 2023, le montant maximal d’aides d’un ménage a grimpé d’environ 160 %, passant de 20 000 € à 50 000 €. Certes, l’indexation des aides sur les revenus des ménages permet une distribution plus équitable des ressources.
Une augmentation des aides au-delà de l’inflation
À titre comparatif, l’inflation sur la même période a été de 17 %. De fait, l’escalade des aides a bénéficié davantage aux ménages modestes et aux classes moyennes qu’aux ménages aisés. Actuellement, les aides sont environ deux fois plus généreuses pour les ménages modestes que pour les ménages aisés. Ainsi, la majorité des effets de seuils se situent au sein des classes moyennes.
Impact significatif des aides sur les investissements pour des solutions bas-carbone
On observe que les aides financières couvrent entre 25 % (pour les ménages aisés) et 60 % (pour les ménages modestes) du montant total de l’investissement. Mais, au sein des classes moyennes, cette couverture peut représenter entre 26 % et 55 % de l’investissement total. Cela met en exergue l’impact significatif des aides sur la capacité des ménages à s’engager dans des initiatives bas-carbone.
Cette progression des aides financières témoigne d’une volonté politique affirmée de rendre les solutions bas-carbone accessibles. En particulier pour ceux qui en ont le plus besoin. En continuant sur cette lancée, le pays est bien positionné pour surmonter les défis économiques associés à la transition énergétique. Mais, il faudra veiller à ce que personne ne soit laissé pour compte.
Accessibilité économique des solutions bas-carbone : un défi persiste
Rénovation performante du logement : un fardeau financier conséquent pour les ménages
Malgré l’augmentation des aides, le reste à charge des ménages pour la rénovation demeure significatif. En effet, ce coût peut s’élever à plusieurs dizaines de milliers d’euros. Or, cela représente souvent plus d’un an de revenus pour les classes moyennes. Et, parfois, jusqu’à une décennie ou plus pour les ménages les plus modestes.
L’éco-PTZ, avec son plafond rehaussé à 50 000 € pour les rénovations performantes, se présente désormais comme une solution de financement plausible. Cependant, son obtention s’avère complexe en raison des démarches administratives et du taux d’endettement qu’il induit.
> Consultez notre article sur : “PTZ : une amélioration significative pour les acheteurs en zone tendue”
Afin de contenir le taux d’endettement sous un seuil acceptable, une hausse des aides de plus de 20 % serait recommandée pour ces ménages. Cette augmentation pourrait être financée, en partie, par une redistribution des aides des ménages aisés. Mais, en aucun cas, il ne faudrait compromettre leur propre accessibilité économique à la rénovation.
Par ailleurs, la révision de MaPrimeRénov’ en 2024, augmente les aides pour les rénovations performantes. En cela, elle allège le reste à charge pour tous, bien que des défis demeurent encore, notamment en termes d’endettement.
Mobilité électrique : un enjeu de trésorerie et de financement
L’achat d’un véhicule électrique neuf représente un défi de trésorerie majeur pour les ménages modestes et des classes moyennes. Selon les modèles, le coût résiduel varie considérablement.
Par exemple, pour une citadine standard, les ménages des classes moyennes peuvent s’attendre à un investissement compris entre 26 000 € et 28 000 €. Ce qui représente entre 65 % et 130 % de leurs revenus annuels. Bien que l’achat de véhicules électriques d’occasion soit une alternative moins coûteuse, ce marché est encore naissant en France.
Face à ce constat, les voitures électriques ne représentaient que 1 % du parc au début 2022 soit environ 400 000 véhicules.
Une fois l’investissement initial surmonté, le passage à l’électrique permet de réduire le budget mobilité des ménages. Cela est possible grâce aux économies sur les frais de carburant, d’assurance ou encore d’entretien du véhicule. Cependant, les solutions de financement actuelles du reste à charge, comme les prêts ou les offres de leasing, imposent une charge financière importante.
En considérant les tarifs de l’énergie en vigueur au premier semestre 2023, une augmentation des aides de l’ordre de 10 % à 50 % serait nécessaire. En effet, cela permettrait alors aux économies d’énergie de couvrir le coût du leasing. À condition, toutefois, que l’apport initial corresponde aux subventions que le ménage peut percevoir.
“ La proposition de leasing social pourrait être une solution intéressante pour les ménages modestes et des classes moyennes. Les baisses de prix des véhicules électriques attendues pour 2024, l’augmentation du malus décrite dans le PLF 2024, ainsi que l’augmentation du prix de l’essence devraient pour leur part contribuer à rendre de plus en plus attractifs les véhicules électriques pour les ménages aisés.” – Charlotte Vailles d’I4CE.
Vers une transition bas-carbone inclusive
En conclusion, cette analyse met en lumière la nécessité d’ajustements politiques et financiers. Ces ajustements sont essentiels pour rendre les solutions bas-carbone économiquement accessibles à une plus large frange de la population.
Au-delà des aides à l’investissement, rendre la transition accessible à tous les ménages nécessitera de lever d’autres freins. Que ce soit pour la rénovation performante ou la mobilité électrique, notons que l’enjeu principal concerne les ménages modestes et les classes moyennes. Ainsi, il faut parvenir à financer le reste à charge, qui peut représenter plusieurs années de revenus pour ces groupes.
Les solutions de financement actuellement disponibles ne sont pas suffisantes. Et, cela principalement en raison des limitations de capacité d’endettement des ménages. Par conséquent, une augmentation des aides publiques pour les ménages modestes et les classes moyennes semble nécessaire. De plus, il faudra encore renforcer d’autres solutions de financement telles que les prêts aidés à taux zéro ou le leasing social.
D’autres obstacles doivent être surmontés, notamment concernant la rénovation. Car, il convient de développer la formation des artisans, l’offre d’accompagnement des ménages, l’accès à des solutions de relogement pendant les travaux, ainsi que la simplification des démarches administratives.
> Consultez notre article sur : “Recharge de véhicules électriques : en quoi consiste la solution Enedis ?”
Du côté de la mobilité, il sera crucial de renforcer le maillage en bornes de recharge et de faciliter l’accès des ménages aux réseaux de transports en commun et aux infrastructures cyclables. En combinant ces efforts, nous pouvons réellement progresser vers des solutions bas-carbone accessibles à tous les citoyens.

