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Immobilier

Retards de paiement : un fléau croissant pour les entreprises françaises en 2024

Retards de paiement : un fléau croissant pour les entreprises françaises en 2024

Les retards de paiement atteignent des sommets inquiétants en France. Selon une étude récente d’Altares, expert de la data d’entreprise, la situation s’est considérablement détériorée au premier semestre 2024. En effet, les délais s’allongent. Désormais, ils frôlent les 13 jours en moyenne. Cette tendance alarmante touche particulièrement les petites structures. Et, elle menace la santé financière de nombreuses entreprises, déjà fragilisées par un contexte économique incertain. Face à ce constat, une question se pose : comment endiguer cette vague de retards de paiement qui déstabilise le tissu économique français ? En cela, l’étude d’Altares apporte un éclairage précieux sur les secteurs les plus touchés et les solutions envisageables pour remédier à cette situation préoccupante.

Sommaire :

Un phénomène en hausse : état des lieux des retards de paiement

Des chiffres alarmants

Les retards de paiement en France ont atteint un niveau critique au premier semestre 2024. Selon l’étude Altares, le délai moyen s’établit désormais à 12,9 jours, soit une augmentation de près d’une journée sur un an. Plus inquiétant encore, moins d’une entreprise française sur deux (48,7%) règle ses fournisseurs dans les temps. Cette situation témoigne d’une dégradation significative des pratiques de paiement dans l’Hexagone.

état des lieux des retards de paiement
Retards de paiement par type d’organisation en France (S1 2024)

Thierry Millon, directeur des études Altares, souligne la gravité de la situation : “Dans une conjoncture qui souffle le chaud et le froid, l’incertitude gagne du terrain et pèse sur la dynamique des affaires et les trésoreries des entreprises en cette rentrée. Un contexte propice au recours accru au crédit fournisseur en complément voire en substitution du crédit bancaire.”

Les petites structures particulièrement touchées

Les retards de paiement frappent de plein fouet les petites entreprises. Les entrepreneurs individuels, étaient pourtant des bons élèves. Puisqu’ils affichaient 8,5 jours de retard il y a un an. À présent, il cumule un retard moyen de 13,4 jours. Cette détérioration rapide, de près de 5 jours en à peine plus d’un an, souligne la vulnérabilité croissante des plus petites structures face aux problèmes de trésorerie.

De même, les entreprises de moins de 3 salariés sont particulièrement affectées. Début 2023, elles présentaient encore des délais sous le seuil des 12 jours. Mais, depuis, les délais ne cessent de s’allonger pour atteindre 14 jours à l’issue du S1 2024.

Secteur public vs secteur privé : des réalités contrastées

Le secteur public à la traîne

Dans le secteur public, les retards de paiement restent préoccupants avec une moyenne de 13,3 jours au premier semestre 2024.

Le secteur public à la traîne
Certains segments se distinguent par des délais particulièrement longs :

  • Les hôpitaux affichent un retard moyen de 20,6 jours
  • Les services déconcentrés de l’État approchent les 20 jours de retard (19,9 jours)
  • Les régions dépassent les 23 jours de retard

À l’inverse, les collèges, lycées, EHPAD et communes font figure de bons élèves avec des retards contenus. Par exemple, les établissements publics locaux d’enseignement (collèges et lycées) maintiennent un retard moyen sous 12 jours (11,4 jours).

Le secteur privé en difficulté croissante

Dans le privé, la situation se dégrade également. Le retard moyen atteint désormais 12,5 jours, soit une augmentation de près d’une journée sur un an. Ainsi, les sociétés commerciales maintiennent leurs retards autour de 12,5 jours. Tandis que les associations loi 1901 restent stables avec des retards légèrement supérieurs à 11 jours.

Les sociétés civiles professionnelles (activités juridiques ou médicales essentiellement) se distinguent avec des retards de paiement maintenus sous 10 jours.

Les secteurs les plus touchés par les retards de paiement

L’immobilier en tête des mauvais payeurs

Le secteur de l’immobilier se distingue par des retards de paiement particulièrement élevés :

  • La promotion immobilière frôle les 27 jours de retard
  • Les agences immobilières affichent 22 jours de retard en moyenne

Cette situation reflète les difficultés actuelles du marché immobilier, marqué par une crise qui entraîne une hausse des défaillances d’entreprises.

Les secteurs les plus touchés par les retards de paiement

D’autres secteurs en difficulté

Plusieurs autres secteurs présentent des retards de paiement significatifs :

  • Les services d’information (agences de presse) avec près de 23 jours de retard
  • Les activités de films et son, approchant les 20 jours de retard
  • Le secteur des coiffeurs et soins de beauté, dépassant 21 jours de retard

À l’opposé, certains secteurs comme la manufacture et la construction maintiennent des délais de paiement plus courts, inférieurs à 10 jours. Quant aux activités de réparation industrielle, caoutchouc-plastique, métallurgie-mécanique ou encore matériaux de construction, elles figurent parmi les bons élèves.

Impact sur les entreprises : une menace pour la trésorerie

Des conséquences financières lourdes

Les retards de paiement ont un impact considérable sur la trésorerie des entreprises. Selon le rapport 2023 de l’Observatoire des délais de paiement, 15 milliards d’euros pourraient être transférés aux TPME en l’absence de retards. Ainsi, chaque jour de retard représente une somme colossale à financer, mettant en péril la santé financière de nombreuses entreprises.

Thierry Millon explique : “Cette approche, qui implique un allongement des délais de paiement, prive fournisseurs ou sous-traitants de l’indispensable cash pour investir et parfois pour simplement tenir.”

Un risque accru de défaillance

Des études ont montré que l’existence de retards de règlement augmente la probabilité de défaillance du fournisseur de 25%, voire 40% lorsque les retards dépassent 30 jours. Cette situation souligne l’urgence de lutter contre les retards de paiement pour préserver le tissu économique.

Une étude de la Banque de France, intitulée “Les retards de paiement des clients impactent-ils la probabilité de défaillance des entreprises ?”, confirme ce lien direct entre retards de paiement et risque de défaillance. En effet, cette corrélation met en lumière l’importance cruciale d’une gestion efficace des délais de paiement pour la survie des entreprises, en particulier des plus petites.

La France dans le contexte européen : une position préoccupante

Une dégradation plus rapide qu’ailleurs

Bien que la moyenne européenne des retards de paiement s’établisse à 13,5 jours, la France se distingue par une dégradation plus rapide de ses pratiques. Depuis l’été 2023, les retards s’allongent de 0,6 jour en France contre 0,2 jour à l’échelle européenne.

Cette tendance inquiétante place la France dans une position délicate par rapport à ses voisins européens. À l’issue du premier semestre 2024, les retards de paiement en France (12,9 jours) se rapprochent dangereusement de la moyenne européenne.

Un positionnement médian en Europe

La France se situe dans le peloton des pays aux performances moyennes, derrière des pays comme les Pays-Bas (3,3 jours de retard) ou l’Allemagne (6,6 jours). Cependant, elle devance les pays du sud comme l’Italie (17,1 jours) ou le Portugal (24,3 jours).

Retards de paiement dans différents pays européens (S1 2024)
Retards de paiement dans différents pays européens (S1 2024)

Il est à noter que le Royaume-Uni a réalisé des progrès significatifs ces dernières années. Puisqu’il passe de moins de 40% d’entreprises respectant les dates d’échéances au printemps 2022 à près de 60% actuellement.

Pistes de solutions pour lutter contre les retards de paiement

Renforcer la transparence

La mise à disposition en open data des délais de paiement de certaines collectivités depuis le printemps 2024 constitue une avancée. Cette démarche vise à apaiser les relations d’affaires et à éclairer les décisions des entreprises.

Selon la Direction Générale des Finances Publiques (DGFIP), les données sur les délais de paiement des collectivités territoriales de plus de 3500 habitants sont désormais accessibles au public. Cette initiative permet aux entreprises de mieux évaluer les risques liés aux délais de paiement de leurs clients publics potentiels.

Améliorer l’organisation de la chaîne de facturation

Une meilleure organisation de la chaîne de facturation et de paiement pourrait contribuer à réduire les retards. De plus, il est essentiel de clarifier les points de désaccord sur la date de commencement du délai.

Thierry Millon souligne : “Les textes plafonnent les délais à 60 jours dans le privé, à 30 jours pour les collectivités locales et l’État, et à 50 jours pour les établissements hospitaliers. Des plafonds trop souvent dépassés notamment faute d’une bonne organisation de la chaîne de facturation ou de paiement mais aussi du fait de délais cachés ou de désaccords sur la date de commencement du délai.”

Encourager la connaissance des habitudes de paiement

Connaître les habitudes de paiement de ses clients, qu’ils soient publics ou privés, français ou internationaux, est indispensable pour gérer sa prise de risque et piloter sa trésorerie. Ainsi, des outils comme la plateforme collaborative internationale DunTrade® proposée par Altares peuvent y contribuer.

Thierry Millon conclut : “Connaître les habitudes de paiement de son client qu’il soit public ou privé, français ou international, comme le propose Altares au travers de la plateforme collaborative internationale DunTrade®, est en effet essentiel pour gérer sa prise de risque et piloter son cash.”

Conclusion

La lutte contre les retards de paiement demeure un enjeu crucial pour la compétitivité et la survie des entreprises françaises. Face à cette situation préoccupante, il est urgent de mettre en place des mesures concrètes pour améliorer les pratiques de paiement et préserver la santé financière du tissu économique national.

La transparence accrue, l’amélioration des processus de facturation et une meilleure connaissance des habitudes de paiement des clients sont autant de pistes à explorer pour endiguer ce phénomène qui menace la stabilité économique du pays. À cet effet, les pouvoirs publics et les acteurs économiques doivent travailler de concert pour instaurer une culture du paiement à l’heure. En effet, cette dernière est essentielle à la pérennité et à la croissance des entreprises françaises.

Alors que la France se situe dans une position médiane en Europe en matière de retards de paiement, elle doit s’inspirer des bonnes pratiques de ses voisins, notamment les Pays-Bas et l’Allemagne, pour améliorer significativement sa performance. C’est à ce prix que le tissu économique français pourra retrouver la stabilité nécessaire pour faire face aux défis économiques actuels et futurs.

Isabelle DAHAN

Isabelle DAHAN

Rédactrice en chef de Monimmeuble.com. Isabelle DAHAN est consultante dans les domaines de l'Internet et du Marketing immobilier depuis 10 ans. Elle est membre de l’AJIBAT www.ajibat.com, l’association des journalistes de l'habitat et de la ville. Elle a créé le site www.monimmeuble.com en avril 2000.

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