Aller au contenu

Rénovation

Rénovation énergétique des logements : pourquoi un tel effondrement ?

Rénovation énergétique des logements : pourquoi un tel effondrement ?

Le secteur de la rénovation énergétique des logements connaît une crise majeure. Une étude réalisée par PrimesEnergie.fr, s’appuyant sur plus de 777 300 chantiers et plus de 1,1 milliard d’euros d’aides versées, révèle une chute spectaculaire des travaux engagés depuis 2019. Cette baisse drastique s’explique par l’instabilité des dispositifs d’aides publiques et privées, des réformes successives et une complexification administrative croissante qui freinent les particuliers. Face à cette situation, les professionnels du secteur tirent la sonnette d’alarme. Pourquoi le marché s’est-il effondré aussi rapidement ? Quelles sont les répercussions sur les ménages et les entreprises du bâtiment ? Et, surtout, quelles solutions peuvent être envisagées pour relancer cette dynamique essentielle à la transition énergétique ?

Sommaire :

Une chute spectaculaire de la rénovation énergétique des logements

Un marché en plein essor avant la crise

En 2019, la rénovation énergétique des logements était en plein essor. Cette année-là, PrimesEnergie.fr avait financé 165 000 chantiers sur l’ensemble du territoire français. Les dispositifs d’aides comme les Certificats d’Économie d’Énergie (CEE) et MaPrimeRénov’ encourageaient fortement les ménages à entreprendre des travaux d’isolation, de remplacement de chaudières ou encore d’installation de pompes à chaleur.

Une chute spectaculaire de la rénovation énergétique des logements
Le premier coup d’arrêt est survenu en 2020, avec la pandémie de Covid-19. Dès lors, les confinements successifs ont entraîné une suspension des chantiers. Ce qui a alors causé un recul immédiat du nombre d’opérations financées. Malgré tout, une reprise s’est amorcée dès le second semestre, les Français ayant pris conscience de l’importance de rénover leur logement pour réduire leur consommation énergétique.

Une baisse continue depuis 2021

À partir de 2021, le secteur a connu une descente aux enfers. Le nombre de chantiers financés a chuté de 41 % en 2022, avant de reculer encore de 28 % en 2023 et de 50 % en 2024. En l’espace de trois ans, l’activité de rénovation énergétique des logements s’est effondrée de 79 %. Cette tendance ne s’explique pas uniquement par la crise économique ou la flambée des coûts des matériaux.

« Cette chute amorcée en 2022 a d’autres explications et était annoncée par l’immense majorité des professionnels du secteur. À trop vouloir changer les règles du jeu sans se soucier des conséquences, nous avons simplement détourné les Français des travaux d’économies d’énergie », affirme Nicolas Moulin, fondateur de PrimesEnergie.fr

Une chute spectaculaire de la rénovation énergétique des logements
En effet, plusieurs facteurs expliquent cette baisse brutale, notamment la réduction des aides, la hausse du coût des matériaux et une réglementation instable qui a semé le doute chez les particuliers et les professionnels du bâtiment.

Des aides instables et une réglementation changeante

Une réduction progressive des dispositifs d’aide

Les aides financières ont longtemps été un levier efficace pour inciter les ménages à entreprendre des rénovations énergétiques. Toutefois, les réformes successives ont entraîné une diminution des financements.

Entre 2021 et 2025, le gouvernement a réduit le budget alloué aux Certificats d’Économie d’Énergie (CEE), diminuant ainsi les primes accordées aux ménages. De plus, certaines bonifications destinées aux foyers modestes ont été supprimées, rendant certains travaux moins accessibles. Les chaudières à haute performance, autrefois éligibles à des aides importantes, ont progressivement été exclues du dispositif, tout comme plusieurs types d’isolation thermique.

L’impact des réformes sur les ménages

Cette incertitude a créé un climat d’attentisme. De nombreux propriétaires ont préféré reporter leurs travaux plutôt que de s’engager dans un projet dont le financement devenait incertain. Par ailleurs, le passage d’un modèle favorisant les monogestes énergétiques (travaux réalisés progressivement) à une approche privilégiant les rénovations globales a accentué le problème. De fait, les rénovations globales nécessitent un investissement plus lourd et ne sont pas accessibles à tous.

L’impact direct sur les ménages et les professionnels

Des propriétaires découragés

Pour un particulier souhaitant rénover son logement, l’accès aux aides est devenu un véritable parcours du combattant. Entre les critères d’éligibilité qui évoluent constamment et les démarches administratives de plus en plus lourdes, de nombreux ménages ont préféré renoncer à leurs projets.

En 2023, une enquête menée auprès des Français a révélé que 65 % des propriétaires considèrent les démarches administratives trop complexes et 58 % estiment que les aides ne sont pas suffisantes pour compenser le coût des travaux.

Selon Nicolas Moulin, cette situation est un échec politique majeur : « Sans réelle vision d’ensemble, pilotage pérenne, ni objectifs lisibles et mesurables, nous avons tout simplement détruit la dynamique d’une filière. »

Des entreprises du bâtiment en difficulté

Les professionnels du secteur subissent également les effets de cette crise. De nombreuses entreprises spécialisées dans la rénovation énergétique des logements ont vu leur chiffre d’affaires chuter. Les artisans peinent à remplir leur carnet de commandes, tandis que certains acteurs ont dû fermer leur activité.

Quelles solutions pour relancer le secteur ?

Un besoin urgent de stabilité

Pour relancer la rénovation énergétique des logements, il est essentiel d’apporter une stabilité réglementaire et une vision à long terme des dispositifs d’aide. Les professionnels appellent à une refonte des aides afin de les rendre plus accessibles et prévisibles.

Pour Nicolas Moulin, la priorité est claire : « Nous sommes à un moment charnière, faisons preuve de pragmatisme et revenons à des choses simples qui ont fait leurs preuves. »

Il est aussi crucial de simplifier les démarches administratives pour les particuliers. Une digitalisation des demandes et une meilleure communication sur les aides existantes pourraient faciliter l’accès aux subventions.

Miser sur les rénovations progressives

Plutôt que d’imposer uniquement des rénovations globales, il serait pertinent de remettre en avant les travaux progressifs, qui permettent aux ménages d’améliorer leur logement petit à petit sans se ruiner. Cette approche serait plus inclusive et permettrait à un plus grand nombre de bénéficier des aides.

Recentrer les aides sur les ménages modestes

Enfin, une meilleure ciblage des aides en faveur des foyers les plus précaires serait une solution efficace. En augmentant les subventions pour ces ménages, on permettrait de réduire la précarité énergétique tout en stimulant l’activité du secteur.

Conclusion

Le secteur de la rénovation énergétique des logements est à un tournant décisif. Après des années de croissance, les aides publiques instables et les lourdeurs administratives ont freiné la dynamique. Il est impératif d’adopter une approche pragmatique en stabilisant les dispositifs, en simplifiant les démarches et en rendant les aides plus accessibles. À défaut, cette filière essentielle à la transition énergétique continuera de s’enliser dans la crise.

Isabelle DAHAN

Isabelle DAHAN

Rédactrice en chef de Monimmeuble.com. Isabelle DAHAN est consultante dans les domaines de l'Internet et du Marketing immobilier depuis 10 ans. Elle est membre de l’AJIBAT www.ajibat.com, l’association des journalistes de l'habitat et de la ville. Elle a créé le site www.monimmeuble.com en avril 2000.

Laisser un commentaire