Les débats sur la rénovation énergétique et le pouvoir d’achat sont de plus en plus intenses. Cependant, les Français méconnaissent encore les aides auxquelles ils peuvent prétendre pour mener des travaux. Les banques restent peu mobilisées sur le sujet. Face à cette situation, Pretto, fintech du crédit immobilier, et Effy, spécialiste de la rénovation en ligne, dévoilent des propositions concrètes.
Une augmentation de l’intérêt des Français pour la rénovation énergétique
Selon un sondage Pretto/Happydemics, de nombreux Français s’intéressent aujourd’hui à la rénovation énergétique de leur logement. Toutefois, ils affirment être mal accompagnés. Rappelons que les logements classés F et G seront interdits à la location à compter de 2023.
Néanmoins, le dispositif MaPrimeRénov’ est renforcé. Son montant est augmenté de 1000 euros. Ce changement s’appliquera dès le 15 avril et jusqu’au 31 décembre 2022. L’objectif est d’inciter les propriétaires à remplacer les chaudières au fioul et à gaz par un système de chauffage écologique. C’est-à-dire l’installation d’un chauffage à énergies renouvelables : pompe à chaleur, chaudière biomasse ou à énergie solaire.
À noter, cette augmentation concerne tous les ménages à l’exception des plus aisés (catégorie MaPrimeRénov Rose). Par ailleurs, le dispositif MaPrimeRénov’ est accessible aux propriétaires occupants ou bailleurs pour des logements de plus de 15 ans. Cependant, si la nouvelle installation remplace une chaudière au fioul, le logement peut être construit depuis plus de deux ans seulement.
Enfin, à compter du 1er janvier 2023, la prime versée pour l’installation d’une chaudière gaz à très haute performance énergétique sera supprimée.
Certes, cette mesure est bénéfique pour les ménages. Néanmoins, elle reste insuffisante pour sortir réellement leur logement de l’état de « passoire thermique ». Elle ne leur permettra pas de réaliser de véritables économies dans le temps.
Le manque d’accompagnement, un frein à la réalisation des travaux de rénovation
Suite à un sondage confié à Happydemics, Pretto s’est rendu compte que :
- 50 % des sondés sont attentifs au diagnostic de performance énergétique (DPE) ;
- 28 % sont assez attentifs ;
- 24 % sont très attentifs ;
- 18 % ignorent même le dispositif.
Les Français portent, en effet, une attention particulière au DPE. Pourtant, 47 % d’entre eux avouent ne pas connaître les aides et dispositifs à la rénovation énergétique. 20 % s’attendent à ce que les candidats à la présidentielle proposent une meilleure aide pour les logements et les immeubles.
On constate donc une méconnaissance globale des dispositifs d’aide existants, notamment ceux proposés par les banques. 68 % des sondés admettent ne pas bénéficier des conseils sur les dispositifs de financement auprès de leur banque.
“ L’intérêt accru autour du DPE s’explique par une volonté des Français de réduire leur facture énergétique. Cependant, pour plusieurs raisons, ils se sentent démunis. Ils ne savent pas vers qui se tourner pour avoir une meilleure connaissance des dispositifs qui existent pour les aider à la rénovation énergétique de leur logement. ” – Pierre Chapon, co-fondateur de Pretto.
Une faible mobilisation des banques sur les enjeux de la rénovation énergétique
Les Français reprochent le manque d’accompagnement de la part des conseillers bancaires. Ce problème est lié partiellement à une mobilisation trop lente des banques sur les sujets touchant la rénovation énergétique.
En pratique, ces organismes comprennent les enjeux autour du DPE, en particulier de la rénovation énergétique. Cependant, elles peinent encore à déterminer la composition de leur portefeuille. Aussi, ce manque de visibilité ne permet pas d’identifier la part des logements dont le DPE est classé F et G.
De plus, les banques ne maîtrisent pas encore complètement certaines aides. Selon Pierre Chapon, président de Pretto, les acteurs bancaires rencontrent des difficultés à traiter l’éco-PTZ du fait du processus administratif. Néanmoins, ils commencent aujourd’hui à s’y impliquer davantage.
Les banques mènent notamment des actions de sensibilisation en interne afin de permettre aux conseillers de mieux s’adapter. De plus, elles ont instauré une politique de RSE. Enfin, elles ont conditionné le financement de biens classés F et G à la réalisation de travaux de rénovation énergétique.
Des propositions concrètes pour rénover le plus grand nombre de passoires thermiques
Dans ce contexte assez flou, Pretto et Effy ont élaboré trois propositions concrètes, simples et efficientes, à savoir :
- Augmenter le taux d’endettement maximal à 37% ou 38 % pour l’obtention d’un crédit dédié au financement d’une rénovation énergétique. D’ailleurs, certaines banques considèrent envisageable de permettre à la seule enveloppe travaux de dépasser les 35% d’endettement.
- Accroître de façon significative la rémunération des banques proposant l’éco-PTZ, à condition qu’elles atteignent une certaine quantité de prêts octroyés.
- Ajouter des activités de “retail banking” à la démarche environnementale des banques.
La mobilisation des banques autour de la rénovation énergétique pourrait constituer un levier pour réduire l’empreinte carbone des bâtiments. Ces solutions visent, en effet, à encourager les acteurs bancaires à se mobiliser davantage.
“ Aux côtés de l’État et des fournisseurs d’énergie, la place des banques dans le financement de la rénovation énergétique est encore trop souvent négligée. Elles sont pourtant en première ligne lors de l’achat d’un bien immobilier. Leur implication dans le financement de la rénovation énergétique est essentielle pour éviter la dévalorisation patrimoniale de ces biens et, demain, l’interdiction de leur mise en location après les récentes évolutions du DPE. Nous sommes convaincus que des leviers financiers et incitatifs peuvent être facilement actionnés pour leur permettre de se saisir pleinement du sujet.” – Frédéric Utzmann, Président d’Effy.
Les conseils d’Effy à destination des propriétaires d’une passoire thermique
Effy invite les propriétaires d’une passoire thermique à identifier en amont les travaux de rénovation énergétique à réaliser. En effet, ses experts conseillent d’entreprendre avant tout des travaux d’isolation, surtout au niveau des combles. Il sera ensuite indispensable d’isoler les vides sanitaires, le sous-sol et les murs.
Après les travaux d’isolation, cette entreprise propose de remplacer les systèmes de chauffage énergivores par une nouvelle installation performante (une pompe à chaleur par exemple). Elle préconise aussi aux propriétaires de mobiliser les aides à la rénovation énergétique. En effet, les aides sont nombreuses, en l’occurrence : les CEE, MaPrimeRénov’, l’éco-PTZ, etc. Par ailleurs, certains dispositifs sont cumulables, permettant d’alléger considérablement le reste à charge d’un ménage.
Les conseils de Pretto en termes de financement des travaux de rénovation
Selon les experts en crédit immobilier de Pretto, il est important d’inclure le coût des travaux dans le prêt. Cependant, ce montant doit être inférieur à 40 ou 50 % du montant total du prêt. Par exemple, pour l’achat d’un logement à 100 000 euros, le montant des travaux doit être au-dessous de 60 000 euros. Dans le cas contraire, le dossier sera refusé.
Il est aussi important d’envoyer au banquier des justificatifs pour pouvoir intégrer les travaux de rénovation énergétique au crédit immobilier. Notons que si la part du prêt dédiée aux travaux n’est pas utilisée en totalité, la banque peut réduire les mensualités. C’est pourquoi il est essentiel de prévoir un plafond de travaux plus élevé afin d’anticiper les imprévus. Aussi, pour les complications qui surviennent potentiellement, prévoyez une marge de 10 % en moyenne du montant des travaux. C’est un point à considérer avec les artisans lors de l’établissement de leur devis.
D’ailleurs, Pretto recommande aux futurs acquéreurs d’une passoire thermique de transférer le montant des travaux de rénovation sur leur apport. À titre d’exemple, pour un apport total de 60 000 €, 20 000 € pourront être consacrés aux travaux de rénovation énergétique.