Le baromètre habitat 2024 de Franfinance dresse un état des lieux des tendances et préoccupations des Français en matière de logement. L’édition 2024, réalisée auprès de 1 000 personnes, met en lumière un paradoxe : 93 % des Français se disent satisfaits de leur logement, mais près d’un tiers envisage de déménager d’ici trois ans. La rénovation énergétique apparaît comme un enjeu clé, tout comme le financement des travaux, souvent perçu comme un frein. Quels sont les principaux enseignements de cette étude ?
Sommaire :
- Le logement des Français : entre satisfaction et désir de changement
- Rénovation énergétique : un enjeu prioritaire, mais mal maîtrisé
- Financer ses travaux : un parcours semé d’embûches
Le logement des Français : entre satisfaction et désir de changement
Le baromètre habitat 2024 de Franfinance révèle une forte satisfaction des Français vis-à-vis de leur logement. En effet, 93 % des répondants affirment aimer leur domicile et le jugent adapté à leurs besoins. Cette tendance est encore plus marquée chez les propriétaires (98 %) que chez les locataires (86 %). Ce qui confirme que l’accession à la propriété reste un facteur clé de bien-être résidentiel.
Mais, alors, pourquoi tant de Français veulent-ils déménager ? Malgré cet attachement, 32 % des Français déclarent vouloir changer de résidence principale d’ici trois ans. Ce chiffre atteint même 60 % chez les moins de 35 ans, un public plus enclin à la mobilité résidentielle.
Pourquoi les Français souhaitent-ils déménager ?
Notons que les habitants des grandes agglomérations et les locataires en appartement sont les plus nombreux à vouloir partir. En effet, 45 % des résidents en appartement et 40 % des habitants des grandes villes souhaitent déménager d’ici trois ans.
Acheter un bien à rénover : une opportunité sous-exploitée
Un autre enseignement majeur du baromètre habitat concerne l’achat de biens nécessitant des travaux. En effet, 70 % des Français refusent d’acheter un bien nécessitant d’importants travaux.
Cette réticence à acheter un bien à rénover s’explique principalement par plusieurs obstacles. Tout d’abord, le coût des travaux représente un frein majeur, d’autant plus que l’accès aux aides financières reste compliqué. Ensuite, la complexité administrative et technique constitue un autre facteur dissuasif. En effet, 65 % des propriétaires estiment que monter un dossier de rénovation énergétique est une démarche trop ardue. Enfin, le manque de temps et d’accompagnement freine également les projets. Sans un soutien professionnel adéquat, de nombreux Français hésitent à se lancer dans une rénovation d’ampleur.
Une mobilité freinée par le marché immobilier
Par ailleurs, le désir de changement de logement se heurte à une réalité économique difficile. Plusieurs facteurs ralentissent la mobilité résidentielle en France :
- Des prix immobiliers élevés : notamment dans les grandes villes et les zones attractives.
- Des taux d’intérêt en hausse : ce qui rend l’achat plus coûteux et dissuade certains candidats.
- Un marché locatif sous tension : rendant plus difficile la transition d’un logement à un autre.
Malgré une envie de renouveau, beaucoup de Français renoncent à déménager, faute de moyens ou d’opportunités adaptées.
Rénovation énergétique : un enjeu prioritaire, mais mal maîtrisé
La rénovation énergétique est devenue une préoccupation centrale pour les Français. Toutefois, le baromètre habitat 2024 révèle un décalage entre l’importance accordée à cet enjeu et la maîtrise des démarches nécessaires. En effet, 77 % des propriétaires considèrent la performance énergétique comme essentielle, notamment pour réduire leurs factures d’énergie et améliorer leur confort thermique. Pourtant, une large majorité peine à concrétiser ces travaux, souvent en raison d’un manque d’information et de moyens financiers.
Un enjeu clé pour les propriétaires et les bailleurs
La performance énergétique est un critère déterminant pour de nombreux propriétaires. Pour ceux qui occupent leur bien, il s’agit avant tout d’améliorer leur confort tout en réduisant leurs dépenses d’énergie. Face à la flambée des prix de l’électricité et du gaz, rénover son logement devient une nécessité économique.
Les propriétaires bailleurs accordent aussi une grande importance à cet enjeu, mais ils adoptent une approche légèrement différente. En cela, 79 % d’entre eux estiment que la performance énergétique est un critère clé pour la revente ou la location. En effet, avec les nouvelles réglementations sur les passoires thermiques, un bien mal classé au Diagnostic de Performance Énergétique (DPE) risque de perdre en attractivité sur le marché et même d’être interdit à la location.
Un manque de connaissance du DPE et des solutions existantes
Si les propriétaires reconnaissent l’importance de la rénovation énergétique, leur maîtrise du sujet reste limitée. Le baromètre habitat 2024 montre que la moitié d’entre eux ne connaît pas le DPE de leur logement. Pourtant, ce diagnostic est essentiel pour identifier les faiblesses énergétiques d’un bien et prioriser les travaux à réaliser.
De plus, cette méconnaissance s’étend également aux solutions de rénovation disponibles. Bien que le grand public connaisse relativement bien certaines aides comme MaPrimeRénov’, l’Éco-PTZ ou le chèque énergie, de nombreux propriétaires ignorent comment y accéder et jugent les démarches trop complexes. En effet, 65 % des propriétaires de résidence principale trouvent difficile le montage d’un dossier d’aide. Ce qui les dissuade souvent de se lancer dans un projet de rénovation.
Des travaux perçus comme coûteux et difficiles à financer
Même lorsqu’ils sont conscients des bénéfices d’une rénovation énergétique, les Français se heurtent à la question du financement. Selon les chiffres du baromètre habitat 2024, le budget médian consacré aux travaux pour une résidence principale est de 8 000 €. Tandis qu’il atteint 4 500 € pour un logement locatif et 3 100 € pour une résidence secondaire.
Ces montants, bien que significatifs, restent insuffisants pour des rénovations lourdes, comme l’isolation des murs, le changement de fenêtres ou l’installation d’un système de chauffage plus performant.
Par conséquent, seuls 56 % des propriétaires de résidence principale disposent réellement du budget nécessaire pour réaliser leurs travaux. La situation est encore plus critique pour les propriétaires bailleurs. Puisque seulement 31 % ont les fonds suffisants pour financer les rénovations de leur bien locatif. Faute de moyens, certains doivent reporter leurs projets ou les revoir à la baisse, au risque de compromettre la performance énergétique de leur logement.
Financer ses travaux : un parcours semé d’embûches
Si de nombreux Français expriment leur volonté d’améliorer leur logement, le baromètre habitat 2024 révèle que le financement des travaux reste l’un des principaux freins à leur concrétisation. En effet, bien que 60 % des propriétaires déclarent avoir un projet de rénovation, tous ne disposent pas des fonds nécessaires pour le mener à bien. Entre budget insuffisant, aides méconnues et complexité administrative, financer ses travaux s’apparente souvent à un véritable parcours du combattant.
L’épargne, principal levier de financement
Face à cette contrainte budgétaire, l’épargne personnelle reste la solution privilégiée par les propriétaires. 50 % des répondants ayant un projet de rénovation déclarent vouloir financer leurs travaux sur leurs fonds propres. Cependant, tous ne disposent pas de l’épargne nécessaire. Ceux qui ne peuvent financer leurs travaux sur leurs fonds propres cherchent des alternatives, notamment via les aides publiques et les solutions de crédit. Bien que ces options soient souvent mal connues ou jugées trop complexes.
Des aides publiques difficiles d’accès
Le gouvernement a mis en place plusieurs dispositifs pour encourager la rénovation énergétique, notamment MaPrimeRénov’, l’Éco-PTZ (Prêt à taux zéro) et le chèque énergie. Ces aides, bien que relativement bien identifiées par les Français, restent difficiles à obtenir.
Le baromètre habitat 2024 révèle que 65 % des propriétaires jugent le montage d’un dossier d’aide trop complexe. Cette perception s’explique avant tout par des critères d’éligibilité souvent flous, qui diffèrent en fonction des revenus, du type de travaux envisagé et du logement concerné. À cela s’ajoutent des démarches administratives longues et fastidieuses, imposant aux demandeurs de réunir de nombreux justificatifs. Enfin, l’absence d’un accompagnement clair et efficace renforce cette difficulté. Ainsi, de nombreux propriétaires sont livrés à eux-mêmes face à un système qu’ils perçoivent comme opaque et décourageant. Alors que ces aides pourraient faciliter le financement des travaux, seule une minorité de propriétaires prend réellement le temps de monter un dossier.
Le recours au crédit : une option encore peu exploitée
Lorsque l’épargne et les aides publiques ne suffisent pas, le recours au crédit bancaire peut être une solution. Pourtant, selon le baromètre habitat 2024, les Français restent frileux à l’idée de s’endetter pour financer leurs travaux.
Cette réticence s’explique par plusieurs facteurs. Tout d’abord, le contexte économique incertain et la remontée des taux d’intérêt rendent l’endettement moins attractif pour les propriétaires. Selon le baromètre habitat 2024, 61 % des Français considèrent ce critère comme déterminant dans leur choix. Une faible variation du taux peut effet avoir un impact significatif sur le coût total du prêt. Le coût global du crédit arrive également en tête des critères de sélection. 55 % des emprunteurs potentiels déclarent y accorder une importance majeure.
Parmi ceux qui envisagent un emprunt, les financements de courte durée (moins de 5 ans) sont largement privilégiés. Cependant, cette exigence de remboursement rapide entre parfois en contradiction avec la réalité des prêts travaux. Puisqu’ils sont souvent proposés sur des périodes plus longues afin de réduire le montant des mensualités.
Par ailleurs, beaucoup méconnaissent les offres de financement spécifiques aux rénovations énergétiques, ce qui limite leur recours à ces solutions. Dans ce contexte, un meilleur accompagnement des propriétaires serait nécessaire pour leur permettre de comparer efficacement les offres et de choisir la solution de financement la plus adaptée à leur projet.
Vers une évolution des offres de financement ?
Face à ces constats, les établissements financiers pourraient être amenés à adapter leurs offres de crédit pour répondre aux nouvelles attentes des emprunteurs. Une plus grande transparence sur les coûts réels, des taux d’intérêt compétitifs, ainsi que des prêts mieux adaptés aux besoins spécifiques des rénovations énergétiques constitueraient des leviers essentiels pour encourager davantage de propriétaires à franchir le pas.
En conclusion, si les Français sont de plus en plus conscients de l’importance de la rénovation énergétique, leur capacité à financer ces travaux dépend largement des conditions d’emprunt qui leur sont proposées. Pour que la transition énergétique du parc immobilier français s’accélère, il est donc indispensable de faciliter l’accès aux crédits adaptés, en simplifiant les démarches et en informant mieux les propriétaires sur les dispositifs existants.
Conclusion
Le baromètre habitat 2024 met en avant des tendances majeures : un attachement fort au logement, mais également une volonté de changement, notamment pour un meilleur confort énergétique. Cependant, le financement des travaux reste un défi, avec des propriétaires souvent mal informés sur les aides disponibles et réticents à s’endetter. Et, vous, avez-vous un projet de rénovation ? Êtes-vous confronté aux mêmes obstacles ?