Le projet VILOTE vise à proposer des pistes de solutions dans l’optique d’une massification de la rénovation énergétique, en abordant l’ensemble des problématiques actuelles ou émergentes. Cette étude socio-économique propose une vision patrimoniale et long terme du bâtiment.
Projet VILOTE, c’est quoi ?
Le projet VILOTE (VIsion LOng TErme de la gestion et de l’utilisation du bâtiment, vers un bâtiment responsable) a été sélectionné par l’ADEME, l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie, en mai 2014 parmi les 12 projets d’innovation lauréats financés pour faciliter la rénovation des bâtiments.
Ce projet de recherche a pour ambition de favoriser le maintien, dans le temps, des performances du bâtiment en proposant l’amélioration de dispositifs d’information et d’accompagnement existants, ainsi que de nouveaux outils/ méthodes. Plus qu’une construction technologique adaptée à son année de construction ou de rénovation, « le bâtiment responsable à l’horizon 2020 » n’est-il pas le bâtiment géré et utilisé avec une vision temporelle, une vision à moyen-long terme ?
Le projet étudie les spécificités des 3 segments de l’habitat (logement social, maison individuelle, copropriété) au moyen d’enquêtes qualitatives réalisées auprès de bailleurs/propriétaires, locataires/occupants, et professionnels à différentes étapes de la vie d’un bâtiment. Cette étude qui a débuté en mai 2014 devrait s’étendre jusqu’en octobre 2015. Ce projet associe 3 partenaires l’Agence Parisienne du Climat, l’Association Régionale Biomasse Normandie et SENZO (cabinet d’études sociologiques) associant des compétences en techniques du bâtiment, accompagnement de projets de rénovation, économie, et sociologie.
Quels sont les enjeux de la rénovation énergétique d’après l’étude ?
L’étude met en évidence des enjeux de rénovation énergétique propres à chaque segment du secteur de l’habitat. Ceux-ci dépendent en premier lieu des statuts et profils des parties prenantes du projet de rénovation énergétique, des processus de décision ainsi que des habitudes de travaux.
En maison individuelle, l’enjeu de la rénovation énergétique relève avant tout d’une démarche personnelle, celle du propriétaire souvent également occupant. Ces propriétaires sont peu habitués à des prescriptions de travaux obligatoires, et par conséquent, à la gestion de travaux. De surcroît, les relations aux professionnels sont souvent circonscrites aux artisans, sans que ne soit envisagé études et suivi par un tiers (architecte, maître d’œuvre, assistant à maîtrise d’ouvrage ….).
En copropriété, l’enjeu de la rénovation énergétique se situe à la fois sur le plan individuel, celui du logement, et sur le plan de la collectivité, celui du bâtiment dans son ensemble. Le processus de décision est plus complexe du fait du recours au vote en assemblée générale, de la diversité des profils de copropriétaires impliqués, et de l’intervention des tiers liés à la gestion de la vie du bâtiment (syndics, professionnels du bâtiment, architectes ….). La copropriété représente un segment plus familiarisé avec la réalisation de travaux (ravalement, mises aux normes des parties communes…) ; dans le cas de la copropriété, les organismes tiers associées aux travaux sont de plus grande taille, et comptent parmi elles, plus fréquemment, des bureaux d’étude et des architectes.
En logement social, l’enjeu est d’ampleur puisqu’il renvoie aux orientations publiques, ainsi qu’aux objectifs financiers et stratégiques du bailleur social. Le logement social est d’une part, soumis à des engagements nationaux sur l’environnement et aux politiques publiques de logement ; et d’autre part, se doit de répondre aux besoins des occupants et à un impératif d’équilibre financier. De par son activité, le bailleur social est organisé pour la programmation et la réalisation de travaux (rénovation, construction) et l’accompagnement des locataires dans cette démarche.
Quels sont les freins communs aux 3 segments ?
Des freins communs aux 3 segments, ont ainsi été identifiés, pour lesquels des solutions doivent être apportées en priorité :
– La complexité d’une action à entreprendre sur un bâtiment. L’action de rénovation énergétique confronte intrinsèquement les points de vue technique, sociologique, financier, environnemental, juridique…
– Le frein financier : il est lié à la fois à la capacité insuffisante d’investissement et aux difficultés de mobilisation des aides.
– Le manque de visibilité sur les bénéfices de la rénovation énergétique : les bénéfices en termes de confort et de dépenses ne sont pas perçus comme évidents. Les retours d’expérience ne sont pas toujours à la hauteur des objectifs escomptés.
– Un déficit d’organisation professionnelle : on observe un déficit de qualifications techniques spécifiques ainsi qu’un manque de vision et d’intervention interdisciplinaires dans la filière du bâtiment mais également chez les tiers associés aux travaux.
Les moteurs communs aux 3 secteurs de l’habitat, sur lesquels s’appuyer :
– La valorisation sociale et la stratégie patrimoniale
– La qualité de vie et la maitrise des dépenses énergétiques du logement.
En règle générale, les expériences montrent que les travaux de rénovation énergétiques sont pensés de manière isolée du reste du processus de vie du bâtiment et sans vision de l’évolution du bien dans le temps. Cette dissociation se retrouve aussi bien dans les dispositifs d’information et d’incitation, qu’en phase de programmation et de réalisation des travaux, et contribue aux quatre freins mis en évidence.
La vision long-terme et globale dans l’utilisation et la gestion du patrimoine immobilier est un sujet émergent, notamment en lien avec l’élaboration de la politique de transition énergétique en France. En témoignent les concepts de « carte vitale du logement » ou de « passeport énergétique », répertoriant les évolutions dont le logement a fait l’objet, et permettant de l’inscrire dans le temps de l’anticipation et de la planification des travaux. On observe conjointement, comme tendance nouvelle, l’intégration d’autres qualités environnementales et sociétales, pour faire en plus d’un bâtiment « énergétiquement efficace », un « bâtiment responsable ».
Le projet VILOTE va se poursuivre avec la réalisation d’enquêtes qualitatives menées auprès d’un échantillon d’acteurs liés à un projet de rénovation énergétique, en région francilienne et caennaise. Les résultats déboucheront sur l’exploration par l’équipe VILOTE de pistes de solutions visant une massification de la rénovation énergétique, tenant compte des évolutions potentielles à moyen terme. Le champ des pistes de solutions dépasse les questions purement thermiques : il recouvre celui des outils numériques, de l’organisation des professionnels, de l’information, et de l’accompagnement sociologique.
Sources : www.apc-paris.com, www.biomasse-normandie.org, www.senzo-etudes.com