Les Français relativisent les apports des technologies dans la résolution des problèmes environnementaux. Ils mettent plus largement en avant les changements à opérer dans leur vie quotidienne. C’est ce que révèle une étude de l’Ademe sur « les Français et l’environnement ».
Ainsi, 85% des Français sont d’accord avec l’idée que « c’est d’abord en modifiant de façon importante nos modes de vie que l’on empêchera la dégradation de l’environnement ». Pour contrer l’augmentation de l’effet de serre, ils privilégient « une modification importante des modes de vie » (57 %) sur « la règlementation étatique au niveau mondial » (19%).
Le fatalisme : « il n’y a rien à faire, le réchauffement de l’atmosphère est inévitable » obtient, quant à lui, un niveau (12%) comparable à celui « des solutions que le progrès technique permettra de trouver » (11%). La conscience du rôle des individus et, plus encore, l’expression d’une possibilité de remédier à l’échelle individuelle au problème est particulièrement forte.
Concernant les déchets, 98% des Français considèrent que nos sociétés produisent trop de déchets. D’ailleurs, 75% des personnes interrogées considèrent qu’elles pourraient produire moins de déchets au sein de leur foyer.
Dans le même temps, un certain « fatalisme» se développe sur la capacité réelle de chacun à contribuer à la résolution de certains problèmes environnementaux. Il faut prendre en considération le besoin d’accompagnement et les contraintes qui sont celles des individus. Les Français sont ainsi très favorables (77%) à l’installation dans les foyers de compteurs électriques qui analysent les consommations pour permettre aux gens de faire des économies d’énergies. Ils expriment ici des attentes en termes d’accompagnement pour orienter les choix individuels dans la bonne direction.
L’aspect financier représente une contrainte majeure, aux effets contrastés sur les comportements de gestion de l’énergie à la maison. Les comportements économes seraient favorisés par la perception que les ménages ont de leurs contraintes budgétaires. La proportion des Français considérant que leur consommation d’énergie représente une part trop importante de leur budget atteint un nouveau record, à 52% en 2013 (contre 50% en 2012). Désormais, 79% des Français cherchent à réduire leur consommation d’énergie.
Leur principale motivation tient à l’augmentation du coût des énergies (62%), la volonté d’éviter le gaspillage n’arrive qu’en second (27%). Ces deux critères étaient pourtant à égalité en 2009, respectivement à 44% et 45%. Les économies d’énergie sont principalement obtenues par le même trio de gestes, pratiqué par 60 à 73% des Français depuis 2011 : éteindre les lumières, utiliser des ampoules à économie d’énergie et baisser la température du chauffage.
Concernant les habitudes de chauffage, on observe que la baisse ou l’arrêt de son chauffage en cas d’absence et/ou dans les pièces inoccupées (tous deux à 74%), ou encore l’utilisation réduite des radiateurs d’appoint (72%) sont désormais bien pratiqués et continuent de progresser.
Toutefois, les effets de la contrainte économique sont plus contrastés sur la réalisation des travaux d’économie d’énergie et les investissements en système de production d’énergie renouvelable. Les travaux d’économie d’énergie restent motivés en premier lieu par la volonté de réduire le montant de sa facture énergétique. Ce critère est en tête depuis 2007.
Parmi les ménages ayant réalisé des travaux, ils sont d’ailleurs de plus en plus nombreux à considérer que ces travaux les ont aidés à réduire leurs dépenses énergétiques (91% contre 88 % en 2012). Pourtant, l’intention de réaliser ces travaux est en recul (15% contre 16% en 2012 et 18% en 2011) même si, dans les faits, le taux de réalisation de travaux se stabilise en 2013 à 12%.
Être locataire (36%) constitue toujours la principale raison de ne pas réaliser des travaux de maîtrise de l’énergie, suivi de près (33%) par l’idée que tous les travaux de maîtrise de l’énergie importants ont déjà été réalisés. Viennent ensuite les contraintes financières (30%), ainsi que les incertitudes quant au retour sur investissement (23%).
Lever la contrainte économique est d’autant plus compliqué que les ménages sont 44% à ne pas souhaiter emprunter pour la réalisation des travaux d’efficacité énergétique à leur domicile. Le non-recours à un prêt financier s’explique en premier (46%) par des conditions proposées (taux/durée) jugées non satisfaisantes. Pour les individus concernés, 84% auraient souhaité un taux plus bas/un coût du crédit moindre et 16% auraient privilégié une durée plus longue du crédit/des mensualités plus faibles.
D’une façon générale, les Français sont plus sensibles aux coûts d’investissement qu’à leur rentabilité à long terme. Ainsi, 51% d’entre eux affirment que la baisse du prix des équipements ou des travaux pourrait les inciter à investir dans les EnR ou dans l’efficacité énergétique.
En matière d’énergies renouvelables (EnR), les énergies privilégiées sont le solaire photovoltaïque (35%) et thermique (23%) ainsi que le bois 22%. La première raison (44%) de ne pas investir dans les EnR réside dans le coût trop élevé du matériel et de l’installation), devant les considérations relatives à la fiabilité des installations (14%), à leur rendement (13 %), aux problèmes de copropriété (11 %), à la confiance dans les installateurs (5%).
« Les Français et l’environnement »
Ademe & Vous N° 44 – 20 avril 2015